FILLES À PAPA - Quand l’audace sublime le style
FILLES À PAPA
Quand l’audace sublime le style
Mots : Barbara Wesoly
Photos : DR
C’est une success story belge qui s’est construite loin des sentiers battus et des lieux communs de la mode. Celle de Carol et Sarah Piron, les sœurs derrière le label FILLES À PAPA, dont l’atypisme créatif, le vestiaire sublimement décalé et l’alliage contrastant de streetwear et luxe, sont la signature depuis 12 ans.
En un peu plus d’une décennie, leur nom s’est imposé comme une référence, dans notre pays comme à l’international. Leur style également. Décomplexé et éclectique autant qu’il est flamboyant, pointu et féminin. De FILLES À PAPA lancé en 2009 à F.A.P, transformation opérée en 2020, symbolique de l’évolution du label après dix ans d’activité, en passant par TOMBOY, seconde ligne axée sur des basiques revisités, Carol et Sarah Piron dessinent à quatre mains l’histoire de cette griffe phénomène, superbement impertinente et libre.
Avec quelles influences mode avez-vous grandi ? « Nous sommes des filles des années 2000 et cette période nous a toujours inspiré : les tracksuits, les crop top, les jeans ultra taille basse et le grunge avec les chemises en flanelle à carreaux, les mailles oversized ou encore les varsity jackets… toutes ces pièces qui font partie de notre vestiaire. C’est sans nostalgie qu’on appréhende et traduit cette période néo 90’s à travers des hybridations de styles. En parallèle, on a grandi avec les ouvriers de notre père, les camions, dans le zoning industriel près de Liège. Puis été élevées à la sauce artistique liégeoise… les party harders, le graffiti, les Big Girls Don’t Cry (crew de filles indépendantes qui n’ont pas besoin de l’aval de leurs grands frères). On finit alors par imaginer la mode qui nous manque, reflet de notre vie de jeunes adultes et des rencontres fortuites ou organisées qui font nos jours et nos nuits. L’hyper réalisme de la rue, l’énergie du clubbing, le mix parfois improbable de la littérature et du hard rock, comme une route aux multiples embranchements, comme un paysage aux multiples chaos. »
De là est né le désir de créer votre propre label ? « A la fin de nos études respectives (Sarah en stylisme et Carol en art graphique, nous avions envie de nous lancer dans un projet en commun, un projet de sœurs… l’Aventure FÀP s’est créée intuitivement, comme une évidence. Nous revenions d’une année passée aux États-Unis. C’était l’époque où les « filles de» monopolisaient les tabloïds avec leurs sorties mondaines et leurs écarts de conduite. « « FILLES À PAPA » fait référence aux jeunes filles de bonne famille. Or, au travers de nos créations et de notre image, notre désir est de bousculer la bienséance de ce nom. ». En 2020, FILLES À PAPA a fêté ses 10 ans. La marque a évolué et nous avons symbolisé ce changement en transformant FILLES À PAPA en F À P, plus direct, plus minimaliste mais aussi plus elliptique. »
Comment fonctionne concrètement votre duo ? « Pour tout ce qui est création, on travaille à quatre mains. On échange sur nos envies, nos inspirations, chacune essaie de convaincre l’autre. C’est un travail à 200% pour chacune de nous. C’est parfois assez explosif, mais on se fait avant tout confiance. Souvent, pas besoin de poser les mots pour se comprendre. Nous sommes en plus complémentaires et travaillons de manière intuitive. FÀP c’est vraiment une histoire qui s’est écrite à deux. L’une sans l’autre, nous n’aurions pas pu en arriver là. »
Le style de FÀP en quelques mots ? « C’est une mode d’attitudes, du streetwear harmonisé sur une vraie base féminine, un côté sexy et je m’en-foutiste complètement assumé. Le label révèle naturellement un esprit outsider. Un style, un humour, une attitude, une manière d’être là où ne vous attend pas. On ne peut pas nier notre amour du paradoxe. On aime jouer sur le mariage des contraires tant au niveau de nos créations qu’à travers notre image. Mixer les ingrédients que tout semble éloigner, pour créer un entre-deux plus nuancés, plus complexe. On passe d’une référence à l’autre, c’est décomplexé. »
Le lancement de TOMBOY était-il l’occasion de vous réinventer une nouvelle fois ? « A l’origine, il s’agissait d’une pièce unique du vestiaire FÀP SS2013 : un t-shirt avec un grand aplat bleu et les lettres rouges TOMBOY en capitales. C’est avec cette saison que notre développement à l’international a explosé et que l’on a vu de nombreuses personnalités comme Rita Ora, Jourdan Dunn, Cara Delavigne etc…. porter ce statement TOMBOY. Des années après, nos clients nous demandaient toujours ce t-shirt TOMBOY. Alors, pour aller plus loin que la simple réédition, nous avons lancé une ligne entière autour de ce message et code typographique. Nous avions envie d’une ligne plus basique, plus « straight to the point », que tout le monde peut s’approprier. »
Vous lanciez FILLES À PAPA en 2010, 12 ans plus tard, quel regard portez-vous sur votre parcours, et sur ce succès belge comme international ? « 12 ans et 28 collections qui se sont enfilées, une aventure intense, haute en couleur, en rencontres, il y a eu de la déception aussi, mais certainement des joies immenses et surprises inconcevables. Et puis, il y a surtout cette force et cette envie de créer qui est là depuis toujours et qui nous unit Sarah et moi. On a appris sur le tas et par la force des choses c’en est devenu notre métier. Oui, le soutien des acheteurs internationaux, de la presse et de certaines personnalités ont permis à FÀP de se développer et d’acquérir une visibilité internationale, mais nous restons avant tout un label indépendant, basé à Liège avec une équipe à taille humaine, respectueux de la création.
