La famille Bonnie - Un succès au rythme des millésimes
La famille Bonnie
Un succès au rythme des millésimes
Mots : Barbara Wesoly
Photos : DR
En acquérant le château Malartic-Lagravière et ses grands crus, Alfred-Alexandre et Michèle Bonnie ont instillé un peu de Belgique dans les vignes bordelaises et communiqué, au passage, l’amour de ce terroir d’exception à leurs enfants. Trente ans plus tard, c’est désormais leur fils Jean-Jacques et son épouse Séverine, ainsi que leur fille Véronique, qui pérennisent le patrimoine, teinté de rouge et de blanc. Ces dernières nous emmènent dans les allées de leur vignoble.
Les grandes propriétés viticoles françaises sont souvent affaire de transmission au fil des générations. Qu’en était-il du lien qui unissait la famille Bonnie aux vins ? Véronique : La passion du vin, c’est chez nous, une histoire de famille, surtout du côté de mon père, héritée de ses propres parents. Ma mère et lui ont quitté la Belgique peu après leur mariage, d’abord pour les USA, puis l’Argentine, et enfin la France, où ils ont repris ensemble la marque emblématique l’Eau Ecarlate, qu’ils ont fait fructifier. Cela leur a permis de concrétiser leur rêve d’inves-tir dans une propriété viticole. Ils en ont visité une cinquantaine, jusqu’au château Malartic-Lagravière. Un coup de cœur immédiat, parachevé par la découverte de ses meilleurs millésimes.
Lorsqu’ils en deviennent propriétaires, en 1996, quel est alors l’état du domaine ? Véronique : A l’époque, Malartic appartenait à la famille Nonancourt, fondatrice des champagnes Laurent-Perrier et obligée à regret de s’en séparer après seulement 6 ans. Le domaine avait, à cette période, tout d’une « belle endormie », avec un terroir magnifique et une renommée prestigieuse, mais aussi hélas, des bâtiments et installations techniques désuètes, demandant une profonde rénovation.
Séverine : Il fallait concilier le principe d’une remise à zéro et celui d’un legs très précieux. Alfred Bonnie, avec sa vision aiguisée de chef d’entreprise, a offert un nouveau départ bienvenu au domaine, au niveau de l’exploitation, avec notamment l’utilisation de chais gravitaires, mais aussi d’une approche plus respectueuse de la nature. Jusqu’à l’amener à une vraie renaissance.
Séverine, ce n’est que six ans plus tard que vous vous engagez au côté de votre mari dans la gestion du vignoble, avant d’être rejoints en 2006 par Véronique. Avez-vous hésité à tout quitter pour Malartic ? Lorsque le directeur de l’exploitation est parti à la retraite, mes beaux-parents nous ont demandé à tous si nous étions intéressés à prendre part à cette aventure. Jean-Jacques et moi avions alors chacun un emploi dans des secteurs très différents, mais nous n’avons pas hésité longtemps. Quasiment une semaine après, nous donnions notre démission. Il a bien sûr fallu nous former au métier, mais c’était enthousiasmant d’être partie intégrante du réveil d’un tel trésor viticole.
Sur le domaine, l’on pratique l’agroécologie et la culture raisonnée. Qu’est-ce que cela implique concrètement ? Séverine : C’est une démarche de préservation et de développement de la biodiversité qui se vit au quotidien. Le vignoble est labouré avec parcimonie et à cheval sur certaines zones sensibles, nous développons l’éco-pâturage. Nous veillons à la présence de ruches, de jardins potagers, bois et prairies et touchons le moins possible aux sols afin de laisser la biodiversité faire son œuvre. Nous vivons tous en famille, au milieu de nos parcelles, cela nous donne donc forcément une conscience aiguë de son évolution et de ses besoins. Après 27 ans de pratique de cette philosophie, on sent que le vignoble a atteint sa maturité. Et cela nous permet d’aller toujours plus en précision dans l’éclat du fruit, de travailler l’élégance, la finesse et l’équilibre, qui caractérisent nos cuvées et leur signature haute couture.
Après avoir racheté en 2005, les 22 hectares de vignes voisines du château Gazin Rocquencourt, la famille a investi un vignoble au cœur de la prestigieuse Vallée de Uco, en Argentine, baptisé DiamAndes, qui signifie le Diamant des Andes. Avec l’envie de trinquer à de nouvelles aventures ? Véronique : Une belle opportunité s’est offerte à mes parents qui, en amoureux de l’Argentine, se sont lancés. C’était une nouvelle fois un fameux défi, puisqu’à leur arrivée il n’y avait aucune installation et c’est devenu aujourd’hui la plus grande de nos propriétés. 130 hectares sur lesquels nous cultivons plusieurs cépages et évoluant en coopération avec Malartic, chacun bénéficiant des avancées de l’autre. Et dont nous distribuons tous les vins jusqu’en Belgique.
Séverine : Les trois vignobles représentent un million de bouteilles. Notre désir profond aujourd’hui, c’est d’en révéler le patrimoine aussi bien à DiamAndes qu’à Malartic, au delà d’une culture de vins, dans un principe d’éco-tourisme. Avec un lieu où profiter d’ateliers, de repas au château, de balades dans le vignoble, … La plus belle des façons d’ancrer toute la richesse de cet héritage.
Lausanne - La ville qui fait vibrer la Suisse
Lausanne
La ville qui fait vibrer la Suisse
Mots : Servane Calmant
Photos : DR
Perchée entre lac et montagnes, Lausanne, longtemps discrète, émerge aujourd’hui comme l’une des villes les plus dynamiques de Suisse. Avec le Léman qui caresse ses rives, jusqu’à ses rues escarpées aux panoramas enchanteurs, elle séduit à chaque détour. Sur 500 mètres de dénivelé, c’est un véritable ballet de parcs enchanteurs, musées incontournables et enseignes branchées qui s’offre à nous. Et pour une immersion totale dans « la meilleure petite ville au monde », nos valises ont trouvé refuge au Royal Savoy, un cinq étoiles somptueux où le Sky Lounge, bar perché avec vue imprenable sur le lac, s’impose comme P(a)lace to be.
« Les Lausannoises ont les plus belles jambes du monde ». On n’a pas soulevé les jupes des filles pour vérifier cette affirmation du regretté cinéaste franco-suisse Jean-Luc Godart. Une certitude cependant, la topographie ultra pentue de la ville oblige à un exercice quotidien. Cinq cents mètres de dénivelé séparent en effet le lac Léman des cimes de Lausanne, offrant à la ville de somptueuses vues panoramiques – la Balade des Panoramas, de la Tour de Sauvabelin, au sommet du Crêt de Montriond, en passant par le parc de la Fondation de l’Hermitage, la cathédrale et les 224 marches de la tour du beffroi, est un incontournable. Ce n’est donc point un hasard si Lausanne a été élue « meilleure petite ville du monde » par le magazine Monocle – titre amplement mérité.
