Julien Renault
Designer de l’année
Mots : Olivia Roks
Photos : DR
Le designer pluridisciplinaire Julien Renault, Belge d’adoption, a décroché le prestigieux titre de Designer de l’année 2023. Son travail, à la croisée des chemins entre le design artistique et le design industriel, reconnu par de grands noms du secteur, est récompensé avec mérite. Mais qui est-il ?
Remontons le temps, comment vous êtes-vous épris d’amour pour le design ? Déjà tout jeune j’adorais bricoler avec mon père. L’envie de faire des choses c’est aussi comprendre comment elles sont fabriquées et finalement, c’est la base du design. De fil en aiguille, je me suis retrouvé à l’Ecole des Beaux-Arts de Reims qui avait une section design, j’ai poursuivi avec un stage à Paris chez les frères Bouroullec et ensuite un Erasmus en Suisse à l’ECAL à Lausanne. C’est une école très réputée, industrielle, professionnalisante. Cette rigueur était nécessaire à mon parcours. J’ai donc cette approche du design artistique, sensible et libre mais aussi le besoin de faire un design vrai, un design du quotidien. Mon cursus scolaire a véritablement fait qui je suis aujourd’hui, un designer je pense, assez complet. Après la Suisse, je me suis installé en 2009 en Belgique auprès de ma compagne belge. Un pays que j’adore. Et en 2015, je fondais mon studio.
Un studio où vous créez des objets simples, où leur beauté se découvre dans les détails. Comment décririez-vous votre design ? Difficile car chaque projet est différent. La marque, le matériau diffèrent. Je fais avant tout des choses qui me plaisent. On me dit parfois minimaliste, parfois simple… Sans le vouloir, mes créations s’axent tout de même autour d’une ligne conductrice. Je dirais que mes réalisations ont une logique, elles sont bien faites, compréhensives immédiatement, lisibles…
Justement, un objet réussi pour vous c’est… Un objet que je vais retrouver dans vingt ou trente ans, toujours en production, toujours d’actualité. Un objet qui a du caractère, qu’on a envie de garder, qu’on s’approprie, qu’on transmet, qui ne s’est pas démodé, qui perdure après les années.
Vous êtes un designer pluridisciplinaire, vous réalisez aussi des intérieurs, vous êtes photographe mais aussi directeur créatif de Kewlox. C’est important pour vous de multiplier les casquettes ? Quand on est designer, on est aussi artiste donc toutes ces situations variées inspirent mais nous alimentent également, le métier de designer n’est pas toujours facile. C’est important de multiplier les casquettes pour réussir, pour avoir un travail consistant, mature. J’essaie que mes autres activités sur le côté nourrissent bien sûr mon design.
Qu’est-ce qui vous inspire au quotidien ? Inconsciemment, je suis constamment dans l’observation, au quotidien, où que je sois. J’adore les objets du quotidien, je suis également photo-graphe et la photographie m’inspire tout comme l’architecture. La collection Pastis a été par exemple directement inspirée de l’architecture, j’ai imaginé un grand café de gare. Cette collection devait s’inscrire dans une atmosphère très précise. Quand je voyage, j’aime me rendre dans des bibliothèques et rechercher de vieux livres, des pépites inspirantes. J’essaie d’avoir une culture du design large, de plus en plus pointue. Je suis davantage tourné vers le passé que le design contemporain.
Une collaboration, une collection qui vous a marquée ? Ma relation avec Kewlox, une marque connue de tous, est géniale. Faire partie de ce renouveau, les aider à faire renaître la marque, revenir à l’essence du produit, c’était un magnifique challenge à relever. Ensuite, indéniablement, ma relation avec Hay. Le lancement de la collection ‘Pastis’ l’année dernière pour cette marque a changé ma vie. Hay est une marque respectée, incontournable, réputée. Un beau tremplin, un tournant dans ma carrière.
Vous venez de remporter le prix de Designer de l’année, qu’est-ce que ce prix représente pour vous ? Ce que j’apprécie tout particulièrement c’est que ce n’est pas un prix auquel on participe. On ne s’y attend donc pas. Ce prix c’est la reconnaissance d’un travail de plus de quinze ans, un métier de patience, loin d’être facile. Ensuite, c’est aussi sympa pour mes clients qui ont parié sur moi, ça montre peut-être qu’ils ont fait le bon choix. Et plus personnellement, cela me permet aussi de prendre du recul, de penser, de regarder ces créations passées et de faire en quelque sorte un petit bilan…
Et c’est loin d’être fini ! Vous nous réservez encore de belles surprises à venir ? Un canapé réalisé pour la marque portugaise Mor design vient de sortir sur le marché. Ensuite, une nouvelle collaboration avec Hay arrivera dans les alentours du mois de juin. Ce sera une collection de luminaires mais je ne peux pas encore vous en dire davantage. Et d’autres projets sont en cours, à suivre…
Pour finir, un projet dont vous rêveriez ? Je suis sûr que l’avenir me réserve de belles choses mais le projet ultime serait de faire sa propre maison, la dessiner… Un sacré challenge !
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