Pierre Degand, allure et savoir-vivre intemporels
Pierre Degand, allure et savoir-vivre intemporels
MOTS : Barbara Wesoly
PHOTOS : DR
En cinq décennies, Pierre Degand a su imposer sa vision d’un prêt-à-porter masculin luxueux dont le classicisme s’étoffe de modernité. Mais également conserver sa passion du style et son goût pour l’excellence, empreintes de la Maison Degand.
Vos premiers pas dans la mode remontent à 50 ans et à l’ouverture de votre première boutique à Knokke, alors que vous n’aviez que 19 ans. Pensez-vous qu’une telle aventure serait encore possible aujourd’hui ? Il est clair que j’ai eu énormément de chance de baigner dans ce milieu depuis l’enfance, grâce à ma mère Yvonne Degand, qui possédait une maison de couture pour dames. De la voir travailler et de découvrir les ficelles de ce métier ainsi que de pouvoir y réali-ser mes premiers pas à 14 ans, au sein d’un magasin dont elle connaissait les propriétaires. Mais pour moi, tout est possible lorsque l’on a de la détermination et de la volonté et que l’on agit par passion et non pas par profit. Et quand l’on fait le choix de privilégier le label de qualité aux marques et la personnalité aux effets de mode. Cela fait toute la différence.
Être aujourd’hui considéré comme une institution, est-ce un compliment ? Oui, c’est certain. Ces cinquante années d’existence n’auraient pas été possibles sans liens de fidélité et de confiance qui s’est créé au fil du temps avec nos clients. Ce qu’on construit avec eux est primordial. Plus que le prêt-à-porter pour hommes, mon métier, c’est avant tout le conseil. Je n’aime rien tant qu’aider chacun à mettre en valeur son identité, par une forme d’élégance qui lui corresponde.
Habiller le Roi Philippe et en parallèle Stromae pour la couverture de son album « Multitudes » comme pour son passage en télévision, est-ce une manière de se jouer des codes ? C’est surtout totalement différent. Paul est arrivé un jour en boutique, avec sa femme, Coralie, pour trouver un costume à porter le lendemain, lors du journal de TF1. Je l’ai imaginé avec un blazer croisé bleu marine, avec une cravate unie et une chemise blanche. Et au final, cette allure folle a contribué à une part du buzz qui en a suivi. L’on n’est plus familiarisé avec cette forme de raffinement dans l’habillement des chanteurs. Quant au Roi, je l’habille depuis de nombreuses années et ses tenues ont évolué via de discrets changements, mais qui n’en sont pas moins essentiels, comme le pliage de sa pochette, modifié après son accession au trône. Il ose désormais des détails parfois fantaisistes, comme lors du Bal national du 21 juillet, où il arborait une pochette colorée Degand réalisée en partenariat avec le peintre Malel. Une manière d’être distingué sans être guindé.
Cinquante heures sont nécessaires à un tailleur de la Maison Degand, pour confectionner un costume sur mesure. Sublimer le moindre détail est-il la clé en matière de mode ? La justesse des détails l’est. Ils sont notam-ment la clé du casual chic. Le motif d’une chemise, la mise d’une pochette, les bonnes chaussures, permettent une dose d’audace sans pour autant tomber dans l’ostentation. Et l’artisanat et la qualité s’observent tout particulièrement dans les finitions. M’habiller est un plaisir personnel, une part de cette qualité que j’aime retrouver dans chaque aspect lifestyle, de la cuisine aux voyages, en passant par la mode. Et le bon goût que je recherche, comme celui que je souhaite proposer via la Maison Degand, se dessine aussi dans les aspects les plus subtils.
Qui symbolise pour vous l’élégance ? Steve McQueen assurément. Il reste un emblème de celle-ci. Il suffit de regarder L’Affaire Thomas Crown pour voir que son style n’a pas pris une ride. Qu’il s’agisse de porter une casquette avec un blouson ou un pantalon chino et des baskets, cela fonctionne parfaitement et colle en même temps à son caractère. Le charisme et la personnalité sont des éléments indissociables d’une tenue, tout comme le contexte dans lequel on la porte.
Cet anniversaire marquera-t-il un tournant pour la Maison ? Et pour vous, à titre personnel ? Oui, il s’agit d’une date très symbolique. D’un triple anniversaire. Les 50 ans de la Maison, mais aussi ses 90 ans, si l’on compte les années sous la direction de ma mère. Cela marque aussi mes 70 ans. Je continue d’être un entrepreneur et de souhaiter de nouvelles surprises, de nouvelles découvertes. Nous ne savons pas encore comment nous allons le célébrer, mais certainement par le biais du restaurant Emily, que nous nous apprêtons à rouvrir. Un établissement dédié à ma fille, que j’avais malheureusement perdu après y avoir mis tant d’énergie et de cœur et que je suis si heureux d’avoir pu récupérer. Mode ou gastronomie, les rencontres, la passion et la beauté sont mes moteurs.
Que reste-t -il à accomplir à la Maison Degand ? Je dois encore la finaliser pour qu’elle corresponde à cette vision que j’en avais déjà petit garçon. La vraie réussite pour moi, ce sont les œuvres que l’on crée en suivant ses rêves d’enfant.
Les racines précieuses DE JENNIFER ELLIOT
Les racines précieuses DE JENNIFER ELLIOT
Mots : Barbara Wesoly
Ses modèles ciselés et délicats ont fait d’Elliot & Ostrich l’une des plus élégantes références de la joaillerie belge. Derrière ceux-ci, l’on retrouve l’empreinte de la créatrice Jennifer Elliot, portée par ses influences et son histoire cosmopolite.
Vous êtes née et avez grandi à l’autre bout du monde, fruit d’un métissage d’origines belges, britanniques et africaines. Votre marque a-t-elle éclos au croisement de ces cultures ? Totalement. J’ai vécu jusqu’à mes sept ans au Botswana, près des mines de diamants où mon père travaillait pour une grande compagnie, avant d’avoir sa propre société. Ma mère était orfèvre et avait sa propre ligne de bijoux. J’ai donc évolué dans ce milieu précieux, mais sans imaginer l’intégrer un jour, ayant ensuite étudié le droit et le business. Mais je ressentais un manque, l’impression d’être destinée à autre chose. Puis vers trente ans, alors que j’avais quitté la Belgique pour suivre mon ex-mari en Afrique où il avait obtenu un poste, un inconnu l’a contacté. Sa compagne et lui avaient découvert par hasard nos photos de mariage sur internet. Et ayant eu un coup de foudre pour ma bague de fiançailles, désiraient en connaître la marque, pour se la procurer en vue de leur union. Or, il s’avérait que je l’avais dessinée et créée avec ma maman. J’étais alors en pleine réflexion sur moi-même et en recherche d’un travail. Cet inconnu devint mon premier client. Et c’est à ce hasard que je dois d’avoir compris que je désirais lancer ma propre marque de bijoux.