Quatrième ville de Suisse, Lausanne distille une douceur de vivre réconfortante. Certes le Léman, véritable mer intérieure qui complète la ville, constitue son principal atout séduction, mais c’est loin d’être le seul ! Petite par la taille (41 km2) et le nombre d’habitants (moins de 150 000), mais grande par ses ambitions, Lausanne attire artistes, sportifs et esprits curieux. Capitale Olympique (un statut unique au monde), elle brille en tant que centre de la gouvernance du sport international, tout en intégrant les tendances urbaines, comme le roller. Côté culture, Lausanne ne fait pas dans la demi-mesure, fédérant au sein de l’ambitieux Plateforme 10, les Musées des Beaux-Arts, de la photographie et du design. On a passé tout un après-midi dans ce véritable hub où les expos flirtent avec le design le plus avant-gardiste. Flâner dans les ruelles du centre historique révèle également bien des plaisirs : Le Barbare pour un chocolat chaud parmi les meilleurs au monde, Acarré pour de fameux croissants, et la Ferme Vaudoise pour des produits locaux à ramener en Belgique. Près de la gare, Ca passe crème, le temple du café, a conquis notre palais.
Pour savourer pleinement le Léman, les locaux nous ont donné ce conseil : « le maillot, c’est l’indispensable de la garde-robe… ». Nous avons donc traversé le quartier chic d’Ouchy, pour rejoindre le lac et sa nouvelle plateforme flottante, afin d’alterner séances bronzette et plongeons dans les eaux turquoise. Une croisière-apéro nous a ensuite transportée vers Montreux à bord d’un bateau à roues à aubes, classé au titre de monument historique. Un voyage hors du temps. Que le choix d’un hôtel va sublimer.
Le Royal Savoy. Un joyau d’élégance à quelques minutes à pied du Léman. Bien plus qu’un hôtel, c’est une véritable institution. Conçu par l’architecte Eugène Jost en 1909, dans un style Art nouveau irrésistible, cet établissement a hébergé familles royales, artistes et penseurs influents. Le Royal Savoy Lausanne ferme pourtant ses portes en 2009, pour la bonne cause : une transformation totale. Quand il rouvre en 2015, c’est un joyau sublimé, fier de son héritage majestueux, qui nous accueille. Et nous ravit. Les génies créatifs de MKV Design ont orchestré une rénovation qui sublime l’âme du Royal Savoy tout en y insufflant une modernité captivante. Pour séduire tous les voyageurs, ils ont doté le bâtiment de deux ailes : le charme vintage du bâtiment historique et l’épure assumée de la nouvelle aile contemporaine. Bien pensé !
O joie, notre chambre est nichée dans l’aile historique où l’élégance d’antan rencontre le design moderne. La vue sur le Léman au réveil va nous arracher plus d’un sourire. Cette matinée, on l’a passé au spa, avec piscines intérieure et extérieure, suivi d’un déjeuner en compagnie d’Auryne, la Directrice marketing, qui se révèle intarissable sur la richesse du terroir suisse et sur l’expérience détente de son bel établissement. « Demain soir, une table vous attend au Sky Lounge, au dernier étage de l’hôtel. Vous allez vous réga-ler ! », nous a-t-elle promis. Elle a raison. A la nuit tombée, un verre de Chasselas en main – ce vin emblématique des terrasses de Lavaux, non loin de Lausanne –, nous avons été éblouie. Perché au sommet de l’hôtel, ce rooftop est l’endroit rêvé pour savourer un cocktail signature tout en admirant la vue incroyable sur Lausanne, le lac Léman et les Alpes, carrément ! Les Lausannoises et Lausannois en ont fait leur nouveau repaire – et nous aussi.
Star Flyer - Une franche invitation à prendre les voiles
Star Flyer
Une franche invitation à prendre les voiles
Mots : Servane Calmant
Photos : Star Clippers
« C’est un fameux trois-mâts, fin comme un oiseau, hissez haut ». Plutôt un quatre-mâts, excusez du peu ! Août 2024, nous embarquons à bord d’un élégant voilier, véritable lévrier des mers, inspiré des clippers du 19e siècle. Départ du port de Cannes. Observer les voiles se gonfler au vent. Prendre le large. Perdre de vue le rivage. L’horizon, apaisant, devient notre cap ; les escales, notre rythme de croisière sur les flots azurés de la Méditerranée … Récit.
Un après-midi ensoleillé, port de Cannes, douane maritime, au bout d’un couloir baigné de lumière, un panneau indique Star Flyer. En mer, un voilier quatre-mâts de 115 mètres de long à l’élégance intemporelle attend les croisiéristes. « Il a été construit à Gand ! », nous souffle-t-on à l’oreille. Cocorico ! A l’origine de cette merveille des mers, un entrepreneur suédois et marin aguerri, Mikael Krafft. Son ambition ? Concevoir et créer des bateaux de croisière pour le grand public, dont les lignes s’inspirent des clippers du 19e siècle. Star Clippers, sa compagnie maritime, possède aujourd’hui trois voiliers de prestige (dont un cinq-mâts) suffisamment petits (le Star Flyer accueille 170 passagers) pour jeter l’ancre dans des ports difficilement accessibles aux gros navires de croisière…
Sous un ciel azur, on assiste aux premières manœuvres d’appareillage. Le Star Flyer largue les amarres, hissant les voiles à la force des bras des matelots, tandis que résonne, magistrale, la musique composée par Vangelis pour le film « 1492 Conquest Of Paradise, Christophe Colomb ». Ce rituel se répètera chaque jour : voir les voiles se gonfler au vent. Ecouter le murmure du bateau fendant l’eau. Nos valises nous attendent dans notre cabine, accessible via d’étroites coursives en bois. Elle n’est certes pas bien grande mais confortable – lit double et salle de douche privative. Par le hublot cerclé de cuivre, la mer s’étend calmement à l’infini. A la faveur d’une nuit sombre, on la découvrira tumultueuse, ses vagues rugissantes viendront frapper notre hublot, rappelant la puissance indomptable de l’océan.
De retour sur le pont en teck, la vie à bord prend ses aises. Le port de Cannes, ses plages dorées et ses palaces scintillants se réduisent peu à peu en une silhouette lointaine… Au Tropical Bar, se mêlent les accents des voyageurs améri-cains, allemands, anglais. Parmi eux, des « Repeat Customers », ces habitués qui composent une part significative (+- 40%) des passagers du Star Flyer. Le mood du lieu ? Cocktails vitaminés et tongs de plage. Aucun signe ostentatoire de richesse, l’ambiance se veut décontractée. 22h, les passagers, le capitaine et un équipage cosmopolite enflamment la piste sur des airs tropicaux et les tubes des années 80. Loin des soirées glam d’Ibiza certes, mais le charme authentique du Star Flyer fait mouche et la croisière s’amuse beaucoup.
