BENOÎT NIHANT X ISABELLE ARPIN
BENOÎT NIHANT X ISABELLE ARPIN
Excellente nouvelle, la Lady cheffe Isabelle Arpin et Benoit Nihant, le chocolatier wallon de l’année, allient leurs savoir-faire. Résultats : une tablette de Chocolat Grand Cru 74% réalisée dans les ateliers du chocolatier liégeois ainsi qu’un dessert inédit, imaginé et conçu dans les cuisines de la cheffe bruxelloise.
C’est au cœur d’une forêt tropicale du Guatemala que le Cacaofèvier est allé chercher la fève qui séduirait les papilles de sa nouvelle complice. Avec ses notes fruitées, presque fleuries, ses touches de thé noir, la tablette Lachua mêle acidité et richesse. Ces parfums ont vite fait d’inspirer la cheffe pour un nouveau dessert chocolaté, proposé dans son restaurant de l’avenue Louise.
De cette collaboration sont ainsi nées deux exquises douceurs qui ne manqueront pas de flatter les plus fins palais ainsi que les plus gourmands: une tablette de Chocolat Grand Cru 74% réalisée dans les ateliers du Chocolatier liégeois ainsi qu’un dessert inédit, imaginé et conçu dans les cuisines de la cheffe bruxelloise.
La « Lachuá Laguna » au Guatemala est un lac aux eaux turquoise entouré de forêt tropicale. Cette zone protégée abrite des communautés Maya Q’eqchi’ qui vivent en autonomie grâce à leur production de cacao, miel, cardamome et maïs. Leur histoire et les notes gaies et fruitées de ce chocolat ont conquis le cœur et les papilles d’Isabelle Arpin, pour le plus grand plaisir de Benoît !
La tablette Lachuá Laguna est proposée au prix de 8,50 euros dans toutes les boutiques Benoît Nihant et sur le site www.benoitnihant.be
Le dessert d’Isabelle Arpin inspiré de cette collaboration, est composé du chocolat Lachuá Laguna, de crème de jasmin, de confits d’agrumes et de copeaux de chocolat.
Les dessert Pepsy Arpichoc est disponible sur labonneetoile.cooking. Il le sera également dans son restaurant éponyme dès que les mesures sanitaires le permettront. On a hâte !
Bienvenue dans notre bulle
Bienvenue dans notre bulle
Mots : Servane Calmant
Photos : Elodie Deceuninck
Enfin une bulle qu’on n’a pas envie de railler ! Boutade à part, « Insol-eat by Charlotte and Louise », l’élégante bulle privatisable des sœurs de Dorlodot, invite à un moment de lâcher-prise complet, en bordure de la forêt de Soignes. On y fait quoi? On y passe une soirée gourmande, à l’ombre d’un tilleul centenaire, avec des chevreuils sauvages en invités surprise…
Louise de Dorlodot travaille comme chef de projet dans l’événementiel, chez Profirst à Rixensart. Le projet « Insol-eat by Charlotte and Louise », elle l’a pourtant mené à bien en famille, avec sa grande sœur, Charlotte, directrice de crèche et conceptrice de la Mared’sous bulle, un logement insolite avec vue panoramique sur la célèbre abbaye … On rencontre les deux sœurs chez l’aînée, aux portes de Bruxelles. De la fenêtre de sa maison, en bordure de la forêt de Soignes, on voit la fameuse bulle ! Non, ne comptez pas sur nous pour vendre la mèche : l’adresse de la bulle « Insol-eat by Charlotte and Louise », vous la connaîtrez quelques jours seulement avant votre date de réservation. « Nous voulons conserver le cachet intime et insolite du rendez-vous », nous glissent à l’oreille les deux sœurs dont la complicité se voit au premier regard.
Charlotte et Louise ont grandi à la campagne dans une famille nombreuse, en développant dès leur plus jeune âge une véritable passion pour la nature et l’hospitalité. Mais c’est en recherchant une activité insolite pour fêter dignement l’anniversaire de leur mère, qu’elles se sont rendu compte qu’il y avait un secteur à exploiter ! Alors, sans attendre, elles ont réfléchi à un nouveau concept de restauration, dans un cadre unique et insolite. Quand on signale aux sisters qu’on a couvert pour notre magazine, Aqualodge, un chapelet de chalets sur pilotis en bord de Molignée, Charlotte, amusée, nous lance : « c’est le projet de Diane, notre tante. Chez les de Dorlodot, on cultive le goût de l’aventure professionnelle ! »
Soirée gourmande
Ils se passent quoi dans la bulle transparente de Charlotte et Louise ? D’emblée, Louise met les points sur les i : « Nous sommes toutes les deux formées au métier de restaurateur/ traiteur/organisateur de banquet, mis en place par le Service Public de Wallonie, mais le contrôle très rigoureux de la sécurité alimentaire en Belgique nous aurait obligées à de nombreux investissements dans la cuisine familiale de Charlotte, alors nous proposons des formules traiteur ». Le client qui a privatisé la bulle pour 4 à 8 convives, devra donc choisir online entre la formule froide trois services de la cheffe des Délices de Margaux (de Biolley) ou l’une des trois propositions du traiteur bruxellois Brut. Du saisonnier et du hautement qualitatif ; quant aux mets chauds, ils sont prévus pour attaquer l’hiver !
Vous l’aurez compris : lorsque vous réservez, vous privatisez la bulle, il n’y a donc que vous, votre famille et vos amis autour de la table. Pas de serveur, le buffet trois services étant proposé en self service. La table est dressée avec un goût exquis, l’apéro et le mousseux gracieusement offerts par la maison (regardez l’étiquette, et vous comprendrez que les sœurs ont le souci du détail !) et la vue dégagée à 360 degrés sur la nature environnante est tout bonnement magnifique.
« On peut même greffer au lieu une dimension historique », nous lance Charlotte, « c’est en effet sur ce terrain que pendant la Seconde Guerre mondiale, un aviateur belge a retapé un avion biplan, avant de décoller au nez et à la barbe des Allemands qui festoyaient dans le château, non loin de notre bulle ! L’anecdote est amusante et l’avion exposé au Musée royal de l’armée à Bruxelles… «
Parenthèse historique refermée, revenons à nos hôtes qui, chaussons à la main (l’herbe est haute, à la campagne !) viennent accueillir les convives, avant de s’éclipser discrètement pour leur permettre de buller tranquillement avec leurs proches ! Ne partez pas : là, des yeux brillent dans la nuit ! Pas de panique, ce sont probablement ceux des chevreuils, renards et coqs faisans, qui ont élu domicile dans ce petit coin de paradis boisé …
L’Air de Rien, mais quel talent !
