Thomas Detry, l’esprit US en Belgique
Mots : Vanessa Schmitz-Grucker
Photo : DR
L’espoir belge du golf revient tout juste des USA où il a franchi une nouvelle étape dans sa carrière. De tournoi en tournoi et du haut de ses 28 ans, Thomas Detry s’impose comme l’étoile montante du golf. Un joueur à suivre au fort capital sympathie.
Vous revenez tout juste de Floride où vous avez performé sur le WGC Championship. C’est très frais, peut-on commencer par-là ?
Pour ceux qui ne sont pas familiers avec le golf, les WGC, World Golf Championship, font partie des 8 tournois dans le monde où performent les meilleurs joueurs du monde. Idéalement, pour y accéder, il faut être dans le top 50 mondial. Pour ma part, j’y ai accédé via mes bonnes prestations de l’année dernière et j’ai donc pu jouer avec des joueurs aussi grands que Rory McIlroy. J’ai réalisé une assez bonne performance, j’ai fini dans le Top 30, ce qui est correct. J’aurais pu mieux jouer mais au milieu de tous ces grands noms du golf, je me suis pas mal défendu. J’ai hâte d’en jouer d’autres et d’en jouer encore plein.
A quoi ont ressemblé vos premiers pas dans le golf ?
J’ai commencé à jouer au golf avec mon père. On a débuté ensemble, lui avait 35 ans, moi j’étais tout petit. Je devais avoir 4 ou 5 ans quand j’ai fait mes premiers pas sur un practice. Puis avec les années ça a pris de l’ampleur, j’étais dans les équipes régionales, puis les équipes nationales. Finalement, j’ai représenté la Belgique un peu partout dans le monde, au Championnat du monde, au Championnat d’Europe. Je me suis fait un nom parmi les joueurs amateurs et j’ai été recruté par une université américaine, près de Chicago où j’ai passé 4 ans à étudier. Pour les Belges qui n’ont jamais été aux USA, il faut savoir que le système américain est assez extraordinaire. Le sport y est très fortement poussé. Je faisais partie de l’équipe de golf de l’université, en combinant avec mes études. Il y a un très haut niveau interuniversitaire, aussi bien en golf, qu’en base-ball, qu’en football américain. C’est un niveau extrême, presque un niveau pro. Ça m’a très bien préparé à la vie professionnelle. C’est très exigeant, on fait les mêmes études que les autres mais ça prépare au passage au niveau pro. Après 4 ans d’études, en 2016, j’ai eu mon bac en business, management. Je suis revenu en Europe pour me lancer en tant que pro sur le circuit européen grâce à l’aide des Fédérations qui m’ont trouvé quelques invitations à des tournois. J’ai eu de bons résultats et j’ai eu ainsi accès au Tour européen où je joue actuellement.
Dans cet impressionnant parcours, quel fut le premier défi ?
Mon premier grand challenge, c’est quand je me suis qualifié pour la Ryder Cup Junior. C’est un énorme tournoi qui oppose, tous les 2 ans, l’Europe aux USA. J’ai été sélectionné pour représenter l’Europe quand j’avais 18 ans. J’ai pu ainsi rencontrer les meilleurs joueurs du monde. Ça m’a ouvert les yeux sur le golf professionnel, j’ai compris que c’était la vie que je voulais mener. Ce n’était pas vraiment un défi, mais ma première chouette expérience en tant que golfeur, là où j’ai compris que c’était toute ma vie.
Quelles sont les différences entre le golf belge et le golf US ?
Aux USA, il y a une approche complètement différente du golf. On y est plus poussé à la performance, mais c’est pareil dans tous les domaines de la vie là-bas. A tous les niveaux, ils sont tirés vers le haut. Je l’ai aussi été pendant 4 ans, j’ai appris à me battre, à performer, à jouer sur des parcours plus compliqués. C’est quelque chose d’impossible à apprendre en Belgique, il n’y a pas cet esprit-là, cette compétitivité. Sans les USA, je ne serais pas là où j’en suis aujourd’hui.
Aujourd’hui, vous vous entrainez comment ?
J’ai mon coach de toujours, depuis que je suis tout petit, Michel Vanmeerbeek, qui donne des cours à Sterrebeek. Je travaille aussi avec Jérôme Theunis. Ce sont mes 2 coachs techniques au golf. J’ai aussi un coach physique. Je vais dans sa salle de CrossFit à Bruxelles. Enfin, j’ai un coach français qui vient avec moi en tournoi.
C’est pour le côté physique ! Côté mental, comment êtes-vous coaché ?
Le mental est extrêmement important à tout niveau, pour tous les pros, pas seulement dans le sport. Je considère mes coachs techniques comme des coachs mentaux. Ils sont plus âgés que moi, ils ont plus d’expérience. On peut échanger, partager. Plusieurs personnes m’aident sur l’aspect mental.
C’est dense comme encadrement !
Oui, c’est toute une équipe ! J’ai aussi un caddie attitré, qui voyage avec moi. Il fait un peu plus que porter mon sac. Il m’aide sur le parcours, c’est aussi une aide mentale justement, quand on est sous pression sur le dernier trou, il est là pour me conseiller.
Quels sont les Hommes qui vous font rêver ?
J’ai toujours aimé Tiger Woods, un personnage que tout le monde connait, j’imagine. Il vient d’avoir un terrible accident, on espère tous qu’il va se rétablir. Ce qu’il a fait pour le golf et son approche mentale en fait un des plus grands sportifs de tous les temps. Il a toujours su rebondir, il a toujours su revenir au top et j’admire ça.
Avez-vous été impacté par les restrictions Covid ?
Oui, comme tout le monde. Comme je suis sélectionné pour les JO, j’avais un statut qui me permettait de m’entrainer mais vu que j’étais bloqué au Royaume-Uni, tout était fermé. Je ne me suis pas entrainé pendant 3 mois. Mais c’était bien de rester 3 mois tranquillement à la maison, vu que j’ai une vie assez mouvementée. Je n’avais pas fait ça depuis longtemps. J’en ai profité, c’était plutôt positif.
Et justement, qu’aimez-vous faire de votre temps libre ?
J’ai toujours bien aimé le jardinage. C’est quelque chose que ma grand-mère m’a appris. À Uccle, j’ai un jardin assez sympa. Alors, quand je suis à la maison, j’aime y passer du temps. Mais je fais aussi beaucoup de sport, j’aime prendre l’air, faire du vélo, aller courir, aller à la gym, j’adore ça !
Quel est votre endroit préféré en Belgique ?
La côte belge, c’est quelque chose qui reste à part. C’est un dépaysement complet à 1h de Bruxelles. J’adore y passer du temps, j’aimerais m’y rendre plus souvent mais je suis toujours à l’étranger, hélas.
Avant de vous quitter, est-ce que vous avez des projets ?
Je suis très jeune dans ma carrière, je n’ai que 28 ans. Je vise le classement mondial à court terme, le top 50 mondial : je suis 80e pour l’instant. À long terme, je voudrais gagner des majeurs.
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