F Comme Flamant
Habité par un souci de perfection, Flamant s’offre, après 41 ans d’existence, une cure de jouvence. Preuve en est, la métamorphose de sa boutique au Sablon. Si l’iconique Maison de décoration a changé de look, l’enseigne belge reste fidèle à son objectif : faire de chaque intérieur un foyer chaleureux. Bienvenu-e dans son nouvel univers !
MOTS : ARIANE DUFOURNY
PHOTOS : FLAMANT
Saviez-vous que l’histoire de la Maison de décoration belge Flamant remonte à plus de 40 ans ? Selon le dicton « La pomme ne tombe jamais loin de l’arbre», Alex Flamant s’est découvert une passion pour la décoration intérieure dans la boutique d’antiquités de son père. Terrain propice à l’imagination, il décida de fabriquer lui-même des meubles classiques et de sillonner le monde à la recherche de matériaux de qualité.
Depuis qu’Alex a repris le magasin familial, « Flamant Home Interiors » s’est imposé internationalement pour son mobilier, ses éclairages, son textile et ses objets décoratifs. Quant à la palette de couleurs « Flamant Paint » qui a vu le jour en 1999, elle est devenue sujet de conversation de quiconque entrevoit de repeindre une pièce de sa maison. Ah, c’est votre cas ? Ca tombe bien car la nouvelle Technologie Air Care élimine 80% des substances polluantes de votre maison. Parmi 128 teintes, vous n’aurez que l’embarras du choix. Et si vous ne connaissez pas encore les 4 nouvelles couleurs de l’année, vous craquerez peut être sur : Welcome, Teddy Bear, Stromboli ou Vert d’ô. Question d’en faire toute une histoire.
Souvent imité, jamais égalé, Flamant possède 8 concepts stores en Belgique et un à Paris et ses articles sont vendus aux quatre coins du monde dans plus de 200 magasins. Et pour shopper la collection depuis votre futur ancien canapé, rendez-vous sur le webshop. La célèbre enseigne a même été breveté en 2007, par le roi Albert II, « Fournisseur de la Cour ».
Mais dans un monde où rien n’est jamais acquit, l’enseigne qui fait la fierté de notre pays a décidé d’adopter un branding contemporain et un logo flambant neuf. « Après tout ce temps, nous nous sommes rendu compte que notre look ne correspondait plus tout à fait à ce que nous étions devenus », explique Alex Flamant, Chief Creative Officer. « Nous avons estimé qu’il était temps de faire peau neuve. Notre nouveau style repose sur ce qui nous passionne depuis toujours : faire de chaque intérieur un foyer chaleureux. Si nous avons décidé de renouveler la charte graphique de Flamant, nous sommes restés fidèles à notre philosophie. Une philosophie que vient souligner notre nouveau slogan : « You’re home ». »
Cerise sur le gâteau, pour ses 41 ans d’existence, la boutique du Sablon vient de s’offrir un relooking total où vous trouverez également un bar convivial où dé- guster leur propre genièvre 100% belge et artisanal. Son distillat de céréales et l’acore odorant risquent bien de convertir les adeptes du gin. Il est fort à parier qu’ « ODE » se trouvera dans la wishlist du Père Noël. Ho Ho Ho !
Les conseils de Flamant pour une table Colourful Chic
Vous avez besoin de :
• Une table en bois au look brut et naturel
• Des chaises revêtues d’un habillage chaleureux comme le velours
• Des sets de table colorés et des serviettes en lin • Une vaisselle de caractère, fabriquée à la main
• Des couverts à manche décoratif
• Des photophores pour la convivialité
• Beaucoup de fleurs et/ou des fruits et légumes décoratifs
Conseils :
- Le ton sur ton est toujours du plus bel effet ! Optez pour des sets dans la même teinte que vos assiettes. Envie de la mettre en valeur ? Drapez les serviettes en dessous.
- Misez sur les diagonales pour un effet convivial comme des cuillères à dessert posées en oblique sur des assiettes à dessert assorties.
- Agrémentez la table de fleurs séchées et de photophores pour un 10/10 en convivialité.