L’Air de Rien
Mais quel talent !
Mots : Servane Calmant
« Vous devez avoir un CV long comme un jour sans fin, pour arriver à atteindre un tel niveau de savoir-faire ? » Le chef : « Je suis autodidacte … » Stéphane Diffels a appris sur le tas que la persévérance est la clé du succès. Une obstination au travail qui n’a jamais été un substitut à son incommensurable talent, loin s’en faut !
Depuis la fin juin, le restaurant « L’Air de Rien » (AR pour les intimes) jouit d’une nouvelle implantation. Que les habitués se rassurent : Stéphane Diffels, Malmédien d’origine, est toujours installé à Fontin dans la commune d’Esneux, mais il occupe désormais une ancienne ferme, sise sur la Place du Vieux Tilleul. Pourquoi chercher ailleurs le bonheur que l’on peut glaner dans son propre champ ? Alors, aux vieilles pierres de pays, le chef a fait rajouter un bâti contemporain et un sas d’entrée bardés de bois et d’éléments en acier : la juxtaposition des styles fait mouche, et la future terrasse laisse présager un savoureux été 2021 …
Dedans, des murs d’argile, des tables bien espacées, une déco élégante, et une baie vitrée sur une cuisine pimpante qui attise tous les regards. Où est la carte ? Il n’y en a pas ! Le parti pris du chef est celui du menu unique surprise, qui incite à se laisser guider et à lâcher prise …
Sur le grill du chef
Le radis épouse le beurre, la carotte s’aime laquée et la brioche fourrée de groseilles à maquereau se couvre d’une neige de foie gras. La barbue et sa mousseline nous affolent, le risotto de pommes de terre, coques au feu de bois (la maîtrise du feu, un art !), poutargue maison, caviar belge, nous confortent dans l’idée que le chef a des idées à revendre. Son jus de persil mérite une salve d’applaudissements. Quand vient la langoustine cuite minute à table dans un bouillon de poule et eau de tomate, on le savoure jusqu’à la dernière goutte. Le bœuf limousin sur le grill et son cassis fermenté nous enchantent, et le canard, savoureux à souhait, son butternut, sa groseille fermentée montée au foie gras et sa betterave brûlée épluchée jusqu’au cœur, nous emballent sans retenue. La glace à l’oseille avec son granité d’aneth est une découverte où l’on saisit enfin pleinement la notion jusque-là assez floue d’orgasme gustatif…
Oui, vous avez bien lu : poisson, viande, légumes, tout passe sur le grill ! Le chef est un inconditionnel de la cuisson au feu de bois. Mieux : l’odeur du feu de bois, c’est son parfum préféré. « A contre-pied de la gastronomie moléculaire, de la cuisine à basse température ou sous vide, je défends la cuisson naturelle, la plus proche de l’homme, en opérant un vrai retour aux sources. » Un sacré défi ? « Il a fallu apprendre la cuisson au feu, mais aussi la gestion du feu et des braises. Au début, je travaillais avec une sonde de cuisson, aujourd’hui tout se fait au doigt et à l’œil – rire ! ».
La persévérance comme moteur
Avant d’ouvrir « L’Air de Rien », Stéphane Diffels travaillait dans un supermarché de la région. Fort heureusement pour nous, il n’a jamais eu l’intention de faire carrière dans la grande distribution ! « J’ai commencé la cuisine à 35 ans – j’en ai 47 aujourd’hui -, en investissant toutes mes billes dans « L’Air de Rien ». Il fallait que je réussisse mais, croyez-moi, j’ai beaucoup appris de mes erreurs et je n’ai jamais eu peur de me dépasser. Ado, vers 16-17 ans, j’ai été champion de Belgique d’athlétisme. L’acharnement, ça me connaît ! », nous confie-t-il.
Persévérance et talent conjugués, force de caractère et concrétisation d’envies soudaines (la cuisson au grill sur bois de hêtre a été adoptée par le chef tout récemment), produits du terroir sublimés et élégance des assiettes : Stéphane Diffels, forte personnalité, et toute son équipe (Sophie Pierret et Bertrand Stiennon en cuisine, Cedric Meers et Jeremy Pondant en salle) méritent une première étoile Michelin ! C’est notre avis, et beaucoup le partagent. « Le Gault&Millau m’a accordé un 16/20 il y a quelques années, mais une étoile au Michelin, ce serait évidemment une belle reconnaissance ! Aujourd’hui, ma plus grande fierté, c’est de voir que mes clients viennent de partout, de Liège évidemment, mais aussi de Bruxelles, d’Ostende, de Cologne et des Pays-Bas ! » Un tel engouement, voilà, l’air de rien, un signe qui ne trompe pas !
Signé Pinto
Signé Pinto
Mots : Ariane Dufourny
Photos : Anthony Dehez
Peintre, chef et architecte d’intérieur, Antoine Pinto marque indéniablement tout ce qu’il signe ! Grâce à son génie, l’expérience organoleptique est sublimée par ses décors grandioses. En attestent plus de 150 réalisations dont Toit, son dernier-né, et son prestigieux Belga Queen, fleuron de la belgitude. Ecce Homo !
Le Belga Queen, quelle est son histoire ?
C’est un endroit qui a une aura, tout un passé, une architecture, un décor. Au XVIIIe siècle, ce fut l’Hôtel de la Poste, le plus important du centre de Bruxelles, où ont séjourné notamment Victor Hugo, Rimbaud, Verlaine. Par après, le bâtiment est devenu une banque, le Crédit du Nord. Quant au Belga Queen que j’ai créé en 2002, il est à présent reconnu comme une maison prestigieuse dans le monde entier et est devenu la locomotive du centre-ville bruxellois.
En tant que porte-parole d’une quarantaine de restaurateurs belges, vous avez écrit une lettre ouverte aux pouvoirs publics pour les sensibiliser sur la situation de l’Horeca à Bruxelles. Avez-vous obtenu une réponse ?
Non, aucune ! Et la situation ne va pas s’améliorer en limitant la vitesse à 20 kilomètres à l’heure, en ajoutant des pistes cyclables partout, en imaginant des tricycles pour fournir les restaurants ! Ils sont en train de tuer Bruxelles !
(Cela fait peut-être parti d’un projet.. ?!)
La belgitude est-elle l’ingrédient principal du Belga Queen ?
