Cohabs
Le partage tel un art de vivre
Mots : Barbara Wesoly
Photos : DR
C’est dans l’écrin architectural du Passage du Nord tout récemment restauré que Cohabs a ancré son nouvel espace de coliving. Un projet de tous les superlatifs, pour Youri Dauber, François Samyn et Malik Dauber, qui redessine les contours d’un chez-soi commun, au cœur même de ce joyau historique de l’élégance bruxelloise. Une collectivité réinventée, point culminant d’un succès mondial, que raconte Youri Dauber.
Votre première habitation commune rassemblait 9 personnes, vivant ensemble au sein d’une maison bruxelloise. Un projet lancé en 2016, bien avant le succès de la tendance du coliving. Qu’est-ce qui vous animait alors ? C’était avant tout une envie commune d’entreprendre. Nous avions eu tous trois des parcours différents. François, qui était un ami de longue date, sortait de Solvay, mon frère Malik avait fait des études d’ingénieur polytechnicien. De mon côté, j’avais envisagé une carrière de professeur de gymnastique. Notre point commun était ce souhait d’indépendance et cette volonté d’avoir un impact. Nous avions investi ensemble dans l’immobilier et des lieux de colocation. Constatant que ceux-ci étaient mal organisés, nous avons réalisé des travaux d’aménagement puis conçu une application mobile pour la location. Et après une, deux, puis trois maisons sur cette base, continuer de développer le principe de coliving est devenu une évidence.
Près de 10 ans plus tard, Cohabs compte désormais 3000 chambres, réparties dans 9 villes, non seulement en Europe mais aussi aux USA. La demande a-t-elle changé en une décennie ? La situation globale s’est fondamentalement transformée. Acheter un logement est devenu ardu voire presque impossible dans certaines capitales. Les mentalités aussi ont évolué. Aujourd’hui, les gens passent plus facilement le cap d’un lieu partagé sous d’autres formes que les kots étudiants. Par élan de liberté notamment et la possibilité d’être plus nomade, qui s’inscrit pleinement dans l’air du temps. Ceux qui investissent un lieu signé Cohabs y restent en moyenne 11 mois et c’est tout le sens du concept. Changer d’endroit sur un coup de tête ou découvrir un pays, sans être réfréné par un bail longue durée. Et puis à côté de ça, il y a ceux qui recherchent le lien et le contact ou l’aspect écologique, nos espaces misant sur la durabilité avec un partage des ressources et la rénovation d’anciens bâtiments. C’est d’ailleurs aussi pour cela que nous avons fait appel à Lionel Jadot pour en concevoir les intérieurs. Au-delà de son talent incroyable de designer, il a fait de l’upcycling l’ADN de son univers. C’est ce qu’il fallait à ce projet profondément humain.
Vous appelez d’ailleurs les habitants des membres, et non pas des locataires. L’esprit Cohabs est-il celui de la reconnexion aux autres ? La rencontre en est en effet le cœur. Tout comme casser le rapport propriétaire – locataire classique, où l’on se dispute autour des devoirs de l’un ou l’autre. On voulait offrir une vraie disponibilité et une écoute, mais aussi faciliter l’entente entre les cohabitants en leur retirant tous les aspects à même de créer des frictions. Nos appartements sont ainsi tous meublés, nous fournissons les produits de première nécessité et il y a un nettoyage hebdomadaire. Cela permet à nos membres de profiter de l’essentiel, de tisser des liens avec ces inconnus avec qui ils partagent leur espace de vie.
Votre slogan est: Our members call us home. Qu’est-ce qui selon vous fait d’un endroit un véritable chez-soi ? S’y sentir bien. C’est indispensable et pour nous cela démarre par le choix de lieux chaleureux et pas trop vastes. C’est pourquoi nous divisons de grands bâtiments en plus petits espaces, d’une vingtaine de personnes maximum. Et puis, Cohabs ce n’est pas qu’un logement, c’est une expérience. La majorité de nos maisons ont un salon et une salle à manger commune, une salle de cinéma, un club de gym, un espace de coworking. Des retraites, des afterworks et des évènements y sont organisés. L’esprit de communauté ne s’arrête pas au partage d’une habitation.
Vous acheviez récemment la rénovation de l’emblématique Passage du Nord à Bruxelles. Pourquoi avoir choisi de réinvestir ce lieu du patrimoine bruxellois ? C’était une chance inouïe de pouvoir réhabiliter ce sublime bâtiment classé, abandonné durant si longtemps. Un fameux challenge aussi, ne serait-ce que par sa taille monumentale. 5500 mètres carrés, dont il fallait tout à la fois préserver l’héritage néo-classique et aménager en un cadre de vie moderne et convivial. Nous avons ainsi réparti les 60 chambres au sein de quatre unités, abritant chacune un espace de partage et de loisirs et nous avons confié à des artistes et artisans belges la réalisation de fresques et de mobilier. Les vitraux restaurés et le dôme reconstruit y côtoient des œuvres contemporaines, créant une atmosphère unique. Ecrire un nouveau chapitre de son histoire mais aussi redynamiser tout un quartier, nous a rendu très fiers. Et nous a offert notre plus belle vitrine au sein de la capitale.
Où Cohabs compte-t-il poser ses prochains cartons ? A Marseille et à Washington pour commencer, mais aussi dans de nouveaux lieux au sein des neuf villes où nous sommes déjà présents et où les listes d’attente s’allongent. Et puis en 2026, nous aimerions proposer des endroits spécialement pensés pour les étudiants et les seniors. En parallèle, nous lançons aussi le passeport Cohabs, un programme pour nos membres, qui leur permet d’échanger leurs logements pour une courte durée. Un pas vers une liberté supplémentaire et de belles rencontres.

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