Une griffe dont le nom se veut énigmatique ? Surtout très personnel. Je souhaitais un patronyme qui me raconterait intimement, d’où le croisement de mon nom de famille et du mot ostrich, qui signifie autruches en anglais. Des oiseaux qui m’ont toujours fascinée par leur puissance et leur vitesse, mais aussi leur élégance. Selon la philosophie africaine, ils cachent leur tête dans leur sol lorsqu’ils ressentent le danger, de façon à se connecter au plus près à la terre et à la nature. Je trouvais cette représentation particulièrement belle.
Est-ce cette invitation au voyage qui anime Elliot & Ostrich ? La nature inspire en effet directement mes créa- tions. Le contact de la mer, du soleil, des paysages d’exception, m’amène à me sentir grandie et au plus proche de moi-même. Tout comme cet équilibre entre le brut et le délicat, que l’on retrouve dans mes modèles est directement issu de mes racines mêlées. De l’Afrique, un lieu tout à la fois pur et chaotique et en parallèle, beau, libre et empreint de joie. Et de ce raffinement et cette qualité typique de la joaillerie belge.
Certains de vos modèles sont minimalistes et aux tons neutres, d’autres colorés et lumineux. Deux univers graphiques qui vous correspondent ? Au lancement d’Elliot & Ostrich, nos pièces étaient résolument pures, fines, sobres. Aujourd’hui, je m’autorise à être plus audacieuse, à prendre des risques. C’est l’occasion d’exprimer ma créativité, même si mon but premier demeure de raconter l’histoire de mes clients, de créer des pièces qu’ils considèreront comme des extensions de leur être.
Vous affirmez sur votre site, qu’un bijou est le présent le plus porteur de sens qui soi. Est-ce l’histoire qu’il véhicule qui vous touche particulièrement ? Dans mon enfance, nous ne recevions pas beaucoup de cadeaux mais pour les évènements importants, mon père n’hésitait pas à nous gâter. Nous pouvions choisir un objet que nous désirions et surtout que nous pourrions conserver. Parfois il s’agissait de bijoux. Ils ont aujourd’hui une symbolique toute particulière pour moi. Mon père est décédé il y a plusieurs années et ils demeurent les seuls objets que je possède encore de lui. Et c’est ce que je trouve magnifique à propos de la joaillerie. Porter tout contre soi une personne ou un message essentiel, à travers le temps.
En plus des bagues, qui représentent l’essence d’Elliot & Ostrich, vous réalisez aussi des bracelets, boucles d’oreilles, colliers… Avec le même plaisir ? Proposer une majorité de bagues est lié à notre évolution naturelle, avec des collections destinées aux évènements importants de la vie, tels que le mariage, les fiançailles, la naissance d’un enfant. Mais nos autres créations me procurent la même joie. Nous lançons d’ailleurs une nouvelle gamme de boucles d’oreilles. Des pièces pour le quotidien comme les moments festifs, et pouvant se combiner selon les envies, en des déclinaisons uniques.
Vous signez une collaboration avec le styliste Tom Eerebout, autour d’une collection de bijoux unisexe baptisée « My ring. My Story ». Qu’est-ce qui relie vos deux univers ? Nous partageons une passion commune pour les matériaux précieux, à l’excellence inégalée et au savoir-faire authentique. En parallèle chacun de nous se démarque avec audace des conventions et normes établies, pour affirmer son indépendance artistique. Avec cette capsule unisexe, composée d’une bague, de deux chevalières et d’une boucle d’oreille, nous avons l’ambition de rendre la haute joaillerie plus accessible aux hommes et tout particulièrement les bagues, en tant que pièce phrase. Et ainsi de briser les barrières qui cantonnent encore les bijoux à un domaine résolument féminin. La tourmaline verte est au centre de collection, car l’on prête à ce cristal un grand pouvoir de guérison et d’harmonie, tout comme elle s’inspire de l’usawa, qui signifie équilibre en swahili. Un équilibre entre yin et yang mais aussi entre masculin et féminin.
Alors que se profilent les cinq ans de votre marque, qu’imaginez-vous pour son futur ? Je nous souhaite de grandir, mais en conservant notre essence. En continuant de fabriquer nos bijoux en Belgique, à la main. Un principe d’au- tant plus beau et précieux qu’il devient de plus en plus rare. Des pièces de qualité et sans compromis. Je considère Elliot & Ostrich comme un multiplicateur de bonheur, destiné à inspirer les gens à vivre plus intuitivement et à suivre leur cœur et dès lors destiné à toujours plus se développer.
ALEXANDRA VAN REMORTEL, EN PLEIN SOLEIL
ALEXANDRA VAN REMORTEL
EN PLEIN SOLEIL
Mots : Barbara Wesoly
Photo portrait : Kathleen Claes
Sa marque, Alex Antwerp respire le sable chaud et les envies d’ailleurs. Alexandra Van Remortel pare nos évasions de matières aériennes et de lignes tout en finesse et revisite la mode swimwear avec une lumineuse beauté.
Qu’est-ce qui vous a mené, d’un cursus en marketing et d’un emploi dans l’immobilier, à la création en 2021, d’une marque dédiée aux maillots et vêtements de plage ? J’ai toujours aimé la mode et tout particulièrement la lingerie et les tenues de bain. Ma maman travaillait avec des enseignes spécialisées et reconnues à l’international dans ces deux domaines, j’imagine qu’elle m’a transmis une part de cette passion. Je travaillais comme développeuse de projet en compagnie de mon mari, dans une société où je gérais notamment le contact client et la logistique, tout en caressant depuis longtemps l’envie de lancer ma propre griffe. Mais imaginer les difficultés que cela impliquerait me retenait. Progressivement, il m’est devenu de plus en plus dur de trouver suffisamment de satisfaction dans mon emploi. Cela a fini par être le facteur déclenchant qui m’a poussé à ne plus reculer le moment de me lancer. Je me suis décidée juste avant le début de la crise sanitaire et j’ai commencé à concevoir la collection aux prémices de l’épidémie. Ce n’était pas le meilleur des timings, mais il était essentiel pour moi que mon emploi soit source de bonheur et d’enrichissement personnel. Et j’ai fini par y arriver.