Qu’est-ce qui, selon vous, différencie FÀP des autres marques ? « A contrario des propositions trop safe de la plupart des marques, FILLES À PAPA propose un vestiaire à la fois très identifiable et transversal. Une ou deux idées n’ont peut-être pas vu le jour mais en général nous suivons nos envies sans nous poser la question de savoir si nos collections vont être too much ou pas. FÀP c’est pour des femmes qui aiment la mode et qui osent ! »
Retrouve-t-on aussi une part de « Belgitude » dans vos créations ? « Peut-être que cette note d’humour belge et le second degré que l’on retrouve à travers nos créations renvoient à la notion de Belgitude et très certainement au cynisme de notre époque. Une influence liégeoise en tout cas, clairement. Liège est la ville « off tracks » par excellence, dans laquelle l’hospitalité et l’humour typique à la Belgique se superposent à une forme de désinvolture créative que l’on retrouve dans notre travail. »
Comment imaginez-vous l’avenir de FILLES À PAPA? « Le label n’a jamais été une marque de mode « normée », préférant transgresser les codes esthétiques, faire jaillir l’inattendu. Être radical et ne rien s’interdire, mélanger les genres, les idées et les arts, décloisonner les idiomes : c’est le fil rouge de FÀP. Dans cette optique, le nouveau format s’affranchit des saisonnalités et propose des collections plus réduites auxquelles viennent se greffer des projets réunissant artistes et créatifs. »
Et si vous ne deviez chacune conserver qu’une pièce du dressing FÀP ? « Il y a tellement de pièces iconiques à travers toutes ces saisons ! Comme des basiques de la garde-robe revisité avec une signature forte… cette dernière saison, ce seraient nos boots cowboy avec une patte retournée et rebrodée du motif western qui nous avons déclinés dans de multiples couleurs et matières pour cet hiver ou encore en denim délavés pour courir les festivals cet été. »
Les mots d’amour de Dazibao
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Les mots d’amour de Dazibao
Mots : Barbara Wesoly
Photos : DR
Célébrer le lien, le cœur qui bat, la naissance d’un enfant ou être le joli rappel d’un évènement marquant. Dazibao a fait de l’amour, la raison d’être de ses bijoux. A l’occasion du lancement de la nouvelle collection baptisée « Moments », Camille Coppens, sa créatrice évoque tout en délicatesse l’essence de la marque belge.
Transmission
« J’ai toujours aimé porter des bijoux. Un lien partagé avec ma mère et ma grand-mère, toutes deux très coquettes également. Mon beau-père travaillant dans le domaine du diamant, j’ai grandi en étant baignée dans ce milieu particulier. Mais je n’avais pas d’attrait particulier pour les parures précieuses, plutôt tendance à m’acheter plein de bijoux fantaisie. Et puis, pour mes seize ans, j’ai reçu un collier, avec un petit diamant. Je le portais sans cesse, le gardais en permanence tout contre ma peau. Et j’ai adoré cette sensation de posséder une superbe pièce, qui conservait toute sa brillance et demeurait magnifique, à l’épreuve du temps. En parallèle, j’ai commencé à aider dans les bureaux de mon beau-père, fascinée par cet univers aux matériaux si précieux. Et plus j’œuvrais dans la société, pénétrant ce monde qui me semblait magique, plus il me devenait accessible et me donnait envie de créer ma propre marque. »
Singularité
« Le domaine du diamant est un monde fermé et intimidant. La compétition y est rude et il est dès lors d’autant plus difficile d’y imposer sa différence. Après avoir rejoint une école de communication à Bruxelles et étudié le management à Barcelone, je me suis formée à la gemmologie. J’ai choisi de me lancer, de prendre le risque, encouragée par la chance inouïe d’avoir une porte d’entrée dans ce secteur où l’on privilégie toujours la transmission familiale et où la réputation est essentielle. Pour me démarquer, j’ai décidé de faire du sur-mesure ma marque de fabrique. Avec pour slogan « You are the designers, we are de crafters » (vous êtes les créateurs, nous sommes les concepteurs ). L’optique étant d’offrir à nos clients de laisser libre cours à leur imaginaire pour concevoir le modèle de leur rêve, à prix abordable et ultra-compétitif, 100% fait maison et fabriqué à Anvers. »
Précieux
« Nous œuvrons uniquement avec du diamant naturel. Il demeure ma pierre de prédilection, ma préférence. De par sa valeur incroyable, son intemporalité et sa capacité à traverser le temps en conservant toute sa beauté. Si la première collection de Dazibao « Oui », n’était centrée qu’autour de lui, aujourd’hui, nous travaillons également avec de magnifiques pierres précieuses et semi-précieuses colorées, comme des tourmalines ou des saphirs aux multiples teintes. C’était l’occasion de proposer d’autant plus de possibilités et d’inspirations à nos clients. »
Intimité
« Ceux qui viennent me voir, le font avec le désir d’offrir ou de s’offrir un cadeau précieux. Et pour moi, le bonheur de les accompagner dans un moment heureux et souvent essentiel de leur existence. De partager cette rencontre autour de la conception d’un bijou. Chaque week-end je reçois d’ailleurs des messages m’annonçant : « Elle a dit oui » ou « Le bébé est né ». Il y a un côté terriblement humain qui me fascine et s’il s’agit d’une bague de fiançailles, je ne manque jamais de questionner sur comment la demande va se réaliser ou ce qui est prévu pour le mariage. Tout comme il m’arrive aussi de soutenir ou de réconforter en cas de refus. C’est mon rôle d’être à l’écoute et complice. C’est toute la beauté du sur-mesure. »
Création
« Certains arrivent à l’atelier avec une idée très précise de ce qu’ils souhaitent, d’autres au contraire, désirent être guidés, épaulés. Lors du premier rendez-vous, je présente toujours une sélection de pierres desserties, pour qu’ils puissent voir leur rendu. Ils peuvent ainsi les observer à la loupe et comprendre les critères qui font varier les prix. Ils choisissent alors la ou les leurs et suivant leurs instructions, je dessine ensuite le modèle. La production elle, dure trois à quatre semaines. Certains clients reviennent plusieurs fois, d’autres se décident directement. Ce sont des bijoux précieux, que l’on va porter toute sa vie. Il est donc d’autant plus essentiel pour moi de les conseiller le temps nécessaire. Dazibao propose aussi des collections déjà prêtes et offre la possibilité de retravailler des pièces existantes, notamment des bijoux de famille. Quel que soit le cas, j’y insuffle une part de mon style, avec des proportions délicates et raffinées, des anneaux fins et des finitions irréprochables. »
Union
« C’est pour moi, une manière de sceller son amour, une déclaration ultime de ses sentiments. J’adore les mariages. Ils me fascinent et m’émerveillent. C’est pourquoi ce gage d’amour était à l’origine de mes premières créations. Mais l’essence de Dazibao s’étend bien au-delà, avec le souhait de rendre le diamant abordable et portable dans la vie de tous les jours. De créer des bijoux qui collent à la peau et au cœur, représentant un évènement heureux ou gravant à tout jamais un moment clé d’une vie. »
Essence
« Je ne voulais pas que mon nom fasse figure de signature. Je lui préférais un mot original, avec sa propre histoire. D’où le choix de Dazibao, qui est le nom chinois donné à une affiche, un journal, rédigé par un simple citoyen, sur un sujet de son choix. Une publication libre, pouvant être conçue par tout à chacun et représentant donc à merveille le concept et l’âme de ma marque. »
Moments
« C’est ainsi qu’est baptisée la nouvelle collection de Dazibao, sortie ce printemps. Elle dépasse le cadre de l’engagement et des fiançailles, pour avec le souhait d’accompagner toutes les occasions. Elle rappelle ces moments charnières, qu’il s’agisse de la naissance d’un enfant, d’un mariage ou de la volonté de s’offrir un cadeau à soi-même pour fêter un cap symbolique. Et l’on continuera à décliner ces « Moments » au fil des saisons, avec à chaque fois cinq nouvelles bagues. Cette première édition se compose de pierres colorées et lumineuses. Comme tous nos bijoux, ils ont des prénoms pour appellations. Ceux de femmes qui m’ont marqué.»