Absolument ! Jusqu’à la carte des vins qui sont produits par des Belges installés partout dans le monde. Je fus le premier à promotionner la belgitude avec mes vins. Je ne suis pas belge d’origine mais je le suis dans ma tête ! Je suis arrivé du Portugal en Belgique à l’âge de 17 ans, et j’ai vécu à Liège, Anvers, Gand et Bruxelles où j’ai également réalisé des restaurants. Je connais probablement mieux le pays que la plupart des Belges. Il en va de même pour la gastronomie.
Pour se mettre en appétit, quelques-unes de vos spécialités ?
Nos succulentes croquettes aux crevettes ou au fromage Bellie de Gand et sirop de poire de Liège, le boulet sauce lapin (que personne ne connaissait il y a 18 ans à Bruxelles !), le véritable coucou de Malines rôti au four sur pain d’épices tartiné au sirop de poires, le foie gras au chocolat, la glace au cuberdon que j’ai créée à l’ouverture du Belga Queen.
En plus de vos spécialités belges, qu’est-ce qui distingue le Belga Queen ?
J’ai un magnifique écailler « à la Belge » avec des huîtres mais aussi des bulots chauds, des moules parquées à la sauce Marolles. On nous félicite souvent pour la perfection de la cuisson et pour l’assaisonnement des fruits de mer, des tourteaux, des homards !
Une nouveauté bien belge à la carte du Belga Queen à nous suggérer cet automne ?
L’oie à l’instar de Visé, légumes de saison braisés, pommes rissolées à la graisse d’oie. Un plat très ancien que j’ai revisité autrefois, lorsque je livrais mes recettes à la radio.
Quelle est votre philosophie culinaire ?
Chaque produit a un langage et chaque cuisinier doit connaître le langage de tel ou tel produit, sinon il ne peut pas dialoguer.
Vous avez à votre actif plus de 150 projets ? Quels sont ceux qui vous ont le plus marqués ?
C’est comme pour les enfants, ce sont les derniers qu’on aime « le plus ». « Toit » qui a vu le jour cet été à Braine-l’Alleud mais aussi le complexe « Sud Lisboa », un projet de 5.000 m2 à Lisbonne, qui affiche deux espaces distincts reliés par une passerelle, l’un dédié à la gastronomie, l’autre aux évènements.
J’ai un immense souvenir de « Pakhuis » à Gand, un projet sorti de terre et réalisé comme un marché du XIXe siècle. J’ai dessiné tout l’immeuble intérieur et extérieur avec la collaboration d’un architecte gantois. Les propriétaires actuels font croire que c’est un hangar d’époque et que Pinto a fait le décor à l’intérieur, alors que j’ai créé chaque détail…
L’architecture est-elle un exhausteur de goût axé sur l’expérience de nos cinq sens ?
C’est identique au décor d’une assiette ! Le décor d’un restaurant raffiné éveillera les sens, ensuite viendra la qualité du cuisinier, le choix des marchandises, l’assemblage des produits, le rythme que ça peut provoquer dans la bouche. La cuisine est une forme d’expression extraordinaire car tous les sens sont présents.
La cuisine et l’architecture d’intérieur et ont-elles des similitudes ?
Elles se ressemblent très fort, il faut avoir le même type de sensibilité. Tu fais ta mise en place, ta petite sauce. L’architecture d’intérieur, c’est comme construire un menu ou un plat sauf que la cuisine a une dimension en plus par l’odorat, le goût.
Où puisez-vous votre inspiration pour vos designs ?
Dans mon environnement. J’ai une mémoire visuelle incroyable et je suis très observateur. Dans « mon disque dur » très chargé, je trouve des choses qui s’adaptent au projet. Je dis toujours à mes collaborateurs : vous avez tout à côté de vous, il suffit de regarder !
Vous portez trois casquettes. Celle de peintre, celle de chef et celle d’architecte d’intérieur. Laquelle préférez-vous ?
Je suis un artiste avant tout ! J’ai fait cinq expositions en Belgique d’art conceptuel. Je fais de l’architecture d’intérieur, du design. Je dessine mes fauteuils et sculpte beaucoup d’objets que j’utilise dans mes décors.
Ma formation initiale est aux Beaux-Arts où j’ai appris à peindre. J’ai appris l’architecture d’intérieur avec un de mes professeurs avec lequel j’ai réalisé un de mes premiers restaurants « Le clou doré ». En 1980, j’ai été cité parmi les 100 meilleurs cuisiniers d’Europe et j’ai eu deux toques au Gault& Millau.
Quand j’ai ouvert mon bureau d’architecture, j’ai arrêté de travailler dans la cuisine même si je signe toujours ma carte. Je suis arrivé à la conclusion que si tu veux bien faire les choses, tu ne peux pas en faire deux à la fois. Aujourd’hui, je rêve de m’arrêter pour faire de la peinture. La boucle est bouclée !
Au nom du terroir de Bousval
Au nom du terroir de Bousval
Mots : Servane Calmant
Nous sommes sur les terres de Michel Verhaeghe de Naeyer, heureux propriétaire du Vignoble du Château de Bousval, dans le Brabant wallon, pour parler convictions et naissance d’un terroir. A force de volonté, de pugnacité et de belles rencontres, l’homme a en effet réussi à faire vivre les terres de sa propriété autrement, comprenez : en phase avec la nature.
Michel Verhaeghe de Naeyer nous accueille au cœur de ses vignes, en bordure d’une zone Natura 2000, à 500 mètres à peine de son château familial, pour une promenade conviviale. « Nous marchons sur d’anciennes terres agricoles. Malheureusement, au nom du productivisme à tout prix, l’agriculture intensive a affecté l’environnement. Ma réflexion a été la suivante : comment peut-on faire vivre les terres de la propriété autrement ? Comment redynamiser la terre en respectant le terroir et la nature environnante ? Comment y inclure la notion de tradition, de partage, d’héritage ? C’est ainsi que l’idée de planter des vignes pour produire un vin belge de haute qualité, a progressivement germé … »
En 2014, après avoir mis le sol au repos pendant deux ans « on regardait pousser les pâquerettes », Michel Verhaeghe de Naeyer se lance dans l’aventure : aux cépages interspécifiques plus adaptés à notre climat belge, il préfère suivre les bons conseils de Pascal Marchand, vigneron québécois installé en Bourgogne, qui l’incite à jeter son dévolu sur trois cépages classiques : du chardonnay principalement (du blanc, donc), mais aussi du pinot gris et du pinot noir. Et pour corser l’affaire, Michel, passionné de nature, décide de travailler la vigne selon les principes de biodynamie et de permaculture, déclarant ainsi une guerre franche aux produits chimiques ! Des années de travail et de persévérance plus tard, nous sommes en 2020 et le Vignoble du Chateau de Bousval termine sa phase de conversion bio. Merci la biodynamie et Dame Nature ! « La camomille, l’ortie, le pissenlit, permettent notamment à la vigne de supporter le stress climatique ». Pour contrer la grêle, en revanche, il a fallu sortir l’artillerie lourde ! « Nous nous sommes équipés d’un canon anti-grêle qui agit par onde sonore. Il envoie une onde de choc dans le nuage porteur de grêle, pour empêcher les grêlons de grossir et il les transforme en pluie. L’achat est onéreux mais vite rentabilisé. Pour effaroucher les oiseaux, on compte sur les épouvantails et les petits rapaces, difficile de faire plus en phase avec la nature ! », précise le patron du domaine.