Quels sont les piliers de l’esthétique d’Alex Antwerp? Le style, la qualité et l’intemporalité. En tant qu’acheteuse, même s’il existe de superbes marques de maillots sur le marché, je ressentais toujours cette frustration de découvrir un point de détail qui ne me plaisait pas totalement. Un coloris, un motif, une ligne qui ne correspondait pas véritablement à ce que je recherchais. Ce principe m’a amené à réaliser qu’il restait un créneau à développer dans le domaine du swimwear. Trop souvent, les modèles forcent à un choix entre confort et féminité. De mon côté, je me refusais à réaliser l’un au détriment de l’autre. Un maillot ou un bikini doit demeurer une pièce élégante à part entière et habiller celle qui le porte avec style
Tout comme vous vous refusez à intégrer le circuit d’une production de masse ? En effet. C’est la manière dont personnellement je consomme et choisis mes vêtements. Je préfère investir dans des pièces de qualité, promises à durer dans le temps. Et c’était une obligation pour moi, en créant Alex Antwerp. J’ai longtemps cherché les tissus adéquats, les fabricants d’exception. Nos modèles sont produits au Portugal et c’est également lié à une volonté de durabilité. De même qu’il n’est pas question de sortir des nouveautés tous les mois, comme le font certaines marques, mais d’œuvrer à une mode slow, avoir son fabricant en Europe permet aussi de travailler plus étroitement avec lui à la réalisation des collections et ainsi de pouvoir y prendre part dans les moindres détails.
Qu’il s’agisse des maillots et bikinis, de pantalons ou robes de plage ou encore de bandeaux, chacune de vos pièces porte le nom d’une femme qui vous inspire. Cet esprit de sororité est-il très important pour vous ? En créant mes premières pièces, je les imaginais portées par l’une ou l’autre de mes proches. J’ai donc voulu leur donner le nom de celles-ci. C’est une façon de rendre hommage à mes amis et ma famille, essentiels à ma vie et soutiens indéfectibles. D’où le fait que la collection, quoiqu’exclusivement féminine, comprenne aussi des noms d’hommes. Mais il est clair que je souhaite que ma marque amène celles qui la porte à se sentir véritablement elles-mêmes, fières de qui elles sont. Sûres d’elles et belles, peu importe leur âge, leur poids ou l’opinion extérieure.
Appeler votre griffe Alex Antwerp était-il par ailleurs une forme d’hommage à la Belgique ? Antwerp est bien sûr un clin d’œil à mon pays, mais surtout à Anvers pour son prestige dans le domaine de la mode. Et aussi car il s’agit de ma ville d’origine. J’ai également opté pour le diminutif de mon prénom car Alex est court, se retient facilement et a une consonance unisexe et internationale. Si pour l’instant je préfère élargir nos collections et me concentrer sur une gamme forte, créer des modèles masculins ne serait pas inenvisageable dans le futur. Ce qui est certain par contre, c’est mon souhait de nous voir toujours plus représentés, en Belgique mais aussi au-delà de nos frontières.
ALEXANDRE HAMES, l’élégance décomplexée
ALEXANDRE HAMES
L’élégance décomplexée
MOTS : BARBARA WESOLY
PHOTOS : JAGGS
Huit ans après la création de JAGGS, Alexandre Hames continue son ascension sur mesure, savant alliage d’expertise et d’élégance. Et impose en référence sa passion du costume.
JAGGS se définit comme le tailleur de l’homme moderne. Que recherche celui-ci selon vous ? Il désire consommer de manière responsable, avoir du style et être accompagné ainsi que très bien conseillé dans ses choix. Depuis notre lancement, en 2015, notre optique n’a pas changé. Il s’agit de l’amener au sur-mesure, avec une vision moderne et élégante, accommodée d’un grain de folie.
À quelle atmosphère doit-on s’attendre en franchissant les portes d’une boutique JAGGS ? À un lieu à l’accueil convivial et tout sauf guindé, mais aussi et surtout à une expertise extrêmement poussée en matière de costume. Un savoir-faire que nous sommes heureux de pouvoir transmettre. Nous ne cherchons pas à impressionner ou intimider nos clients, mais à créer un climat de confiance chaleureux, où ils oseront poser toutes leurs questions.
Aujourd’hui, en plus du sur-mesure, vous proposez également du prêt-à-porter. Pourquoi ce choix ? Une immense majorité de notre clientèle continue de faire appel à nous pour du sur-mesure. Mais durant la crise sanitaire, le prêt-à-porter s’est révélé une évidence, sachant que plus personne n’avait de raison de porter de costume. Tout le monde restait en chino, jeans et baskets. Nous nous sommes donc tournés vers ces créations, avec l’envie de concevoir des modèles de qualité, pointus, allant à une majorité et disponibles en différentes coupes et couleurs. Et nous continuerons d’étoffer cette collection, avec un costume prêt-à-porter, qui sera prochainement disponible, mais en un modèle et coloris unique. Proposant ainsi une offre complémentaire mais qui n’est pas destinée à s’affirmer à égalité du sur-mesure.
À quelle clientèle s’adresse votre e-shop ? L’e-shop est plutôt destiné aux clients internationaux, qui plébiscitent nos accessoires, tout particulièrement nos nœuds papillon. Nous possédons la plus grande collection d’Europe. Et si nous les avons créés par loisir, tel un complément aux doublures de nos costumes, désormais nous en confectionnons et vendons entre 10.000 et 15.000 par an, nous amenant à être des acteurs européens majeurs du domaine. Mais cela reste un plaisir, un twist original, qui apporte un ce petit plus. Nous vivons pour et par le costume et pas le nœud papillon.
En plus des nœuds papillon, vous proposez aussi des bretelles signées Bertelles – seul accessoire non fabriqué par JAGGS – des ceintures, boutons de manchettes… mais également des bracelets ou headbands, pour femmes et des bretelles et nœuds papillon enfant. Avec le souhait d’un jour, aller encore plus loin ? Nos nœuds papillon notamment, étant confectionnés dans notre atelier de Waterloo, il était dès lors aisé d’utiliser ces mêmes rouleaux de tissu, pour les décliner en d’autres formules. La gamme féminine a ainsi été développée pour répondre à une demande pour les mariages. En vue par exemple d’assortir un couple par ses accessoires, de proposer des barrettes plates ou des bracelets pour filles et femmes mais aussi de réaliser des commandes spécifiques comme des coussins d’alliances ou encore des nœuds pour serviettes.
Vos créations sont-elles influencées par un ADN mode typiquement belge ? Il y a un certes une identité belge très importante, mais au-delà un savoir-faire européen extraordinaire et exclusif. Nos chaussures sont fabriquées en Espagne, tout comme nos pulls, dans un atelier qui les tisse et fait des remaillages fil à fil à la main, nos cravates en soie sont tissées en Italie. Le critère éthique est essentiel pour nous, il est inenvisageable de réaliser des vêtements en production de masse, livrés en conteneurs après quatre mois passés en mer.
Près d’une décennie après son lancement, comment envisagez-vous le futur de JAGGS ? Si la marque est liée au principe d’évènement, notamment de mariage, JAGGS a pour ambition d’habiller les hommes modernes au quotidien. Et cela se concrétise, puisque nos chinos, comme nos chaussures font un carton. Notre but est aussi de développer nos points de vente. Forts de quatre boutiques en Belgique et d’une à Rennes, en France, nous voudrions aller plus loin, notamment via une franchise en Flandres et des magasins au Luxembourg, en Suisse ou dans d’autres villes de France, jusqu’à tendre vers un réseau européen d’une trentaine d’enseignes.
