Olivier Lamboray est Belge et habite à Bali. Inspiré par Magritte et Delvaux, il a trouvé sa propre identité, son chemin. Il rêvait de vivre sous un ciel bleu et de vivre de sa peinture, et il vit son rêve tous les jours. Ses toiles nous font revivre le surréalisme belge à sa façon : Bleu. Rêveur. Poétique. Positif. Symbolique. Enivrant.

MOTS : ARIANE DUFOURNY

PHOTO : ANTONELLA SILVESTRO

Il ne m’attendait pas sur le campus, pourtant nous nous sommes immédiatement reconnus. J’ai rencontré Olivier Lamboray alors qu’il étudiait à l’ULB. Notre amitié fut aussi vive que soudaine. Les aléas de la vie nous ont éloignés. Quelle fut ma joie de retrouver sa trace à Bali. Diffèrent ? Pas vraiment. Ce qui est certain, c’est qu’il a compris le message de Paulo Coehlo «Le secret du bonheur consiste à regarder toutes les merveilles du monde et ne jamais oublier les deux gouttes d’huile dans la cuiller. ».

On naît artiste ou on le devient…

Depuis tout petit je voulais devenir clown et ce jusqu’à mes 15 ans plus ou moins. Cela a ensuite évolué vers un désir de devenir acteur car le rayon d’expression était plus large et l’expérience semblait plus enrichissante. Ayant été dirigé dans les études scientifiques par mes parents, il m’aura fallu attendre mes 22 ans pour finalement m’orienter vers la création publicitaire que j’ai relativement vite laissé tomber à cause du côté commercial. Le voyage m’a libéré de l’influence de notre culture et m’a permis d’expérimenter des sujets très différents. Mes études de math-physique m’ont apporté ce côté rigoureux, calculé, précis dans mon travail. Mon passage en création publicitaire m’a mis le pinceau en main. Tout a un sens, tout se construit depuis le début.

La peinture pour s’exprimer…

C’est certain que la peinture (et l’art en général) est une forme d’expression, c’est un désir intérieur, peut-être même une nécessité. On cherche le médium qui nous convient le mieux, c’est très personnel. J’ai trouvé dans la peinture une liberté d’expression qui semblait sans fin. Mes parents étant amateurs de peinture, j’ai eu cet impact visuel tout au long de ma jeunesse, une partie de mon éducation, une empreinte non négligeable qui a dirigé mes premiers pas.

Le surréalisme. L’art de rêver…

Ce qui m’a beaucoup attiré dans mes débuts, et encore actuellement, c’est cette liberté immense de pouvoir sortir des carcans que la réalité nous impose. On peut se permettre de peindre sans contrainte de couleur ou de proportions ou de juxtaposition. Je m’évade dans un monde autre que le nôtre. Sans souffrance, sans injustice. Un monde où le rêve enchante et où le cœur s’épanouit sous un ciel bleu.

Vos pères artistiques…

Sans aucune hésitation Paul Delvaux, Pierre Bogart, mais aussi Bram Bogart, César, Yves Klein, et très certainement les peintres flamands et hollandais du XVIe et XVIIe siècle, d’une perfection de détails et de lumière qui m’émerveillent.

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Running Water

Les 2 B ! De la Belgique à Bali, un aller sans retour…

Autant j’aime revenir en Belgique et y retrouver ma famille et mes amis, autant je ne m’y installerais plus (ne jamais dire jamais). Ce serait pour moi comme un échec d’avoir couru le monde et de finalement me dire que la Belgique c’est mieux. Non. Le monde est grand et tellement beau. Il y a tellement de beautés à découvrir, de langages, de cultures à apprendre. C’est tellement enrichissant sur le plan personnel. J’ai passé les 25 premières années de ma vie en Belgique et n’y apprendrais plus grand-chose, ce serait retomber dans une routine lassante voire déprimante. J’ai encore bien d’autres expériences à vivre.

