A 30 ans, notre compatriote Seppe Smits reste l’un des meilleurs snowboarders au monde. On a voulu voir ce que le Campinois avait dans le viseur : les Jeux olympiques d’hiver de Pékin, évidemment. Un monde meilleur aussi, pourvu que le réveil écologique ne soit pas trop tardif …

A l’heure où on boucle ces lignes, Seppe Smits, le roi belge du snowboard, est candidat à la sélection olympique des JO d’hiver 2022, célébrés à Pékin du 4 au 20 février prochains. Eh oui, les Jeux olympiques d’hiver ont évolué depuis leur création, de nouvelles disciplines ont été ajoutées, dont le snowboard justement qui a placé le natif de Westmalle sur les plus hautes places des podiums… On pense notamment aux Championnats du monde de snowboard en 2011 et 2017 où Seppe Smits a décroché l’or en Slopestyle (la descente acrobatique) et l’argent en Big Air (où l’on utilise un tremplin pour réaliser des figures dans les airs), deux disciplines freestyle qui font partie du programme olympique…

Aux JO 2018 en Corée du Sud, vous avez terminé 10e du slopestyle ; comment abordez-vous les JO de Pékin 2022 à quelques mois du coup d’envoi ? « Le plus important, c’est le moral, le physique et l’entourage. Le moral est au top ! Encore me faut-il retrouver toutes mes sensations après ma dernière blessure (Seppe Smits a été victime d’une fracture du tibia lors d’un entrainement en Autriche, en novembre 2020 – nda). L’entourage, il est amical, puisque je travaille avec le même coach, le Français Jean-Valère Demard, depuis 15 ans – un fait assez rare dans un sport professionnel. Mes seules réticences : la qualité de la neige, forcément artificielle. Mais je vais tout faire pour réaliser un bon résultat.

Comment devient-on le roi du snowboard quand on habite un plat pays ? Rire. « Comme beaucoup d’enfants, j’accompagnais mes parents qui prenaient leurs vacances d’hiver en Autriche ou en France. J’avais trois ans, mon frère quatre, on aimait bien la glisse, d’autant que de plus en plus de snowboarders attaquaient les pistes… A 9 ans, j’ai troqué les skis pour une planche. Contrairement au ski, où seule la vitesse me galvanisait, le snowboard m’a donné envie de me dépasser, d’exécuter parfaitement de nouvelles figures et des sauts, et d’imposer peu à peu mon style… J’ai définitivement rangé mes skis au grenier ! »

Y’avait-il déjà, à vos débuts, une fédération professionnelle de snowboard en Belgique ? « Non. J’ai d’abord progressé avec des moniteurs de ski qui avaient signalé à nos parents que mon frère et moi avions du potentiel. J’ai également passé de nombreuses journées au Snow Valley à Peer (l’un des plus grands centres de ski couverts en Europe – nda) où il y avait une piste de freestyle. Je la kiffais plus que l’entraînement slalom ! J’ai peu à peu atteint un bon niveau, sans pour autant avoir l’ambition de devenir professionnel. Pro, je le suis devenu à 19 ans, et à 21 ans, je décrochais mon premier titre mondial. Mais j’ai toujours un peu de mal à parler du snowboard comme d’un boulot, car c’est avant tout une passion !  Et un « good job » de surcroit, où tout le monde s’entraide et où chaque rider profite des conseils des autres. Cette franche solidarité fait chaud au cœur dans un sport extrême… »

C’est aussi un sport qui a considérablement évolué… « Oui ! Quand j’ai démarré le snowboard, je pouvais espérer me qualifier pour les finales avec une rotation de 720 degrés, aujourd’hui il faut proposer au moins une rotation de 1440 voire 1620 degrés. En 15 ans de compétition, le niveau de technicité du snowboard a littéralement explosé !

A 30 ans, vous êtes déjà un ancien ? « Ah oui ! C’est un sport éprouvant, et je suis en effet parmi les plus anciens ! Mais j’ai toujours de bonnes vibes, j’apprends toujours et je reste motivé à 100%.  Et si un jour je quitte le sport de compétition, je n’abandonnerai jamais ma planche ! »

En quelques mots, que vous apporte le snowboard ? « Il m’a aidé à découvrir ce que je voulais faire de ma vie, à repousser mes limites, et m’a conscientisé à l’importance d’avoir un rapport nouveau avec la nature. Je voyage à travers le monde à la recherche de la meilleure neige, mais voir les glaciers fondre, c’est un constat terrible ! »

Mais comment limiter notre impact environnemental ? « Depuis 2019, j’ai établi un partenariat avec Greentripper, une entreprise belge qui calcule les émissions de CO2 de votre voyage et vous aide à les compenser. Soyons honnêtes, si pour le travail, je dois prendre un avion, je vais le prendre, mais je cherche alors à compenser ce choix. C’est mieux que rien ! Ainsi, mes vacances d’été, je les passe depuis plusieurs années en Europe. J’ai sillonné les quatre coins du globe, et mon voyage préféré reste la Norvège à vélo ! Pas besoin d’aller très loin pour trouver l’aventure. Professionnellement, j’ai fait le choix d’une planche conçue par Pierre Gerondal, un artisan belge basé à Malmedy qui fabrique des skis et des planches sur mesure avec du bois d’arbres plantés en Belgique… De petits gestes écologiques posés ça et là qui, je l’espère, feront la différence pour la planète. »


www.facebook.com/seppesmits