Edouard Vermeulen, le règne de la modernité
EDOUARD VERMEULEN
Le règne de la modernité
Mots : BARBARA WESOLY
Photos : NATHALIE GABAY
Certains anniversaires rappellent le passage du temps. D’autres au contraire, ont le parfum galvanisant de nouveaux défis. Loin d’avoir émoussé la passion de l’élégance d’Edouard Vermeulen, ces quarante années d’existence de la maison Natan, signent la célébration d’une maestria résolument tournée vers l’avenir.
Natan fête ses quarante ans. Près d’un demi-siècle, marqué par l’intemporalité comme par l’audace. Quel regard portez-vous sur le chemin parcouru ? De la fierté d’abord, de voir évoluer la Maison depuis si longtemps avec un fil rouge et une identité, à laquelle nous n’avons jamais dérogé, tant au niveau de la qualité, que de la créativité et du savoir-faire. Mais cet anniversaire, je le conçois surtout comme le point de départ d’une nouvelle ère pour Natan. La mode requiert de ne pas se reposer sur ses acquis. À chaque nouvelle saison, nous remettons tout en question : matières, vêtements, stylisme, présentation, photos … Si vous ne le faites pas, le temps file et les évolutions vous dépassent.
Votre rapport à la mode a-t-il évolué au fil du temps ? Bien sûr, tout comme la mode en elle-même n’a de cesse de se réinventer. Lorsque j’ai débuté, trois générations de femmes se mêlaient dans mes magasins, aujourd’hui elles se confondent, se rajeunissent. Mère et fille s’échangent des tenues, partagent des styles communs. C’est fantastique et enrichissant, notre objectif étant que le vêtement puisse voyager à travers les années, en conservant tout son raffinement et la beauté de son port.
Est-il nécessaire d’oser et de bousculer les codes pour perdurer dans cet univers ? Il est avant tout important de rester fidèle à son image. La nôtre, c’est la couture. L’âme de Natan, c’est le vêtement. On n’hésite certes pas à l’accessoiriser, mais pour le sublimer, plutôt que pour l’égaler ou le remplacer.
Est-il essentiel pour vous de continuer à pérenniser ?Lorsque les clientes franchissent nos portes, c’est le plus souvent en vue d’une célébration ou d’un mariage. Et ce que l’on porte lors d’un évènement est primordial, car l’on transmet une part d’assurance et de confiance de par son élégance. Nous cherchons donc toujours à favoriser l’expérience. De l’accueil à la lumière en passant par l’ambiance, tout se veut enthousiasmant. La fête doit débuter chez nous !
En parlant de fête, vous avez nommé Christophe Coppens directeur artistique de ce superbe anniversaire, qui se déroulera durant une année entière. Pourquoi ce choix et que peut-on attendre de ces célébrations ? De par sa carrière d’artiste, de metteur en scène et de créateur travaillant dans le monde entier, Christophe Coppens porte un regard neuf sur l’univers de la Maison. Nous nous connaissons depuis 25 ans et avions déjà collaboré ensemble quand il s’était lancé dans les accessoires. C’est un homme créatif, avec une vision artistique mais aussi commerciale et ouverte sur l’international. Car si ces célébrations sont un plaisir, elles sont surtout l’occasion de grandir. Et les expériences festives ne manqueront pas ! Nos magasins se voient dotés d’un relooking, tout comme les collections à venir ainsi qu’un défilé inédit, prévu à l’été 2023. Un livre dédié à l’univers de Natan sortira également au mois d’octobre. Nous prévoyons aussi différents évènements pour la clientèle, visant à montrer notre savoir-faire ainsi que des visites d’ateliers. Ce sera l’occasion de sublimer la Maison, en accentuant son image et en la dynamisant. Une manière de surprendre les clients fidèles et d’en séduire de nouveaux.
En soufflant ces quarante bougies, quel regard portez-vous sur l’avenir et les quarante prochaines années de Natan ? Notre but pour le futur est d’internationaliser la Maison et de dépasser toujours plus les frontières de la Belgique. Nous sommes fiers de notre patrimoine. Avoir pu créer la robe de mariée de la Reine Mathilde demeure l’un des évènements les plus marquants de l’histoire de Natan. L’objectif désormais est de porter ces couleurs et cette excellence à l’étranger. Cet anniversaire a été l’occasion de nous implanter « Au Bon Génie » à Paris et à Genève, ainsi qu’ « Au Bon Marché » parisien, ce dont j’avais toujours rêvé. On veut aller encore plus loin. Le monde est grand et ces quarante ans ne sont qu’un début !
Rencontre avec Christophe Coppens
« Cet anniversaire, je l’ai imaginé à la manière d’un opéra, en œuvrant à tous les niveaux créatifs. »
Comment s’est initiée cette collaboration anniversaire avec Natan ? Edouard Vermeulen est-il venu à vous avec un concept déjà défini ? On y a réfléchi ensemble. Je souhaitais construire un projet qui s’implémenterait au-delà d’une année, plutôt que comme un coup d’éclat. Son dessein est de laisser une empreinte durable sur la façon de réfléchir, de penser, de travailler de la Maison et sur son futur.
Qu’avez-vous souhaité insuffler à cet évènement ? Il ne pouvait avoir de sens qu’en travaillant l’ADN propre à Natan, cet univers joyeux et lumineux, en y insufflant des touches créatives. L’objectif est d’amener le public à sentir une forme d’électricité dans l’air, d’étincelle qui révèlera son éclat au cours de toute cette année.
Vous qui êtes designer de mode mais aussi artiste et metteur en scène d’opéra, avez-vous pensé et conçu cet anniversaire, à la manière d’une performance, d’un récit mêlé à une dose d’émotion ? La création d’un opéra est la réalisation la plus complète que j’accomplisse, car je travaille à tous les niveaux de développement. J’ai voulu faire pareil pour ces célébrations. C’était courageux de la part de Natan et d’Edouard Vermeulen d’accepter que je me mêle ainsi de tous ces aspects. Mais la Maison est formidable d’ouverture à l’évolution et au changement. Et c’est l’essence même de cet anniversaire, une réflexion sur plusieurs niveaux, qui s’intègrera dans l’Histoire même de Natan. Le plus beau cadeau que la Maison pouvait s’offrir.
www.natan.be
Dans les pas de VIRGINIE MOROBÉ
Dans les pas de
VIRGINIE MOROBÉ
Mots : BARBARA WESOLY
Photos : Morobé et Jean-Pierre Gabriel
Huit ans auront suffi pour mettre la Belgique à ses pieds. Petite fille, Virginie Morobé vouait déjà une véritable fascination aux chaussures. Une passion que la créatrice de mode a transformée en flamboyante réussite, en lançant en 2015, sa marque éponyme et défini par la même, de nouveaux standards d’élégance.