FLAMANT
Place du Grand Sablon, 36 – 1000 Bruxelles
Retrouvez toutes les adresses sur www.flamant.com
Francis Metzger
L’architecte belge, Francis Metzger, se définit comme un architecte de situation. Spécialisé tant dans la restauration de hauts lieux du patrimoine que dans la conception contemporaine, on lui doit notammentla renaissance de la Villa Empain, de la Maison Saint-Cyr, de l’Aegidium, de la Bibliothèque Solvay, de la Gare Centrale, de l’Hôtel Astoria ou de la Maison Delune. Des œuvres que son œil bienveillant a l’art de faire basculer dans le XXIe siècle. A la fois architecte-praticien, professeur à la Faculté d’Architecture de l’Université Libre de Bruxelles et vice-président de l’Ordre des Architectes, son curriculum à de quoi impressionner. Rencontre.
MOTS : NICOLAS DE BRUYN
Quelle est votre philosophie de travail ?
Je suis un architecte de situation, de contextualité. Ce qui m’intéresse, c’est de travailler par rapport à des lieux. Soit le lieu est un terrain vague où tout est à imaginer et où l’on va faire de l’architecture contemporaine, soit il s’agit d’un immeuble sans beaucoup d’intérêt et on va intervenir comme il se doit en réinventant et actualisant un bâtiment préexistant, soit encore on travaille sur du patrimoine et on va faire de la restauration. C’est donc le lieu qui dicte notre attitude.
L’architecture est un rapport entre un lieu, un programme et un moment donné. Il s’est toujours passé quelque chose avant, il se passera toujours quelque chose après, ce qu’on a tendance à oublier. L’architecture est donc l’art du temps ; un tempo très différent de ceux de la musique, la littérature ou le cinéma. L’architecte fait des projets qui sont la mise en place de l’identité d’une œuvre. Ainsi, nous devons savoir que nos œuvres sont périssables au point parfois de disparaître mais aussi de s’altérer profondément pour devenir méconnaissables. Dès lors quand on fait de la restauration, tout notre travail, c’est la reconquête de l’identité.
Quelle est votre méthodologie face à un nouveau projet ?
Je dois devenir compétent par rapport au lieu. Je mets en place une stratégie qui me permettra de devenir en un délai très court, compétent et performant. Dans cette perspective, MA2 conjugue plusieurs démarches : l’étude historique au service du patrimoine, l’analyse de l’état pathologique du bâtiment (des fouilles archéologiques qui comprennent des sondages stratigraphiques et chromatiques) et le relevé dimensionnel adapté au projet. Il s’agit de faire parler le bâtiment afin de comprendre son état premier (d’autant plus important quand on dispose de peu d’informations), de trouver les remèdes s’il y avait des fautes structurelles au départ et puis de vérifier si la programmation du maître d’ouvrage est possible par rapport au lieu. Après, on réalise le projet.
Comment penser l’architecture lorsqu’après les fouilles, il vous manque des informations ?
Il faut se poser la question : qu’est-ce qui fait l’identité de ce projet ? Il m’appartient de reconquérir cette identité perdue, de faire basculer l’œuvre dans le XXIe siècle en y apportant « la part manquante », ceci au gré d’un œil humble et bienveillant.
L’archéologue Adolphe-Napoléon Didron disait : « En fait de monuments anciens, il vaut mieux consolider que réparer, mieux réparer que restaurer, mieux restaurer que refaire, mieux refaire qu’embellir ». Qu’est-ce que cette citation évoque pour vous ?
La démarche de MA2 colle complètement avec cette précieuse citation. L’objectif est de laisser en place tout ce qui est authentique et de s’arrêter là où commence l’hypothèse. On restaure tant qu’on peut restaurer. C’est la qualité et la bienveillance de l’architecte qui feront la différence.
Vous militez pour le sauvetage du Palais de Justice de Bruxelles aux côtés de la Fondation Poelaert. Quel sera son avenir ?
C’est une œuvre magistrale. La dernière grande œuvre de l’éclectisme, le plus grand bâtiment au monde construit au XIXe siècle. Il a tellement évolué au cours du temps qu’il y a une perte significative de l’œuvre. Maintenant qu’on a retrouvé les plans originaux de Poelaert, on peut travailler à rendre à l’ensemble sa cohérence. Il appartiendra donc aux auteurs de projet de conserver cette identité et en même temps de faire basculer l’espace dévolu à la justice vers une justice d’aujourd’hui et de demain.
Vous vous décrivez comme un architecte gourmand. Gourmandise assoiffée par l’ancien et le nouveau, comment la digérer ?