Les escales, ce sont elles qui rythment la vie relativement paisible du croisiériste. Chaque jour, le Star Flyer s’ancre dans un nouveau port, offrant à ses passagers des étapes qui oscillent entre détente et découverte.
Monaco, joyau niché entre mer et montagne, défie toute logique. Ce micro-Etat affiche une densité record d’habitants par mètre carré et le plus haut taux de millionnaires. Pourquoi donc ces fortunés choisissent-ils de s’y entas-ser comme des sardines ? Il y a d’autres paradis fiscaux où le prix de l’immobilier est moins élevé ! Ce mystère alimentera une conversation de salon au Café de Paris de Monte-Carlo. On s’y attable pour contempler un écrin de luxe saturé d’excès. Car cette mythique brasserie monégasque qui s’est offert un lifting spectaculaire l’an dernier, est le spot de rêve pour admirer, entre deux gorgées de champagne, les Ferrari et Lamborghini qui se pavanent devant le célèbre Casino. On refera le monde demain !
Après une nuit paisible en mer, nous mettons le cap sur la Corse. A l’île Rousse (ce nom, trompeur, est celui d’une ville et non d’une île), nous partons à la découverte de Sant’Antonino, joli village médiéval de l’arrière-pays perché à 500 mètres d’altitude. On se perd dans les ruelles de ce plus beau village de France, le bonheur, c’est simple. Mais le soleil tape. Notre œil de lynx a repéré un petit magasin, le Clos Antonini, tenu par des vignerons et des producteurs d’agrumes. On y dégustera la meilleure citronnade pressée de l’univers !
Ajaccio, ensuite, déploie son charme insulaire et quelque peu suranné. On passe la matinée à explorer le marché animé du centre-ville et à paresser sur des plages de sable fin. La ville natale de Napoléon possède évidemment un patrimoine historique important dont la maison natale de Nabulio, le surnom dont l’affublait sa mère, mais à force de décliner l’empereur à toutes les sauces (café, brasserie, resto, auberge, barbier …), on frôle l’indigestion. Un verre de Cap Mattei, rondelle de citron, nous servira de précieux remède.
Retour à bord. Naviguer autour de la Corse reste une aventure hors du commun. L’île de beauté dévoile ses joyaux : côtes sauvages, calanques à couper le souffle, roches sculptées par le temps qui défient les lois de la gravité. Perle du sud, Bonifacio se dresse fièrement à plus de 70 mètres au-dessus des flots, offrant un panorama vertigineux. Beyoncé et Jay-Z eux-mêmes ont choisi ces falaises pour renouveler leurs vœux. Nous, plus modestement, nous avons arpenté avec délectation ce musée à ciel ouvert. Bonifacio invite à remonter le temps : forteresse imprenable, escaliers taillés dans la roche, églises chargées d’histoire. A l’ombre d’un parasol, une Pietra, bière locale aux subtiles notes de châtaigne, nous attend.
La croisière se poursuit de l’autre côté des flots, en Italie, avec une escale coup de cœur à Portoferraio sur l’île d’Elbe, face à la Toscane, où Napoléon Bonaparte, encore lui, a vécu en exil. La promenade du port touristique jusqu’à la forteresse Facone qui embrasse toute la ville et ses environs, est un incontournable. Inoubliable. Certes, ça grimpe sec. Il nous faudra trouver du réconfort. Direction les plages. Entourées de falaises, elles offrent, de loin, un paysage à couper le souffle, le sable blanc créant un contraste saisissant avec la mer turquoise. Sur place, déception, la plage est couverte de galets. Ne sommes nous point trop exigeante ? On y réfléchira plus tard, des locaux viennent de nous indiquer la meilleure gelateria de l’île. Une pistache de Bronte, per favore !
C’est (déjà) notre dernière nuit sur le Star Flyer. Le capitaine nous convie à contempler les étoiles qui se mirent dans les eaux calmes, dernier clin d’œil de la Méditerranée. Les images de la mer scintillante et des voiles blanches déployées au gré des vents s’ancrent dans notre mémoire, témoins d’une belle aventure en Méditerranée…
Club Med Vittel Ermitage - Art déco et déconnexion au cœur des Vosges
Club Med Vittel Ermitage
Art déco et déconnexion au cœur des Vosges
Mots : Ariane Dufourny
Photos : DR
Le Club Med Vittel Ermitage, niché au cœur des Vosges, réinvente l’art de la déconnexion. Après dix mois de rénovation stylée où le charme Art déco s’entrelace harmonieusement avec des touches de modernité, ce lieu iconique du Club Med devient le refuge idéal pour une parenthèse hors du temps.
Il règne une alchimie unique entre le Club Med et la ville de Vittel, une histoire qui débute en 1973 avec l’ouverture du Resort Vittel Le Parc. Gilbert Trigano, cofondateur et visionnaire du Club Med, surnommait cet endroit « L’île Verte ». Ce cadre idyllique offrait une expérience bien-être dans la ville thermale, une immersion totale dans la nature vosgienne, tout en proposant un large éventail d’activités sportives.
En 2001, cette aventure s’enrichit avec l’inauguration du Club Med Vittel Ermitage, niché dans une somptueuse demeure Art déco datant de 1929, installée au cœur d’un écrin de nature.
Lors de notre séjour en juillet dernier, nous découvrons un lieu où passé et présent coexistent harmonieusement. Après dix mois de travaux, le Club Med Vittel Ermitage a retrouvé sa splendeur d’antan, agrémentée d’une touche de modernité subtilement intégrée. En pénétrant dans le hall, nous sommes immédiatement éblouie par un double escalier monumental et des boiseries d’origine magnifiquement restaurées. Les plafonds ornés de moulures et la fresque d’époque ajoutent une dimension historique à ce lieu déjà chargé d’histoire. C’est un véritable voyage dans le temps avec un ancrage dans le présent.
Notre chambre, rénovée dans le respect du style historique, dégage un charme intemporel. Les détails, des moulures aux meubles d’époque, rappelent le chic des stations thermales d’autrefois. 28 nouvelles chambres ont été ajoutées et décorées dans un esprit plus contemporain, mais toujours en harmonie avec le passé du bâtiment. Ces chambres sont idéales pour les familles, offrant à la fois confort et style.
Notre dîner au restaurant « L’Ermitage » constitue un des moments forts de notre séjour. La décoration Art déco du lieu nous séduit immédiatement. La nouvelle véranda, qui surplombe le parcours de golf du Resort, offre une vue imprenable, propice à la dégustation d’un repas préparé avec des produits locaux : légumes frais, fromages affinés, charcuteries artisanales, et recettes régionales. Le bar « Le Birdie », avec sa corniche qui surplombe le domaine, se révèle un endroit parfait pour finir la soirée, entourée de pins et sapins centenaires.
« Le Jardin », nouvel espace paisible, invite à profiter de la nature environnante et de la nouvelle piscine extérieure. Dans cette ambiance chic et bucolique, nous assistons à des sessions en live de chanteurs et musiciens, qui ajoutent une note festive à notre séjour.