Féminité
« Les bijoux sont pour moi, intrinsèquement liés à l’élégance et à la féminité. Et je suis heureuse de savoir que je contribue à sublimer les autres femmes, à booster leur confiance en elles. En créant leur pièce de rêve, je crée aussi la possibilité de porter un bijou unique. A mes yeux, cela n’a pas de prix. »
Parure
« Ma parure idéale est élégante, toute en simplicité, habillant n’importe quelle tenue tout en racontant une histoire. Mes inspirations, je les puise dans la mode, l’art et tout ce que j’observe autour de moi. Je fonctionne au coup de cœur, mais aussi à l’écoute de mon public. Même si jusqu’ici je travaillais seule, j’imaginais toujours mes designs en pensant à ce qui plairait à mes clients, ce qui les toucherait. Aujourd’hui, après quatre ans de travail acharné et en solitaire, voir Dazibao grandir toujours plus, compter deux nouveaux collaborateurs et arriver bientôt dans un nouveau showroom à Bruxelles est le plus beau des accomplissements. Je rêve désormais d’exporter nos collections. Et aussi de demeurer dans une dynamique familiale en pouvant plus tard, qui sait, voir mes futurs enfants prendre la relève. Et continuer de transmettre cet amour du beau et du précieux. »
Paolina - Cette chemise qui rend chaque femme (encore plus) unique
Paolina
Cette chemise qui rend chaque femme (encore plus) unique
Mots : Servane Calmant
Photos : DR
La créatrice belge Macha Dormal avait déjà trois beaux gamins, alors elle a conçu une fille, Paolina ! C‘est le prénom solaire d’un micro label centré sur la chemise pour femme, métissée de couleurs ensoleillées et de motifs identitaires. Confectionnées en atelier en Belgique, ces pièces élégantes ont le chic de rendre la femme unique. Car si Paolina offre un large choix de motifs imprimés, chaque chemise est produite en petite quantité, 30 voire 60 exemplaires tout au plus, puis numérotée. C’en est fini d’être habillées toutes pareil !
Dans sa vie d’avant, Macha Dormal a fondé avec son mari et son beau-frère, Menssana, une société notamment active dans la livraison de paniers de fruits aux entreprises. Mais en 2020 arrive la Covid ! « Au tout début de la pandémie, j’ai décidé qu’il était temps d’écouter mes envies. La première chemise, je l’ai dessinée sans en parler à mon entourage, même pas à mon mari ! J’étais dans ma bulle. »
On rembobine. Janvier 2020, Macha Dormal dessine donc une première chemise, encouragée par son amie et créatrice Emilie Duchêne. La chanteuse Marie Warnant craque à son tour pour ce nouveau petit label belge à la signature forte, qui sera proposé en exclusivité chez Cachemire Coton Soie à Ixelles. Le succès est fulgurant. Il le sera aussi à Paris. La journaliste française Peggy Frey fait une story Instagram avec une chemise Paolina un dimanche soir et le lundi, Macha reçoit un mail enthousiaste du Bon Marché où la marque est désormais présente. Tout s’emballe.
Qu’est-ce qui fait courir Macha Dormal ? Quand on la questionne sur son inspiration principale, la créatrice replonge dans sa tendre enfance, terre d’insouciance au doux parfum méditerranéen. « Mon grand-père italien avait une maison en Espagne, en Catalogne, où je passais mes vacances. Il n’avait pas de piscine mais avait acheté une vieille barque de pêcheurs avec une coque en bois, qu’il avait baptisée Paulina. A travers mes yeux d’enfant, la mer, le soleil, les criques, toute cette légèreté, c’était le paradis. Ma mère affectionnait des chemises amples qu’elle portait aussi bien par-dessus son maillot, que le soir sur un pantalon… » De tous ces fabuleux souvenirs est née Paolina, une collection à taille unique qui insuffle aux femmes une certaine forme de liberté. « Je veux que chaque fille, femme, mère, mince ou plus forte, puisse s’approprier mes chemises. Le près du corps, ce n’est pas pour moi ! Une mode plus ample, plus fluide, est nettement plus classe. »
En tant que créatrice qui encense une mode consciencieuse et engagée, une mode qui a du sens, Macha Dormal a décidé de promouvoir le local et l’économie circulaire. A contrario des collections pléthoriques de nombreuses marques, elle privilégie un modèle de base qu’elle fait évoluer en fonction des saisons et de ses envies. Chaque chemise confectionnée avec un grand soin apporté aux finitions, dans un petit atelier de couture basé en Belgique, est produite à 60 exemplaires tout au plus, et ensuite numérotée ! Par ailleurs, si Macha Dormal achète certains de ses tissus chez des grossistes, elle privilégie surtout les fins de série voire ses propres chutes de tissus. Des chutes de tissus nobles qui ont notamment servi à la confection de trousses de toilette personnalisables, en collaboration avec la marque belge de soins botaniques Delbôve (la période de précommande est aujourd’hui clôturée). Et si Macha continue à décliner son modèle de base, elle réfléchit déjà à développer un autre type de chemise (deviendra-t-elle un jour la reine belge de la chemise ?) et poursuit également ses collabs, notamment avec la marque Thelma & Leah, pour des pyjamas relevés de touches délicatement féminines, l’ADN de Paolina. Aventure à suivre…
Le bon conseil de Macha Dormal
Mes pièces sont délicates – regardez toutes ces petites perles le long du col – et demandent d’être bichonnées. Je vous conseille donc de les laver à la main ou en machine à 20° C max et de les sécher à l’air libre.
Les points de vente de Paolina
Le Bon Marché et By Marie à Paris
Les hôtels de luxe Airelles Collection à Courchevel, Gordes et Saint-Tropez
L’e-shop Paolina
Karolin Van Loon - Précieuse Nature
Karolin Van Loon
Précieuse Nature
Mots : Barbara Wesoly
Photos : Britt Guns et Eline Verbeke
D’un écrin rocheux volcanique, la créatrice belge Karolin Van Loon extrait pierres et cristaux aux teintes irréelles, pour les entourer d’une enveloppe précieuse. De cette union naissent des bijoux solaires, hommages à la nature et à sa beauté aussi brute que fragile.