L’architecture est une attitude. On se met dans une situation de projet où l’on intervient à un moment de l’histoire sur la ligne du temps par rapport à un lieu. Je dis « gourmand », je veux dire « gourmet » car on fait des choix. « Gourmand » car par rapport à certains de mes confrères, je suis un des rares à faire un peu de tout. « Gourmand », c’est une capacité à prendre en charge une question quel que soit le lieu ; ce qui demande des compétences tant dans la création contemporaine que dans la rénovation. Je trouve cela passionnant !
Vous êtes un peu comme un chirurgien plasticien de l’architecture mais aussi psychanalyste ?
Psychanalyste parce qu’on se retrouve face à des gens qui ont parfois du mal à formuler leurs besoins. Or un bon projet doit tenir compte des acteurs qui vont l’occuper. Notre travail est aussi de faire accoucher les envies. Je crois fort à cette idée de participation, de faire en sorte que les gens pour qui on va construire, contribuent à l’acte de bâtir. L’architecture, c’est modeler de l’espace et de la lumière, c’est aussi tisser du lien social.
Vous avez notamment restauré la Villa Empain de Michel Polak, la Bibliothèque Solvay dessinée par Constant Bosmans et Henri Vandeveld, la Gare centrale de Horta. Quel regard posez-vous sur les architectes dont vous rénovez les œuvres ?
J’ai le plus grand respect pour ces grands maîtres du passé qui ont laissé derrière eux une œuvre magistrale. C’est un vrai bonheur d’appréhender leurs créations car je sais combien l’architecture est difficile. Quand je travaille sur des œuvres de Horta, Balat, Blerot, Polak, Dewin ou d’autres, je sais qu’ils ont mis dans leurs œuvres tout ce qu’ils avaient de meilleur. Pour arriver à ce niveau de qualité et de générosité, il faut vraiment un investissement de l’ordre de la démesure. Il m’appartient de respecter cet investissement passé.
Vous avez rénové la Maison Saint-Cyr de Gustave Strauven. Racontez-nous.
Le bâtiment était à vendre et abandonné depuis une dizaine d’années. Le propriétaire actuel m’a téléphoné m’annonçant qu’il souhaitait l’acheter à condition que j’accepte de le restaurer. Je n’avais jamais travaillé sur Gustave Strauven, un architecte peu documenté. Ce fut un important travail de recherches et de fouilles archéologiques pour faire parler le bâtiment. La façade étant d’une telle promesse, l’intérieur se devait d’avoir des qualités. A chaque réunion, on s’émerveillait de la finesse des associations chromatiques. Ce fut un vrai bonheur au fil du chantier de voir ressurgir une œuvre du passé. Souvent, le plus compliqué n’est pas de trouver les artisans qualifiés mais les matières comme pour les bois ou les pierres manquantes au sol. Par exemple, pour la Villa Empain, les carrières n’étant plus en activité, on a scié les dalles de marbre restantes en deux dans le sens de la hauteur, et on a placé des implants en dessous.
Quel est votre projet de rénovation pour le château Tournay-Solvay, l’œuvre des architectes Bosmans et Vandeveld commandée par Alfred Solvay ?
Ce bâtiment classé situé en zone verte Natura 2000 abritera le BEL (pour Brout-Englert-Lemaitre), un haut lieu de la physique. Certains espaces qui correspondent aux besoins techniques modernes ont pu être intégrés dans le projet via notamment la reconstruction de la toiture disparue, celle-ci faisant l’objet d’une réinterprétation dans un langage contemporain. Au- dessus de la table de réunion, il y a un grand volume de verre d’où on apercevra les étoiles. Une symbolique qui devient juste. Sur la ligne du temps, je trouve que ça vaut la peine que ce projet marque un moment de l’histoire.
Une nouvelle vie pour L’Aegidium, salle mythique du Parvis de Saint-Gilles ?
Bâti en 1905, ce bâtiment étrange a perdu de sa superbe au fil du temps. Les études historiques mentionnaient de l’architecture éclectique, notre premier réflexe a été de retirer toutes les cloisons. Une fois déshabillé, on a retrouvé un joyau ! L’appellation originelle était Diamant-Palace, rebaptisé l’Aegidium lorsqu’il changea de propriétaire en 1929. Notre objectif est de revenir au pristin état du bâtiment. Ne sachant pas ce qu’était une ampoule de 20 watts en 1905, on va travailler avec des fabricants d’ampoules pour définir la lumière ad hoc. Le défi sera de rendre ses lustres à cet incroyable édifice tout en offrant un cadre adapté aux arts de la scène, évènements culturels et autres festivités de la vie bruxelloise actuelle.
Spécialiste de la rénovation, êtes-vous également séduit par vos réalisations contemporaines ?