Le lendemain, nous optons pour une initiation au golf sur le magnifique parcours de 18 trous qui s’étend face à la bâtisse historique du Resort. Sous la guidance d’un instructeur patient et expérimenté, nous découvrons les bases de ce sport, tout en profitant du cadre serein et verdoyant des collines du Mont-Saint-Jean.
Pour ceux qui, comme nous, aiment varier les plaisirs, le Club Med Vittel Ermitage propose également des escapades à vélo Gravel, une nouvelle acti-vité qui permet de rouler sur tous les terrains. C’est une façon fantastique de découvrir la campagne vosgienne tout en faisant de l’exercice.
Le Resort s’avère également un véritable paradis pour les passionnés d’équitation, comme nous. À Vittel, qui abrite un hippodrome historique, le Club Med propose un accès exclusif à quatre manèges et carrières, dont une spécialement dédiée au saut d’obstacles. En tant qu’ancienne cavalière passionnée, il nous a été impossible de résister à l’appel de la selle !
Ce séjour est une véritable invitation à la déconnexion. « Le Studio », un espace en rez-de-jardin dédié à une approche holistique du corps et de l’esprit, permet de se recentrer et de retrouver une paix intérieure.
À seulement dix minutes à pied du Resort, les thermes de Vittel, fondés en 1855, prolongent cette parenthèse de bien-être. Scoop : le Palmarium des thermes sera transformé en spa premium d’ici 2026.
La rénovation du Club Med Vittel Ermitage s’inscrit dans le cadre du projet Vittel Horizon 2030, visant à rajeunir la destination. Ce Resort unique en son genre incarne parfaitement l’esprit des Vosges et raconte l’histoire de la station thermale de Vittel. Notre séjour ici ne s’apparente pas à une simple escapade , c’est une véritable immersion dans un art de vivre, celui des grandes demeures du début du siècle dernier. Nous avons quitté le Resort ressourcée, l’esprit libre, avec l’envie de revenir pour une nouvelle expérience, toujours plus authentique et mémorable.
Inter Scaldes - Virée gourmande en Zélande
Inter Scaldes
Virée gourmande en Zélande
Mots : Servane Calmant
Photos : Inter Scaldes
Plantons le décor : la Zélande, séduisante terre de la mer, une villa et ses douze suites hôtelières élégamment rénovées, une table qui a toujours tutoyé les étoiles, un héliport. La proposition est alléchante. Elle l’est d’autant plus qu’Inter Scaldes, nouvellement géré par le chef néerlandais Jeroen Achtien, figure parmi les meilleures tables des Pays-Bas. Récit.
Nous sommes en Zélande, à 50 kilomètres d’Anvers, à Kruiningen plus précisément, dans les vastes polders de cette belle province néerlandaise, entre les estuaires de l’Escaut oriental et de l’Escaut occidental d’où le nom du restaurant, Inter Scaldes en latin. Terrain de jeu du chef Jannis Brevet pendant plus de 20 ans, Inter Scaldes a affiché 3 étoiles Michelin dès 2018. Mais Jannis et son épouse ont décidé de se séparer de leur restaurant début 2023 pour vaquer à d’autres occupations…
Novembre 2023, Inter Scaldes rouvre ses portes après une vaste rénovation et le rachat par la chaîne Pillows Hotels d’une villa au toit de chaume qui abrite 12 suites hôtelières disponibles exclusivement pour les clients du resto. Pas de petite chambre donc, que de grands espaces rénovés par les architectes du Studio Paul Linse, également responsables du design de l’hôtel De Blanke Top à Cadzand et des Pillows Amsterdam et Gand. Drapées d’épure et vêtues d’un blanc ponctué de tableaux contemporains, ces suites ne boudent pas la convivialité pour autant : l’espace salon mettant à la disposition des hôtes, une platine et des vinyles, invitation à lâcher prise avant de prendre le large, à l’occasion d’un voyage de découvertes culinaires en compagnie de Jeroen Achtien, le nouveau chef d’Inter Scaldes.
Jeroen Achtien est loin d’être un inconnu… Le chef a fait ses armes dans le restaurant triplement étoilé de Jonnie Boer, De Librije à Zwolle (où il a rencontré sa femme, Sanne, qui codirige aujourd’hui Inter Scales), avant d’offrir 2 étoiles au Restaurant Sens, au bord du lac des Quatre-Cantons en Suisse. Bref, un chef au parcours brillant. De retour au pays, Jeroen et Sanne Achtien ne cachent d’ailleurs pas leur priorité : perpétuer ce lieu prestigieux (Inter Scaldes reste le seul resto des Pays-Bas à disposer de son propre héliport), tout en imposant leur style, leur signature. Deux mois et demi après sa réouverture, le restaurant figure dans le guide Gault&Millau 2024 avec une note de 16,5 points. L’étoile ne saurait tarder…
Le restaurant, complètement rénové donc, s’ouvre sur un salon intimiste flanqué d’un bar à amuse-bouches, lequel débouche sur une vaste salle à manger baignée de lumière. Des banquettes semi-circulaires d’un élégant bleu pastel offrent une vue dégagée sur le jardin paysager, le jardin d’herbes aromatiques et l’hôtel. Design épuré et classieux.
Après deux mises en bouche délicieusement iodées, le maître d’hôtel, Leroy Pechler, nous invite à rencontrer le chef dans sa cuisine pour y déguster un dernier amuse-bouche. Faut-il y voir une sympathique faveur accordée à une chroniqueuse gastronomique belge ? Point du tout. Jeroen Achtien prend la peine de s’entretenir avec chaque client. L’occasion d’une brève présentation bien rodée de sa philosophie culinaire qu’on se plaît à résumer ainsi : quand le produit est bon, pas la peine d’en faire des caisses pour le sublimer ! S’ensuit un éloge des trésors de la Zélande, poissons, coquillages et crustacés. La cuisine durable tournée vers le circuit-court, les produits locaux des petits producteurs et de saison, n’est pas pour Jeroen un énième effet de mode, elle est au contraire le fruit d’une réelle prise de conscience des enjeux de l’alimentation. Confidences également d’un chef qui affectionne particulièrement le terre-mer qu’il maîtrise à la perfection, la maturation notamment de l’agneau et les herbes aromatiques qu’il cultive au jardin. De retour à table, les atouts de cette Zélande gourmande courtisent le palais : plie, fruits de mer, citron, pour un vibrant hommage à cette terre de la mer. Viennent ensuite l’agneau et l’huître de Zélande pour une combinaison élégante. Coup de cœur pour ce foie gras (sans gavage) harmonieusement escorté d’un sorbet et de dés de betterave et nappé de graines de tournesol. A chaque étape, la sélection de vins opérée par la pétillante sommelière, Tessa van de Wouw, 28 ans, séduit. Les vins blancs minéraux, partenaires privilégiés des produits de la mer, ont de toute évidence ses faveurs. Le festin s’invite ensuite au salon et au bar à mignardises, en compagnie de Jeroen Achtien, pour la dégustation, notamment, d’un délicieux dessert régressif, douceur d’une saveur toute particulière pour le chef puisqu’elle vient saluer la naissance du premier enfant du jeune couple.
