Estelle de Merode Déclaration d’amour et de mode
Mots : Barbara Wesoly
Photos : Enamoure
Elle délaisse les tendances, leur préférant l’intuition et une créativité guidée par l’émotion. Si, en lançant sa marque Enamoure, la princesse Estelle de Merode désirait esquisser avec raffinement sa vision de la maroquinerie de luxe, il s’agissait aussi d’y instiller les valeurs d’authenticité et de liberté qui lui sont chers.
Le nom de votre marque vient du verbe Enamourer, qui, en ancien français signifie s’éprendre, être charmé, enflammé. Un terme qui vous correspond ? Je trouvais qu’Enamoure évoquait d’une manière charmante l’attachement profond que je ressens vis-à-vis de mes sacs. Il me permettait également d’opter pour un double E en acronyme, qui rappellerait ainsi mon prénom. C’est un clin d’œil autant qu’une belle déclaration. Il représente l’espoir que je nourris de voir celles qui les portent en tomber profondément amoureuses.
Votre histoire avec la mode a-t-elle démarré par un coup de foudre ? Elle vient du cœur, c’est sûr, mais aussi d’avoir été bercée par cet univers. A deux jours à peine, mes parents m’emmenaient déjà dans leur usine de textiles. Une habitude qui a perduré durant toute mon enfance. Ma maman y avait une pièce remplie de tissus, qui m’apparaissait comme un véritable rêve. Pour m’occuper, j’assemblais les matières et j’imaginais des modèles. Puis, vers mes treize ou quatorze ans, de m’essayer à la couture à l’aiguille et ensuite sur machine, en fabriquant des petits modèles puis des sacs crossbody. Je me rappelle encore ma première vraie création, une pochette avec un intérieur en cuir lisse argenté et de la fausse fourrure sur l’extérieur. Très – trop – tape à l’œil pour mes goûts actuels, mais je savais déjà ce que je voulais.
Après un cursus à l’Istituto Marangoni de Milan et au Central Saint Martin’s College of Art and Design de Londres, vous avez eu pour employeur la joaillerie Harry Winston, Oscar de la Renta, Zac Posen… Pensiez-vous déjà à un jour, fonder votre propre label ? J’ai toujours été très imaginative. Assez rebelle également, et je sentais qu’il me fallait oser la créativité et lancer un projet qui me correspondrait et m’appartiendrait véritablement. J’ai commencé par travailler comme étudiante lors des Fashion Weeks de Paris et Londres. C’était intense et épuisant mais aussi passionnant d’être plongée dans les coulisses de tels évènements. Intégrer ensuite des maisons prestigieuses représentait pas mal de défis, surtout dans un univers aussi compétitif, mais toutes ces expériences ont clairement renforcé ma détermination à donner vie à ma vision.
Les envies qui font battre votre cœur aujourd’hui, sont-elles les mêmes que lors du lancement d’Enamoure, en 2021 ? Plus le temps passe, plus je grandis en tant qu’entrepreneuse et l’identité de ma marque avec moi. Je suis reconnaissante d’avoir réussi à traverser la tempête qu’a représentée un démarrage en plein Covid. Et fière en repensant à ce premier modèle de sac baguette kaki ayant directement rencontré le succès. C’était une belle consécration. Mais tout en ayant à cœur d’être toujours plus alignée avec les souhaits de mes clientes, en me focalisant sur les best-sellers, je tiens à laisser de l’espace pour l’expérimentation et la créativité.
Votre collection AW23 est inspirée par le rêve. Quelle forme cet onirisme y prend-il ? Il s’agit d’une atmosphère plus que d’éléments concrets. La collection mise sur la finesse et l’élégance précieuse, aux tonalités chaleureuses et fortes. C’est seulement une fois les modèles créés que je les entoure d’un univers. J’aime donner à chaque gamme de sacs une note d’intention quant à l’ambiance qu’elle devra dégager. Je finalise ainsi actuellement la collection à venir, prévue pour fin décembre, début janvier, sans savoir encore quelle sera sa thématique. Cela dépendra de mon humeur et de mes inspirations du moment.
Cet été, vous avez épousé le prince Aurèle de Mérode, devenant ainsi princesse. Que signifie ce titre à vos yeux ? Je suis extrêmement respectueuse de ce statut, comme de la famille de mon mari. Mais je reste avant tout fidèle à celle que je suis et à mes valeurs, tout particulièrement l’authenticité. Et je pense que c’est une part de ce qu’il aime chez moi. Cette franchise, très directe.
Quels beaux lendemains peut-on vous souhaiter ? J’ai la tête pleine de rêves. J’ai toujours eu l’envie de créer une Maison de couture plutôt qu’une marque. Je désire amener Enamoure à grandir et pas uniquement en proposant des sacs. A côté de cela, je me passionne pour la culture coréenne. Je suis d’ailleurs un cursus en langue et littérature à Bruxelles. Ce pays m’influence profondément. Je m’imagine aussi concevoir une gamme de vêtements. Je ne veux me contraindre à aucune limite et j’espère insuffler ce principe à travers mes modèles. Donner à celles qui les portent le sentiment de pouvoir être exactement qui elles désirent, en toute liberté.
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