Elliott Van de Velde, le « LittleChef », bouscule les codes ! Très actif dans l’aide humanitaire, le « Zero Waste » est devenu son cheval de bataille. Face au coronavirus, il déploie son énergie pour le personnel soignant. Son organisation Hearth by Elliott prépare gratuitement entre 300 et 450 repas par jour.
Rencontre avec ce jeune chef que rien n’arrête !
MOTS : ARIANE DUFOURNY
PHOTOS : CHRISTIAN HAGEN
« Mens sana in corpore sano » décrit parfaitement le jeune chef Elliot Van de Velde. Plutôt que d’utiliser le « je », il privilégie le « on ». La cuisine, il l’a découvre en épluchant un oignon ! Il pleure, non pas en l’épluchant mais en découvrant sa vocation. Triathlète accompli, il découvre cette passion pour laisser courir « Cartouche », son dalmatien.
En 2016, il crée « LittleChef » où il twiste le côté rock’n’roll des tendances culinaires, l’exigence et le travail d’un étoilé dans des lieux insolites, à la maison ou encore même au bureau. A ses yeux, le gaspillage alimentaire n’est pas une fatalité. Le « Food surplus » dont les légumes « moches », les invendus, les déchets retrouvent toutes leurs grâces entre ses mains.
En 2018, Elliott est devenu l’ambassadeur européen « Food Waste & Sustainability » de la campagne « Metro » et envisage des solutions à long terme de la gestion des surplus alimentaires et de son impact local. A titre d’exemple, il a pu récupérer, en un jour, pas moins de 134 kg de nourriture qui se seraient retrouvés à la poubelle ! Dès lors, il a changé son approche de la nourriture et a organisé des dîners pour les migrants capables de nourrir 600 personnes grâce à un surplus de nourriture et l’aide généreuse de partenaires et de bénévoles.
Ses actions humanitaires ont rapidement été remarquées par des ONG mondiales, à l’instar de « Médecins du Monde » et « Médecins sans Frontières », lesquelles se sont associées avec lui de manière continue. Pour elles, il a élaboré des dîners gastronomiques à base de surplus alimentaires, cuisinés par des chefs étoilés au guide Michelin. Au final, pas moins de 30.000 euros récoltés aux bénéfices des ONG !
Le jeune chef que rien n’arrête vise encore plus haut pour aider son prochain et lutter contre le gaspillage alimentaire. En 2019, il crée l’ASBL « Hearth » visant à fournir des repas aux personnes nécessiteuses en utilisant le surplus alimentaire. Pour financer « Heart Project », il organise des dîners gastronomiques haut de gamme en exploitant le « Zero Waste ». A ce jour, cinq tonnes de nourriture ont été récupérées permettant de cuisiner 3.500 plats à plus de 1.400 personnes !
Du tac au tac avec Elliott
On, c’est qui ? Moi, ma tête, mes mains et inclut tout le monde car j’ai envie de partager.
« Mens sana in corpore sano » ? C’est devenu une devise, un mode de vie. Dans le sport ou en cuisine, me dépasser permet d’atteindre un but précis. Après mes temps passés en forêt ou en piscine, je ne suis pas le même chef. J’apprends au fur et à mesure de mes échecs et de mes ambitions.
Le Zero Waste, votre cheval de bataille ? Ça m’excite de cuisiner des légumes moches et d’en faire quelque chose de dingue, de rendre les produits au plus « parfait » de leur état : en coulis, pickles, purée, sautés, fermentés, grillés, et j’en passe… Je les pimpe suivant leur vraie personnalité, c’est un peu mes legos !
Le « Food Waste » pour les nuls ? Ce sont les légumes récupérés chez nos fournisseurs comme les légumes moches, les non calibrés, les non codés : des produits dont les codes-barres ne matchent pas entre fournisseurs et dont la production part aux poubelles ! Tous ces aliments nous permettent de cuisiner en étudiant la vraie valeur du produit, comme une tomate trop molle, pas assez mûre, etc. On va utiliser de A à Z le produit au lieu de le jeter ! Par exemple, les pelures d’une carotte serviront à élaborer un vinaigre ; celui-ci lorsqu’il aura infusé sera réhydraté pour créer une poudre qui composera un de nos sels. Les possibilités sont infinies ! Il y a aussi les composts et dix mille manières de ne pas jeter des ingrédients dans une poubelle qui de surcroît, prennent une place monstrueuse et au final se retrouvent avec des déchets non triés.
Heart Project, son concept ? C’est un projet social où on va récupérer des invendus de nos fournisseurs pour en faire des menus gastronomiques et surtout réutiliser toute cette nourriture pour des personnes dans le besoin.
Qui bénéficiera des surplus alimentaires ? On peut récupérer tellement de nourriture, qu’on peut nourrir tout un panel de gens : des sans-abris, des réfugiés, des personnes démunies, qui à cause du contexte de notre société, ont du mal à joindre les deux bouts financièrement, à l’exemple des personnes isolées ou divorcées, qui doivent faire des concessions au niveau de la nourriture devant privilégier leurs charges.
Hearth Project, son but ? Ouvrir un pop-up, à Bruxelles, dédié à la recherche et à la gestion des « Food Surplus » et créer une banque alimentaire. Étant ambassadeur « Food Waste & Sustainability » chez « Metro », j’ai tous les accès de récupération pour de gros volumes qui permettraient de soutenir les petites ASBL à livrer des plats cuisinés par les bénévoles et aider les gens qu’ils nourrissent déjà mais avec une meilleure logistique et un apport nutritionnel plus conséquent. En plus, avec les bénévoles, nous voulons organiser des journées de distribution pour les réfugiés.
Vos mentors ? Massimo Bottura, le chef triplement étoilé, de l’« Osteria Francescana » à Modène, désigné à deux reprises meilleur restaurant mondial. Son projet « Food for Soul » – www.foodforsoul.it –
est socialement extraordinaire ! Quant à l’empreinte environnementale, Mauro Colagreco, le chef italo-argentin est splendide ! Son restaurant le « Mirazur » à Menton, trois étoiles au Michelin et élu meilleur restaurant du monde en 2019, est le premier restaurant au monde certifié « Plastic Free ».
Votre moteur ? Les bénévoles passionnés, plus de 150 à ce jour et les organisations soucieuses d’avoir un impact local combinant à la fois des objectifs sociaux et une approche durable autour de l’alimentation. C’est magique !
Comment aider Heart Project ? Par le bénévolat ! Des gens d’expérience, de temps et de cœur. Quant aux entreprises, organiser un team building, financer et développer nos dîners gastronomiques « Zero Watse ».
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