« On base notre tenue sur nos chaussures, pas l’inverse ». Un mantra qui trône en première ligne sur votre site. Sont- elles à vos yeux, tel un pendant de rouge à lèvres rouge, en version mode ? Ce twist dont l’audace fait la différence et permet de se sentir confiante et féminine en toute circonstance ? J’en suis convaincue. On le voit directement chez nos clientes. Dès qu’elles enfilent par exemple de hauts talons, leur maintien, leur posture, changent. Elles affichent directement plus d’assurance. C’est toute la puissance d’une belle chaussure que d’être capable d’amener le style le plus simple, au comble de l’élégance.
Street couture, rock’n roll, glamour, sont des termes que l’on appose par instinct à Morobé, mais comment imaginez-vous celles qui portent vos modèles ? En réalité, je ne les imagine pas. Je me laisse guider par mon intuition et ce que j’aime. Je ne valide aucun prototype qui ne corresponde pas à un modèle que je porterais. C’est ce qui fait l’identité de Morobé, tout comme notre signature est l’intemporalité. Il est aussi essentiel que chaque chaussure que nous fabriquons puisse sublimer tous les pieds, quelle que soit leur morphologie. Cette volonté d’universalité compose notre ADN. Réussir à développer une chaussure qui met en valeur 90% des femmes, c’est la certitude d’avoir réalisé une chaussure extraordinaire.
Morobé propose également une gamme d’accessoires et, vous avez lancé en janvier 2023, Logomania Limited Edition, votre toute première collection de prêt-à-porter. Aviez-vous le désir de décliner la griffe sous d’autres formes ? Nous avions conçu énormément de chaussures dans cet imprimé jacquard et en stretch et je désirais les accompagner de photos en total look. Cela impliquait d’acheter des centaines de mètres de tissus et nous avons alors décidé d’utiliser une partie de celui-ci pour la production de quatre pièces de prêt-à-porter. Mais, si j’adore les vêtements, le plaisir créatif n’est pas le même pour moi qu’avec les chaussures et je ne compte donc pas réitérer l’expérience.
Et votre gamme Maison ? Cela faisait longtemps que je désirais réaliser un vase basé sur l’un de nos modèles de bottes mais il fallait en concevoir les moules. J’ai donc contacté l’artiste et céramiste Anita Le Grelle pour les créer, en même temps que des accessoires décoratifs.
Vous avez également signé, en 2016, une collaboration avec l’influenceuse Chiara Ferragni, ainsi qu’avec la styliste Marylène Madou en 2020. Une manière de prôner l’empowerment au féminin ? Ces collaborations sont parties de contextes très différents. Chiara Ferragni nous a contactés après avoir eu un coup de cœur pour nos boots en velours vieux rose. Et nous les avons déclinés ensemble en bleu roi et bordeaux. C’était un coup de projecteur inespéré pour Morobé qui existait alors depuis seulement deux saisons. Marylène Madou a réalisé un imprimé exclusif pour célébrer les cinq ans de la marque et transposé celui-ci sur un tissu qui emballait nos chaussures à la manière furoshiki, technique de pliage japonaise précieuse. Anita, aussi bien que Marylène excellent dans leur domaine et nous cherchons toujours à proposer l’exception.
Après Knokke en avril 2022, vous avez inauguré en décembre de l’année passée une boutique Morobé à Anvers. Toutes deux ont été conçues par l’architecte Glenn Sestig. Qu’est-ce qui, dans son design, fait résonnance avec votre griffe ? Je suis une grande admiratrice de l’esthétique intemporelle et de l’incroyable élégance du travail de Glenn. Nous voulions des boutiques qui seraient pensées non pas comme des magasins mais comme l’intérieur de notre maison ou comme mon dressing, avec une véritable ambiance plus qu’un aspect purement commercial. Pour notre première boutique, nous sommes arrivés au studio de Glenn avec une idée bien précise du design que nous désirions : vitrine bombée, touches de kaki, mélange de lignes droites et d’arrondis et il a directement compris pleinement notre vision. Dès le deuxième rendez-vous, il nous a présenté ce qui allait devenir tel quel notre boutique. C’était tout simplement époustouflant.
Morobé fêtera ses huit ans en avril 2023, que vous souhaite-t ’on pour la suite ? Nous avons nos deux boutiques et sommes distribués dans les meilleures enseignes du Bénélux. Désormais, l’objectif est international. La prochaine étape est de trouver un lieu à Saint-Tropez. Le style et l’audace de Morobé s’accordent à merveille avec l’atmosphère balnéaire. Nous cherchons donc à nous installer dans des villes côtières, en Europe et plus loin. En continuant à nous fier à notre instinct, toujours.
15 mai 2023 ! À la demande de ses amis masculins les plus stylés, tels que César Casier, Glenn Sestig et son mari, David Damman, Virginie Morobé s’est lancée dans une collection qui transcende les frontières du genre.
Leysen, artisan d’histoires
Leysen, artisan d’histoires
Mots : Barbara Wesoly
Photos : DR
En 1855, Louis Leysen fondait sa « Fabrique à Bijoux » au cœur de Bruxelles, point de départ d’une lignée de joailliers d’excellence. 167 ans plus tard, la Maison est une devenue référence, et habille de ses précieuses créations, membres de la famille royale belge, têtes couronnées et personnalités ainsi qu’amateurs de parures d’exception. Rencontre avec Maxime Leysen, accompagnant son père Henri, aux commandes de l’enseigne.