Vos peintures, un cri d’alerte envers notre univers…

Oui et non. J’ai toujours aimé garder le côté positif dans mes toiles, et éviter la critique, la négativité. Mais il y a quand même des sujets qui me tiennent à cœur et je les laisse sortir gentiment. Nous, artistes avons une voix et, autant j’aime rêver et faire rêver, autant il y a une place aussi pour passer un message plus pertinent. Très fréquemment les mers rentrent dans mes décors, y caressent nos pieds, et c’est un clin d’œil à la montée des mers et au changement climatique. Il y a aussi ce que les médias déforment, ou que l’histoire nous cache. J’ai certainement plusieurs toiles plus critiques en tête. Elles sortent en temps voulu, il ne faut pas précipiter mais plutôt les laisser apparaître d’elles-mêmes.

La belgitude présente dans vos œuvres. Les racines comme des murs porteurs…

Inévitable influence, on est Belge ou on ne l’est pas ! Il m’aura fallu pas mal de temps pour y revenir car quand on part courir le monde, on y découvre tellement de choses nouvelles qu’on essaie de les assimiler et de les exprimer. Finalement, avec l’évolution de mon travail mais aussi de mon expérience personnelle, j’ai réalisé que ce n’étaient que des influences extérieures qui ne m’appartenaient pas, qui ne définissaient pas qui j’étais intérieurement. Après ne plus être rentré pendant 10 ans en Belgique (je passe six ans sur une plage quasi déserte en mer d’Andaman), je la redécouvre d’un œil nouveau, ébloui. Sa richesse architecturale me saute aux yeux, notre culture, notre patrimoine. Commence alors une série très bruxelloise, avec des intérieurs Horta, des maisons de maître, des trams, du Belge en plein. Assez récemment, je sors de cette influence pour approcher des sujets plus symboliques qui côtoient la physique quantique, le temps et sa fuite, l’illusion de notre réalité, l’espace-temps et d’éventuels espaces parallèles, l’impermanence et ses variables.

Bleu, je veux. Une couleur essentielle…

Oui, je rêvais de vivre sous un ciel bleu et de vivre de ma peinture, et je vis mon rêve tous les jours. Ce bleu est très important à mon équilibre et mon bien-être, il est une des raisons pour laquelle j’ai quitté la Belgique car le gris me déprimait et cela ressortait dans mes toiles. Un ciel bleu c’est se lever du bon pied, c’est voir la vie positivement, c’est un souvenir de vacances, de moments agréables. Et c’est sans doute pour cela que ce bleu se retrouve dans presque toutes mes toiles. C’est un message que j’aime partager.

Votre inspiration. Un dialogue profond…

C’est un dialogue et avant tout avec moi-même. L’inspiration vient d’elle-même et c’est ce côté-là de la peinture que je préfère de tous. Je commence généralement avec une idée vague de ce que je veux, un décor, un sujet, une architecture, et une notion de vers quoi je veux tendre. À un moment la toile prend le dessus, me sort de mes rails et me dirige vers une autre direction, m’impose des éléments nouveaux, et je laisse faire. À partir de cet instant, je ne fais plus que suivre ce que la toile me dicte, à ma grande surprise.

La peinture, un message éthérique…

C’est la recherche d’un rêve qui n’est pas encore défini et qui se découvre un peu plus à chaque pas, à chaque toile. Une fois terminée, il me faut déchiffrer le message transmis, essayer de comprendre… Parfois les personnes me disent y voir ci ou ça et à ma surprise cela prend soudainement beaucoup de sens. J’aime énormément ce côté secret, inconnu, surprenant et incompris. La peinture est porteuse de révélations. C’est la transmission d’un message éthérique, chacun le déchiffre à sa façon. Et bien que très personnel, il semble universel et illimité. L’art est un espace bien plus grand que ce que nous vivons, croyons, comprenons. Ce que nous voyons dans une toile aujourd’hui sera totalement différent de ce que nous y déchiffrerons dans 50 ans. L’art évolue avec le temps, il le transgresse. Il traverse l’au-delà. Il perpétue l’universalité.

Votre marque de fabrique…

On pourrait dire le bleu de mes toiles. C’est un mélange de 5 couleurs qui s’est ajusté au fil du temps. Il est très proche du bleu puissant que l’on retrouve en Belgique les soirs aux alentours du solstice d’été. Un Bleu qui a marqué Magritte aussi, ciel bleu lumineux avec des maisons et des sujets en total contre-jour, presque noirs. Et quand il n’est pas foncé, il représente le bleu du ciel qui enivre mon quotidien.