Une fine équipe
L’art de la réussite consiste à savoir s’entourer. Ce n’est pas à Michel Verhaeghe de Naeyer qu’il faut apprendre la leçon. « Ma principale fierté, c’est de travailler autrement, en cultivant le plus naturellement possible et en vinifiant avec soin. Dans dix ans, j’espère arriver au niveau de qualité que je me suis fixé ! Ce travail méritant, je le dois évidemment à toute une équipe, dont mon maître de chai, Vincent Dienst, un jeune bio ingénieur belge, qui a étudié l’œnologie en Champagne, en Nouvelle-Zélande, en Afrique du Sud, et qui en est revenu avec un plein d’idées et d’inventivité. Nous n’évoluons pas dans un modèle stricte qui nous impose des règles à suivre ; notre moteur reste la créativité. Partir de rien et tout créer, en mettant en valeur la typicité du terroir, c’est la force des vignerons en culotte courte que nous sommes ». Pour profiter de son bonheur et en faire profiter son entourage, le ton badin de Michel Verhaeghe de Naeyer fait mouche. Et de rajouter : « Je ne produis pas du Bourgogne, mais du vin de Bousval, un vin de terroir ! »
Un chai de toute beauté
A proximité immédiate des vignes, se dessine une imposante silhouette en bois qui épouse par ses formes architecturales tout en courbes, la nature environnante. Sur sa toiture végétale, fleurit la prairie… Michel Verhaeghe de Naeyer a misé sur le talent visionnaire de Charly Wittock, architecte et ami, pour dessiner le chai, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il a eu le nez fin ! C’est bien simple : le bâtiment mérite à lui seul la visite. On découvre en effet que le Vignoble du Château de Bousval possède son propre laboratoire, sa chaîne d’embouteillage de vin (environ 10.000 bouteilles, 30.000 dans les années à venir), un oeuf de béton pour élever le vin (une véritable curiosité), une pièce destinée à la distillation d’un marc de Bousval… L’art contemporain s’y est également invité ! « Mon épouse (Esther Verhaeghe – nda) est galeriste. On a choisi des tableaux qui témoignent des relations entre l’homme et la nature et puis, l’art a toujours fait bon ménage avec le vin ! ». Curiosité encore avec les étiquettes aux noms décalés de deux de ses cuvées, qui témoignent de l’attachement de notre hôte à la famille et à la transmission. « Ange ou Démon, en référence au pinot noir, un cépage difficile, est un clin d’œil à mon fils, et Gouttes d’O, réalisé avec nos chardonnays les plus sableux, s’adresse à ma fille Ophélie… ». Envie de goûter les vins de Bousval ? La distribution en grande surface n’intéresse pas Michel Verhaeghe de Naeyer – voilà qui est clair. Ses flacons se vendent au Domaine évidemment, chez Rob et chez quelques cavistes triés sur le volet dont Leloup & Fils à Bousval.
Toit + Nous + tous ceux qui le veulent. Une affaire de famille belge à la sauce sarde
Toit + Nous + tous ceux qui le veulent. Une affaire de famille belge à la sauce sarde
Mots : Marina Laurent
Photos : Sébastien Bolle
Les dîners les plus inoubliables sont souvent les plus inattendus. Niché au sommet du showroom de la société de châssis Boulemberg et du tout nouvel espace de coworking Nous, le restaurant-rooftop Toit ne désemplit pas… et on comprend pourquoi.
Mais qu’est-ce qui se trame au numéro 481 de la chaussée de Tubize ? Cette question a interpellé les Brainois pendant près de deux ans. Il faut dire que la fabrique de châssis Boulemberg est bien connue des riverains. Établie depuis 1898, cette société familiale est, en quelque sorte, une institution de la région. Aujourd’hui, le chantier a laissé place à un curieux édifice en verre… « Mon papa (NDLR : le patron de la société belge de châssis Boulemberg) voulait donner une valeur ajoutée à notre nouveau showroom. À l’époque, je travaillais pour une strat-up , la Brasserie Lion. Ils avaient improvisé un bureau chez leurs parents afin de faire des économies et cherchaient un endroit où il pourraient travailler au calme. C’est ainsi que j’ai eu l’idée de créer un espace de coworking qui serait situé juste au-dessus du showroom. », explique Victoria Boulemberg qui gère le projet. Situé en périphérie de la ville, Nous est un parfait compromis entre le confort urbain et le calme champêtre. On pourrait croire que la déco du coworking se ferait voler la vedette par le charme des environs – les grandes baies vitrées du bâtiment offrant une vue imprenable sur des prairies où broutent paisiblement les chevaux des manèges voisins – mais il n’en est rien. De beaux meubles en bois, des coussins colorés, des tapis ethniques et une touche de cannage, l’intérieur se veut chaleureux et pile dans l’air du temps. L’espace dispose de tout ce dont vous avez besoin pour travailler, de la cuisine parfaitement équipée aux salles de réunion en passant par des douches et des bureaux privatifs.
Après l’effort, le réconfort
Gourmands, poursuivez votre ascension car au dernier étage du bâtiment Boulemberg, se trouve Toit, un restaurant rooftop accessible à tous les visiteurs. « Mon père tenait vraiment à ce projet car il a toujours éprouvé un certain attrait pour la restauration et le plaisir de bien manger », poursuit Victoria en nous faisant visiter les lieux. À l’instar de Nous, Toit possède une déco contemporaine et raffinée élaborée principalement à partir de matériaux naturels. « Le bois utilisé pour fabriquer les châssis Boulemberg provient de forêts européennes durables. Nous avons recyclé le bois non utilisé pour confectionner le mobilier et construire la terrasse. Nous voulions prolonger la philosophie durable de notre société de châssis au restaurant et au coworking » explique Victoria.