Elles semblent s’être constituées aux confins de l’univers tant leur profondeur rappelle celle d’un ciel à l’infinité étoilée. C’est pourtant au cœur de cavités rocheuses et magmatiques, profondément enfouies, que se forment les géodes qui composent les créations de Karolin Van Loon. Des minéraux cristallins, dont on peine à croire que la délicatesse représente ce que la terre possède de plus brut. Dépôts de quartz ou de calcite aux allures trésors. Un contraste qui nourrit la passion de la créatrice anversoise, fascinée par l’aura de ces pierres semi-précieuses, qu’il faut ouvrir pour découvrir toute la beauté qu’elles recèlent « Les géodes ont des milliers d’années. Elles naissent dans la lave et se révèlent, uniques, non traitées, non coupées, aussi sauvages et abruptes que la nature peut l’être. Aucune autre pierre n’est similaire ni ne possède la même énergie. Enfant déjà, j’étais subjuguée par les couleurs, les textures et les formes. J’entrevoyais de magnifiques connexions partout. Mais ma passion pour l’univers et les pierres n’a fait que croître lorsqu’en visitant une foire, j’ai découvert que je pouvais concevoir des bijoux à partir de ces matériaux bruts, notamment les géodes agates. »
L’éclat des dissemblances
C’est il y a huit ans, après la naissance de son troisième enfant et au sortir de 15 ans en tant qu’architecte d’intérieur que Karolin Van Loon a senti le besoin de se réinventer et de renouer avec la nature, avec laquelle elle ressentait une profonde résonnance. De laisser parler son intuition aussi, cet instinct qu’elle considère comme part essentielle de son processus créatif. « La terre nous offre sans cesse de nouvelles palettes de couleurs et de formes et pour créer, je m’abandonne totalement à la nature. Et à ces anciennes pierres extraites des mines, des pierres étranges et oubliées qui me plaisent tout particulièrement pour ces caractéristiques ». Des joyaux bruts qui se mêlent aux perles, des cristaux qui s’associent aux diamants, les uns révélant les autres, par l’éclat de leurs dissemblances . « Je vois un contraste dans mes pièces qui ressemble à l’identité de toute femme. Solide et puissante, mais aussi délicate » explique-t-elle.
Tomber amoureux
Des contrastes que cultive la créatrice avec des bagues, bracelets et pendentifs, à l’élégance atypique. Des talismans dont l’essence se cristallise dans l’émotion, indissociable de leur conception. « Je sens que mes pierres me donnent de la joie, de l’énergie. Et c’est leur but. Il faut chercher la pierre dont on tombe amoureux. Celle qu’on aimera si fort, si éperdument qu’on souhaitera l’acheter pour soi ou pour l’offrir à une personne chère. Imaginez un rayon de soleil, qui démarre comme une légère piqûre et se dilate lentement, jusqu’à devenir une lueur dorée qui vous engloutit, vous englobe totalement. C’est cette sensation de chaleur profonde que je souhaite que vous ressentiez pour un bijou. »
Esthétique multiple
Et si, pour Karolin Van Loon, la beauté est avant tout question « d’authenticité, d’être fidèle à soi-même, de puiser l’inspiration dans ceux qui gravitent autour de nous, de rester naturel et d’être heureux », elle fait rayonner cette définition au-delà de de la joaillerie, notamment avec une collection de vingt-quatre vernis à ongles vegan, baptisée « Les Couleurs de la Terre », s’associant à merveille à ses créations. Et tout prochainement avec le lancement de « La pochette », tout à la fois pochette de voyage, sac à emporter en soirée et écrin à bijoux. « J’adore créer des styles différents, des objets et des accessoires. » Et ainsi cultiver toutes les facettes d’une esthétique toujours raffinée mais aussi toujours à échelle humaine. Tout comme les cristaux employés par Karolin sont des accidents de la nature touchant au sublime, rares et singuliers, ses bijoux sont réalisés à petite échelle et avec savoir-faire par un atelier anversois, tandis qu’elle en suit chaque étape de fabrication. Un processus lui aussi précieux, hommage supplémentaire à l’ingéniosité et au maestria inégalables de la nature.
Les jolis jours de Mardi Editions
Les jolis jours de Mardi Editions
Mots : Barbara Wesoly
Photos : DR
Mêler intimement style et durabilité, tel était le souhait de Marie Smits en créant Mardi Editions en 2020, marque de prêt-à porter redonnant à l’élégance intemporelle ses lettres de noblesse mode. Deux ans plus tard, la griffe belge sort sa nouvelle capsule, La French Riviera, dont le nom s’accorde à merveille à ses créations solaires.
Après trois années et demie de collaboration, vous avez quitté la marque de maroquinerie belge Clio Goldbrenner pour lancer Mardi Editions. Quel a été l’impulsion qui vous a amené à concevoir votre propre marque ? « J’ai toujours aimé les vêtements, les belles matières. Déjà petite, je dessinais énormément de tenues. J’ai eu la chance de grandir dans une famille très ouverte à l’art et à la créativité. Mais terre à terre aussi. Mes parents souhaitaient que j’aie un bagage solide, quitte à me lancer ensuite dans la mode si je le désirais toujours. J’ai donc entrepris des études en business et management, qui m’ont conduit à un stage chez l’Oréal et ensuite à intégrer l’équipe de Clio Goldbrenner. Même si j’ai plus d’affinités avec les tissus qu’avec les cuirs, c’était extrêmement enrichissant et l’occasion de découvrir toutes les facettes du métier. Après avoir fait du marketing, mis en place le site internet, accompagné les processus de création, j’avais besoin d’autre chose. D’être stimulée, de nouveaux défis. Lors d’un voyage d’un mois en Australie, j’ai découvert de nombreuses belles marques engagées et j’ai réalisé qu’il était possible de concevoir la mode sublime et responsable dont je rêvais depuis si longtemps. Cela a tout changé. Et a fini de cristalliser ce désir de me lancer. »
Durabilité, éco-responsabilité, faible impact environnemental ont donc toujours fait partie intrinsèquement de votre projet ? « Oui, absolument. Je viens d’avoir 30 ans, j’ai grandi dans les années 90 et comme tous ceux de ma génération, je suis très préoccupée par les enjeux climatiques. Je cherchais des alternatives éthiques et responsables pour m’habiller, mais n’en trouvais aucune. C’était un vrai dilemme personnel. Et le projet s’est véritablement concrétisé lorsque j’ai eu l’idée d’utiliser des fins de stock de tissus pour fabriquer mes créations. Ils représentent 90% de la matière que j’utilise et proviennent de grandes maisons ou de fabricants de tissu. Je les choisis au coup de cœur et leur donne une seconde vie. C’est magnifique d’un point de vue durabilité mais parfois frustrant car il m’arrive de ne pouvoir produire que 50 manteaux ou pantalons issus d’un sublime tissu, alors que j’aurais rêvé d’en créer deux fois plus. Mon contrepoids à ce principe est d’avoir en parallèle développé depuis l’année dernière une collection de basiques qui restent constamment disponibles et que je fais produire en Europe, dans des matières organiques, bio, recyclées et uniquement en marine, blanc et noir pour qu’ils demeurent les plus intemporels possibles. »
L’intemporalité, est-ce pour vous la marque de fabrique de Mardi Editions ? « Mardi, à mes yeux, c’est une idée de simplicité auquel on ajoute un twist. Des pièces aux coupes droites, destinées à toutes les femmes, qu’elles aient 20 ans ou 70 ans. Que l’on peut mixer aisément à celles que l’on possède déjà et réinventer à l’infini. Je mise sur des modèles simples et élégants mais avec du peps et qui demeurent tendances. J’adore le monochrome et élabore donc chacune de mes éditions autour d’un coloris thématique. Je ne me calque pas sur les tendances, même si en férue de mode je les étudie de très près. Je préfère les revisiter et suivre mon intuition, mon propre chemin.