L’auditoire Nile est un projet coup de cœur. Faisant suite à la construction par nos soins des bâtiments HELB-ULB en 2005, nous avons reçu ordre de mission en 2013 de réaliser à côté un auditoire d’une capacité de minimum 300 places. Célébrant l’esprit de Jean Nile, voilà de la prose technique, très contemporaine.
Un coup de cœur ?
Le prochain ! J’ai un lien affectif avec tous nos projets, même les contemporains. Je voudrais terminer un projet de livre, toujours une question du temps, cet élément qui préside à l’art de l’architecture.
CROMARBO, Le showroom qui ne vous laissera pas DE MARBRE
Le marbre revient enforce dans la décoration et compte bien s’installer chez vous ! Cromarbo, l’ultime importateur et grossiste en pierres naturelles de Wallonie, invite à découvrir dans son showroom de Rhisnes quelque 200 références des plus beaux marbres importés d’Italie, d’Inde ou encore de Turquie. Bruno Croonenberghs, qui gère avec sa soeur Isabelle l’entreprise familiale, est tombé amoureux de cette pierre naturelle unique ; une passion qu’il transmet aux architectes venus arpenter son entrepôtà la poursuite d’un matériau d’exception…
MOTS : SERVANE CALMANT
PHOTOS : F RAEVENS
Bruno Croonenberghs, importateur belge de marbre, sait recevoir ! Certains hommes nous invitent à un déjeuner sur l’herbe ; Bruno, lui, nous convie à un lunch dans son entrepôt en tête à tête avec des tranches de marbre. Recevoir et conseiller, un art ! « On choisit d’abord un marbre pour son esthétisme – il faut se laisser séduire, chercher le coup de coeur – sans jamais perdre de vue que c’est une matière naturelle, noble et précieuse qui évolue qui vit, ensuite on sélectionne un marbre en fonction de son utilisation, pas l’inverse !», nous dit d’emblée l’affable grossiste en nous présentant ici un Cappuccino veiné au lustre éclatant, là un Verde Tinos serpentineux, là encore un Belvedere d’exception qui suscite notre engouement.
Au fait, Bruno, où sommes-nous ? « Mon arrière-grand-père a construit en 1937 sur ce site de Rhisnes en rase campagne entre Namur et Gembloux, une scierie de marbre spécialisée dans le sciage et le façonnage de tranches de marbre brut. Une scierie qui avait alors tout son sens: elle était installée à 300 mètres d’une carrière de marbre noir ! Un marbre noir qui est clairement à l’origine de l’usine familiale… »
Quatre générations plus tard, votre soeur et vous avez transformé l’usine familiale en showroom de pierres naturelles… «Oui, pour des raisons économiques, on a reconverti l’usine en un showroom de pierres naturelles à destination des architectes, des marbriers et des particuliers. Ces derniers peuvent venir choisir leur tranche de marbre sur rendez-vous, mais nous ne travaillons pas le marbre, nous leur conseillons des marbriers de leur région, des hommes passionnés qui sauront faire parler la pierre et donner corps à leur projet. Dans 90% des cas, ce sont les architectes qui nous contactent et qui découvrent chez nous, une vraie caverne d’Ali Baba ! »
Cromarbo + un marbrier + un architecte, un cercle vertueux ? « De fait, Cromarbo ne travaille pas le marbre. Je suis un importateur de pierres d’exception par leurs caractéristiques et leur beauté. Le métier est très parcellarisé: les carrières vendent aux scieries ; c’est sur base de tranches de marbre sciées que je fais mon shopping, principalement en Italie qui reste un pays de référence dans les opérations de sciage et de lustrage, et en Turquie, une terre de marbre (plus de la moitié des réserves de marbre proviennent de Turquie, nda) qui possède plus de mille carrières et de nombreux usines et ateliers qui rivalisent en savoir-faire. Le marbre turc, c’est une explosion de couleurs et de motifs, du pur bonheur pour les architectes ! »
Black is beautiful ? «Le marbre noir, on le doit à une spécificité géologique propre à la région entre Gembloux et Namur. C’est un marbre unique au monde pour sa pureté que l’on a beaucoup utilisé notamment à la Renaissance pour habiller les palais de Florence et de Versailles, mais aussi comme revêtement de sol de nos églises et comme pierre décorative des cheminées de nos grands-parents. C‘est un marbre classique, principalement de complément, qui est d’une pureté remarquable car il n’est pas veiné. En Belgique, le marbre noir est désormais exclusivement extrait à la carrière de Golzinne, dans la commune de Gembloux, par la Société Merbes Sprimont, un confrère qui n’exploite que sa carrière et dont nous proposons des tranches de marbre noir et rouge dans notre showroom. »
Les tendances 2019-2020 ?