Dans l’assiette, on retrouve des spécialités sardes, une cuisine que l’on croise malheureusement rarement en Belgique. « Lors d’un voyage en Sardaigne, nous avons eu un coup de cœur pour la gastronomie locale. Pour proposer des mets authentiques, nous avons fait appel à des chefs sardes afin qu’ils transmettent leur savoir-faire à notre équipe », assure le papa. Simple mais riche en saveur, cette cuisine fait la part belle aux poissons et aux cultures agricoles présentes sur l’île comme les agrumes, les olives ou encore les tomates. À la carte de Toit, qui change toutes les 6 semaines, on retrouve des spécialités de la région comme la fregola une sorte de pâte de blé dur et la grigliata mista di pesce, une assiette de poissons et crustacés grillés, le plat préféré du père Boulemberg. Le chef régale également les amateurs de viande avec des canettes de Barbarie et de belles pièces de bœuf. De l’entrée au dessert, les assiettes sont dressées avec élégance et accompagnées de pain carasau, une fine galette croustillante dont les Sardes raffolent. « L’année prochaine, nous organiserons aussi des afterwork afin de profiter de note belle terrasse », ajoute Victoria qui ne manque décidément pas de bonnes idées. Pour les gourmets qui souhaiteraient se délecter de la cuisine fine, savoureuse et authentique de Toit, armez-vous de patience, le resto-rooftop semble déjà compter parmi les hotspots favoris de la région et la salle est bondée du midi au soir !
481 Chaussée de Tubize,
1420 Braine L’Alleud
https://toit-restaurant.be
https://www.nouscoworking.be
www.boulemberg.be
Nos plus belles TERRASSES gourmandes
Nos plus belles terrasses gourmandes
Mots : Servane Calmant
Bruncher, luncher ou dîner en terrasse, en écoutant chanter les oiseaux ? L’une des activités principales de notre été ! Terrasses des villes ou des champs, braquées sur un étang, un bois, une piscine ou des vignes, brandissant une offre gastronomique ou bistronomique, situées à Bruxelles ou en Wallonie, …
il y en a pour tous les goûts et tous les budgets !
Du côté de la Forêt de Soignes
Réserver chez Pascal Devalkeneer, c’est l’assurance, en toute saison, d’un diner placé sous le signe de l’élégance et de la volupté. Mais profiter, un soir d’été, de la terrasse du Chalet de la Forêt et de son potager pour une balade digestive, c’est la promesse d’un moment d’exception. Mieux : c’est épouser la philosophie du chef, lui qui prend plaisir à marcher dans les bois, lui qui n’est jamais aussi heureux que seul au milieu d’une rivière… La terrasse du Chalet de la Forêt, havre de paix envoûté par la nature généreuse de la forêt de Soignes, résonne comme un hymne à la quiétude, aux portes de la capitale.
A l’instar du Dôme, centre de bien-être qui fédère plusieurs « thérapies » de la tête, des émotions, de l’énergie, le Restodôme développe une même approche holistique qui considère l’homme dans sa globalité. La cuisine saine, en mode partage, d’inspiration locale, résolument tournée vers la nature et les saisons, se devait donc d’avoir un cadre enchanteur… Promesse tenue, avec une grande terrasse élégante, bordée d’herbes aromatiques, qui invite à vivre en symbiose avec la Forêt de Soignes. Décélération garantie.
Du côté de Saint-Gilles
DJO, c’est une demeure de charme où il fait bon s’attabler, un bistro-bar tendance où les plats se partagent, une ardoise qui suggère une savoureuse cuisine belgo-française qui évolue au fil des saisons. C’est encore des planches de salaisons et de fromages où les petits producteurs sont à l’honneur, et qui sont servies hors des heures de repas. C’est surtout un repaire estival incontournable, doté d’une adorable terrasse de ville, à l’écart du bruit. Décidemment, DJO a tout pour plaire…
Du côté de la place Brugmann, à Ixelles
A deux pas de la place Brugmann, l’Intemporelle a de quoi ravir les palais. Jamil Daghrir est architecte de formation, il est devenu chef par passion. Chez lui, on savoure une cuisine généreuse aux parfums méditerranéens (le tajine de poisson y est excellent), le sourire et la gentillesse du maître des lieux, en sus ! Aux beaux jours, sa jolie terrasse fleurie trône, telle une oasis, sur une des plus belles avenues de la capitale. Forcément, vous risquez de nous y trouver cet été !
Avenue Louis Lepoutre 114, Ixelles
Du côté de la place Brugmann, à Forest
A un jet de pierres de l’avenue Molière et de la place Brugmann, une demeure de maître exceptionnelle construite en 1899 s’est offert un élégant relooking à la parisienne. Le chef Matthias Van Eenoo y orchestre une cuisine gastronomique moderne. Son tatin de foie gras à se damner se déguste en terrasse, avec ouverture sur le parc de l’Abbé Froidure. En journée, la lumière naturelle s’invite dans les moindres recoins du resto. A la nuit tombée, la lumière des photophores vibre sur les nappages immaculés et la fontaine se reflète dans le feuillage des arbres. Il y a de la magie dans l’air !
Du côté du Bois de la Cambre, à Bruxelles
Un café-restaurant près du lac du Bois de la Cambre, au coeur d’une magnifique zone naturelle protégée. Mieux : un lieu de vie à l’esprit familial. Hors drache nationale, on vient ici après une longue promenade au bois pour se sustenter entre amis ou en famille. L’équipe du Kiosque favorise au maximum le circuit court et invite à partager de belles planches gourmandes et des petits plats sans chichis servis avec amour (vitello tonnato, ribs à l’asiatique, etc.) Une halte ressourçante en diable.
A l’orée du bois de la Cambre, juste devant le Théâtre de poche, une belle façade anglo-normande met en avant ses nombreux atouts : vaste parking (à Bruxelles, c’est une aubaine !), tea-room, brasserie, écailler, et une terrasse de 300 couverts quand même, avec vue imprenable sur le bois ! Le chef Adrien Schurgers fait la part belle au répertoire de brasserie, tout en proposant des suggestions affriolantes à travers lesquelles on retrouve son parcours chez Bruneau. L’endroit idéal pour se gorger de soleil, s’offrir six huitres, un bon flacon choisi parmi 140 références, et beaucoup de plaisir.