Quel sens se cache derrière le nom de votre griffe ? « Je désirais concevoir des vêtements que les femmes allaient pouvoir porter au quotidien et j’aime la simplicité. Dès lors le nom Mardi y correspondait parfaitement. Le mardi fait partie de la vie de chacun mais tout le monde se l’approprie différemment. J’aimais l’histoire que l’on pouvait (s’)inventer autour de ce jour et souhaitant réaliser de beaux basiques intemporels, cette date revenant dans un cycle continu y correspondait parfaitement. Et puis, c’est à une lettre près de mon prénom, donc un joli clin d’œil. Le terme Editions raconte mon souhait de ne pas envisager la mode par collections ou saisons mais par capsules de quelques modèles. Je ne veux pas prôner la surconsommation mais revenir à une production plus raisonnée. La sortie et le nombre de pièces de mes éditions est directement fonction des tissus disponibles. Et j’apprécie ce choix à contre-courant de l’obsession de produire toujours plus. »
D’où proviennent vos inspirations ? « Des matières tout d’abord. Je flashe sur une couleur, un toucher et je réfléchis à la meilleure manière de les sublimer et les magnifier. Je travaille beaucoup la laine, en jupe ou en tailleur, en crêpe aussi, ainsi que la soie. Mes influences sont également assez rétro et japonisantes et correspondent à ce que j’aurai aimé avoir dans ma garde-robe. »
Comment envisagez-vous l’avenir de Mardi Editions ? « Je ne raisonne pas en ces termes. Je ne veux pas me projeter trop loin et préfère savourer cette aventure exceptionnelle et saisir les opportunités. Je crois très fort en la vie et dans les opportunités qu’elle place sur notre route. Ainsi qu’en ma petite voix intérieure. Ouvrir une boutique n’était au départ pas prévu dans mon business plan. Mais un jour où je faisais mes courses, dans mon quartier du Châtelain, à Bruxelles, j’ai vu coller une affiche juste en face, présentant deux commerces à louer. J’ai alors imaginé un lieu qui serait tout à la fois bureau, espace de stockage et boutique. Même si l’ouverture en a été un peu chaotique à cause du premier confinement qui a démarré une semaine avec la fin des travaux, c’est une magnifique vitrine, qui me permet de nouer des liens sans pareils avec mes clientes, de découvrir ce qu’elles aiment vraiment. Et j’ai fait en sorte que le lieu me ressemble, en y mettant mon parfum, les meubles de ma grand-mère. C’est un retour à l’humain plutôt qu’à l’aseptisé des grandes chaînes. Et de là, un retour à la durabilité, au coup de foudre pour un vêtement mais aussi pour une philosophie. Ce que je souhaite à Mardi Editions se résume assez dans le choix du nom de mes dernières éditions, la French Riviera et Bright Horizons. Un souhait que je formule pour ma marque mais aussi globalement. Ces deux années ont été très sombres et le sont hélas encore vu le contexte géopolitique et j’aspire à un retour à la vie et à de jolis horizons, au soleil. C’est ce que j’aimerais insuffler pour ce futur à venir, via Mardi. Un bol d’air pur, de lumière, de couleurs. Un bout de ciel bleu. »
Dans l’univers précieux de Magda Lenova
Dans l’univers précieux de Magda Lenova
Mots : Barbara Wesoly
Photos : DR
Après une carrière de mannequin, Magda Lenova a choisi d’explorer beauté et esthétique depuis l’autre côté du miroir, en concevant des bijoux précieux. Des parures délicates et raffinées, fabriquées au sein d’un atelier anversois.
Quel est votre rapport à la féminité, vous qui créez des parures qui subliment celle-ci ?
« J’ai toujours été sensible à la féminité et à l’élégance des femmes. J’ai d’ailleurs grandi auprès de femmes qui adorent l’être. Ma grand-mère et ma maman sont très féminines. J’en ai hérité et je l’assume pleinement. »
Les femmes qui vous entouraient aimaient dès lors les bijoux ?
« Je me souviens qu’enfant, mon passe-temps favori était de me déguiser. Je rêvais de devenir chanteuse. J’allais dans la garde-robe de ma grand-mère et y choisissais les robes les plus voyantes et les bijoux les plus brillants pour « faire le show ». Babcia, comme je l’appelais et qui signifie mamy en polonais, était très coquette et l’est toujours. Elle avait une grande boîte à bijoux, remplie de longs colliers de perles. Maman aussi est fan de bijoux et je suis fière qu’aujourd’hui, elle porte les miens. »
Vos racines polonaises laissent-elles leur empreinte dans vos créations ?
« Je suis née en Pologne mais j’ai grandi à Bruxelles, qui est ma ville de cœur. J’attache une grande importance à mes origines mais je m’inspire plutôt du monde qui m’entoure au quotidien, de mes voyages. Je suis également une grande passionnée de décoration et d’art. J’aime les choses structurées, linéaires. Et souvent j’imagine mes créations en partant d’une histoire, que j’ai envie de mettre en avant. Mais cela peut aussi être sous l’influence d’un tableau, d’une architecture et même d’un vêtement. Je dessine des pièces sans forcément suivre de code mais plutôt la sobriété des lignes. »
Quel est pour vous l’essence du bijou idéal ?
« Une pièce intemporelle, dont on ne se lasse pas. Qui se porte aussi bien la journée que le soir. Devant être avant tout confortable et ne pas forcément suivre les tendances. Un bijou est pour moi synonyme de sentiments, d’attachement, de moments marquants, mais également un accessoire de mode à part entière. »
Quelle est votre vision de la beauté ?
« La beauté est une énergie solaire, positive, provenant souvent de l’intérieur. Pour moi, c’est un magnétisme inexplicable, propre à chacun. Bien plus qu’une plastique parfaite, un tempérament, une attitude. »
Que conservez-vous comme héritage de votre passé de mannequin ?
« J’ai été propulsée dans le monde de la mode à l’âge de 15 ans. J’ai beaucoup voyagé et fait de magnifiques rencontres. Au début, par souci d’économie, je posais d’ailleurs pour les photos de mes propres collections. Ça a été un gain de temps grâce à mon expérience, mais aujourd’hui, ce qui me plait, c’est d’être de l’autre côté de l’objectif. »
C’est d’ailleurs votre rôle d’égérie pour Maison Mauboussin qui a révélé votre passion pour la joaillerie.