« Plus que des bijoux, nous fabriquons des histoires », est la phrase qui débute la biographie de Leysen. A commencer par une histoire familiale. En un siècle et demi, Leysen s’est en effet imposé dans l’univers de la haute joaillerie. Quels en demeurent aujourd’hui les valeurs et le patrimoine? « Les années d’expertise qui se sont transmises au sein de la famille mais aussi des équipes. Et l’excellence, dans la conception et le travail, ainsi que dans l’écoute, le contact et l’expérience client, qui sont primordiaux, le sur-mesure étant l’essence de notre enseigne. La confiance est dès lors une valeur qui prédomine à nos yeux. »
Quels évènements ont façonné l’évolution de la Maison ? « L’élément le plus marquant en est bien-sûr le passage à témoin de six générations et tous les changements qu’ils ont porté. Nous avons commencé dans une toute petite boutique, proposant uniquement des réparations, puis en 1920, fut fait le choix de se tourner vers la joaillerie, en même temps que l’emménagement à deux pas de la Grand-Place. Et enfin la nomination de mon père, en tant que Fournisseur Breveté de la Cour de Belgique, en 1982 accompagnée de notre installation Place du Grand Sablon. »
Qu’est-ce qui définit l’identité et l’âme de Leysen ? « Nous sommes joailliers et pas bijoutiers et l’élément fondamental de nos créations, est donc la pierre. C’est la pièce maîtresse, celle autour de laquelle gravite toute la conception, celle que l’on vise à sublimer. Accompagné de la volonté de concevoir des bijoux faits pour durer. »
Une pièce est-elle d’autant plus précieuse dès lors qu’elle se veut transmise à travers le temps et les générations ? « Le charme d’un bijou est en effet directement liée à l’histoire qui l’accompagne. A la pierre également, ainsi qu’au moment où il sera offert. Plus que la transmission, je pense surtout qu’un bijou est fait pour être porter et qu’en restant dans un tiroir pour le préserver, il perd toute sa valeur. Il n’est vraiment beau, que parce qu’il est porté. »
Vous conservez un atelier interne à la Maison, un principe devenu très rare aujourd’hui, s’agit-il d’un gage direct de qualité ? « Oui totalement. Il nous permet de gérer chaque étape de fabrication et d’être ainsi certain de demeurer cohérent par rapport à la Maison et à sa volonté d’excellence. »
Comment se déroule la conception d’un bijou sur-mesure ? « Même si la Maison possède ses collections, Leysen est connu et plébiscité pour ses créations sur-mesure, qu’il s’agisse de retravailler l’une de nos pièces existantes, un ancien bijou de famille ou de partir d’une page blanche. Le client vient nous voir avec une demande, que nous analysons ensemble. Sur postulat des informations échangées, nous lui présentons ensuite un design lors d’une seconde rencontre. Et nous revoyons pour finaliser celui-ci, avant de l’envoyer à l’atelier. En moyenne la fabrication prend entre trois et cinq semaines. »
Demeurer une joaillerie familiale est-il toujours essentiel aujourd’hui ? « Ce qui compte avant tout pour nous est de conserver les valeurs ancrées dans notre ADN, plus que la lignée familiale en elle-même.
167 ans plus tard, quelles attentes nourrissez-vous pour l’avenir de Leysen ? « Notre objectif correspond au défi que rencontre l’univers de la joaillerie dans son ensemble. Celui de s’adapter aux demandes du monde actuel et de demain. Continuer à faire rêver les gens, tout en veillant sur l’écosystème, l’éthique et la durabilité. »
Vue sur Mer ancre son renouveau
Vue sur Mer ancre son renouveau
Mots : Barbara Wesoly
Photos : DR
Après avoir manqué de s’éteindre, Vue sur Mer se réinvente depuis l’année dernière, grâce à Gaëlle Van Rosen et mêle l’intemporelle élégance lui ayant offert ses lettres de noblesse, à un parfum de durabilité, de liberté et d’ouverture, superbement contemporain. Preuve que la marque belge mérite plus que jamais de demeurer une référence.
Qui imaginerait que la douceur précieuse du cachemire puisse se révéler une invitation au voyage ? Et qu’une enseigne affublée de l’étiquette d’un classicisme luxueux et sage, se transfigure genderless, inclusive et engagée ? Cette pluralité est pourtant l’apanage de Vue sur Mer, qui, de la déconstruction de ses codes, a fait un aboutissement et une nouvelle marque de fabrique.
Des valeurs tout en style
Une pluralité qui est aussi celle de Gaëlle Van Rosen, ayant repris l’enseigne en 2021. Après un cursus de communication, la jeune femme de 33 ans a tout à la fois été acheteuse pour des marques de prêt-à-porter, blogueuse et influenceuse. Mais aussi activiste engagée via la création du projet 50 Shades of Racism, visant à libérer la parole des victimes de racisme et à conscientiser l’opinion publique. Des carrières qui loin d’être antinomiques, sont au contraire le fruit d’un parcours de vie donnant aujourd’hui toute sa richesse et sa diversité à Vue sur Mer. « Je suis moitié haïtienne, moitié hollandaise, arrivée en Belgique à l’âge de 7 ans. J’ai grandi dans un milieu ouvert et multiple, en termes d’origines, d’orientations sexuelles et de niveau social. Aujourd’hui, j’ai le sentiment qu’énormément de gens recherchent cette diversité des genres. Cette idée qu’une marque, même dite classique peut se voir dotée d’un twist. Que l’on peut mêler haut de gamme et ouverture, fun et intemporalité. Non pas opposer des univers, mais les associer pour créer un concept d’autant plus universel. L’inclusivité et la durabilité sont des valeurs essentielles pour moi et j’ai la chance de pouvoir les développer aujourd’hui au travers de cette belle marque qu’est Vue sur Mer, à l’origine plutôt traditionnelle dans le paysage de la mode belge. On en conserve la qualité, les matières nobles et précieuses, en y ajoutant d’autres fondements. Une évolution logique plutôt qu’une refonte. »
De la ville à la mer
Une recherche d’universalité qui habite désormais la philosophie de l’enseigne, mais aussi la conception même des collections. A l’image de la box de Saint-Valentin « Love is Love » , premier projet signé par Gaëlle Van Rosen après son accession au poste de CEO et directrice artistique à l’automne 2021. Par une superbe campagne célébrant l’amour au sens large et affichant de vrais couples hétérosexuels, gays, multiethniques et ou amicaux, la marque présentait des modèles unisexes, intemporels comme atemporels. Principe même de sa nouvelle ligne conductrice « Vue sur Mer a toujours opté pour la quintessence en matière de cachemire, lin et soie, mais avec désormais une dose supplémentaire de caractère. Une garde-robe minimaliste mais également cool, confortable et prête à habiller femmes et hommes et bientôt enfants, dans tous les évènements du quotidien. Des indispensables pour une journée de travail sous le ciel changeant de la Belgique, comme pour prendre le train le lendemain et s’évader loin, pour dîner aux chandelles ou profiter de l’air marin. Une gamme parfaite, de la ville à la mer et 100% durable. » Un appel du voyage intrinsèquement lié à l’essence de Vue sur Mer et source d’inspiration de ses modèles actuels comme de la future nouvelle collection.
