DORIA D
« J’ai ma place dans un courant qui revendique
plus de liberté et d’épanouissement ... »
Mots : Servane Calmant
Photos : RALFAGRAM
Elle n’est pas la fille d’un seul single, « Dépendance », au succès fulgurant. Doria D, 24 ans, dévoile « Je cherche encore… », premier album huit titres aux franches sonorités pop/rock/électro. Rencontre avec une artiste tourmentée mais lucide, qui aborde volontiers les « Questions » que toute sa génération se pose …
Doria D a grandi en musique. Du haut de ses six ans, elle accompagnait sa grand-mère sur les scènes de village de Wallonie. Puis l’adolescente, folle de sa guitare électrique, hantée par le grunge, a multiplié les scènes ouvertes dans les bars de la région, seule ou en groupe, dans une forme d’élan vital. Son premier album, « Je cherche encore… » est sorti le 31 mai.
En 2021, le single « Dépendance » fait le buzz, truste la première place de l’Ultratop (le hit-parade officiel de Belgique francophone) et cumule plus de 10 millions d’écoutes sur les plateformes de streaming. Comment ce succès a-t-il changé votre jeune vie ?
J’avais un rêve, devenir chanteuse. Le succès de « Dépendance » m’a prouvé que ce n’était pas utopique d’espérer se faire une place dans le milieu de la musique. J’ai compris que dans la vie, tout est possible.
Vous n’avez jamais caché être une fille timide. Etiez-vous dès lors préparée à la fulgurance de ce premier succès ?
Oh non, à l’époque je composais seule dans ma chambre. Ce succès, il était quasi lunaire. Ensuite, j’ai enchaîné les scènes. Se retrouver subitement à chanter devant 10 000 personnes, on n’y est rarement préparé. Pour n’importe qui, cela reste compliqué…
Avant même ce premier album, vous avez enchaîné plus de 50 dates, plus la première partie de Grand Corps Malade à Forest national. Où avez-vous trouvé les codes pour vous sentir à l’aise sur scène ?
En l’expérimentant, cette scène. Je dois vous avouer que les tout premiers concerts ne devaient pas être top top. Mais le public ne te lance pas des tomates pour autant. Il sait que tu débutes, il est bienveillant. Et, progressivement, de scène en scène, j’ai pris confiance en moi, j’ai corrigé les erreurs de débutante …
Vous êtes auteure-compositrice-interprète. En label ou en indépendante ?
Je reste indépendante au niveau de la création. Je ne souhaite pas rentrer dans l’industrie musicale et me plier à leurs consignes. Ma musique, elle doit rester spontanée, instinctive, non réfléchie. Néanmoins, j’ai fait appel à un label pour la promotion de l’album, pour être soutenue dans cette étape-là.
Ce 1er album huit titres, « Je cherche encore… », succède à un premier EP. Comment s’est passé l’accouchement ?
Après le succès de « Dépendance » et du EP éponyme, j’ai été un peu secouée. Alors, mon premier album, je le voulais sans contrainte, sans faire de calcul, sans obligation de réussite à tout prix. Juste nourri par l’envie, par le désir de faire de la musique avec des amis. L’album est donc né tout naturellement…
Que vous apporte la musique ?
Elle est carrément thérapeutique. Elle me permet de soigner mon âme tourmentée et j’espère qu’elle apaise d’autres personnes …
On va décortiquer votre premier album. « Questions », « Colère », « Morose », « Danger », « Coups et bisous »… Des titres pas forcément folichons. Doria D a-t-elle la rage et la colère chevillées au corps ?
Clairement. Mes textes m’apaisent et je me sers de la musique pour extérioriser mes tempêtes intérieures.
Quelles questions, Doria D se pose-t-elle au quotidien ?
Ah mais je fais des crises existentielles tous les deux jours (rires). Qui suis-je ? Où vais-je ? Quel est ce monde qui m’entoure ? Je m’interroge sur moi-même, sur la société et sur ses injonctions, sur le regard des autres…
Vous sentez-vous le porte-parole de votre génération ?
Porte-parole, le mot est peut-être présomptueux. Je ne suis pas seule, nous sommes nombreux à prendre la parole. Mais si je peux contribuer à un courant qui revendique plus de liberté et d’épanouissement, alors oui, j’y ai ma place…
Avec « Je cherche encore… », vous brouillez les frontières des genres musicaux, en passant de la pop à fleur de peau à l’électro gorgé de breakbeat, tout en conférant à l’ensemble une tonalité rock …
Cet album me ressemble à 100%. J’aime le rock, l’électro, et je ne souhaitais pas me cantonner à un seul style musical. Je voulais tout expérimenter. Je me suis entourée d’amis musiciens, Tim De Fontaine, Florian Hernandez, Léo Fifty Five, Aprile, qui ont également leur propre projet musical. Dans la scène musicale belge, les liens entre musiciens se tissent assez rapidement et puis, des affinités se créent…
Vivez-vous aujourd’hui de votre musique ?
Pas encore. Mon premier EP, « Dépendance », je l’ai signé sur un label. Donc je n’ai pas fait fortune, malheureusement !
Dans quels festivals vous voir cet été ?
Cet été, j’enchaîne le Feel Good Festival (28 juin, Aywaille), le Baudet’Stival (14 juillet, Bertrix), Les Francofolies de Spa (19juillet), le Festival Les Gens d’Ère (28 juillet, Tournai) et Les Solidarités (24 août, Namur).
instagram.com/doria.music/
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