Du côté de Watermael-Boitsfort
Nous sommes rue des Pêcheries, une voie qui doit historiquement son nom aux étangs de Watermael- Boitsfort. C’est ici au numéro 2, que se dresse The Lodge, une brasserie nichée dans un nid de verdure, qui propose une cuisine belgo-française bien rodée, tout en s’autorisant, ça et là, des influences italiennes et asiatiques (les sushis notamment, y ont la cote). Point d’orgue du Lodge, trois terrasses sur trois niveaux: bar-club, resto, et l’une, notre préférée, carrément suspendue au-dessus de l’étang, qui confère au lieu un cachet délicieusement exotique. Pas besoin d’aller très loin, pour s’évader !
Du côté de Kraainem
Un ancien presbytère du 17e siècle au charme fouuuu, blotti au cœur du Parc Jourdain, juste à côté du Kasteel, le « Hof te Crainhem » qui est d’ailleurs à l’origine de la naissance de Kraainem. Ok, on referme la parenthèse historique ! On vient chez Maxime Colin parce que le chef sait recevoir, que son savoir-faire est indéniable, que son blanc-manger d’œuf, cappuccino de truffes, mouillette au foie gras, est tout bonnement divin et que sa terrasse bordée par un étang naturel s’avère délicieusement champêtre. Un refuge hors du temps, que l’on quitte toujours à regret…
Du côté de La Hulpe
A quelques encablures de l’entrée du château de La Hulpe, Ernest fait salle comble depuis sa récente ouverture. Et pour cause : son burger met tout le monde d’accord et son généreux brunch dominical séduit plus d’une famille. Mais l’été, c’est sa terrasse qui risque bien d’être prise d’assaut ! Jeremy Nobels a des idées à revendre : formule BBQ Teppanyaki où chacun fait cuir sa viande, afterwork, bar truck, sharing food, Dj set, et panier pique-nique en mode brunch (avec champagne) ou en mode apéro à commander avant de faire un saut au parc du château ! Même les mômes en redemandent : la terrasse d’Ernest s’est en effet dotée d’une adorable petite plaine de jeux qui donne presque envie de retomber en enfance…
Du côté de Renipont
On y fait de joyeux plongeons depuis 1937 ! Renipont-Plage, sa guinguette gourmande, sa terrasse qui surplombe une piscine naturelle à ciel ouvert, c’est notre QG ! Que de temps passé à y faire trempette, bronzette, ou à regarder nager les carpes en sirotant une Lutgarde. La terrasse les pieds dans l’eau, le café matinal, le croustillant poulet frites, la tarte Tatin de 15 heures, les soirées arrosées qui ne finissent plus… Bucolique, conviviale, joviale, la Guinguette de Renipont-plage a, toute l’année, un air de vacances…
Du côté de Chaumont-Gistoux
Dans sa pimpante maison située en pleine campagne brabançonne, le chef Denis Roberi (The Cube, Tram Expérience) a dressé quelques tables en face de la cuisine ouverte, où il officie du jeudi au samedi soir. Au menu : des produits de saison, de préférence locaux, qui proviennent des fermes et artisans de Grez-Doiceau. Côté vins, place aux petits vignerons qui cultivent en biodynamie. Accueillis par son épouse Corinne, les invités savourent l’apéritif au bord de la piscine à l’ombre d’une tente berbère !
Du côté de Braine-l’Alleud
On prend de la hauteur ! Direction le toit du nouveau showroom Boulemberg. Victoria Boulemberg (qui gère le coworking du 1e étage) invite à des apéros afterwork sur l’immense terrasse qui jouxte le Toit Restaurant, lequel bénéficie aussi d’une impressionnante terrasse avec vue sur les champs. On vient ici pour déguster une cuisine franco-sarde (une idée de ses parents, des amoureux de la Sardaigne) simple et gorgée de soleil, orchestrée par Bruno Van Der Benner (ex Le Vert d’Eau à Plancenoit). La frégola, les pâtes typiques de l’île, sont notamment au menu. Décor champêtre outdoor, signature Antoine Pinto indoor. New Place to Be.
Du côté de Bioul
Dans ses courbes et sillons, la vallée de la Meuse nous emmène au château de Bioul, à une vingtaine de kilomètres de Namur. « Made with love in Belgium ! » Qu’il est savoureux le vin de Bioul, avec cette belle acidité typique du terroir belge. Du vrai vin du Nord, pas une copie de vin français ! On boit, on boit. Pas uniquement ! La visite du site du château (parcours découverte et dégustation) vaut franchement le coup. On s’installe ensuite sur la terrasse du chai face aux vignes, pour un lunch aux joyeux accents du terroir, arrosé d’une belle cuvée 2019, fraichement labellisée bio. Ah, on l’apprécie la vie de château…
Du côté de Beaumont
Solre-Saint-Géry, un village de 800 âmes, à mi-chemin entre Charleroi et Chimay. Devant, c’est la campagne. Derrière, c’est la campagne. A gauche, à droite, la campagne. Blotti parmi les lierres, le Prieuré étoilé de Vincent Gardinal distille un charme tranquille qu’une élégante terrasse aux allures de palace vient conforter. Menu hommage aux grands chefs et cheffes français qu’il admire ou plat canaille le midi, Vincent Gardinal continue à allier élégance et gourmandise. Le restaurant s’accompagne d’une hostellerie de charme…
Château Favori, en total accord avec Dame Nature
Château Favori, en total accord avec Dame Nature
Mots : Servane Calmant
Photos : Nicolas Facenda - Noir de vigne
Avant, il avait une star-up ; aujourd’hui, il est propriétaire d’un vignoble au cœur de la Provence verte. Thierry Pierson aime la terre et la fête. Il nous en parle, une après-midi de juin, en mode dégustation du rosé maison, le bien nommé Château Favori…
Thierry Pierson nous reçoit dans son domaine verdoyant… à Maransart. Sa start-up, il l’a revendue, ce qui lui a permis de changer radicalement de vie et de lancer un projet plus en phase avec ses convictions… Une success-story belge comme on les aime, d’autant que notre compatriote n’est pas né de parents particulièrement riches ; le travail, il sait ce que c’est ! Ses grands-parents et oncles, des fermiers ardennais, lui ont insufflé l’ardeur à la tâche et l’amour de la terre. « Oui, oui, j’ai un côté paysan », s’amuse-t-il à préciser. Festif aussi ! Sens de la fête qu’il a exalté avec des amis en ouvrant, dans le quartier du Sablon, Jalousy, un club privé pour les noctambules, et Vertigo, à destination des beformers, dont la gestion incombe désormais à Tristan, son fils, qui l’a également rejoint dans l’aventure Favori…
Terre, vin, fête. Quand, il y a trois ans, Thierry entrevoit la possibilité de racheter un domaine provençal, dans cette magnifique région où il faisait du camping avec ses parents, c’est donc tout naturellement qu’il en tombe sous le charme ! Imaginez un petit paradis de 45 hectares de vignes à 200 mètres d’altitude, un sol argilo-calcaire idéal pour les vignes, pas de voisin… Heu, 45 hectares de vignes ? Mais c’est un vaste domaine !