Aboutissement autant que tremplin
Cette collection à venir, Gaëlle Van Rosen et son équipe la peaufinent actuellement, mus par un souci d’aboutissement plus que de rapidité. « Cette capsule se destinant à être portée hiver comme été, nous n’avons pas de problématique liée à la temporalité. Et l’on se refuse à tomber dans le schéma actuel de vente, solde et produits trop vite périmés. L’on conserve par contre toujours le confort pour fil rouge. On peut avoir la plus belle des tenues, si l’on s’étouffe dedans et que l’on ne sait ni manger ni rire dedans, cela n’en vaut pas la peine. A l’image du gilet homme Camus, mon modèle favori du dressing Vue sur Mer. Je le porte oversize et j’adore le twister avec tout. C’est ma pièce caméléon, ultra-douce et sensuelle ». Vue sur Mer intègrera dans les mois à venir un premier point de vente physique, avant de dévoiler progressivement ses nouveaux modèles. Et si pour Gaëlle Van Rosen, pouvoir concrétiser cette vision inclusive et égalitaire de la mode est un aboutissement, cela demeure aussi et avant tout un tremplin. « Notre objectif est de devenir la marque référence à l’international du prêt à porter cool, durable et engagé, que l’on peut porter en sachant que ni la planète, ni les êtres humains n’ont soufferts pour concevoir ces modèles. C’est pourquoi nous tenons à être transparents et fournirons tous les éléments de traçabilité de ces futurs modèles. Et veillons à créer des cercles vertueux, en travaillant avec des associations ayant un impact positif auprès de populations défavorisées, et sur l’environnement. La mode reste, pour moi, avant tout une précieuse aventure humaine. »
Opération chaussettes 2022 - Vitale pour ceux et celles qui manquent de l’essentiel
Opération chaussettes 2022
Vitale pour ceux et celles qui manquent de l’essentiel
Opération chaussettes 2022
Vitale pour ceux et celles qui manquent de l’essentiel
Mots : Ariane Dufourny
Photo : DR
Donnons un peu de nous à ceux et celles qui en ont le plus besoin ! Un cinquième de la population belge vit dans la précarité, la pauvreté ou l’exclusion sociale. Pour les aider, soutenons l’Opération Chaussettes. Rendez-vous le 20 novembre 2022 place Poelaert, à Bruxelles, de 11h30 à 15 heures.
Nous sommes tous effrayés par l’augmentation spectaculaire des prix de l’énergie. Néanmoins, la plupart d’entre nous passeront l’hiver bien au chaud. Peut-être en diminuant notre thermostat ou en revêtant un chaleureux polar. Mais tous n’auront pas ce bonheur…
Des hommes, des femmes et des enfants vivent, dorment dans la rue ou dans des abris de fortune, endurent le froid, la pluie qui transpercent l’âme et leurs vêtements. Ils manquent de protection et de chaleur, d’habits de rechange, de couvertures et de produits d’hygiène, de première nécessité.
Catherine Ullens de Schooten aidée de 4 personnes gère depuis 9 ans l’Opération Chaussettes, initiée par Claudia Lomma en 2011. Cette organisation tend la main aux plus démunis, aux sans-abris et aux familles en situation précaire, aux personnes qui manquent de l’essentiel pour vivre.
Cette année, la Belgique est touchée par une précarité sans pareil. Plus que jamais Opération Chaussettes vient en aide à ces personnes dans le besoin. Grâce à la générosité des contributeurs, ils pourront renflouer les stocks des différentes associations, vides aujourd’hui.
Des marraines et parrains au grand coeur
Autour des bonnes volontés de Bruxelles et d’ailleurs, des marraines et parrains motivés, de tous horizons professionnels, unissent leur voix pour faire entendre le message d’urgence : Charlie Dupont, Tania Gabarski, Pascal De Valkeneer, Giovanni Bruno, Éric-Emmanuel Schmitt, Marie-Hélène Vanderborght, Gérald Watelet, Kids’ Noize, Kody, Sophie-Charlotte Cauuet, Jean-Michel Zecca, David Jeanmotte, Thomas Van Hamme, Sandrine Coreman, Eric Boschman, Brigitte Weberman, Bérénice Baôo, Benjamin Spark, Maureen Louys, Fred Etherlinck, Pierre Degand, Amandine Ickx , Philippe Geluck et bien d’autres.
Le célèbre illustrateur du « Chat » a d’ailleurs encore mis ses services au profit de l’Opération Chaussettes. Voici son témoignage : « Quelques mots pour dire merci à tous les bénévoles et aux donateurs qui portent l’Opération Chaussettes. Tellement nécessaire en cette année de souffrance économique extrême. De plus en plus de gens se retrouvent à la rue, sans ressource, sans aide et sans espoir. L’Opération Chaussettes fait tout ce qu’elle peut pour les aider mais se rend compte qu’elle ne représente que quelques gouttes d’eau dans l’océan. Faisons, tous ensemble, que ces gouttes deviennent une averse, puis un déluge de solidarité ! »
Pas que des chaussettes !
Si les chaussettes sont le symbole de cette initiative, les associations actives sur le terrain manquent aussi d’écharpes, de vestes et de pantalons, de bonnets, de gants, de pulls, de sous-vêtements, de chaussures, de produits de première nécessité́, de couvertures et de sacs à dos.
Il est demandé aux donateurs de trier par catégorie:
- H (hommes)
- F (femmes)
- E (enfants)
- P : Produits de première nécessité
- Couvertures et sacs à dos
« Solidarité Grands Froids », un soutien sans pareil
Cette année encore, et plus que jamais, l’association « Solidarité Grands Froids » leur apporte son soutien, pour trier les dons et les (re)distribuer à d’autres associations. Comme chaque année, l’Opération Chaussettes bénéficiera du précieux concours de la ville de Bruxelles et de la Police Fédérale, qui mettra des camions et leurs conducteurs dévoués à disposition de cette initiative.
« Solidarité Grands Froids » fournit chaque année les associations suivantes grâce aux dons : Bruzelle, le Samu Social ,Télé Services, Le Clos, La Rive, La Rencontre, Pierre d’Angle, Resto du Cœur de Saint-Gilles, Le Comptoir de la Samaritaine, Nativitas , Infirmiers de Rue, la plateforme citoyenne, La Fontaine, les CPAS, Travailleurs de Rues, Transit, …..
La précieuse collaboration de Toyota
Opération Chaussettes reçoit également le soutien de Toyota et de ses concessionnaires en Belgique afin de réaliser de nombreuses récoltes. Chaque concessionnaire participant essaiera de remplir une camionnette du modèle ProAce. De plus, le dimanche 20 novembre, des bénévoles de Toyota seront présents pour soutenir le travail de « Solidarité Grands Froids », les partenaires de l’Opération Chaussettes.
« En tant que Toyota, nous voulons être un participant actif dans les communautés, les villes et pays où nous opérons. Nous sommes très heureux de pouvoir aider l’Opération Chaussettes, avec tout notre réseau en Belgique, afin d’aider à la collecte de dons pour ceux qui sont en difficulté. L’esprit de Toyota est de dépasser les barrières et d’aller toujours plus loin. Et il est clair que beaucoup ont besoin d’aide en ces temps difficiles, alors mobilisons-nous ! » – Michael Roosen, Managing Director
Les concessionnaires participants : DE PRINS – VAN DORPE – MERCKX ENGHIEN – MERCKX ATH – CITY ZAVENTEM – CITY BRUSSELS – AUTOWEB BEAURAING – AUTOWEB PHILIPPEVILLE – GEGO NANINNE – GEGO TONGRINNE – SEGERS LEUVEN – SEGERS WEZENMAAL – GCA CAZIER – GCA CASTUS – GCA PERUWELZ – GCA BAERT – GCA TOURNAI – GCA STURBOIS – FRANCOTTE – MS MOTORS – TEL PERE TEL FILS
Chaque aide est précieuse
Grâce aux réseaux sociaux, nous avons tous la possibilité de toucher beaucoup de personnes. De mettre notre pierre à l’édifice et de donner un peu de nous à ceux qui en ont le plus besoin. Rendez-vous le 20 novembre 2022, place Poelaert !