Un chien comme muse. Laly irremplaçable…

Laly a été un exemple même de fidélité et d’amour tout au long de ses 12 années, et nous a quittés il y a quelques mois. Ce qui m’a pris à contre-pieds. Mais finalement comme dans mes dernières toiles je travaille beaucoup sur l’espace, le temps, notre lien avec l’uni- vers et les étoiles, cette connexion supérieure, je l’ai fait revenir avec un casque de cosmonaute qui lui va à merveille. Bien qu’elle ne soit plus là physiquement, elle est toujours dans mon cœur et sa présence dans mes toiles futures est justifiée. J’ai introduit à deux reprises mon autre chien Kièlà (de « Qui est là ? ») mais elle n’a pas l’aura ni la prestance de Laly. Kièlà est beaucoup plus timide, moins téméraire.

Votre actualité artistique…

Je viens de terminer une toile qui illustrera une des 15 nouvelles d’un livre de Sherlock Holmes, publié par MX Publishing LTD (London) qui sera présentée lors de la sortie du livre en novembre à West Palm Beach en Floride. Ma candidature a été déposée par les Ambassades de Belgique en Indonésie et en Guinée pour le Prix Christophe Plantin qui récompense chaque année une personnalité belge qui vit à l’étranger et qui met en évidence notre pays, sa culture et son aura. Très honoré d’avoir été présenté et nous attendons les résultats.

Je participe chaque année en septembre à une expo- sition à but caritatif à Monaco (ai reçu le « Grand Prix du Jury » l’année passée) qui récolte des fonds pour la recherche médicale sur le cancer. La toile est prête, je dois encore retravailler le cadre.

De même qu’en novembre, je participe chaque année aux 111 des Arts à Toulouse, exposition caritative dont les bénéfices sont versés à la recherche médicale sur les maladies graves touchant les enfants, j’espère exposer une quinzaine de toiles.

Quelques concours, au Luxembourg et aux États-Unis. Et en septembre, il est prévu que je fasse partie d’un documentaire tourné au Groenland, qui retracerait la rencontre entre deux personnes qui ont pour point commun d’avoir dédié leur existence à l’exploration d’univers très éloignés l’un de l’autre, l’Art et l’Aventure. L’artiste, c’est moi (rire) et l’explorateur aventurier est Jean Bouchet, qui est Guide de Montagne breveté depuis 25 ans.

Et en dehors de tout cela, j’ai plein d’idées en tête à mettre à plat. J’ai pas mal de commandes de portraits de chiens (et chats), qui s’intercalent entre mes toiles. Le plus fascinant est que, plus on travaille, plus on désire aller plus loin et les idées s’amplifient. Une inspiration fusionnante et une découverte sans fin. Un rêve éternel.

Chez nous, on vous trouve où…

Je n’ai pas de galerie permanente en Belgique. J’expose à New York, Monaco, Toulouse. J’ai une expo qui se précise à la Galerie D’art Pouhon Prince De Condé à Spa, mais je n’ai pas encore les dates. Le fait de vivre loin ne facilite ni les contacts, ni la logistique donc j’expose sur différentes plateformes sur le net, Saatchionline, Singulart, mon site web aussi bien sûr et j’expose des reproductions de mes toiles en permanence au Restaurant « Le 3ème Acte » à côté du Sablon à Bruxelles.

Un rêve à réaliser…

Un ? Non, plein, plein, plein. Ne jamais m’arrêter, car j’ai encore des millions de choses à découvrir. J’aimerais, plus tard quand ma fille ouvrira ses ailes, m’installer dans le nord de la Norvège, vivre d’autres lumières, d’autres ambiances, des aurores boréales, nouveau climat, nouvelle pensée, nouvelle expérience, opposée à celle que je vis maintenant… bref, tourner la page et repartir à zéro. Grandir. Évoluer. J’aimerais encore apprendre une cinquième langue, puis une sixième. Puis surtout continuer à voyager, nous vivons sur une si belle planète !

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Life Beyond

OLIVIER LAMBORAY

www.olamboray.com