Helena
« Je n’avais pas envie d’être une pop star »
Mots : Jason Vanherrewegge
Photos : Jon Verhoeft
Make-up Artist : Luc Depierreux
Stylisme : Jules Depierreux
Nouvelle reine de la pop belge, Helena nous invite à entrer encore un peu plus dans son intimité avec son tout premier album intitulé « Hélé ». Un surnom qui lui colle à la peau depuis toujours et qui renforce l’idée de proximité que l’artiste de 23 ans veut conserver à la fois avec son public et avec ses proches.
Comment êtes-vous passée de la petite fille qui chantait à l’abri des regards à l’artiste assumée depuis son passage à la Star Academy qui s’apprête à faire la tournée des Zénith, à se produire à l’Ancienne Belgique et, surtout, à Forest National ? Je n’arrive pas à m’expliquer pourquoi j’ai voulu m’ouvrir aux autres et au public du jour au lendemain alors que j’ai toujours trouvé ça très intime. Ma passion pour le chant, je l’ai toujours tellement gardée pour moi. Mais, au final, c’est un peu ce qui fait mon histoire. Je ne peux pas passer à côté. Même les gens qui ont suivi la Star Academy ont vu mon évolution entre le moment où je suis rentrée au château et le moment où j’en suis sortie. Je trouve que mon histoire, si je la raconte à une petite fille de six ou dix ans, ça fait trop rêver. Moi qui n’ai jamais osé rêver, je trouve ça complètement fou. Parfois, je me dis que c’est un storytelling digne d’un film. Autant continuer à faire rêver les gens et à leur faire comprendre que, oui, j’ai changé de vie et elle n’est plus comme avant mais je reste une fille complètement normale de 23 ans comme les autres. C’est ce qui me permet de rester proche des gens. Je n’avais pas envie d’être une pop star.
Vous exprimez ce sentiment dans « Tout a changé (Rien n’a changé) ». Pourquoi cette crainte de voir la notoriété vous changer ? On vit dans un monde complètement bizarre maintenant. On est invité à des événements incroyables, on reçoit énormément de cadeaux… Il y a quelque chose qui se passe et tu te dis que tu dois te rendre compte de la chance que tu as parce que tu aurais rêvé d’avoir tout ça par le passé. Mais, en fin de compte, c’est un monde ultra-superficiel. C’est hyper cool en soi mais il ne faut pas vivre à travers ce monde-là et que ça devienne ton monde réel à toi. Dans la chanson, je dis que j’ai besoin d’avoir mes proches et ma famille avec moi. C’est un besoin vital pour moi et, grâce à eux, je garde toujours les pieds sur terre. Et si jamais un jour ça tourne mal, je sais qu’ils seront là pour me taper sur les doigts.
Dès l’entame de l’opus et « Mon piano et moi » difficile de ne pas faire un parallèle avec une certaine Angèle qui a débuté également très jeune en solitaire avec son instrument de prédilection. On entend d’ailleurs son nom et l’un de ses titres phares « Balance ton quoi » dans votre morceau. C’est une artiste que j’adore, je ne m’en suis jamais cachée. Ça fait partie des premiers concerts que j’ai pu aller voir avec mes copines. Angèle, quand je la voyais sur scène, je rentrais chez moi et je me disais que ça ne m’arriverait jamais. J’étais presque nostalgique et un peu frustrée. Mais ça reste un honneur d’être comparée à elle. Je l’ai fait pendant tout un temps aussi. Aujourd’hui, je l’ai rencontrée, elle m’a envoyé des messages et je trouve ça dingue.
Votre premier album comporte 13 chansons, un chiffre qui a toujours une haute valeur symbolique. La chanson « Karma » est là pour le rappeler, vous êtes quelqu’un qui croit très fort au destin. À mes yeux, tout arrive pour une raison. Que ce soit positif ou négatif, on apprend toujours de nos épisodes. Le destin m’a aussi beaucoup sauvé dans la perception que j’avais de la vie. C’est une manière de penser que j’adore car on peut vite être rongé par les remords ou les regrets dans le cas contraire.
Vous invitez dans « Hélé » à vous écouter dans l’ordre de la tracklist. Avec « Karma », l’ovni « Mauvais Garçon » ou même « Gentil Garçon », vous montrez que vous n’êtes pas réduite aux ballades et que vous êtes également prête à faire bouger le public sur des beats et sur des thématiques fortes comme les relations et la masculinité toxiques. Je me suis cassée la tête sur la tracklist car je voulais que l’on écoute mon histoire. Pas que l’on se prenne quatre ballades et puis un up. À la base, je voulais faire une tracklist chronologique mais ça ne collait pas. J’ai donc trouvé ma ligne directrice en jouant avec les sonorités et la musicalité des chansons.
Pourquoi ne pas avoir mis votre tout premier succès « Aimée pour de vrai » et « Nouveau cœur » sur l’album ? À la base, elles y étaient mais je trouvais qu’on sortait de l’album. C’est une autre époque. « Aimée pour de vrai », c’est le single after Star Ac. J’ai essayé de mettre ma patte dedans mais c’est compliqué comme la chanson existait déjà. Elle a des sonorités plus variété alors que l’album est assez pop. Je n’arrivais pas à les mettre dans la tracklist mais ce n’est pas parce qu’elles n’y sont pas que je ne les aime pas. Je sais que « Nouveau cœur » on l’appelle « l’enfant du milieu » sur les réseaux sociaux et il faut aussi le respecter.
L’auteur-compositeur Vincha (connu pour son travail sur certains titres de Mentissa, Ben Mazué ou encore Barbara Pravi – nda), avec qui vous avez co-écrit l’album, désigne votre style comme une mélancolie heureuse. Qu’en pensez-vous ? C’est un super terme ! Je ne l’utiliserai cependant pas pour toutes les chansons. Il y a des titres sur l’album qui sont hyper pop et joyeux. Mais c’est vrai qu’il y a des textes un peu deep.
Écrirez-vous à terme en solitaire ? Vincha et moi, nous sommes vraiment sur un travail en commun hyper efficace. Je le considère comme mon co-auteur. Mais c’est vrai que j’adorerai, un jour, voir juste « Helena » sur un titre. C’est mon objectif personnel. Il faut toutefois que je m’améliore à ce niveau-là. Après, ça fonctionne trop bien pour l’instant donc je ne vois pas pourquoi je changerai.
Sur « Boule au ventre » et « Mélatonine », vous faites part de vos angoisses. Avez-vous des astuces pour y faire face ? Quand j’écris ces chansons, je découvre l’anxiété. Je ne suis pas une personne anxieuse à la base, j’ai très rarement fait des crises d’angoisse. C’est vraiment à un moment précis de ma vie où elles se sont enchaînées assez fréquemment. C’était très compliqué pour moi de réguler tout ça. Ma manière de faire, c’est d’être bien entouré. De peut-être en parler autour de soi aussi et de l’extérioriser avec, pourquoi pas, des pleurs.
« Mauvais Garçon », « Bonne Maman », « Summer Body » ou encore « Adieu mon amour » abordent également des thématiques très fortes. Comptez-vous changer votre ligne directrice par la suite ou rester dans ce registre ? J’avais 22 ans quand j’ai commencé l’écriture de mon tout premier album. J’ai donc 22 ans de ma vie à raconter et je n’ai jamais écrit de chanson. Je vais aller forcément prendre les épisodes les plus marquants. Et si c’est marquant, c’est parce que c’est deep. À long terme, j’essayerai d’aller chercher des moments de vie un peu plus joyeux (rires).

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