Kenny Belaey
Quand le vélo devient art
Mots : Vanessa Schmitz-Grucker
Photos : Redbull
Rien n’arrête un aventurier et encore moins un biker belge ! Kenny Belaey parcourt le monde, arpente les montagnes, saute de falaise en falaise et rafle les plus grandes médailles sur son VTT depuis bientôt 30 ans. Sportif et créatif, il a fait de la pratique du vélo un art dans tous les sens du terme. Compétiteur Trial habitué des podiums, Kenny Belaey laisse sa passion s’exprimer en format freestyle. Ce multiple champion n’est jamais à court d’inspiration quand il s’agit de nouvelles aventures et, avec l’aide de son frère, il en fait profiter le grand public grâce à des vidéos à l’esthétisme irréprochable.
Le trial est un sport très récent, né au Royaume-Uni au XXe siècle. A vélo, en moto ou même en voiture, l’image de ce sport demeure peut-être un peu floue dans l’esprit du grand public. Pourriez-vous définir cette discipline ?
Ce que je pratique, le VTT Trial, consiste, du moins en format compétition, à passer des obstacles sans mettre le pied à terre et dans un temps très limité de 2 minutes par zone. Une zone peut contenir 15 à 20 obstacles de nature très différente, rochers, troncs, etc. Il faut donc aller très vite, c’est à la fois physique et technique. Je pratique plusieurs sports et le trial en compétition est le plus difficile d’entre eux, alliant une grande force physique et mentale. Il faut rester très concentré.
A côté de la compétition, il y a aussi le lifestyle et le freestyle. D’un côté, il faut être un compétiteur de très haut niveau et, de l’autre, le sport peut se révéler intéressant pour chercher ses limites. C’est une pratique à la fois sportive et artistique.
Qu’est-ce qui vous a motivé à vous lancer dans cette discipline ?
Je pratiquais le VTT trial et le foot. C’est comme ça que j’ai réalisé que je préférais les sports individuels. Il y a beaucoup trop d’excuses faciles en équipe. En VTT, quand je fais une erreur, je ne peux pas accuser mon vélo, il faut se remettre en question. C’est aussi un défi de faire mieux chaque jour. Encore maintenant, après 28 ans de pratique, je recommence chaque jour de zéro. Il y a toujours quelque chose à améliorer, tu veux toujours sauter plus haut, plus loin, plus propre, plus stylé. C’est sans fin et c’est ça qui me motive 28 ans près. C’est un sport très dur et le niveau défi est très haut.
Est-ce un sport extrême, voire dangereux ?
Pas du tout ! Je connais très peu de collègues qui ont eu des accidents graves. En VTT Trial, on est seul et on connaît ses limites. Ce sont des risques calculés et surtout on n’a pas de vitesse. Alors oui, c’est un sport extrême, mais un sprint en final de Tour de France est dix fois plus dangereux !
Vous venez d’évoquer 28 ans de carrière. Quels en sont les temps forts ?
Bien sûr, les titres les plus importants restent ceux de champion du monde et de champion d’Europe. Sur 23 participations au mondial, je suis monté 20 fois sur le podium, mais bizarrement les gens ne me connaissent pas pour ça. Ils m’associent plus au défi de la slackline. C’est aussi un grand temps fort. J’ai roulé sur une slackline longue de 18 mètres, au-dessus du vide, à environ 2700 mètres d’altitude, mais à 120 mètres du sol, dans les Alpes. C’était en 2015 et c’est ce que beaucoup de gens ont retenu de ma carrière.
Ces projets démesurés, comment naissent-ils ? Ce sont vos idées originales ?
Oui, j’essaye toujours d’être créatif. Je cherche les opportunités pour mélanger, vélo, culture et sport. Quand j’ai une idée, je la propose à mes sponsors qui me disent très souvent oui. J’ai parcouru le monde grâce à eux. C’est en parlant, en échangeant avec les gens, mais aussi en lisant beaucoup de livres que je reste inspiré. Le projet Alaska, par exemple, est né après un petit-déjeuner à Amsterdam avec le parapentiste Paul Guschlbauer. Lorsqu’il m’a annoncé qu’il allait prendre l’avion pour faire du parapente en Alaska, je lui ai demandé si je pouvais venir avec mon vélo. Je l’ai proposé à mes sponsors, et nous sommes partis faire du VTT et du parapente en Alaska où nous avons filmé des vidéos fantastiques. C’est toujours comme ça que ça marche ! Pour la traversée de la slackline dans les Alpes, c’était pareil, j’avais rencontré un Allemand à Cape Town qui s’apprêtait à passer une slackline à pied dans la montagne de la Table. 5 ans après, j’ai proposé la même chose en VTT en France. Il faut être proactif, savoir expliquer ses idées et convaincre, mais j’ai la chance d’avoir mon frère qui produit des vidéos. C’est plus facile de convaincre, de faire bouger les choses avec un petit business de famille.
Quels sont vos projets à venir ?
Pour cette année, la saison est terminée. Pour l’an prochain, je vise, une dernière fois, les championnats du monde vers novembre et la coupe du monde, l’été. Mais je vais rester très actif, les compétitions s’arrêtent, pas les défis ! Je vais continuer les performances, participer aux grands évènements aux US et bien sûr les partager en vidéo ! Puis, je vais aussi me consacrer à mon dernier projet : le bike art. Je me suis lancé dans l’art, je fais des oeuvres avec mon vélo, en peignant les roues. Les peintures sont sur mon compte instagram. Jusqu’à présent, ça marche très bien et j’ai l’ambition de faire toujours plus choses dans les villes à l’avenir. De mettre en avant, plus qu’autrefois encore, le côté artistique de la discipline.
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