• Le marbre flamboyant, veiné et décoratif a la cote ! Une crédence, un fond de hotte, une table en marbre confèrent beaucoup d’élégance à une cuisine.
• Le marbre blanc italien de la région de Carrare, un classique que l’on plaçait beaucoup dans les années 30 et 50, opère un retour en force ! Mais fini le style ostentatoire et bling-bling, les architectes jouent désormais avec le marbre par petites touches, ici un plan de travail, là une crédence…
• Le Patagonia, un quartzite formé par l’activité volcanique et extrait au Brésil (et non en Patagonie), est absolument unique. Il présente des reflets dorés, des pans translucides et des tâches de noir.
• L’Amazonia de Chine, « la preuve que la Chine peut réserver de belles surprises géologiques », parole d’expert !
Olivier Dwek
Virtuose de la ligne, l’architecte bruxellois Olivier Dwek séduit par des réalisations épurées d’une élégance intemporelle, qui s’autorisent du confort, de la convivialité. De l’inattendu. Un « Less is more » réinterprété à la lueur d’un environnement défini, d’un milieu particulier, qui oblige le créateur volontiers philosophe à bâtir juste…
MOTS : NICOLAS DE BRUYN
PHOTO : JARMO POHJANIEMI
Précoce, Olivier Dwek a à peine 28 ans quand il dessine la boutique Louis Vuitton à Bruxelles. Sur sa lancée, à 29 ans, il ouvre sa propre agence d’architecture logée au cœur de notre capitale. Depuis, ce passionné d’histoire de l’art poursuit sa quête de pureté et de rigueur à travers un riche éventail de réalisations – hôtels particuliers, maisons de maître, galeries d’art, site industriel -, en Belgique comme à l’étranger. La villa-appartements qui dialogue avec les dunes et le ciel gris d’Oostduinkerke, c’est son oeuvre. L’Australian House où la piscine sert de trait d’union entre le ciel et la mer, où il n’existe plus de frontière entre le dehors et le dedans, c’est sa signature. La Silver House d’un blanc immaculé qui vient narguer l’azur grec, cette Silver House là d’une intemporalité quasi divine, c’est du Dwek ! Demain, Olivier s’envolera pour concrétiser d’autres projets en Grèce et en Inde où il ambitionne notamment de construire un skyscraper vertigineux. «Mon métier n’est pas de monter un tableau déjà fait mais de faire imaginer un projet qui n’existe pas encore et de convaincre de le réaliser », un préambule à de nouvelles aventures.
Nous sommes tous sous influence, mais…
« Il faut essayer de se détacher tant que faire se peut de ses influences, pour éviter qu’elles ne parasitent la création. Certes tout créateur a un père et une mère artistiques, à chacun cependant de s’en distancier. Je le reconnais : Mies van der Rohe, Richard Meier et John Pawson ont eu une certaine influence sur moi ; comme eux, j’aime l’épure mais je l’imagine avec, en contrepoint, des éléments inattendus qui susciteront la surprise et donneront du relief à mes projets. »
Le dehors et le dedans …
« L’architecture d’intérieure, voilà encore un terme des années 90 pour qualifier le travail de gens qui ont du talent mais qui ne sont pas architectes ! L’architecture et l’architecture d’intérieur découlent d’une même philosophie d’architecture qui définit une même continuité. Le dehors n’est pas l’envers du décor du dedans, tous les éléments, tous les matériaux doivent se répondre. Prenons l’exemple de la Silver House : quand les châssis s’ouvrent, vous avez les patios, les pièces intérieures. Etes-vous dans un salon ou sur une terrasse couverte ? Je prône la continuité architecturale pour effacer la frontière entre le dedans et le dehors. »
Minimalisme vs épure, tout est dans la nuance !
« Je déteste le mot minimaliste. Il a tellement été utilisé par les médias dans les années 90, que pour Monsieur Tout-le-monde le courant minimaliste se résume à une architecture froide et clinique ! Je préfère à ce mot galvaudé, les notions d’épure et de sobriété, plus adaptées à mon travail. »
Que l’habitat se fonde dans son environnement !
