NICOLAS COLSAERTS
Un parcours au firmament
Mots : Barbara Wesoly
PHOTOS : FRED FROGER
Depuis 23 ans, Nicolas Colsaerts électrise les greens et galvanise les passionnés de golf. En septembre, celui que l’on surnomme le « Belgian Bomber », pour sa puissance de frappe comme pour ses racines bruxelloises, revêtira la casquette de vice-capitaine européen de l’illustre Ryder Cup.
Un sacre à la saveur particulière, pour le recordman épris de défis.
Quels sont vos premiers souvenirs liés au golf ? J’ai tenu pour la première fois un club à six ans, au golf de Boitsfort. Il s’agissait de réaliser un peu de putting, de petits coups puis de savoir taper une balle à plus de 90 mètres. Cela a été ma première victoire sur un green. Mais c’est seulement vers douze ans que je me suis réellement épris de la discipline et envisagé d’en faire ma carrière.
S’en est suivi un palmarès époustouflant. Qu’estimez- vous être le plus grand défi que vous ayez été amené à relever au cours de ces 23 années ? Être passé à quelques centimètres du hole in one lors des J.O de 2016 ? Avoir battu Tiger Wood en Ryder Cup en 2012 ? Mon plus grand challenge et de fait ma plus grande satisfaction est d’avoir été capable de conserver les pieds sur terre et de garder les valeurs qui m’étaient chères. Quand on évolue dans un environnement de haut niveau, en obtenant son droit de jeu sur le circuit européen à 18 ans, on peut perdre le cap, oublier qui l’on est vraiment. Je suis aussi très fier d’avoir marqué la vie des gens. Je n’aurais jamais cru qu’un jour des enfants comme des adultes suivraient ma progression et mes scores. Gamin on a toujours des rêves fous, mais personnellement, j’ai eu la chance d’en réaliser bon nombre. De jouer de grands tournois, d’être en tête de deux US Open, du British, de participer à une Ryder Cup.
Vous avez d’ailleurs affirmé que la Ryder Cup est à vos yeux la plus belle compétition au monde. Qu’avez-vous ressenti face à votre nomination au titre de vice-capitaine européen de cette édition 2023 ? Avoir pu y prendre part en 2012 était déjà incroyable, mais mettre cette fois ma pierre à l’édifice depuis le backroom staff, est une véritable consécration. La Ryder Cup est une épreuve d’exception, de par son prestige et le fait qu’elle n’offre pas de gain, mais aussi car elle oppose l’Europe aux Etats-Unis. Pouvoir représenter son continent et qui plus est en équipe, a une saveur inédite. Être désormais vice-capitaine, c’est être d’une autre façon en première ligne. Notamment en conseillant et informant le capitaine, en s’impliquant dans la composition de l’équipe et en gérant les joueurs.
Quand l’ensemble de la sélection de l’équipe européenne sera-t-elle connue ? Et peut-on espérer y retrouver nos deux compatriotes Thomas Pieters et Thomas Detry ? Nous sommes encore dans la période de qualification, jusqu’à deux à trois semaines avant la Ryder Cup, qui amènera la sélection automatique de six joueurs, en fonction de leurs résultats. Les six autres seront choisis par le capitaine. Thomas Pieters et Detry sont toujours en lice. Et je leur souhaite d’y parvenir. Nous sommes unis par un lien indélébile, du fait de venir d’un petit pays, d’avoir joué les mêmes parcours.
Comment pressentez-vous la compétition qui se déroulera au Marco Simone Golf Club de Rome du 29 septembre au 1er octobre 2023 ? Historiquement, nous sommes toujours considérés comme les outsiders, les joueurs américains étant globalement au-dessus des Européens dans la moyenne du classement mondial. Un principe encore renforcé du fait d’avoir perdu la Ryder Cup 2021. Mais, si l’on fait le compte des vingt dernières années, ils ne l’ont au final remporté que deux fois. Nous retrouver sur nos terres est aussi un avantage, comme pour une équipe de football qui joue à domicile.
Cette année 2023 porte encore les échos de l’épreuve que vous avez subie il y a deux ans, lorsqu’en novembre 2021, vous avez souffert d’une maladie rénale rare, ayant grave- ment fragilisé votre système immunitaire. A-t-elle été source de remise en question pour vous ? Oui, humainement surtout. Je ne l’aurais pas vécu de la même manière à 25 ans, qu’aujourd’hui, à 40 ans, quelque part en fin de carrière, marié et père de deux enfants. Je n’avais jamais dû faire face à la maladie et soudain je me retrouvais sur un lit d’hôpital, sans savoir si j’allais m’en sortir. Cela remet les choses en perspective et permet de réaliser à quel point ceux autour de nous, nous sont précieux.
Quelles sont vos ambitions pour la suite de votre carrière ? J’ai eu énormément de chance, en seulement un an, de pouvoir revivre une existence normale, mais je garde encore certaines difficultés à refaire des performances correctes, du fait de mon état émotionnel. Le mental est complexe à gérer. J’espère mener ma carrière aussi loin que possible. Je continue à me battre, à avancer, semaine après semaine. J’ai quatre à cinq tournois à jouer d’ici la Ryder Cup, qui m’occupera de la mi-août à la fin septembre. Autant de défis passionnants à relever.
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