Un entrepreneur naturophile…
Qui dit Provence, dit rosé ! Un marché du rosé qui continue d’ailleurs à progresser, dopé par Minuty, l’irréprochable pionnier, ou encore Miraval, le rosé superstar de Brad Pitt et Angelina Jolie… L’été, Thierry Pierson aime un bon rosé, et c’est en homme déterminé qu’il compte inscrire Château Favori dans une tradition d’excellence. Mais pas seulement ! « Je souhaitais acheter un vaste domaine où produire, à terme, des bouteilles par milliers, tout en pratiquant une culture raisonnée, dans le respect de la nature. Quand on regarde ce que les hommes font de la terre, il y a souvent de quoi désespérer ! L’agriculture conventionnelle est devenue un agrobusiness prédateur qui détruit toute forme de vie dans le sol, en rompant l’équilibre entre la matière minérale et la matière organique. Avec mon associé et mon fils Tristan, on pro- meut une agriculture raisonnée. Derrière le domaine Favori, il y a un vrai projet de revitalisation du sol, une vraie philosophie de vie en harmonie avec la nature… »
Pour ce faire, l’entrepreneur naturophile a engagé comme consultants les époux Bourguignon. Trente ans que Claude et Lydia sont devenus les spécialistes, en France et dans le monde, de la revitalisation du sol, en défendant une agriculture sans engrais, sans pesticides. Sans aucun labour aussi qui épuise les sols, qui deviennent alors de plus en plus durs, de moins en moins fertiles… « Quand l’équilibre est rompu, l’eau ne pénètre plus le sol, elle lave toute la bonne terre !», s’insurge Thierry. « J’ai racheté le domaine à des Hollandais, il y a trois ans et, depuis, on vendange la nuit par économie d’énergie ! »
Pour les vins rosés, les raisins ont en effet besoin d’être frais pour entamer le processus de transformation… « On pourrait évidemment les refroidir au chai, mais ce serait une dépense d’énergie inutile. De même, on a d’emblée stoppé l’usage de tout produit chimique. On produit donc du bio, mais ça ne me suffit pas : demain, j’aimerais prouver que, même à grande échelle, on peut rationaliser l’usage de l’eau en collectant l’eau de pluie et en irriguant avec parcimonie. Si, dans un futur proche, les 45 hectares du Domaine Favori produisent 300 000 bouteilles en respectant le sol, la nature, sans gaspiller l’eau et l’énergie, alors j’aurai tenu un discours cohérent. C’est mon but ! »
Dégustation
Première cuvée ? 2019.
Cépages ? 70 % grenache, plus syrah et rolle pour la touche florale.
Favori ? Du prénom du lieu où se trouve le vignoble, une terre qui a toujours été favorable à l’agriculture…
Marketing élégant, regardez l’étiquette qui reflète la parfaite symbiose du domaine avec Dame Nature. Thierry Pierson ne laisse rien au hasard !
Où le déguster ? Notamment au Jalousy et au Vertigo. Où l’acheter ? Notamment chez Pot de vin à Lasne, Wine Square à Rhode-Saint-Genèse, Vinalgros à Auderghem. En ligne ? Plugwine,…
« Aurum » by Gary Kirchens De l’or pour un château
« Aurum » by Gary Kirchens De l’or pour un château
Mots : Yves Merens
On le voit de loin, ce château de Ordingen. Ses tours et tourelles se dressent fièrement au milieu de la campagne limbourgeoise, entre champs et vergers. Découverte d’un écrin promis au jeune et brillant chef Gary Kirchens.
En cette chaude journée de juin, le pont-levis de ce majestueux ensemble enjambe les douves qui rafraîchissent l’atmosphère. Quelques koï s’ébattent langoureusement à nos pieds. C’est ça l’histoire de ce château, faite de patience et de modernité à la fois. Ces douves n’ont évidemment pas toujours été un aquarium à carpes- ornementales. Elles furent jadis comblées par les précieux gravats de marbre du château. Occupé par les nazis, celui-ci fut quasiment détruit par les bombardements alliés avant d’être rachetés à la fin du siècle dernier par la famille Sleurs qui y investit 20 ans de passion pour terminer cette somptueuse restauration.
La demeure de 34 chambres quatre étoiles a su garder son allure médiévale avec une touche de modernité, sous l’œil d’un Charlemagne en pierre surveillant la cour. On croirait presque repartir en 1040, date du début de la construction, sauf que tout ici est neuf et… doré.
Dans les salles à manger, les moulures et leurs feuilles d’or mettent en évidence certaines œuvres un brin moqueuses : un de Wever et son heaume côtoie un di Rupo très gladiateur… Rigolo.
Ce mélange historique suranné « refait » mais très actuel, aux couleurs foncées, fonctionne bien finalement, entre lustre en cristal et boiseries d’époque, sûrement récupérées dans les douves…
En tout cas, le « Kasteel van Ordingen », très récemment ouvert, est une excellente adresse. Et sa table risque bien de devenir un lieu incontournable. Le restaurant « Aurum » by Gary Kirchens brille déjà de beaucoup d’éclats d’« Or » : du latin « Aurum metallicum » ! « Normal pour le château de « OR-dingen » nous glisse, malicieux, le patron des lieux. »
D’ailleurs, la chevelure blonde du chef Kirchens est en harmonie avec ce métal précieux.
Une grande table, déjà !
Il faut dire que le jeune chef Gary Kirchens sait y faire. Son parcours est déjà singulier et émaillé de bien belles étapes, du haut de ses 32 ans.
Tout commence à Eupen, « à 45 minutes d’ici », dit-il. Il a travaillé dur pendant deux ans d’apprentissage dans sa région avant de s’envoler pour le sud de la France, à 19 ans. A l’Oustau de Baumanière des Baux-de-Provence, il plonge déjà dans les étoiles (3 !) pour mieux rejoindre, pendant les hivers, le chef Pierre Gagnaire aux Airelles à Courchevel. Pas si vite fait mais très bien fait, le voilà second au Strato de Sylvestre Wahid. Et la passion le gagne de plus en plus. On le retrouve au Cinq, le restaurant du Georges V à Paris aux côtés d’Eric Briffard puis de Christian Le Squer. Rien que ça ! Allez, terminons ce CV enjôleur avec son passage remarqué comme chef à la Villa Lorraine bruxelloise.