« Oui, l’architecture vernaculaire est essentielle pour assurer au travail créatif une certaine pérennité, une certaine intemporalité. Absolument essentielle. Parce que l’architecture vernaculaire ne revêt pas une forme architecturale… par hasard. A la base, l’architecture ou l’habitat a vocation de dialogue ou de lutte avec les éléments, la mer, la pluie, le sable … , l’habitat est donc fonction de conditions climatiques, topographiques. L’architecture vernaculaire oblige à se rapprocher d’une certaine vérité et incite à créer juste. J’affectionne cette notion de juste, de création juste, en lui opposant le geste gratuit – parce que c’est beau ne suffit pas ! Pour être pérenne et s’inscrire dans l’histoire, une architecture se doit d’être juste. Si un élément est là par hasard, il est voué à disparaître ! Notre livre « Architectures » donne à voir dix projets réalisés par mon agence dont certains ont presque 20 ans ; à l’analyse, je ne changerais quasiment rien ! »
Bâtir juste, une philosophie ?
«Certainement ! Derrière une réalisation, il doit y avoir un choix dicté par une volonté philosophique de faire juste et pérenne. Le bâtiment doit se bonifier avec le temps. Je prends un exemple très concret : du crépi blanc revêt un sens en Grèce ou à Ibiza, mais en Belgique à l’orée de la Forêt de Soignes, le crépi finira par verdir, parce qu’il n’est pas adapté au milieu ! Si demain on me demandait de bâtir une Silver House à Bruxelles, j’expliquerais pourquoi ce n’est pas un choix juste ! »
OLIVIER DWEK ARCHITECTURES
Avenue Brugmann 34 – 1060 Bruxelles
T. : 02/344 28 04
architecture@olivierdwek.com
Less is More, Peut - on vivre mieux avec moins ?
La tiny house a en tout cas le vent en poupe ! Ce qui plait dans cette mini maison mobile de quelques dizaines de mètres carrés à peine ? Sa symbiose avec la nature. Mais dans ce registre, comme dans beaucoup d’autres, le travail artisanal se distingue de la production en série. Wildernest, bureau d’architecture belge spécialisé dans les constructions mobiles en bois, a choisi d’occuper le créneau haut de gamme et labellisé 100% Made in Belgium. Rencontre avec Charles Lambrechts, l’un des membres fondateurs.
MOTS : SERVANE CALMANT
PHOTOS : JOHN STAPELS
Le concept de tiny house a gagné en popularité ces dernières années, pour des raisons économiques et écologiques évidentes. Une tendance qui oblige les bureaux d’architectes à faire preuve d’inventivité. Parmi eux, les Belges de Wildernest relèvent le défi de réaliser la tiny house de vos rêves : maison de poche, cabane de chasse, bar mobile, chambre d’hôtes, … tout est envisageable !
From Canada to Belgium.
« Il y a 4 ans, de retour du Canada, mon associé Thomas de Dorlodot (aventurier et parapentiste pro, ndlr) s’enthousiasme pour des cabanes mobiles construites sur les lacs gelés par les pêcheurs pour se protéger du froid. Autour d’un bon flacon, les deux passionnés de pêche que nous sommes, se mettent à rêver d’une cabane du Canada installée sur nos terres – Thomas connaît alors quelques soucis administratifs à propos d’une annexe à sa maison … Emballé par notre discussion, il poste des images de tiny houses sur les réseaux sociaux. Depuis, les demandes pour ce genre d’habitat léger n’ont cessé d’affluer … »
Il y a cabane et cabane…
« Tout à fait ! La spécificité de Wildernest, c’est de fonctionner comme un vrai bureau d’architectes spécialisé dans la construction de maisons mobiles en bois. Quand on arrive chez un client, on analyse son projet – la plupart du temps il s’agit d’une simple photo glanée par ce dernier sur les réseaux sociaux -, on fait des esquisses, ensuite, sur base d’un accord avec le client, on établit un cahier des charges puis un devis et une fois le devis validé et le premier acompte versé, on livre dans les 90 jours. A l’époque, il y a 4 ans, on était les seuls sur le marché. Mais dans notre créneau, nous restons uniques car nos principaux concurrents construisent des tiny houses en série pour les revendre, ce n’est absolument pas notre fond de commerce ! Chaque tiny house conceptualisée, dessinée et construite par Wildernest est unique car fonction des desiderata du client, que ce soit un particulier séduit par l’écologie et le minimalisme Less is More, ou un professionnel qui cherche à ce distinguer par un habitat original. »
Le Less is More a un coût …
« Le prix varie évidemment en fonction de la taille et du niveau de finition. En moyenne, il faut compter 60 000 euros (HTVA) pour une tiny house made in Wildernest, c’est à dire une maison mobile avec un parfait niveau de finition, conçue et réalisée exclusivement par des artisans belges. Du constructeur de la remorque, de l’ossature mécanique et du bardage au plombier, en passant par l’électricien et le menuisier, c’est du 100% belge ! »
J’ai la bougeotte !