Holemans - Centenaire d’excellence
Holemans
Centenaire d’excellence
Mots : Barbara Wesoly
Photos : Holemans
En 1922, Henri Holemans fondait l’enseigne de joaillerie éponyme. Un siècle plus tard, la maison belge perpétue la maestria et l’expertise qui lui ont donné sa renommée, sous l’égide de Moïse Mann, devenu il y a huit ans le gardien de ce précieux héritage, qu’il habille d’une touche contemporaine.
Depuis trente ans, l’histoire de Moïse Mann se conjugue à celle d’Holemans. De ses débuts dans les ateliers joailliers, en tant qu’ouvrier à la cheville, à son accession à sa tête, il évoque avec la connaissance précieuse que seule procure l’intime, la genèse et l’itinéraire de la maison.
Holemans fête cette année ses cent ans. Quel regard portez-vous sur son parcours ? « Celui d’un chemin parsemé d’embuches mais aussi d’une belle histoire. Une histoire débutée avec son fondateur, Henri Holemans, qui concevait essentiellement des objets religieux, puis ensuite transmise à son fils, Jean. Après la Seconde Guerre mondiale, celui-ci ressentit le besoin de réinventer l’entreprise et de l’amener vers son identité joaillière. Il mit sa connaissance du dessin au service de bijoux destinés à se transmettre durablement, de génération en génération. Lui succéda ensuite son propre fils, Thierry Holemans, qui porta la maison à l’international. C’est à son époque que j’ai intégré celle-ci, y travaillant durant dix-sept ans, avant de créer en 2009 ma propre maison de joaillerie, Manalys. Mais en 2013-2014, Thierry souhaitait arrêter son activité et sachant que je possédais une connaissance profonde de l’entreprise, il m’en confia les rênes. Et ce qui me poussa à accepter et à conserver l’essence de la marque, c’est de constater la fidélité nourrie par ses clients, leur profond attachement à celle-ci. »
L’histoire de la maison et notamment sa transmission familiale, est-elle, selon vous, inscrite dans ses créations ? « Oui, profondément. Dans chacun de ses aspects. Henri Holemans a ainsi suivi une formation d’un maître japonais pour maitriser les laques précieuses. Un savoir-faire qu’il légua à son fils, qui l’utilisa dans ses pièces, puis à son petit-fils. Et qui aujourd’hui encore demeure une part de l’ADN de la maison. Il en va de même pour l’excellence. Avant de reprendre Holemans, j’ai passé dix-sept ans à y œuvrer. Des années durant lesquelles j’ai vu passer chaque création. J’ai été imprégné de son style et cela m’a permis d’acquérir et de véhiculer à mon tour ses codes. De nourrir un amour du travail bien fait. Il ne s’agit pas, de prime abord d’aimer ou pas une pièce, mais de reconnaître un savoir-faire. Un savoir-faire que je souhaite à tout prix préserver. »
Comment définiriez-vous le style Holemans ? « Classique, traditionnel, mais avec une approche moderne, une recherche de touches de nouveautés. Il n’y a pas d’extravagance, mais la volonté de susciter une dose d’étonnement. »
La maison n’a pourtant pas hésité à faire preuve d’audace, notamment en étant la première enseigne belge à ouvrir une succursale sur l’iconique place Vendôme à Paris ? « Jean comme Thierry Holemans étaient des précurseurs. Et le second n’a pas hésité à prendre des risques incroyables pour développer comme pour préserver la maison. En ouvrant en effet une boutique place Vendôme, durant trois ans, avant de la revendre avec un bénéfice exponentiel. Également en me délivrant sa confiance et en me plaçant à la tête de celle-ci, alors que j’étais l’un des quatre joailliers de la maison. Mais aussi en se battant pour conserver un atelier de création en interne, au sein même de l’entreprise. Aujourd’hui, peu de boutiques en possèdent encore un. Car cela a un coût. Il faut fabriquer sans cesse, à la différence d’un atelier externe qui fonctionne à la commande, et donc payer les hommes, la matière première, les pierres et fabriquer du stock. Mais Thierry Holemans tenait à faire perdurer ce principe et le savoir qui l’accompagnait. Savoir-faire que nous continuons de pérenniser. »
Que désire inspirer la maison de joaillerie à travers ses bijoux ? Un principe de pérennité, de beauté ? « En effet, en créant des bijoux qui demain pourront être transmis en tant que véritables pièces d’héritage. Mais aussi une notion d’excellence et de minutie. Il est fondamental d’être infaillible dans notre qualité de fabrication. Je sais d’où chaque pierre de couleur provient et je peux certifier de l’éthique derrière chaque diamant, issus d’un fournisseur qui collabore avec les plus grandes maisons à l’international. Cela fait partie des principes fondamentaux de la maison, au même titre qu’un travail à l’ancienne, à la main, sans cire ni cadre, mais avec un bloc d’or qu’on lamine, étire et transforme. »
Que souhaitez-vous à Holemans pour l’avenir et pourquoi pas, pour les cent prochaines années ? « Dans mon métier, ce qui m’a toujours passionné, c’est de transmettre et partager mes connaissances en fabrication. Mon grand questionnement aujourd’hui est de savoir comment transmettre une telle maison. En préservant une continuité et un code de conduite. Une éthique. Quand on arrive ici le matin, on travaille tous à mettre le lieu et le décor en place, à passer un coup d’aspirateur. On vit ici, on y passe tellement de temps que c’est notre deuxième maison et l’on en prend soin, c’est un principe de collaboration essentiel. Il n’y a pas vraiment de hiérarchie, plutôt du compagnonnage. Des valeurs qui tombent malheureusement dans l’oubli. Je souhaite transmettre un jour Holemans à quelqu’un qui aimera profondément la marque mais aussi ses valeurs et son âme et souhaitera continuer à former d’autres talents. »
Quelle est l’essence d’un beau bijou, d’une pièce à part, selon vous ? « Pour moi, au-delà des pierres et de la conception, c’est la personne qui la porte et celle qui la crée. On peut faire des bijoux magnifiques avec un simple morceau de bois. Un beau bijou est aussi avant tout la création de quelqu’un qui l’aime. Le reflet de l’amour, que l’on insuffle dedans. »