« Oui, c’est grâce à ce rôle que j’ai pénétré pour la première fois dans le monde des pierres précieuses. Ce qui manquait alors à mon épanouissement était de créer. J’avais envie de fonder ma propre boîte, d’élaborer une image, d’imaginer un produit et le réaliser. Étant sensible au raffinement, la joaillerie a été une évidence. L’idée a alors mûri en moi et donné naissance à ma marque, quelques années plus tard. »
Êtes-vous entourée d’une équipe prenant part à chaque étape de création et fabrication ?
« N’étant pas du milieu, j’ai d’abord dû apprendre les bases : la taille, les couleurs, reconnaître les vraies pierres, etc… Cela m’a permis de rencontrer des professionnels avec qui je collabore aujourd’hui. Je dessine moi-même les collections sous forme de croquis. Une personne élabore ensuite les dessins techniques et plusieurs petites mains donnent naissance à mes bijoux. J’aime le côté artisanal de ma marque. »
L’ensemble du processus de fabrication se déroule-t-il à Anvers ?
« Oui et j’y tiens. C’était important pour moi que tout se passe en Belgique et que je puisse contrôler chaque étape. Mes bijoux sont comme mes bébés et j’aime les savoir non loin de moi. »
Comment imaginez-vous le futur de votre marque ?
« Je suis en constante recherche de nouvelles collaborations, dans le cadre de mon concept « Brillante Rencontre », qui utilise l’art comme présentoir pour mes bijoux. Et je suis actuellement en train de finaliser ma dernière collection, qui sortira au mois de février. Stay Tuned ! »
Valentine Witmeur Une sensibilité sur le fil
Valentine Witmeur
Une sensibilité sur le fil
Texte : Barbara Wesoly Photos : (portrait Valentine : Victoria Nossent et photos collection : Elodie Gérard)
C’est une élégance teintée d’audace qui a propulsé en six ans les mailles de Valentine Witmeur Lab au rang d’incontournables de la mode belge. Une histoire stylistique confectionnée avec amour et expertise.
Des arbres écarlates qui s’entremêlent et laissent apparaître une rivière d’un bleu pâle. Des formes abstraites, terre et vert citron et aux influences végétales. Les vêtements de Valentine Witmeur Lab ressemblent à des tableaux où la peinture aurait été abandonnée au profit des textiles nobles. Et où le style se réinvente en lieu et place des toiles. Depuis six ans, sa créatrice au nom éponym a fait de la maille son terrain de jeu. Et à chaque saison, elle détricote un peu plus l’image galvaudée de cette matière, pour en laisser s’exprimer tout le potentiel « La maille est sous-estimée, trop souvent associée à tort uniquement à des gros pulls. Alors que d’un simple fil découlent d’infinies possibilités, tant au niveau des épaisseurs que de la technique de tricotage ou des compositions. A l’exemple de notre collection été 2021, elle peut aussi être transparente, près du corps ou aérienne. »
Un produit phare comme marque de fabrique
Pour cette férue de mode, qui enfant découpait les images de prêt-à-porter dans les magazines de sa mère et les collectionnait religieusement, le pull en tant que pièce phare était une évidence. Une pièce qui, en plus d’un fort potentiel de style, est incontournable dans un pays comme la Belgique où l’on frissonne neuf mois par an. Alors, après avoir touché à l’écriture via un blog fashion, cette diplômée de communication et d’un master en management du luxe et de la mode en Italie décide, en 2016, de lancer une collection, composée de six modèles de pulls en maille, aux coupes oversized et motifs géométriques. « Chaque saison, je rachetais des pulls, étant en manque de pièces fortes, pouvant m’accompagner sur la durée. Et miser sur un mono-produit me semblait essentiel pour créer d’emblée une vraie marque de fabrique mais aussi une réelle expertise. J’ai commencé avec quelques contacts, qui m’en n’ont donné d’autres. Puis Arthur, mon associé, m’a rejoint quelques mois après le lancement. Le succès relatif de cette première collection nous a permis d’en lancer une seconde, puis une autre. Six ans après, nous en sommes à notre 16e et les collections sont composées d’une cinquantaine de pièces».
La qualité en opposition à l’éphémère
Un succès qui amène aujourd’hui Valentine Witmeur Lab à dessiner, concevoir et présenter par moments jusqu’à trois collections en parallèle. Tandis qu’aux pulls sont venus s’ajouter au fil des saisons, des pantalons, gilets, hauts ou robes. Mais toujours guidé par l’excellence aux services de pièces bijoux produites en petites quantités et non rééditées. Par volonté durable mais aussi par choix de continuer à travailler à échelle humaine, en privilégiant les belles matières et la technicité plutôt que de répondre à l’injonction de la mode éphémère. « Nous collaborons avec un exceptionnel atelier portugais, toujours à l’affut des nouvelles techniques et des dernières évolutions. C’est très précieux vu l’importance que nous accordons à la qualité et au savoir-faire derrière nos modèles. On pourrait croire qu’il s’agit pour certains de simples pulls, mais rien n’est aisé quand on travaille avec de la maille. On n’œuvre pas sur du tissu, malléable à souhait, mais avec du tricot, qui demande une haute technicité pour créer certains effets, forme et volume. Sans parler de la fragilité du matériau. De la provenance des fils, désormais éco-responsables, à la transparence auprès du public, tout est pensé pour créer des vêtements respectueux, qui ne se limitent pas à de belles pièces, mais sont qualitatifs et durables. Des pièces qui racontent une histoire aussi, qui font sens et dégagent quelque chose de fort. »
L’inspiration au quotidien
Vibrer, un principe essentiel à l’hypersensible qu’est Valentine Witmeur. Aussi sensible au lien aux autres, qu’à la créativité, dont elle puise l’inspiration dans les voyages et l’art comme dans les instants du quotidien, l’esthétique et bien sûr dans la mode. « Mes modèles se veulent actuels mais sans être tendances à l’excès, combinant confort et raffinement. Si les pièces fortes, colorées, aux formes géométriques demeurent l’ADN du label, ces trois dernières saisons ont amené nos créations à devenir plus mûres, à mesure que j’évolue et les clientes avec moi. Et le fait de nous développer nous offre une liberté toujours plus grande. La saison prochaine sera composée d’une soixantaine de pièces. Cela nous permet de faire moins de compromis, de mixer ces modèles qui font notre essence à d’autres plus neutres. C’est pourquoi nous sortons par exemple en ce début décembre une capsule Essentials, misant sur des intemporels monochromes. Il me reste tant à explorer, tant à découvrir. Mais j’aime cette effervescence, cette année passée à développer chaque collection, des bases de sa conception à sa présentation aux magasins ». De cet ancrage désormais solide parmi les designers les plus talentueux de Belgique, Valentine Witmeur Lab compte bien se servir comme tremplin en 2022, pour séduire toujours plus à l’international. Et cultiver l’élégance, encore un pas plus loin.