Club Med Marrakech La Palmeraie - L’émerveillement pour tradition
Club Med Marrakech la Palmeraie
L’émerveillement pour tradition
Mots : Barbara Wesoly
Photos : Club Med
Il n’y a pas que des gens que l’on s’éprend, mais aussi des lieux. Et si le coup de foudre ne s’explique habituellement pas, celui ressenti pour Le Club Med Marrakech La Palmeraie pourrait au contraire se raconter par une pléiade de superlatifs. Havre de beauté au cœur d’une oasis luxuriante, le Resort tout juste agrandi, résonne comme une déclaration d’amour à la ville rouge.
Marrakech ne se visite pas, elle se ressent. Tant son exploration s’imprime à même la peau et sur la rétine, vibrante de nuances, de parfums et de mélodies. Au diapason de l’ancienne cité impériale, le Club Med Marrakech La Palmeraie invite tous les sens au voyage. C’est le chant des oiseaux et des cigales qui nous accueille, alors que l’on pénètre dans l’enceinte du domaine de 32 hectares, puis se réveillent les arômes de fleur d’oranger et d’une terre gorgée de soleil. Avant de révéler le vert chaud et profond qui empli toute vision, celui des oliviers et des palmiers, des amandiers et des cactus, auquel répond l’eau turquoise qui se fraye un chemin dans les allées, pour rejoindre un bassin de mosaïques.
Savoir les rues peuplées de la Medina et l’effervescence des souks tout proches, n’en rend que plus forte la sensation d’avoir franchi les portes d’un jardin secret, respirant l’art de vivre et de savourer à la marocaine, dans un décor qui en sublime la culture. L’influence orientale et berbère s’y goûte partout, des lustres finement ciselés à la peinture mêlant ocre, sienne et bleu Majorelle. Des arcs mauresques ornant les alcôves et portes aux carrelages zelliges traditionnels, en un design réalisé par des artisans locaux et habillé d’élégance par l’architecte Laurent Maugoust.
Le Resort respire l’authenticité mais aussi l’intime, malgré sa capacité à accueillir 1250 visiteurs. Les hauts plafonds et l’imposante terrasse de La Palmeraie, son restaurant principal aux inspirations précieuses et raffinées, écartent toute sensation de foule. Tandis que l’hospitalité du El Kébir, consacré aux mezze, tajines et pâtisseries de la cuisine locale, ne semble déployer ses saveurs que pour nous. Et il en va de même pour le Pacha, le bar bordant la piscine et doté d’un rooftop à la vue panoramique sur l’Atlas, comme du spa Cinq Mondes, l’espace de soin à la douceur généreuse, où profiter d’un massage ou d’un rituel d’inspiration marocaine mais aussi balinaise, japonaise ou indienne.
Une invitation à rayonner
Et, alors que ses vastes étendues renforcent de façon singulière l’impression d’un lieu confidentiel et protégé, le domaine vient également d’inaugurer une nouvelle extension destinée aux familles en recherche d’une sérénité sur-mesure. Baptisée Le Ksar, comme un rappel aux villages fortifiés d’Afrique du Nord, celle-ci s’impose comme un hameau où l’on se régale en tribu, grâce à des chambres colorées et chaleureuses, aux multiples pièces, conçues pour partager et se retrouver mais aussi jouir chacun d’un coin privé. En plus de trois clubs pensés pour les petits dès que 4 mois comme les enfants et adolescents, l’endroit accueille une piscine, une pataugeoire et une aire de jeux exclusives. Imprégné d’une volonté de réjouir toutes les générations de voyageurs.
Et c’est ce désir d’accueil qui serait peut-être le mieux à même de définir l’essence du Resort Marrakech la Palmeraie. Accueillir chaque forme d’évasion. Chaque définition du bien-être. Qu’elle soit luxueuse et sublimée, grâce à un Riad Club Med Exclusive Collection dont les suites sont enclavées dans un écrin verdoyant, fleuri de bougainvillées roses. Sportive, entre équitation, putting sur les greens, trapèze ou encore fitness. Aventureuse, avec des excursions dans le désert d’Agafay ou jusqu’à la ville portuaire Essaouira. Ou plutôt déconnectée et dorée, rythmée par les siestes à l’ombre des parasols et la saveur du thé à la menthe. L’esprit libre et comblé.
Le Jardin des Douars - Refuge enchanté
Le Jardin des Douars
Refuge enchanté
Mots : Olivia Roks
Photos : Jardin des Douars
A quelques kilomètres d’Essaouira, perle de nacre blanc aux reflets bleus, se cache le Jardin des Douars. Un havre de paix authentique et raffiné où se ressourcer loin du brouhaha incessant de nos vies trop actives.
Les vagues de l’océan déferlent sur les remparts d’Essaouira… Fille de l’Atlantique, l’ancienne Mogador, avec ses façades blanches et bleues, ses souks, sa médina préservée, son port en perpétuelle ébullition, a des airs de Méditerranée. Sauvage et authentique. Au pays des arganiers, les routes qui s’enfoncent dans les étendues de terres entraînent le visiteur une poignée de kilomètres plus au sud. Une piste s’échappe de l’asphalte pour mener au Jardin des Douars. Un hôtel de charme à l’abri des regards, tel un secret bien gardé. Il est tenu par des Belges depuis 2005. Avec 320 jours de soleil par an à l’abri des vents, 4 hectares de paradis botanique à quelques minutes de l’Atlantique, c’est une halte idéale été comme hiver. On déambule le long des allées de pierres sèches entre palmiers, cactées et bougainvilliers. Ici, le vert se fond dans l’ocre. Rompant avec les codes couleurs d’Essaouira, cette demeure de caractère est plus proche de la couleur des falaises de terre creusées par la rivière. Zelliges, tadelakt et beige mat. Nuances naturelles et matériaux artisanaux. Les cheminées réchauffent les pièces dans la fraîcheur du soir, les couvertures berbères drapent les fauteuils. On vit entre ombres et lumières dans chacune des 19 chambres et 6 suites ou encore dans une des 6 superbes villas avec piscine privée accueillant les familles ou les tribus.
Piscine familiale ou bassin de nage pour adultes, chacun y trouve son bonheur ! C’est sans compter sur le spa traditionnel où l’arganier règne en maître et imprègne les corps de toutes ses vertus sous les mains des magiciennes du hammam. Quand l’heure de manger a sonné, le petit-déjeuner éveille avec les incontournables crêpes marocaines, le amlou ou encore le fromage frais du fermier. Le lunch dévoile des saveurs fraîches et légères tandis que le dîner réchauffe avec des couscous, tajines et autres plats maison. Ils travaillent avec sincérité les produits locaux sans s’empêcher quelques incursions dans les cuisines du monde. Immanquable : le brunch dominical dévoilant un merveilleux buffet faisant honneur aux saveurs ensoleillées du Maroc. Au fil des jours, on se sent un peu comme à la maison, au cœur d’un éden à l’abri des regards pour vivre à contretemps. Il suffira de louer aisément une voiture ou de prendre la navette de l’hôtel pour retrouver la ville, découvrir les environs et le charme de la tendre et douce Essaouira, aux antipodes de l’effervescente Marrakech.
