Mélanie Isaac
La retenue comme atout de séduction
Mots : Servance Calmant
Photo : Maël G. Lagadec
Originaire de l’Ardenne belge, Mélanie Isaac invite à découvrir « Surface », un premier album 9 titres qui voyage entre la chanson à texte et la pop racée. Et si l’on pense à Françoise Hardy en se laissant charmer par l’élégance de cette voix parlée, intime, retenue, ou à Dominique A à travers les mots ciselés couchés sur de la musique, le plaisir de découvrir l’univers délicat et résolument envoûtant de Mélanie Isaac reste intact.
Il y a 10 ans, vous remportez La Biennale de la chanson française, en 2019, le concours FrancOff aux Francofolies de Spa puis, en mars dernier, vous êtes sacrée Coup de Coeur des Médias Francophones Publics. A ce titre, votre chanson «Paradis Nord» a été diffusée par La Première (RTBF), Radio France, Radio-Canada, la Radio Télévision Suisse, etc. Percer en Belgique, est-ce un véritable parcours du combattant ? Oui, évidemment, mais je ne souhaite pas être celle dont le parcours artistique se résume à cette phrase un peu fataliste ! Rire. J’ai mis, il est vrai, un peu de temps à trouver ma véritable voie artistique, à savoir vraiment où je souhaitais aller, à faire de belles rencontres enfin fructueuses. Composer un album coûte beaucoup d’argent, ce n’est vraiment pas un métier évident !
Passer à la radio, c’est un sacré tremplin… Qui m’a agréablement surprise, car je m’attendais à sortir cet album en cachette. Je ne cherche pas la reconnaissance à tout prix, mais plutôt à offrir au public un répertoire de qualité. C’est l’oeuvre qui compte. Mais cette reconnaissance fait plaisir. »
Devenir chanteuse, une évidence ? Oui. C’était ma mission ! (Rire) C’est un peu mystérieux comme ressenti. Dès que j’ai pu m’exprimer, j’ai su que c’était là ma voie. Or, je ne viens pas d’une famille d’artistes…
Vous avez quitté Neufchâteau pour Bruxelles, il y a quelques années. Votre chanson « La Révélation » parle d’une « ville morte, sans histoire sans révolution. Une ville à réinventer », est-ce là le portrait de Bruxelles ? J’ai écrit cette chanson en pensant plutôt à ma ville natale, ville de province un peu éteinte. Mais je l’ai écrite pendant le confinement ; in fine, elle parle de toutes ces grandes villes qui ont souffert de la crise …
Pour faire carrière si j’ose dire, faut-il monter en ville ? Pas forcément. Regardez Jean-Louis Murat, toujours fidèle à son Auvergne natale !
Votre album est le fruit d’une collaboration avec le parolier Antoine Graugnard. Qu’y a-t-il de Mélanie Isaac dans ces 9 titres ? Tout. Il y a trois chansons en collab, le reste c’est moi ! Quand j’écris, je suis en quête d’authenticité, de justesse, en résonance avec ce que je suis réellement.
A l’écoute du single « Surface » où vous parlez de “saigner en silence ou de s’prendre des cailloux”, je vous devine pessimiste… Rire. Non non, la vie n’est pas facile, qui pourrait dire le contraire ?, mais l’homme reste debout. Cette chanson est un appel à la résistance et au courage. Je suis une volontaire !
Parlons musique. Ça vous ennuie si je vous compare à Françoise Hardy ou Dominique A ? Au contraire, vous me flattez ! J’ai en commun, je crois, avec Françoise Hardy, une même retenue dans ma façon de chanter, sans grandiloquence aucune. Ne pas en faire de trop, c’est important pour moi. Pourtant, j’ai fait beaucoup de chant lyrique et je pourrais envoyer, mais je préfère être tout près de l’oreille de l’auditeur. Une voix parlée qui raconte quelque chose, une approche intime, elle est là ma quête. Quant à mes influences, elles sont multiples : ado, j’ai été bercée par PJ Harvey et Radiohead. Je n’ai aucun snobisme en musique : j’adore imprimer des tablatures et jouer aussi bien les Beatles et de la pop énervée que du William Sheller et du Michel Berger ! Je suis curieuse de toutes les musiques.
Sur scène à Spa le 23 juillet prochain, à quoi le public doit-il s’attendre ? Je serai seule avec ma guitare et mon piano, pour une prestation relativement dépouillée, intimiste de « Surface », agrémentée de chansons qui ne se trouvent pas sur cet album.
Vous avez beaucoup de chansons dans vos tiroirs ? Oh oui ! De quoi remplir la moitié de mon prochain album. Reste à trouver les moyens financiers pour le produire !
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