K.ZIA
« L’artiste qui m’a le plus influencée ? Ma mère. »
MOTS : SERVANE CALMANT
PHOTOS : TATJANA HUONG HENDERICKX et ILYA SAFONOV
Chanteuse, compositrice, directrice artistique et fille de Marie Daulne alias Zap Mama, K.Zia se met à nu avec « Kintsugi Heart », un nouvel EP qui égrène des confidences enveloppées d’un chaleureux mélange
de R&B, de pop et d’afrobeats.
Vous êtes la fille de Marie Daulne (Zap Mama) et d’un papa acrobate martiniquais. Parlez-vous souvent musique avec votre maman ? Oh oui, c’est un sujet qui a toujours été présent entre nous.
Elle vous conseille ? En tant que mère et en tant qu’artiste, elle m’accompagne dans toutes mes décisions. Et j’ose espérer pouvoir profiter de ses conseils après dix voire vingt albums. (rire)
Et Marie Daulne sollicite-t-elle souvent votre avis ? Oui oui, parce que j’ai un regard neuf et différent du sien sur notre métier, sur l’art d’une manière générale, sur des stratégies de communication ( j’ai un master en relations publiques en poche), sur l’industrie musicale et son évolution… Maman qui aime être au fait des choses, est définitivement dans le dialogue.
Vous êtes née à Bruxelles, vous avez été biberonnée aux voyages, vous vous définissez d’ailleurs comme une citoyenne du monde. Pourquoi avoir posé vos bagages à Berlin plutôt qu’à Bruxelles ? J’ai décroché un master à Bruxelles mais j’ai cherché un stage à Berlin, car j’avais besoin de bouger pour être stimulée par un nouvel environnement. Berlin est une grande ville très cosmopolite, très ouverte, où tous les vilains petits canards ont une chance de devenir des cygnes.
Depuis cinq ans, vous travaillez la musique à temps plein, si j’ose dire. Avez-vous réfléchi longtemps avant d’emprunter cette voie ? Lors de mon stage, j’ai compris que travailler dans un bureau n’était définitivement pas fait pour moi. Je ne peux pas vivre sans musique. Je n’ai donc pas hésité bien longtemps…
Vous venez de sortir deux singles « Love is » et « Rise », deux puissants hymnes pop/R&B qui figurent sur votre EP 6 titres, « Kintsugi Heart ». Cet EP, disponible depuis ce mois de juin, est une véritable mise à nu … Oui, il fait référence à une période de ma vie assez sombre. Il y a deux ans, j’ai souffert d’une dépression. Au fil de l’enchainement des titres, je revis. « Happy » parle d’une relation où on s’autorise à aimer et à être aimé.e, le titre suivant « Hold on » évoque les premiers orages, « Pressure » fait référence au moment où l’orage est passé mais où l’on broie du noir, « Rise », c’est l’instant où on retrouve de l’énergie et de la lumière pour s’élever, « Trust » décrit cette phase de reconquête de la confiance en soi, « Kintsugi Heart », le dernier chapitre, convoque cette étape de la vie où on a recollé les morceaux avec de la colle dorée !
Vous avez puisé dans votre douleur et votre guérison, pour la partager avec votre public … Absolument, l’écriture fonctionne comme une thérapie. Et si mes chansons accompagnent et réconfortent des gens qui ont vécu la même histoire que moi, j’en serai la plus heureuse. La musique me confère un super pouvoir !
Le single « Rise » est accompagné d’un clip vidéo que vous avez réalisé vous- même. Aimez-vous avoir le contrôle total sur votre univers artistique ? D’une certaine manière oui, car je suis curieuse de tout, mais ce n’est pas toujours délibéré. Je suis une artiste indépendante sans label, donc pour des raisons financières, je suis obligée de mettre la main à la pâte, de concevoir ma pochette, de traduire ma vision en clip… Je ne ferme cependant pas la porte à une collaboration avec un label, pourvu qu’elle fasse sens.
Quel est le moteur de votre métier ? Le besoin de m’exprimer, j’ai véritablement besoin de chanter, un besoin physique.
Quelles sont vos influences musicales ? Il y en a tellement, j’aurais peur en citant des noms d’artistes, d’en oublier d’autres, ce serait injuste.
Un seul nom… La plus grande à mes yeux, celle qui m’a le plus influencée : ma mère.
J’ai lu que vous n’aimiez pas être cataoguée « World Music », pourquoi ? Parce que cette notion occidentale est terriblement réductrice ! Comment ranger dans une seule et même catégorie, la musique du Brésil, du Mali et du Japon ?
Où pourrons-nous avoir la chance de vous voir en concert en Belgique cet été ? Notamment au NYX Festival à Meerhout, à l’AfritDrongen, au Sfinks Mondial, etc.
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