3 questions à Sebastien Lob, propriétaire des lieux
Comment est né le Jardin des Douars ? L’aventure a commencé en 2004 lorsque deux Français ont décidé de créer un petit hôtel de charme dans la campagne d’Essaouira. Leur vision était de combiner l’architecture traditionnelle des kasbahs de l’Atlas marocain à l’esprit singulier d’Essaouira avec un confort certain entouré de jardins luxuriants, permettant d’offrir à un public esthète une expérience raffinée et authentique mais aussi très relax. En 2005, le projet est racheté par mon associé, Emmanuel Andries, et moi-même. Ensemble nous avons acquis des terres voisines et développé le lieu tout en conservant intact l’esprit initial. Nous employons 100 sourires qui font l’âme de cette maison.
Quelle déco, quelle ambiance pour cet havre de paix ? Nous avons voulu un lieu sincère qui reflète l’essence même de la culture marocaine avec une attention particulière portée à l’authenticité et au confort. Tous les agencements mettent en valeur l’artisanat du pays et les matériaux de la région. La paille, les zelliges, la pierre sèche, les murs et maçonneries en tadelakt, les sols en bejmats, les plafonds en bois de thuya, les patines et tableaux par les peintres d’Essaouira, etc. Tout cela dans un style actuel et confortable. Ici, il règne une ambiance raffinée, authentique et relaxante. Nous avons aussi banni les télévisons, téléphones, etc. Back to simplicity, nature & friends ! Seul un excellent wifi permet de rester connecté avec le monde extérieur.
Le Jardin des Douars est en pleine évolution. Des nouveautés et des rêves qui se concrétisent… Vous nous expliquez ? Le Jardin des Douars cherche constamment à protéger son environnement direct en sécurisant les terres qui l’entourent mais aussi à surprendre sa fidèle clientèle par de petites nouveautés ou à répondre à des besoins ou des envies spécifiques. Dans le futur, nous ajouterons probablement 6 à 8 chambres sur ces terres acquises. Dès maintenant, pour avoir plus de récréatif et de dynamisme sur le site même, un petit « Club des Douars » a vu le jour, un country club élégant dédié au sport et au bien-être, à proxi-mité immédiate de l’hôtel. Dans un magnifique écrin, le Club propose déjà 4 terrains de padel enfuis dans la nature et un bar très sympa. A terme, le projet comptera également un ravissant club house doté d’une salle de fitness, de yoga et d’un long bassin de nage. Nous sommes dans l’attente des permis. Par ailleurs, nous rêvons mon associé et moi depuis plus de 10 ans d’offrir à nos clients la possibilité de se rendre la journée le long de l’océan sur une plage du Jardin des Douars, de s’y restaurer, d’y faire des sports nautiques et terrestres à la demande… Après des années de recherche, nous avons enfin trouvé notre endroit rêvé ! Nous espérons ouvrir d’ici 2 ans.
Le Domaine de Murtoli
Le Domaine de Murtoli
Si ce n’est pas le paradis, cela y ressemble...
Mots : Servance Calmant
Photos : Camille Moirenc
A l’extrême sud de la Corse, entre Bonifacio et Sartène, au cœur d’une nature sauvage de 2500 hectares, le luxueux Domaine de Mortoli (*****) fête cette année ses 30 ans. Au fil du temps, le complexe hôtelier agrotouristique géré par la famille Canarelli, a réussi à se réinventer, renouvelant sans cesse ses attraits. Ainsi, aux 20 bergeries restaurées en respectant l’architecture traditionnelle, s’est greffé un hôtel 9 clés de grand standing, agrémenté d’une table étoilée Michelin et d’un spa extérieur qui domine des plages secrètes. Le Domaine de Murtoli, c’est un bout de Corse à part entière sublimé par la mer, les montagnes, les vignes, les oliviers, les brebis et les champs d’immortelles. Une franche invitation à prendre le maquis.
Niché entre mer et montagne, existe un site d’exception qu’un simple portail électrique invite à découvrir… Nous sommes à l’hôtel du Domaine de Mortoli, à l’heure de l’apéro, sous un soleil d’avril déjà généreux, pour rencontrer Santa Canarelli, jolie Corse de 25 printemps, formée en management de l’école hôtelière Vatel Paris. C’est elle désormais la boss. La DG du Domaine de Murtoli. Epaulée par ses frères, les jumeaux Paul et Toussaint, la vingtaine, Santa peut s’appuyer indifféremment sur quelque 200 collaborateurs répartis en une quarantaine de métiers, tous dévoués au complexe hôtelier et agricole et à ses activités de loisirs (golf entre mer et montagne conçu par le célèbre architecte Kyle Philips, équitation, yoga, pêche en mer et en rivière, rando botanique et culturelle, etc.).
Depuis 2020, Paul Canarelli, leur père, a en effet cédé la gestion du Domaine de Murtoli à ses enfants. Mais, précise d’emblée Santa, « nous ne prenons aucune décision décisive sans deman-der conseil à notre père, c’est une question de respect ! ». Et de bon sens. C’est en effet Paul Canarelli, le patriarche, qui est à l’origine du Domaine, des terres qu’il hérita de son propre père. Il a d’ailleurs restauré la première bergerie en hommage à la mémoire de son aïeul…
Depuis quatre ans donc, si l’ADN du complexe reste identique, l’esprit de transmission intacte, du sang neuf coule désormais dans les veines du Domaine de Murtoli. Les (grands) enfants affichent un enthousiasme sans faille, un dynamisme sans coup de mou, et des bonnes idées à revendre, à l’instar du lancement d’une bière et d’un gin aux arômes et senteurs de l’île de Beauté, qui portent le nom du Domaine de Murtoli. Quant aux vignes du domaine, elles sont chouchoutées par le vigneron David Barranger, 30 ans dans la viticulture biodynamique, qui nous promet les premières cuvées du Domaine pour 2024-2025, 16000 flacons, « avant de voir plus grand ».
Ce véritable écrin enchanteur chante le goût de l’essentiel et c’est tout logiquement que Dame nature s’invite aux tables. Ici, on affiche un locavorisme fièrement revendiqué : veau, agneau, fromages, volailles, lait de brebis et œufs, tous sont issus de la Ferme du Domaine, les fruits et légumes viennent du potager, l’huile d’olive du moulin, le miel des ruches et les produits de la mer sont péchés chaque matin. Quant aux herbes et aromates, il suffit de se baisser pour les cueillir. Tous ces produits sont sublimés par le chef Laurent Renard à la Table de la Ferme à travers une cuisine rustique chic et des tapas corses (I piattini) et par le chef Mathieu Pacaud, 1 étoile au Michelin, en résidence estivale uniquement.