« Une tiny house disposée sur une remorque homologuée permet évidemment de se déplacer selon ses besoins. Nous avons reçu récemment une demande de bar à vins mobile dans un contexte événementiel. Dans ce cas, nous nous adaptons, sachant que pour rester dans les normes de transport, il y a des impératifs de longueur, de largeur, de hauteur et de poids… Mais la mobilité n’est pas toujours exigée par le client, une tiny house peut également servir d’annexe à une maison, ou de chambre d’amis originale. A travers ce genre de commandes, le client cherche alors principalement à se différencier à travers un habitat alternatif et singulier. »
Small is beautiful !
« Une tiny house déploie en effet un petit espace mais elle ne paraît jamais petite, car elle est toujours en connexion avec la nature qui fait presque partie de la maison. Par ailleurs, les tiny houses sont considérées, pour l’instant, comme des caravanes par le législateur, ce qui séduit pas mal d’adeptes de l’habitat léger. Mais pour vivre dans un petit espace, même si tout est bien pensé et cosy à souhait, il faut faire le tri dans ses affaires et accepter de revenir à l’essentiel ! »
WILDERNEST
Charles Lambrechts, Thomas de Dorlodot, Sofia Pineiro, Emile De Dryver
T. : 0479/35 18 12
www.wildernest.be
#wildernesttinyhouse
Qui sont ces BANDI dont tout le monde parle
Deux cousins. L’un ingénieur commercial, l’autre architecte. Ne trouvant pas de mobilier de terrasse prêt à défier le temps, ils ont créé BANDI. Les deux Liégeois brandissent des arguments de taille auxquels nous ne sommes pas en mesure de résister : design, durable et local. Au revoir table et chaises en bois, on vous aimait bien.
MOTS : ARIANE DUFOURNY
PHOTOS : OLIVIER COLETTE
Made in Wallonie, une table et un banc en aluminium conçus pour une utilisation en extérieur et en intérieur. Et si la perfection naissait de la frustration ? Rencontre avec Thomas Crucifix, un de ses fameux BANDI. Une belgian success story comme on les aime !
Du manque naît le besoin…
Designer ? Non, à la base je suis ingénieur commercial. En 2015, je cherchais un banc mais je ne trouvais pas ce que je souhaitais sur le marché. Pas une réelle frustration qui m’empêchait de dormir, mais j’ai toujours aimé travailler de mes mains ; donc, j’ai fait des croquis. Puis, j’ai imaginé le vendre ; cependant, je connaissais mes limites pour que ça perdure.
Une histoire de famille…
J’ai fait appel à Olivier Collette, mon cousin, qui est architecte de formation. Nettement plus technique et cartésien, on le surnomme depuis son enfance MacGyver. Cette complémentarité, couplée à nos expériences et réseaux respectifs devait nous permettre d’entreprendre un beau projet : Bandi venait de naître.
100% made in Wallonie, une philosophie…
Arrêtons ce marasme ! Nous prouvons qu’il est possible de réaliser un produit de haute qualité 100% made in Wallonie. Fabriqués entièrement en aluminium, nos tables et nos bancs sont conçus tant pour l’intérieur que l’extérieur, prêts à traverser les années.
Un coût maîtrisé par une production locale…
Immédiatement, nous avons pris le parti de nous tour- ner vers une production 100% locale. Nous voulions prouver qu’il est encore possible de produire des biens de haute qualité tout en restant compétitifs. Pari réussi ! Une multitude de croquis et de prototypes plus tard, nous sommes parvenus à maitriser les coûts de production avec nos partenaires locaux ; de plus, en respectant l’impact écologique.
Un circuit court…
Afin d’être concurrentiels, nous avons opté pour une distribution directe « du producteur au client final ». En effet, la distribution traditionnelle via un réseau de magasins nous aurait obligés à majorer trop fortement nos prix de vente. Une production locale couplée à une vente en circuit court sont clairement des facteurs d’achat importants de nos clients. Les meubles BANDI sont disponibles exclusivement en direct via notre site web ou les réseaux sociaux et via un réseau de prescripteurs composés de professionnels du secteur de l’aménagement (architectes, architectes d’intérieurs, décorateurs, paysagistes…).