Alexa Fairchild, pur-sang de la mode
Alexa Fairchild, pur-sang de la mode
Un style casual-hippique-chic
Mots : Laura Swysen
Photos : DR
Suivant avec brio les traces de ses (grands) parents, Alexa Fairchild vit pleinement ses deux passions. Jonglant entre ses compétitions et son label éponyme inspiré de l’univers équestre, la cavalière belge prouve que choisir, c’est bel et bien renoncer.
« Quand je n’ai pas de compétition, je travaille chez moi, aux côtés de ma mère et de Maylis De Vliegher, ma meilleure amie, le lundi et le mardi. Le mercredi et le jeudi, je monte à cheval le matin et je bosse l’après-midi. Le vendredi, je consacre ma journée au travail et je dédie mon week-end à mes chevaux. » Sans faire de mauvais jeux de mots, Alexa Fairchild est à cheval sur ses horaires. Il faut dire que son planning est assez chargé entre l’élaboration des nouvelles collections, ses entraînements et ses compétitions internationales – après avoir fièrement défendu nos couleurs aux Jeux olympiques de Tokyo, elle a récemment participé à son dixième championnat d’Europe. En tant que petite-fille de John Fairchild – le fondateur du magazine de mode ultra pointu « W Magazine » – et fille de Erin et Stephen Fairchild – qui ont tous les deux travaillé au sein de prestigieuses maisons comme Valentino, Calvin Klein, Armani et Ralph Lauren – Alexa Fairchild était prédestinée à faire une carrière dans la mode. « J’ai toujours été fascinée par cet univers. Dès l’âge de deux ans, je me disputais avec ma maman à propos de mes tenues. La mode coulait vraiment dans mes veines », raconte avec humour la talentueuse jeune femme. Entourée de sa « tribu », soit de sa famille et de sa meilleure amie, elle a cofondé le label éponyme Alexa Fairchild, une marque lifestyle inspirée de l’univers équestre et de ses nombreux voyages. Sur son e-shop, vous trouverez de belles robes satinées, des chemises légères, des t-shirts peints à la main, d’élégants pantalons palazzo ou encore de beaux pulls en cachemire recyclé. Une belle sélection de pièces intemporelles qu’on ne se lasse pas de porter saison après saison.
Une marque inspirée, éthique & durable
Outre son inspiration équestre qui se reflète dans son logo et son amour pour les coutures marquées – un clin d’oeil aux selles utilisées en équitation – le label Alexa Fairchild se distingue par sa durabilité, un aspect très important aux yeux de sa muse. « J’adore les chevaux et la nature. Tout est relié. Depuis mon plus jeune âge, ma maman m’a sensibilisée au recyclage et au respect de la nature, il était inenvisageable de fonder un label sans une approche durable. Notre quête d’usines utilisant des matériaux durables fut laborieuse, mais nous avons trouvé plusieurs entreprises qui partageaient notre vision. » La famille Fairchild a ainsi développé plusieurs initiatives durables comme l’utilisation d’un packaging très particulier – un sac conçu dans un papier waterproof et recyclable qui peut se transformer en sac de voyage ou shopping bag -, ou encore ses superbes pulls en cachemire recyclé. « Nous cherchons constamment de nouvelles technologies afin de proposer des collections aussi durables et éthiques que possible ».
Si, au départ, la jeune créatrice et sa famille souhaitaient développer une marque équestre, la tribu s’est vite tournée vers une approche plus lifestyle. « Notre collection propose des pièces sportswear et lifestyle. Je peux les porter en ville comme à cheval. J’aime les looks casual qui ne nécessitent qu’une paire de hauts talons pour sortir ». La collection Alexa Fairchild plaît autant aux adeptes de sports équestres qu’aux amateurs de mode à la recherche de pièces durables, cosy, élégantes et intemporelles. « Il y a cinq ans, lorsque j’ai dit que je voulais participer aux Jeux olympiques de Tokyo, de nombreuses personnes m’ont dit que je n’allais pas y arriver… Cette collection est une ode aux rêveurs, car il faut toujours rêver grand ! »
29THOCTOBER Le style en héritage
29THOCTOBER
Le style en héritage
Mots : Barbara Wesoly
Photos : 29THOCTOBER
La transmission est l’essence de toutes les familles. Dans celle des Gulcu, elle se raconte par un amour de la mode qui sublime l’élégance et prône le savoir-faire artisanal. Un héritage que Manufer et sa femme Claudine ont communiqué à leurs enfants Lucie et Benjamin via la Maison de Couture 29THOCTOBER et ses créations aux matières luxueuses et aux coupes intemporelles.
Pourquoi le choix du nom 29THOCTOBER était-il une évidence ?
Lucie : « Il fait référence à une date triplement symbolique pour notre famille. Le 29 octobre est en effet le jour de l’anniversaire de mon père, celui du couple formé par mes parents, ainsi que jour de la fête nationale turque. Ce pays qui a vu naître mon père mais aussi sa passion. Après avoir travaillé dès l’enfance avec son père maréchal-ferrant, c’est dans les ateliers de couture d’Istanbul qu’il a puisé son savoir-faire et sa connaissance des matières nobles. Avant de choisir de s’expatrier en Belgique, en 1981, à 20 ans, avec l’espoir d’y lancer sa propre Maison de mode. »
L’artisanat est donc le fil rouge de vos créations. Mais a-t-il également une valeur affective pour vous ?
Lucie : «Oui tout à fait. Mon père est guidé par cette passion du style depuis plus de 40 ans. Une passion qu’il nous a communiquée. L’émotion et la créativité sont une part essentielle de notre travail quotidien. Et ce, sans parler de la dimension familiale, qui ne peut qu’être liée à une notion affective et de transmission. Entre nous quatre, mais aussi avec le souhait de créer un lien affectif entre nos vêtements et ceux qui les achètent. D’en faire des pièces conçues avec amour et artisanalement, que l’on peut conserver au fil du temps. »
Claudine : « Mon mari et moi voulions transmettre notre savoir-faire aux enfants et tout particulièrement la création à base de peausseries, les peaux comme le cuir, le daim et les peaux lainées, un processus complexe et minutieux dans lequel il est impossible de faire intervenir des machines. Un métier à l’ancienne, qu’il est important de perpétuer. Mais aussi notre passion de la création, en les impliquant dans la vie de la Maison depuis leur plus jeune âge. »
Quels sont vos premiers souvenirs liés à la mode ?
Lucie : « Je nous revois petits, courir dans l’atelier. On a eu la chance d’être témoin du processus de création depuis toujours. C’est pour cela qu’à nos yeux, ce fait est indissociable d’une conception faite main. C’était une vraie chance, d’autant plus qu’on est les derniers en Belgique à travailler le cuir de cette manière. »
Benjamin : « C’était notre plaine de jeux. On descendait à l’atelier après l’école et l’on s’amusait avec des morceaux de cuir ou à coudre des boutons. On croisait les stylistes, comme les ouvriers, en plein travail. On assistait à la phase créative, comme à la réalisation, du patronage, au produit fini. »
Claudine : « Ils ont grandi dans cette atmosphère et une fois adolescents, ils venaient donner un coup de main pendant les vacances d’été, pour ranger, déballer ou placer les vêtements. Ils se sont impliqués progressivement, sans même s’en rendre compte. »
Où puisez-vous l’inspiration pour les futures collections ?