Chemin faisant sur les routes sinueu-ses du domaine (2500 hectares !), les parfums enivrant de l’arbousier, de la bruyère, de l’immortelle, de la myrte, du thym, de la clématite, nous taquinent les narines. Les 20 bergeries et demeures du 17e sont distantes de plusieurs kilomètres, dissimulées dans le maquis – pour vivre heureux, vivons cachés ! – ou s’offrent la mer comme horizon, carrément. Jadis à l’abandon, elles ont été restaurées dans le plus pur respect de l’architecture traditionnelle, en nids d’amour, refuges silencieux, maisons familiales, toutes de tailles et d’atmosphères différentes. Murs de pierres sèches, poutres, éviers de pierre. Le charme d’autant et le confort d’aujourd’hui. Chaque nid jouit en effet d’un jardin paysager, d’une piscine taillée dans le roc, d’un salon en plein air, d’une cuisine intérieure et extérieure. Rien n’empêche cependant les résidents des bergeries de manger à la Table de la Ferme, à la Table de la Plage avec vue sur la mer ou à la Table de la Grotte, véritable cavité naturelle transformée en table du pays. Et pour un service traiteur ou un pique-nique, il suffit de demander !
Pour l’heure, nous rejoignons notre suite, l’une des 9 clés de l’hôtel de grand standing du Domaine de Muroli, ouvert en 2021. « En avril, les fins de soirée peuvent être fraîches, le feu ouvert est prêt… ». Charme, raffinement, excellence dans l’aménagement intérieur, sens du détail, sont les premiers mots qui nous viennent à l’esprit pour décrire notre suite, laquelle est nichée dans une jolie courette aux allures d’hacienda habillée d’oliviers.
Ce matin, nous avons rendez-vous au spa. Lise et Hélène, les deux sœurs de Paul Canarelli et propriétaires du Grand Hôtel de Cala Rossa (*****) ont développé leur propre marque de soins bio, Nucca, nourrie aux ingrédients naturels du maquis corse. Le visage purifié, hydraté, régénéré, nous voilà presque immortelle. Durant l’été, les rituels de beauté se déroulent au spa en plein air, face à la mer, en empruntant des chemins en caillebotis. Magique. Au bord de la piscine de pierre, nous croisons Santa Canarelli qui ne cache pas sa joie. Le Domaine de Murtoli vient d’être honoré d’1 clé, la toute nouvelle distinction Michelin, laquelle récompense les hôtels « qui proposent les expériences de séjour les plus remarquables ». Tout est dit.
Carlton Cannes - La fabuleuse renaissance du palace de la Riviera française
Carlton Cannes
La fabuleuse renaissance du palace de la Riviera française
Mots : Servane Calmant
Photos : Richard Haughton
Dressé royalement face à la Méditerranée, le plus célèbre hôtel de La Croisette a rouvert ses portes en mai 2023, après sept années d’un chantier pharaonique. En œuvrant à la flamboyante renaissance de la Grande Dame, incluant rénovation de sa somptueuse façade classée, extension de deux nouvelles ailes, aménagement d’un jardin méditerranéen avec piscine et aussi, déco, marbrure, dorure à la feuille d’or, mise en valeur de somptueux plafonds et de colonnes Art déco, l’architecte Richard Lavelle et le décorateur d’intérieur et d’émotions Tristan Auer, épaulé par 750 artisans d’art, ont ressuscité l’esprit Riviera. Et mêlé avec élégance, splendeurs du passé et du présent.
Ah l’iconique porche d’entrée du Carlton et sa porte à tambour en bois… Nous les avons franchis moult fois lorsque nous allions interviewer les célébrités du Festival de Cannes. Et, à tout vous avouer, nous rêvions secrètement d’y séjourner. C’est dire si l’invitation de ce fleuron de l’hôtellerie de grand luxe à couvrir sa réouverture nous a enchantée. « On vous a réservé la chambre 525 … ». Sa déco toute en retenue qui fait rimer douceur et sérénité et une vue imprenable sur le bleu méditerranéen de la baie de Cannes vont nous envoûter durant tout notre séjour.
Le Carlton, le plus célèbre des hôtels cannois, a toujours fasciné. Personne n’a d’ailleurs pratiquement osé toucher à cette icône de la Riviera depuis sa création en 1913. Le chantier, qui a nécessité la fermeture de la Grande Dame pendant 2 ans, avant sa réouverture en mai 2023, comprend des travaux titanesques d’agrandissement, de restauration, de rénovation, de décoration, de nettoyage, de renouveau.
Elles en imposent et sont hautement instagrammables : les inscriptions « Carlton Hotel » ont été reproduites à l’identique, comme en 1913. Cette devanture Belle Epoque est en effet inscrite aux monuments historiques depuis 1989, au même titre que les toits et dômes, que deux des escaliers (restaurés à la feuille d’or), que le Grand Salon (son plafond aura nécessité deux ans de rénovation et ses somptueux lustres ont été nettoyés par les mains expertes des artisans du château de Versailles) et que le vaste hall désormais débarrassé de ses faux plafonds. Un hall témoin d’une incroyable anecdote : en voulant vérifier la couleur originale de ses colonnes et pilastres, les artisans d’art ont découvert un stuc marbré d’origine, dissimulé sous huit couches de peinture.
Un Carlton qui s’illumine de lumière, c’est l’aboutissement de l’œuvre de l’architecte d’intérieur star, Tristan Auer, auquel on doit notamment la rénovation du rez-de-chaussée de l’Hôtel de Crillon et du mythique Les Bains à Paris. Auer propose un parfait agencement, ordonnant le Carlton en plusieurs lieux qui confèrent au tout un appréciable caractère intime. Ainsi l’ambiance club du bar 58 où s’accouder au comptoir en mosaïque de céramique Raku pour savourer des cocktails inédits. Ou encore le restaurant de cuisine française Riviera qui s’offre une table d’hôtes, très prisée, ouverte sur les fourneaux du chef… Jouant la carte de la sensualité et de la féminité, le designer d’intérieur a opté pour le rose poudré, le gris chic, le vert pâle. Marbre clair au sol, gigantesques lustres Murano conçus sur mesure d’un rose poudré également. En laissant vagabonder notre imagination, nous apercevons Grace Kelly commander un thé grand cru au salon Camélia…
Si la métamorphose du Carlton a nécessité le savoir-faire des meilleurs artisans, tailleurs de pierre, plâtriers, ébénistes, etc., son agrandissement réserve à sa clientèle une surprise de taille. A l’arrière du bâtiment principal, l’ajout de deux nouvelles ailes permet désormais de ceinturer l’hôtel, lui offrant un nouvel écrin de charme qui accueille, en lieu et place de l’ancien parking, un jardin méditerranéen (2 200 m2 et 22 000 plantes) et une piscine à débordement. A la nuit tombée, un péristyle éclairé par des lanternes ajoute la note magique, la renaissance de l’esprit Riviera.
