Tjip INTERIOR Architects
Virtuoses de la subtilité
Mots : Barbara Wesoly
Photos : DR
D’Ostende à Zeebrugge en passant par Nieuport, le studio d’architecture d’intérieur fondé par Jakob Vyncke et Thomas Meesschaert s’ancre dans son lien à la mer comme dans sa vision d’un design de fusion où fluidité et harmonie coulent de source.
Tjip Interior Architects se distingue par un amour pour les projets sur la côte belge. Est-ce cela qui guide votre studio depuis son lancement en 2012 ? C’est certain. C’est un premier projet à Knokke, à nos débuts, qui a véritablement ouvert la voie à de nombreuses autres réalisations maritimes. Ce cadre nous a tout de suite plu. L’orientation vers le nord amène dans les résidences côtières une lumière unique, d’une douceur particulière, car très souvent indirecte. Les environs inspirent une palette riche et subtile de teintes et une alliance de belles textures, puisées dans le paysage, l’eau, le sable, et les dunes. En mêlant cet aspect de ville suburbaine à un travail des matériaux, nous créons un design en synergie avec l’environnement, se fondant littéralement en lui.
Conçoit-on un intérieur en bord de mer de la même manière que l’on le ferait d’une habitation citadine ? Non, du fait même de la raison d’être du lieu. L’approche sera forcément différente entre un espace où l’on vit au quotidien et une résidence de vacances. De cette seconde, l’on attend qu’elle conserve une chaleur et une sensation de climat ensoleillé, même en plein hiver. La Belgique n’étant pas Ibiza, nous travaillons avec des couleurs claires, calmes, naturelles, qui rappelleront l’harmonie extérieure. Créer le design de biens situés à Bruxelles, ou à Anvers représente d’autres challenges et d’autres impératifs, mais tout aussi passionnants.
Comment envisagez-vous la relation entre les matériaux et l’espace ? Nous ne partons pas d’une toile vierge. Celle-ci est toujours conditionnée par le contexte, qu’il s’agisse des plans de l’architecte qui a pensé les lieux, de son objectif, puisque nous concevons également des intérieurs de restaurants ou d’hôtels, et de la façon dont les propriétaires devront se déplacer dans l’espace. Puis, nous abordons le projet dans toute sa profondeur, dans ses moindres détails, agençant l’espace, définissant les matériaux, mais aussi les textures. Nous aimons travailler avec de multiples tissus, associés à du bois, en placage ou massif, et de la pierre, qui tous insuffleront une dose de chaleur, de quiétude et de douceur. Ces matériaux vivent, se patinent, évoluent avec le temps, au fur et à mesure de leur emploi.
Tjip affirme s’être perfectionné dans l’art d’être « présent par l’absence ». Pourquoi un tel désir ? Certains designers ne jurent que par des coloris très forts et des matériaux originaux, qui attirent l’attention. C’est aux antipodes de qui nous sommes. Notre but est, au contraire, de laisser place à ceux qui habitent le lieu d’être eux-mêmes. Nous recherchons une forme de fluidité et d’élégance qui ne s’obtient qu’en créant l’harmonie entre les dimensions, le plan d’étage, et les matériaux. Nous aimons, par exemple, employer des teintes peu contrastées, afin que nos clients puissent y ajouter leur propre couleur, leur univers. C’est cette vision d’une architecture d’intérieur à la fois intemporelle, durable et holistique que nous partagions profondément, qui nous a amené, Jakob et moi, à quitter la firme pour laquelle nous travaillions tous deux, afin de fonder notre propre studio. Cette forme d’absence, synonyme de finesse et de simplicité, est à la base de notre ADN.
Vous avez récemment signé l’architecture intérieure du SILT, abritant le nouveau casino de Middelkerke ainsi qu’un hôtel et un restaurant. Transposer cette sérénité minimaliste à un projet aussi important et hybride était-il compliqué ? C’était un projet incroyable et atypique, rien que par la forme elliptique du bâtiment. Notre design devait tenir compte de nombreux impératifs de sécurité et des réglementations, sans parler des délais extrêmement courts et du défi d’offrir à toutes les chambres une vue sur la mer amenant, lorsque la marée monte, à ce que les vagues semblent venir se briser juste sous nos pieds. Mais c’était une expérience fantastique et nous sommes très fiers du rendu époustouflant.
Neuf ou à rénover, spacieux ou au contraire intime, à quel type de lieu va votre préférence ? Nous avons œuvré dans des espaces de 20 mètres, comme de 3000 mètres carrés, dans le cas du SILT. Des habitations comme des lieux professionnels. C’est cette diversité qui est enrichissante. Imaginer l’intérieur du restaurant Haut de la Sky Tower d’Ostende, à environ 100 mètres au-dessus du niveau de la mer, avec une vue panoramique à 360 degrés sur celle-ci. Ou penser un penthouse en examinant comment la lumière y chemine de jour comme de nuit, afin d’y préserver à chaque instant un sentiment de quiétude. Ce qui compte au fond est de collaborer avec des clients qui croient en notre vision et soient sur la même longueur d’onde. C’est indispensable pour que surgisse pleinement la beauté.
www.tjip.be
Abonnez-vous dès aujourd’hui pour recevoir quatre numéros par an à votre porte
Vous aimerez peut-être
Tijs Vervecken – Chercheur de lumière
La poésie qui habite les images de Tijs Vervecken est celle d’un regard aux frontières de…
Geraldine Dohogne – « Il y a un lien profond entre humain et design »
Geraldine Dohogne crée des espaces où règnent harmonie et ressenti, comme au Landal Hillview Resort…
JW Architects – Révéler l’âme des lieux
JW Architects, duo belge, révèle l'âme des espaces en maîtrisant rénovation, architecture…