Ok pour le niveau, on est au sommet ! Il y a ce qu’il faut pour que Gary vole de ses propres ailes sous les ors du Kasteel van Ordingen.
Du neuf qui respecte l’histoire
Sa cuisine est un savant mélange de tradition et de modernisme. Gary base ses plats sur le respect des traditions mais arrive à créer du neuf, de l’excellent pour donner sa touche contemporaine à l’assiette. Moderne et traditionnel, en harmonie avec le château. Deux coups de cœur se dégagent en plat : son homard, sucrine et ceviche est littéralement transcendé par sa vinaigrette de framboise au café ! Et son rouget au kumquat et fenouil servi avec sa véritable bouillabaisse nous envoie inévitablement sur le quai des Belges à Marseille.
Cette cuisine inventive, bien soulignée par une cave à vins elle aussi originale et de caractère, fait la part belle au Sud que Gary connait si bien. « Je travaille avec les saisons. L’été est propice aux ingrédients acidulés », pétille-t-il. Certaines recettes font entendre les cigales, comme son agneau caviar d’aubergine et bayaldi, ce gratin de légumes provençaux, de toute beauté. « J’adore la cuisine avec beaucoup de goût. J’adore les produits du Sud mais je voudrais aussi travailler avec ce qu’il y a autour du château. C’est une région de fruits, de vergers. Mon objectif est de cuisiner grâce aux producteurs locaux. Je vais aussi planter un potager derrière le château, » prévoit-il. Rendez-vous en automne pour le menu suivant.
Intelligent et passionné, Gary Kirchens fait plus que partager la destinée du Kasteel van Ordingen. Il risque fort de l’emmener vers de belles récompenses. C’est tout le bien qu’on lui souhaite.
Il était une fois quatre passionnés de spiritueux …
Il était une fois quatre passionnés de spiritueux …
Mots : Servane Calmant
Au départ, une amitié professionnelle et un amour commun pour les spiritueux et le travail bien fait. Au fil de l’aventure, la production d’un gin premium à base de litchi, distillé en Belgique et 100% biologique et – attention, nouveauté ! – d’un rhum bio distillé au Paraguay. Pourquoi inclure un fruit tropical de couleur rose dans une recette de gin ? Comment ont-ils lancé leur petite entreprise ? Le bio, ils le défendent ! Ont-ils réussi à séduire au-delà de la Belgique ? Quand il est question de leur passion, Jérémy Chauvaux, Sonny Mortiaux, Corentin Janssens et Jonathan Blanchart sont tout bonnement intarissables …
La Belgique compte quelque 200 marques de gin produites sur ses terres. C’est que ce bon breuvage à base de baies de genévrier est bel et bien originaire de chez nous, enfin des anciens Pays-Bas qui incluait l’actuelle Belgique à l’exception des cantons de l’Est et de la province de Luxembourg. La parenthèse historique refermée, tout le monde aura saisi l’essentiel : le Belge a toujours aimé le gin. Et Jérémy, Sonny, Corentin et Jonathan sont bel et bien belges.
Un beau jour de 2016, les quatre amis décident de faire leur propre gin avec un alambic de moins de 30 litres. Et d’y ajouter du litchi. Du litchi ? Pour apaiser la fièvre du gin qui s’est emparée des consommateurs belges, il faut arriver à les séduire en se démarquant des autres flacons sur un marché très concurrentiel ! Les quatre jeunes entrepreneurs qui travaillent dans le secteur horeca sont formels : s’il existe du jus et de la liqueur de litchi, il n’y a pas (encore) d’alcool fort à base de litchi, dans nos bars. Cette piste, ils vont l’exploiter pour devenir les premiers au monde à intégrer le litchi dans une recette de gin.
Le quatuor d’amis se met alors à tester les ingrédients à macérer, en fonction, eh oui !, du temps de macération propre à chaque baie, à chaque plante, à chaque fruit… Plusieurs ingrédients composent en effet leur gin : la cerise, l’écorce d’orange, le basilic, le romarin, la badiane, les baies de genièvre, le litchi donc, et l’eau des Hautes Fagnes, « la plus pure d’Europe », nous souffle Sonny.
La production, incontestablement artisanale, est alors confidentielle, pour une consommation personnelle élargie aux potes. Après moins de 8 mois de recherche, de développement et de dégustation, les jeunes entrepreneurs décident de mettre le turbo, créent une petite entreprise, Gin Production, qu’ils vont financer par fonds propres et s’en vont chercher une distillerie qui correspond au cahier de charges qu’ils se sont fixés, à savoir : garantir au client un produit de qualité, qui sera certifié 100% bio par Certisys. C’est Radermacher, distillerie basée en région liégeoise, qui va stabiliser la recette de Jérémy, Sonny, Corentin et Jonathan, et produire un gin made in Belgium 100% bio à base donc, de sept plantes, racines et fruits différents, dont le litchi.
L’affaire décolle, dans l’euphorie des premiers démarchages et des premiers contrats. Gin Production tourne à présent à plein régime, les associés quittent leur travail respectif pour s’investir à plein temps dans leur propre entreprise : trouver le visuel (le panda, summum de mignonitude), chercher de nouveaux points de vente, développer la comm’, gérer les réseaux sociaux, s’occuper de la compta. Bilan 2020 : 30.000 bouteilles produites et un gin qui s’exporte notamment au Grand-Duché de Luxembourg, en Allemagne, en Estonie, et aussi au Japon. Chapeau.
La belle aventure aurait pu s’arrêter là… C’est sans compter la passion des spiritueux qui anime les quatre complices. Leur société s’élargit alors à la production de… tous les spiritueux premium, pour peu qu’ils soient 100% bio. Développé il y a 3 ans par la même bande, un Gran Chaco Ron est disponible depuis peu en Belgique chez les meilleurs cavistes. Puristes dans l’âme, les quatre entrepreneurs l’ont voulu 100% bio. Et comme la canne à sucre ne pousse pas en Belgique, ils se sont rendus au Paraguay et ont trouvé un producteur de canne à sucre bio…
Le retour des beaux jours qui signe celui des cocktails en terrasse, devrait apporter au Gran Chaco, une belle visibilité, et conforter celle de Panda Gin. Quant à Jérémy Chauvaux, Sonny Mortiaux, Corentin Janssens et Jonathan Blanchart, ils savourent leur réussite, née d’une vraie alchimie entre eux, de compétences complémentaires, d’une volonté partagée d’inscrire leurs spiritueux dans l’excellence et dans le 100 % bio, et d’un carnet de commandes désormais bien rempli…