MATTHIEU BONNE
L’appel de l’extrême
MOTS : BARBARA WESOLY
PHOTOS : STEFANIE REYNAERT
Rien ne semble pouvoir freiner les prouesses époustouflantes de Matthieu Bonne, pas plus que sa soif de défis. Tout à la fois athlète endurant et aventurier exalté, le Ouest-Flandrien de 29 ans, carbure au dépassement de soi.
Vous êtes triathlète, cycliste, surfeur, alpiniste. Quel est votre moteur ? Dépasser mes limites, repousser l’impossible et expérimenter toujours plus fort et plus loin. J’ai toujours adoré le sport. Petit, je débordais d’énergie et je pratiquais l’athlétisme, le judo, le basket, mais sans objectif précis. Et puis, il y a trois ans, je suis parti en voyage en Indonésie et j’y ai escaladé un volcan haut de 3100 mètres. A l’épo- que, je traversais une période compliquée, une profonde remise en question. J’ignorais ce que je désirais faire de mon existence. Connaître la souffrance intense de l’ascension, contempler cette vue magnifique et me retrouver ainsi en connexion avec la nature a été une véritable révélation et m’a permis de trouver un but à ma vie. A mon retour, je suis parti gravir le mont Fuji au Japon, puis ce fut au tour du mont Blanc français. J’ai ensuite enchaîné sur mon premier véritable défi, le Marathon des Sables, une course à pied d’endurance en autosuffisance alimentaire, se déroulant au Maroc. Depuis, je n’ai cessé de rechercher les défis les plus fous. C’est devenu ma profession, mais aussi ma vocation.
En moins de cinq ans, vous avez accu- mulé les exploits, devenant le premier à parcourir le littoral belge à la nage sans interruption, réalisant huit triathlons en huit jours. Et, en mars dernier, parcourant 3619 kilomètres à vélo en sept jours, sur les routes de l’Arizona. Est-ce le challenge ou le record qui vous fait vibrer ? Il y a bien sûr la difficulté. Je suis un athlète qui aime les disciplines d’endurance mais aussi un aventurier, guidé par l’adrénaline et mordu de sensations fortes. Et puis il y a l’envie de prouver au monde que tout est possible grâce à la force de la volonté et du mental. Au début de ma carrière sportive, je réalisais ces exploits uniquement pour moi, par plaisir personnel et puis j’ai réalisé à quel point ils étaient susceptibles de motiver d’autres individus à se dépasser. J’aimerais inspirer les gens, leur donner la volonté d’expérimenter, de vivre leurs rêves, en n’hésitant pas à prendre des risques, car c’est dans le sillage de ceux-ci que l’on obtient les plus belles des récompenses
La peur est-elle aussi parfois partie prenante de vos aventures ? Cela fait partie du challenge. Les risques rendent l’épreuve d’autant plus attractive. Après tout, si c’était facile, pourquoi le tenterais-je ? Je n’en ressentirais aucun accomplissement. Alors que si cela m’effraye, y parvenir me laisse un incroyable sentiment de fierté personnelle.
Comment décidez-vous quels nouveaux défis entreprendre ? Je fonctionne au feeling et à l’intuition. Je ne planifie pas vraiment à l’avance, préférant vivre le moment présent. Demain ne présente aucune certitude et profiter d’aujourd’hui n’en est que plus précieux. Alors, quand un challenge se présente sur ma route, je ne réfléchis pas vraiment et je fonce. C’est comme ça que je me retrouve à pédaler 20 heures par jour au cœur des USA, avec des pauses de trois-quatre heures de sommeil, ou à parcourir les huit îles des Canaries pour y réaliser un triathlon sur chacune. Je saisis toutes les chances que l’existence place sur mon chemin.
Avec quelle prouesse sportive vous retrouvera-t-on prochainement ? Cette année, j’ai pour but d’obtenir trois records mondiaux dans trois disciplines différentes. J’en ai déjà obtenu un en cyclisme. Prochain objectif en août avec de la natation et ensuite, la course à pied. J’ai la chance d’être soutenu par une équipe formidable, qui m’accompagne et croit en moi. Ils étaient présents en Arizona mais aussi sur le bateau durant les 23 heures qu’il m’a fallu pour boucler les 74,64 km du littoral belge. Je leur dois énormément.
Qu’est-ce qui vous rend heureux ? La nature. Elle est indissociable de mon amour du sport et sans elle, je n’aurais accompli aucun de ces exploits. J’ai toujours été une personne assez solitaire, qui n’aimait pas les fêtes mais préférait se balader sur la plage ou partir en camping sauvage en forêt. La nature m’inspire, me fait vibrer et j’y puise ma force. Elle rend mes aventures d’autant plus belles et excitantes. Et même si je les accomplis en solo, au final, je ne suis jamais vraiment seul, vu qu’elle est tout autour de moi.
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