Stéphanie Blanchoud
« Ennemi public m’a apporté une notoriété nécessaire »
Mots : Servane Calmant
Photo : Vincent Calmel
Elle incarne l’inspectrice Chloé Muller dans « Ennemi public » dont la saison 3, la dernière, sera diffusée sur La Une /RTBF début 2023. Elle est également à l’affiche du film « La Ligne » d’Ursula Meier, a signé un duo avec Benjamin Biolay et nous fixe prochainement rendez-vous au Rideau de Bruxelles. Stéphanie Blanchoud, Bruxelloise d’origine belgo-suisse, a le vent en poupe. Comment le vit-elle ? On lui a posé la question.
Comédienne, actrice, auteure, musicienne, chanteuse, vous êtes sur tous les fronts, êtes-vous une touche-à-tout voire une hyperactive ? Oh, non. Je suis d’abord comédienne, j’ai ensuite écrit pour moi et pour mes amis du Conservatoire, car j’estime que l’écriture et le jeu sont intimement liés. La musique est venue après et me complète. Mais j’ai senti les dix premières années de ma vie professionnelle que ces différentes casquettes brouillaient la perception des professionnels du secteur. Comment devaient-ils m’identifier ? Comme actrice ou chanteuse ? Je me suis un peu rebellée contre cette attitude. Comment voulez-vous vivre uniquement de la musique ou du jeu en Belgique ? En Angleterre, de nombreux artistes sont pluridisciplinaires ; on accepte enfin cette démarche chez nous, mais il a fallu du temps…
Si, je dis bien si vous deviez choisir une seule voie artistique, quelle serait-elle ? Jouer. Pour la grande liberté et l’aspect ludique que me procure le jeu.
Vos débuts sur scène, c’est au théâtre. Votre notoriété en revanche, vous la devez à la TV. Chloé Muller (la série « Ennemi public ») a-t-elle changé votre vie ? Non, mais cette série m’a beaucoup appris, notamment à tenir un personnage sur la durée. Elle m’a également apporté une sorte de légitimité. Il n’y a rien de pire pour un acteur que les périodes vides, creuses. L’écriture pour le théâtre, la musique, le cinéma, me permettent de les combler ces creux, mais « Ennemi public » m’a apporté une notoriété nécessaire. Grâce à la série, on ‘m’identifie’ plus facilement.
C’est difficile de se faire une place au soleil en Belgique francophone ? Oui, faire sa place et la tenir aussi.
Le comédien belge Philippe Jeusette, un autre personnage central de la série « Ennemi public », est décédé le 26 août dernier, quel est le plus beau souvenir qu’il vous a laissé ? Je connaissais Philippe bien avant « Ennemi public ». Je lui avais notamment écrit un rôle dans la pièce « Jackson Bay » mise en scène au Théâtre Jean Vilar à Bruxelles. Philippe, c’était un corps, une présence. Il a marqué tous les gens qu’il a côtoyés. Pour moi, il était avant tout un ami d’une grande fidélité.
Vous êtes à l’affiche de « La Ligne » d’Ursula Meier (en salle en janvier 2023) aux côtés notamment de Benjamin Biolay. Dans ce film, vous êtes condamnée à ne plus approcher la maison familiale pour avoir agressé votre mère. J’ai coécrit le scénario avec Ursula Meier. Le personnage principal est une femme violente, pas un homme, non, une femme. La violence féminine est un sujet peu abordé au cinéma.
Benjamin Biolay joue également dans « La Ligne ». Dans ce film, il est musicien ; vous êtes chanteuse. L’occasion d’un duo musical qui devrait sortir également début 2023… Exactement. Il a composé un extrait musical pour le film, qu’il a souhaité développer. Il m’a invitée à le rejoindre en studio d’enregistrement. Notre duo sortira tout prochainement. J’espère d’ailleurs, à l’occasion de ce film, pouvoir toucher le public français !
Car vous êtes également chanteuse. « Ritournelle », votre 5e album est sorti en septembre 2021. Sur les ondes radiophoniques et même dans nos salles de concert, vous êtes pourtant relativement discrète… Ce n’est pas du tout un choix. C’est la réalité d’une artiste qui chante en français en Belgique ! J’étais aux Nuits botanique en mai dernier et en première partie du concert de Benjamin Biolay au Cirque royal en septembre, mais c’est vrai que j’ai peu tourné. La pandémie a été dramatique pour le secteur artistique. Et malheureusement, beaucoup d’artistes manquent de promotion. Seuls les plus populaires sont mis en avant. Et si le digital est un bon outil, la radio et la TV restent indispensables pour élargir son public.
Etes-vous une femme particulièrement exigeante ? Oui. Je n’aime pas les compromis ni les calculs. Je marche à l’instinct, aux rencontres. Ma vie artistique s’est construite au fil des rencontres.
2023 sera-t-elle l’année Stéphanie Blanchoud ? Je l’espère. « Ennemi public », « La Ligne », le duo musical avec Biolay et aussi « Le temps qu’il faut à un bébé girafe pour se tenir debout », un texte (l’histoire d’un frère et d’une sœur confrontés au temps réglementaire des visites à la prison des femmes où est détenue leur mère – nda) mis en scène au Rideau de Bruxelles où, dès février, je partage les planches avec Laurent Capelluto.
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