Lucie : « Deux aspects sont à la base de tout ce que l’on crée. D’une part les valeurs que l’on souhaite véhiculer et qui sont l’ADN de 29THOCTOBER : sublimer l’élégance naturelle de l’homme et de la femme à travers des créations intemporelles, au savoir-faire incomparable. Et de l’autre, l’ouverture aux innovations et nouvelles technologies, avec une volonté de toujours s’adapter en se réinventant. »
A l’ère de la fast fashion, comment demeure-t-on à contre-courant en privilégiant la qualité et le savoir-faire ?
Benjamin : « Il est essentiel pour nous de préserver le travail artisanal ainsi que l’emploi de matières luxueuses et qualitatives. Cela coûte un certain prix et demande du temps de fabrication. Mais promet aussi des vêtements qui dureront dans le temps, enlevant toute nécessité de sortir une nouvelle pièce par semaine. Nos clients sont sensibles à cette authenticité. Et lorsque l’on en voit certains revenir pour faire recoudre un bouton d’une veste qu’ils portent depuis 25 ans, ou transmettre leur amour de 29THOCTOBER à leurs enfants, notre travail prend tout son sens. »
Qu’est-ce qui a motivé votre choix de lancer une capsule vegan?
Lucie : « On estimait avoir le devoir de proposer une alternative à tout à chacun. En 2016, nous avons arrêté le travail de la fourrure. Et les peaux que nous employons proviennent toutes du marché alimentaire. Il s’agit donc d’un processus de récupération de peaux qui sans cela seraient jetées ou brûlées et qui grâce à nous bénéficient d’une seconde vie, via des pièces portées pendant des dizaines d’années. De cette manière, ainsi qu’avec des modèles vegan, en tissus à base de coton et de feuilles de cactus, nous avançons toujours plus loin vers la durabilité et l’éco-conscience. Des principes qui comptent pour nous. »
Comment imaginez-vous le futur de 29THOCTOBER ?
Benjamin : « Grand. Nous avons l’ambition de développer un vestiaire complet pour femmes comme pour hommes. »
Lucie : « Mais aussi dans la continuité des valeurs inculquées par notre père. La liberté et la créativité. L’élégance, mais avec authenticité. La noblesse, de matériaux comme en termes de savoir-faire. Et l’innovation mais toujours avec la durabilité comme marque de fabrique. »
La bella storia di Tailleur Vincent
La mode, une affaire de famille
La bella storia di Tailleur Vincent
Mots : Laura Swysen
Photos : Maurine Camus
Dans cette maison familiale gerpinnoise qui a fait du sur-mesure made in Italy sa marque de fabrique, l’innovation côtoie les traditions dans le plus grand des respects.
On efface tout et on recommence : la tentation est grande de vouloir redémarrer de zéro lorsque l’on reprend une affaire familiale. Mais ce n’est pas le chemin qu’a suivi Mario Arcuri, l’actuel propriétaire de Tailleur Vincent. Fondée par son père, Vincenzo, en 1963, cette boutique familiale dédiée au dressing masculin sur-mesure a su se renouveler sans oublier les ingrédients clés qui ont façonné son succès. « Je trouvais dommage de ne pas prolonger une affaire familiale qui tournait si bien et qui avait une si belle clientèle. Lors de la reprise, j’ai décidé de conserver l’esprit insufflé par mon père. Certes, il faut évoluer, mais il faut aussi respecter la clientèle existante qui nous a soutenus dès le début. C’est une question d’équilibre, il faut se soucier de ses clients fidèles tout en proposant des pièces plus modernes et tendance afin d’attirer un nouveau public », raconte le passionné qui a baigné dans l’univers de la mode depuis son plus jeune âge. À l’instar de son père, Mario Arcuri a le goût du beau vêtement, celui qui vous sied à merveille et sublime votre silhouette tout en vous offrant un confort inégalable. « Ce que j’aime avec la mode, c’est que nous créons un produit de A à Z, des tissus jusqu’au costume. Ayant travaillé dans le secteur de la production et de la création de collections, j’ai pris beaucoup de plaisir à donner forme à une idée, du choix des tissus jusqu’aux finitions des costumes. »
Quand le sur-mesure côtoie le sportswear
Même si Mario Arcuri est un fervent défenseur du sur-mesure – LA signature de Tailleur Vincent -, il affectionne également le style sportswear et propose, dans sa boutique, une belle sélection de pièces à porter au quotidien. Entendons-nous, vous n’y trouverez pas des joggings oversize ou des sweatshirts à capuche, mais des vêtements de style sportswear sobres et raffinés provenant de marques européennes, majoritairement italiennes, ultra qualitatives. Des pièces aux finitions impeccables qui se faufilent aisément dans la garde-robe de ses clients adeptes de sur-mesure . « Ce n’est pas parce que l’on passe le cap des 60 ans, que l’on ne peut pas s’habiller avec un beau jean et une chemise en lin ! On peut être formel tout en étant habillé plus décontracté. Je prends beaucoup de plaisir à chercher des pièces sportswear exclusives. J’accorde plus d’importance à la beauté du vêtement et à ses finitions qu’à la marque en elle-même. » Ainsi, dans les rayons parfaitement rangés de Tailleur Vincent, les costumes signés Scabal – la collaboration avec la prestigieuse marque belge fait définitivement partie de l’ADN de la boutique – côtoient d’élégants jeans haut de gamme Tramarossa, de superbes blousons Cortigiani, des mailles intemporelles de Paul & Shark ou encore les impaires cintrés ultra modernes de Gimo’s.
Vous l’aurez compris, Tailleur Vincent n’est pas le genre de boutique de laquelle vous ressortez les mains vides. Attentif aux besoins de ses clients et soucieux de leur proposer le style qui leur convient le mieux, il mixe sur-mesure et prêt-à-porter haut de gamme pour composer des silhouettes intemporelles et raffinées. Ici, même le prêt-à-porter se la joue sur-mesure : étant très proche des marques avec lesquelles il collabore, Mario Arcuri n’hésite pas à passer un coup de fil pour dénicher LE jean idéal et choisir le délavage parfait pour son client. Dans cette petite boutique de 70 m2, on met tout en œuvre pour s’adapter aux goûts du client et non à la taille du stock. Un seul impératif : avoir un peu de temps devant soi ! « On aime prendre le temps afin d’apprendre à connaître le client et cerner parfaitement son style », confie le propriétaire des lieux. Mais une petite heure de shopping pour un look qui traverse les saisons, cela en vaut largement le coup, non ?
Rue Neuve 23, 6280 Gerpinnes
www.tailleurvincent.com