Julien Leclercq
L’aventurier belge fasciné par l’Islande
Mots : Olivia Roks
Photos : Julien Leclxercq
Depuis toujours, Julien Leclercq nourrit un rêve d’évasion. À seulement 24 ans, il quitte la Belgique pour partir à la découverte du monde. Dix ans plus tard, il vit en Islande, subjugué par la nature à l’état brut. Aujourd’hui guide et photographe, il mène une vie qu’il ne troquerait pour rien au monde. Rencontre avec cet aventurier moderne au parcours inspirant.
À 34 ans, vous avez déjà parcouru un chemin extraordinaire. Qu’est-ce qui vous a poussé à quitter la Belgique pour explorer le monde ? J’ai toujours été attiré par l’idée de voyager. À l’école, je n’étais pas un élève modèle : rester assis derrière un bureau me semblait insupportable. Mon adolescence n’a pas été facile : le divorce de mes parents a été un coup dur. J’ai sombré dans la dépression et j’ai développé des comportements autodestructeurs. Un matin, j’ai eu une révélation : je devais tout laisser derrière moi et partir.
En regardant un globe terrestre, j’ai cherché le point le plus éloigné de la Belgique et je suis tombé sur la Nouvelle-Zélande. Là-bas, j’ai travaillé dans une ferme entourée de vergers et de chevaux. Ironiquement, j’avais une peur bleue de ces animaux. Mais le destin m’a mis au défi : on m’a confié la mission de prendre soin d’une jument affaiblie. Cette expérience a bouleversé ma perception. J’ai non seulement vaincu ma peur, mais je suis tombé amoureux des chevaux.
De là, l’aventure s’est poursuivie en Australie : j’ai été cowboy dans un ranch, gardien de zoo où j’avais la responsabilité de m’occuper du plus grand crocodile du pays. Je découvrais ces emplois grâce au concept du « woofing » (via helpx.net), un système fondé sur l’échange et le partage. Il s’apparente à du volontariat : en échange de mon travail, on m’offrait le gîte et le couvert.
De retour en Belgique après l’expiration de mon visa, je n’ai tenu que trois semaines avant de repartir, cette fois pour la Suède, où j’ai découvert la vie dans une ferme western. Ensuite, près d’Oslo, j’ai appris à murmurer à l’oreille des chevaux auprès des Indiens Lakotas. J’ai continué mon aventure en Norvège, où j’ai pratiqué la pêche. C’est là que j’ai rencontré un Islandais qui cherchait de l’aide pour sa ferme. Sans hésiter, je l’ai suivi.
L’Islande, ce pays de glace qui m’a envoûté, est aujourd’hui le cadre de ma vie. Après avoir enchaîné des expériences variées dans des fermes et des ports, j’exerce désormais un métier qui me comble : guide (conduite et glacier) pour Ice Pic Journeys et photographe. Chaque jour, je capture la magie unique de cette terre fascinante. Je ne pouvais pas rêver mieux.
Une aventure fabuleuse ! Les chevaux semblent avoir une place spéciale dans votre parcours. Ils vous ont aidé à surmonter des épreuves ? Absolument. Les chevaux sont comme des meilleurs amis, capables de ressentir nos émotions. Leur tendresse et leur capacité à communiquer presque télépathiquement m’ont sauvé. Je suis quelqu’un d’introverti, souvent en proie à la dépression. Sans eux, je ne serais probablement plus là aujourd’hui. Cette connexion avec les chevaux et la nature me nourrit et m’apaise au quotidien.
Vous semblez épanoui en Islande. Parlez-nous de votre passion pour la photographie. Depuis mon arrivée en Nouvelle-Zélande jusqu’à aujourd’hui en Islande, j’ai capturé de nombreux moments avec mes téléphones Samsung. Un jour, en échangeant sur Instagram avec Samsung Iceland, j’ai partagé quelques-unes de mes photos. Ils les ont adorées. Depuis, l’entreprise me fournit du matériel, et je réalise des prises de vue pour eux. Cette collaboration m’a non seulement permis de gagner en confiance, mais elle a aussi transformé ma photographie, qui a considérablement évolué grâce à leur soutien.
J’aime capturer des détails de la nature, faire des photos qui semblent irréelles alors qu’elles sont authentiques et à peine retouchées. Je photographie surtout des glaciers, des animaux, et des volcans en éruption. L’Islande est un véritable terrain de jeu pour un photographe : tout y est vivant, en perpétuel mouvement. C’est magique !
Qu’est-ce qui vous manque le plus de la Belgique ? Mes parents savent que je suis heureux ici, et quand ils veulent me voir, ils viennent me rendre visite. Franchement, c’est plus fun qu’un voyage en Belgique ! Ce qui me manque, c’est un magasin Décathlon ! Le plus proche est au Danemark, et en Islande, le matériel sportif coûte une fortune.
Comment envisagez-vous votre avenir dans dix ans ? J’aimerais créer ma propre entreprise de tours sur mesure. Mon idée est de proposer des expériences privées, limitées à quatre participants, pour favoriser des échanges sincères et authentiques. J’ai déjà trouvé un collègue et un véhicule ; il ne me reste plus qu’à continuer d’économiser (rires).
Quelles expériences incontournables recommanderiez-vous de vivre en Islande ? Une randonnée à cheval avec Mister Iceland, avec nuit en cabanes pittoresques et dîner viking, une expérience unique ! Il y a aussi l’observation des baleines à bosse et des orques qui offre un spectacle fascinant ou encore une expédition sur un glacier, que je peux organiser et qui permet d’explorer des paysages glacés uniques. Enfin, les aurores boréales et les volcans en éruption, bien que dépendants des conditions naturelles, sont des moments incroyables.

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