Le ballet des lumières de Nico de Nys
Mots : BARBARA WESOLy
Photos : DR
Un rayon du soleil qui transparaît à travers les branches d’un arbre, des lueurs jouant sur les vagues ou la lente danse des nuages. Les œuvres de Nico de Nys défient l’éphémère et domptent le mouvement de ces instants fugitifs. Elles nous offrent de contempler indéfiniment ces heures dorées.
Ni peintures, ni vidéos, vos créations baptisées « Moments » se transforment et bougent sur une toile pour-tant immobile. Que sont-elles exactement ? Une forme d’œuvre vivante, de mélodie visuelle obtenue par une succession de photos qui capturent l’essence lumineuse d’un moment. Comme la caresse des ombres sur un mur en crépi ou les ondulations d’une piscine. Ce projet m’est venu alors que j’étais alité à cause du Covid, contemplant les reflets scintillants sur le plafond de ma chambre. Je rêvais de créer une œuvre capable de les représenter. Mais la lumière est fugace et changeante, il n’était pas question pour moi de la figer. Je voulais capturer sa trajectoire.
Ce résultat saisissant, proche d’une danse flamboyante, est rendu possible grâce à une technique d’entrelacement d’images. Comment fonctionne-t-elle ? En réfléchissant à la manière de matérialiser cette idée, je me suis souvenu d’un principe utilisé au début des années 2000 : l’impression lenticulaire, qui permettait d’obtenir un effet de relief 3D. À l’époque, cette technique était peu aboutie, mais elle a depuis évolué, permettant aujourd’hui de créer des séquences de 2 à 21 images en les entrelaçant pour obtenir un véritable mouvement. C’est devenu le cœur de mon projet artistique. Ces clichés, pris à la suite, forment une boucle temporelle, donnant l’illusion de contempler une vidéo ou un écran.
Pourquoi la lumière vous fascine-t-elle ? Je suis très sensible à la lumière depuis toujours. Elle m’apaise et j’y perçois une forme de poésie. Lors de mes études d’architecture d’intérieur à Saint-Luc, j’ai rapidement remarqué que l’éclairage d’un lieu était central pour moi. Je pouvais passer des heures à observer les ombres et les lueurs en mouvement. Je voulais permettre à chacun de ressentir les émotions qu’elles me procurent. C’est ainsi que j’ai créé mon tout premier tableau, “Light Blinds”, un suivi des stores lumineux qui apparaissaient de 6 heures à 10 heures du matin sur les murs de mes bureaux à Waterloo à l’époque. Ensuite, mon second tableau était “Sparkling Waves”, capturé à Marbella. Ce tableau représente un mouvement beaucoup plus rapide, rappelant les scintillements de la mer à l’heure de l’apéro durant les vacances.
Vous avez d’ailleurs aussi cofondé Ponctuel, une marque de montres, avec votre frère Robin. Une trajectoire qui tient de l’héritage puisque votre famille a bâti Pontiac Tic-Tac dans les années 30, avant que votre père ne crée ses propres marques. Et vous avez également lancé une griffe de t-shirts baptisée 22h:22. Une ligne du temps relie donc tous vos projets. Oui, en effet, même si c’est de manière totalement inconsciente. Je me suis toujours interrogé sur le temps. J’ai un rapport assez ambivalent avec lui. Je suis bien plus en paix avec la mort qu’avec la naissance, même si je ne me l’explique pas. Par ailleurs, il est très important pour moi de laisser une trace, d’avoir un impact. L’art m’apporte ce sentiment d’alignement avec moi-même, j’y puise une paix intérieure.
L’été dernier, vous exposiez à l’Art Unity Gallery de Knokke et ce 2 juin vous étiez présent à La Terrasse O2 à Bruxelles. D’autres rendez-vous sont-ils déjà prévus ? Mon objectif principal actuellement est de continuer cette expérimentation lumineuse et d’y intégrer de nouvelles approches. Je viens de dévoiler deux œuvres imprégnées de l’atmosphère de Marrakech, « Majorblue » et « Marracotta », qui seront suivies par un triptyque ainsi qu’un tableau scindé en deux sur la French Riviera, où apparaîtront des mots en filigrane, toujours par entrelacement d’images. Je lancerai également une collection inspirée de Berlin, suivie de New York, et je partirai prochainement capturer la lumière du Brésil.
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