Le Carlton, c’est aussi le souci du détail qui fait la différence, les agrumes ou la menthe fraîche pour parfumer un verre d’eau, l’originalité des cocktails du restaurant Rüya (cuisine anatolienne) qui invite à siroter un audacieux aperol infusé betterave, vin moussant turque, liqueur de coco… Hôtel grand luxe certes, mais sans pédanterie aucune. Nous entamons des discussions enjouées avec un personnel affable – relooké dans un style French Riviera, chic et cool à la fois. Le Carlton, ce sont encore les bons conseils d’Aziz, premier chef de rang bon vivant du Riviera, qui nous conseille la pêche du jour.
Pour l’heure, nous quittons le nouveau C Club Spa qui dévoile une belle sélection de soins en collaboration avec les marques les plus innovantes dont Barbara Sturm et SwissLine, pour rejoindre le Beach Club posé sur la plage de l’hôtel. Sur son mythique ponton, nous sirotons un 1930, un des six cocktails déclinés sous la thématique Riviera du Monde. Le doux farniente associé à un véritable art de vivre.
L’aventure Jam à Lisbonne
L’aventure Jam à Lisbonne
Mots : Olivia Roks
Photos : Mireille Roobaert et Philippe Boutefeu
Un ancien bâtiment, tel un navire navire abandonné sur les rives du Tage face aux docks, renaît de ses cendres pour devenir le Jam Lisbonne. Cet hôtel passif industriel, coloré et hautement créatif, propose des chambres idéales pour les séjours entre amis ou en famille, un rooftop avec piscine ainsi qu’un restaurant exceptionnel. Le tout dans une optique abordable et fun. Après Bruxelles, retour sur l’aventure Jam à Lisbonne avec Lionel Jadot, l’architecte d’intérieur des lieux.
Aujourd’hui, honneur au Jam et à son concept ! Rappelez-nous les prémices. Le Jam est tout d’abord arrivé à Bruxelles. L’aventure débute en octobre 2014. Jean-Michel André me contacte pour un projet. Je visite le bâtiment situé chaussée de Charleroi, complètement vide, et il me demande de lui faire un projet pour le restaurant (les chambres étaient imaginées par Olivia Gustot). Il me donne un moodboard que son équipe a préparé. Je ne l’ai pas suivi… et on a inventé un nouveau concept basé sur le constructivisme et le travail de Kurt Schwitters afin d’imaginer en quelque sorte un collage abstrait.
A quoi ressemblait votre moodboard ? Comment décririez-vous ce premier Jam ? Le moodboard, axé vintage et mobilier de récupération, leur a plu. On a dessiné dans cet esprit le lobby d’entrée, la réception, le bar, le restaurant et le bar rooftop. Une aventure incroyable ! Avec Sophie Coucke, nous avons trouvé le nom de l’hôtel : le JAM. Nous avons pensé à « jam session » qui reflète un lieu d’échange mais aussi à « traffic jam » pour la touche plus urbaine.
Quelle est la ligne directrice, le fil conducteur de la ligne d’hôtels Jam en termes de concept mais aussi de décoration ? Après ce premier JAM, le groupe Nelson a pris les commandes et nous avons participé au JAM Lisbonne. Ce groupe, dirigé par Jean-Paul Putz, initie un chemin « green » pour leurs hôtels. Leur but ? Construire pour durer. A Lisbonne, nous avons poussé le concept encore plus loin en collaboration avec le bureau d’architecture A2M pour un projet le plus durable possible.
C’est-à-dire ? Comment ça s’est passé à Lisbonne ? L’aventure de Lisbonne a été longue car l’administration est lourde. Mais le voyage a été beau, agrémenté d’étonnantes rencontres comme mon ami designer Mircea Anghel. En ce qui concerne la décoration d’intérieure, l’accent a été mis sur des collaborations avec des designers locaux que nous avons curatés, ainsi que sur de nombreux matériaux de récupération issus de la région. En parallèle, nous avons eu une vraie réflexion sur l’aspect démontable de ce que l’on installait. Nous nous projetons dans une vie future où le bâtiment pourrait être transformé en autre chose. Par exemple, pour les lits, nous avons récupéré des troncs d’arbres venant d’une forêt incendiée près de Lisbonne. Chacune de ces poutres en bois peut être réutilisée comme élément dans une construction future. Pour le sol, les tablettes de lavabo et les étagères, nous avons réutilisé énormément de chutes de marbre provenant des carrières locales. C’est ça le projet Jam : un ancrage contemporain, artistique, durable et honnête, une créativité débordante et un projet qui offre une expérience client généreuse pour un hôtel 3 étoiles.
Qu’est-ce que vous préférez ou adorez particulièrement dans cet hôtel ? Sa liberté créative où rien ne semble avoir été fait en même temps. Nous avons conjugué les talents, par exemple en collaborant avec Openstructures pour tous les luminaires, qui envisagent chaque projet dans l’idée de sa seconde ou même troisième vie. Chaque élément peut ou pourra servir à constituer une partie de meuble ou de luminaire. Je retiens aussi l’ensemble de talents incroyables que nous avons alignés : Mircea Anghel, Openstructures, Grond Studio, Emmanuel Babled, Ivan Daniel Cova, Pierre Emmanuel Vandeputte, Rikkert Pauw, Mon Colonel Spit…
Peut-on dire que c’est un projet encore plus abouti que le Jam Bruxelles ? Oui, certainement. Le projet et la vision s’affinent. J’applique maintenant à tous mes projets le concept de « realistic circle » : des collaborations locales sans intermédiaires, sans ingérences financières ni créatives, avec un vent de liberté et d’inspiration très fort.
Tout autre type de créativité, j’ai adoré Mojjo, le restaurant au rez-de-chaussée de l’hôtel, vous aussi ? Oui, il est impossible de ne pas se laisser surprendre par le restaurant MOJJO. Un restaurant de cuisine fusion qui réunit des saveurs du Portugal, de l’Asie, de l’Afrique et de l’Amérique du Sud. Le chef Mauro Airosa, 24 ans, fait son chemin dans le monde de la restauration depuis qu’il a participé à l’émission Masterchef. Les plats sont incroyables, avec des touches équilibrées, gourmandes et croquantes à la fois.
Peut-on s’attendre à l’arrivée d’autres Jam ? Oui, l’année prochaine, le Jam Gand s’inscrira dans la même veine, joyeux et responsable ! Un chantier dans les anciennes casernes Léopold, un lieu historique et incroyable.
Un rêve pour le projet Jam ? En réali-ser plus, bien sûr, et surtout affiner cet esprit abordable et didactique, honnête et frais, et partager cette créativité pour continuer à surprendre et à faire plaisir.