Chamonix
Au charme vintage
Mots : Servane Calmant
Photos : DR
Petite ville alpine cossue à l’abri de la chaîne du mont Blanc, Chamonix a connu un développement hôtelier important au 19e siècle. Si les touristes en haut-de-forme ont évidemment disparu, les façades Art nouveau et Art déco continuent à témoigner d’une véritable richesse architecturale. Ainsi l’Hôtel La Folie Douce installé dans les murs du mythique Savoy Palace et l’Hôtel Mont-Blanc niché dans un palace Belle Epoque. On y a déposé nos bagages.
« Ceci n’est pas une station de sport d’hiver ! », martèle Bernadette, notre guide du patrimoine, « mais une ville de montagne, berceau de l’alpinisme, dotée d’un magnifique patrimoine architectural ». Message reçu cinq sur cinq.
De fait, si Chamonix invite à tailler des courbes sur les pistes de ses domaines skiables, héberge le téléphérique qui file vers l’Aiguille du Midi à 3.842 mètres d’altitude en 20 minutes (l’ascension, vertigineuse, est une expérience en soi !) et voit défiler 20.000 prétendants annuels à l’ascension du mont Blanc, cette petite ville de quelque 8.400 habitants attire également bon nombre de flâneurs nostalgiques qui aiment … se perdre dans ses rues, tout bonnement. C’est que Chamonix a connu un développement hôtelier important au 19e siècle. Par bonheur, il subsiste de cette époque florissante quelques véritables joyaux architecturaux à se mettre sous les yeux ! Nos préférés ? Le bâtiment Art nouveau, probablement le plus emblématique de Chamonix, qui abrite depuis 2022, Rose du Pont, une excellente brasserie à la façade tout de rose vêtue. Charpente en bois, bâti en encorbellement, étagère de flacons coiffée d’une splendide verrière, terrasse braquée sur le mont Blanc : tout y est féérique. Remarquables également : le Majestic, un palace des années 1900 qui abrite désormais le Centre des Congrès de Chamonix, l’hôtel de ville dans les murs de l’Hôtel Impérial bâti en 1860 et le Savoy, un élégant hôtel qui n’avait rien à envier aux palaces européens de la Belle Epoque, exploité désormais par La Folie Douce… Tous ces bâtiments nous rappelant les fastes d’antan et conférant à Chamonix-la-moderne une élégance toute vintage. En revanche, ne cherchez pas de vieux chalets rustiques, le grand incendie de 1855 ne les a malheureusement pas épargnés. Quant à la Cité scolaire conçue par l’architecte Roger Taillibert, ce symbole des années 70 qui joue le tout béton a engendré un vif débat lors de sa construction… On comprend pourquoi !
Hôtel Mont-Blanc Chamonix
Au pied du toit de l’Europe, une belle demeure du 19e siècle qui a vu passer nombre de personnalités venues des quatre coins du monde, accueille désormais un hôtel 5 étoiles repensé et rénové en 2016 par Sybille de Margerie. La célèbre architecte d’intérieur française qui a notamment collaboré avec les grands noms de l’hospitalité de luxe, Mandarin Oriental, Four Seasons, maison Baccarat, et qui avoue « détester l’inconfort », a joué la carte de l’esprit de luxe à la française, du confort et de la convivialité. Ainsi ce blanc omniprésent, ce marbre en damier noir et blanc, cet escalier monumental aux élégantes ferronneries. Ainsi encore ce douillet salon-bibliothèque au chic feutré et ce bar lounge tapissé de rondin de bois, qui s’ouvre sur une verrière, ramenant l’extérieur, une nature majestueuse, à l’intérieur. Désireuse de révéler l’âme d’un lieu, Sybille de Margerie a commandé à Semeur d’Etoiles, un fabriquant français de luminaires conçus comme des oeuvres d’art, un lustre monumental, mieux : une sculpture lumineuse de vingt mètres de haut, qui suggère des cristaux de glace et donne littéralement vie à l’escalier. Grandes chambres lumineuses, restaurant, Le Matafan (en référence à la galette paysanne qui porte ce nom), qui voyage des vallées alpines à la Méditerranée, soins Clarins, jacuzzi et piscines extérieures chauffées braquées sur un panorama de montagnes enneigées, complètent l’offre d’un hôtel inspirant qui mérite amplement ses 5 étoiles.
La Folie Douce Hôtels Chamonix
Nous sommes en 1901 quand démarre la construction du Savoy Hôtel fréquenté par une clientèle qui voyage de palace en palace. Parmi eux, la reine d’Italie et un certain Buffalo Bill. Si les murs pouvaient parler, ils raconteraient les fêtes exubérantes qui ont eu lieu au Savoy. Ils le racontent d’ailleurs toujours, car après avoir accueilli le Club Med, c’est l’hôtel La Folie Douce qui redonne vie au bâtiment et « démocratise l’ancien palace pour en faire un bouillonnant lieu de vie ». Hors norme, l’hôtel de la Folie Douce l’est : imaginez, en plein coeur de Chamonix, un palace qui réunit 250 chambres (choisissez la formule Premium, l’équivalent d’un 4 étoiles, Access et Hostel offrant moins de confort), cinq restaurants, un bar ultra branché, une piscine extérieure chauffée, un spa/saunas, hammam, le tout dans un espace de 18.000 mètres carrés. La magnifique façade blanche du 19e est intacte et pour cause, elle est protégée. Intra muros, en revanche, le cabinet d’architecture Bachmann Associés a joué la carte de la modernité : volumes hors norme (le hall, monumental), matériaux bruts et esthétique indus (béton et laiton), notes chaleureuses (bois, velours, peaux de bêtes, miroir suspendu au-dessus d’un bar qui trône dans l’espace). Le contraste entre l’extérieur et de l’intérieur de l’hôtel est saisissant : parce que l’audace est souvent payante, galvanisante même ! Nous sommes 100% fan du concept savoyard novateur de La Folie Douce qui installe le clubbing en extérieur, la bonne humeur braquée sur les montagnes ; proposer la fête dehors et dedans en investissant un hôtel volontiers décalé, porte le concept du clubbing encore plus haut dans les sommets de la convivialité et du spectacle. Coup de cœur.
Abonnez-vous dès aujourd’hui pour recevoir quatre numéros par an à votre porte
Vous aimerez peut-être
La famille Bonnie – Un succès au rythme des millésimes
La famille Bonnie a transmis sa passion des vins bordelais de génération en génération, avec…
Lausanne – La ville qui fait vibrer la Suisse
Lausanne, entre lac et montagnes, séduit par ses panoramas, parcs et musées. Au Royal Savoy, le Sky…
Star Flyer – Une franche invitation à prendre les voiles
Août 2024, départ de Cannes à bord d’un quatre-mâts inspiré des clippers du 19e siècle. L’horizon…