Aluminium contre teck…
Pour préserver une table en teck, il faudrait la rentrer en hiver sauf qu’elle pèse une tonne. A force, un de ses pieds tombe parce qu’elle est vermoulue. Nos tables et bancs ont le même process que les châssis de fenêtre permettant de résister aux intempéries et de rester à l’extérieur toute l’année.
L’entretien idéal…
Pour les casser, il faudrait laisser tomber un bulldozer dessus. Un pschitt d’eau mélangé à du bicarbonate ou les passer au nettoyeur haute pression : votre table et bancs sont comme neufs ! Et si dans quelques années vous souhaitez changer de couleur, on les reprend pour les repoudrer.
Une couleur parfaite…
En plus d’un panel de couleurs présélectionnées, vous pouvez personnaliser votre BANDI de la couleur de votre choix. Il suffit de nous communiquer le code RAL qui correspondra parfaitement à votre souhait.
BANDI
info@bandi.design
T. : 04/290 29 30
Intérieurs aseptisés, BYE BYE !
Ranger vos clichés ! Le papier peint n’est plus has been. On appose des motifs osés, qu’on accompagne d’un uni coloré. On craque pour les collections 100% belges « Tenue de Ville » de la créatrice Alexia de Ville de Goyet.
MOTS : ARIANE DUFOURNY
PHOTOS : TENUE DE VILLE
En quelques années, les papiers peints Tenue de Ville sont devenus incontournables et provoquent en nous une furieuse envie de revoir nos classiques. Formée en arts plastiques et scénographie, la jeune créatrice belge Alexia de Ville de Goyet s’inspire de l’histoire de l’art, de la vie quotidienne, de la mode et de ses voyages.
Depuis 2014, Alexia nous transporte dans son univers onirique. Des motifs peints à la main, des détails de la faune et de la flore capturés, des couleurs audacieuses. De véritables œuvres murales ! Pour sortir de sa zone de confort, elle n’hésite pas à se lancer d’autres défis : «Je travaille aussi en sur mesure pour des projets spécifiques, dans d’autres domaines et sur d’autres sup- ports que le papier peint », précise la designer.
Des collabs exclusives
« J’aime travailler sur des collaborations qui me sortent du papier peint, mon support de prédilection », ajoute Alexia. De cette approche artistique et pluridisciplinaire sont nés notamment des collaborations 100% belges : «Radjakkad», une édition limitée déclinée en trois modèles et six coloris pour « A Line Story » la boutique de design en ligne ou encore sept motifs inédits habillant les doublures de la marque anversoise « Café Costume ».
« La décoration aujourd’hui, c’est oser un motif et une couleur. C’est un geste, un choix franc. Le papier peint est clairement revenu à la mode, mais on l’utilise sur un seul mur. »
Quoi de neuf chez Alexia ?
Herbiers sublimes, palmiers dorés et oiseaux fantastiques. A travers sa vision personnelle du design, Alexia raconte des histoires cohérentes et poétiques qui nous enchantent. Cette année, place à la flânerie. Clin d’œil à sa première collection « City Garden », les animaux et les plantes font leur come-back dans des compos oniriques.
Les onze « Unis » de la collection ne sont pas en reste. Côté technique, place à l’intissé sublimé par la tech- nique du foil, procédé d’enluminure dorée ou argentée qui apporte un léger relief révélé au gré de l’intensité lumineuse. Un papier qu’Alexia décrit comme magique ! Inspirée des coloris tendances 2019, la couleur tient la vedette : roses poudrés et nude, jaune limon, orange terracotta, vert-de-gris et vert émeraude, l’éternel noir et le bleu de cobalt qui nous transporte dans les jardins de Christian Lacroix.
Un pan de mur à revisiter ? Grâce à l’impression digitale, les quatre panoramiques (déclinés en plusieurs versions colorées) affichent de grands motifs illustratifs aux mille couleurs.
« SPICE propose des motifs osés qu’on vient placer sur un mur et qu’on accompagne d’un uni coloré sur les autres murs. Chaque motif fort retrouve son uni assorti, qu’il s’accorde par la même couleur de fond ou qu’il s’harmonise plus subtilement avec, par exemple, sa complémentaire » précise Alexia de Ville.
La Belgique s’exporte bien
Certes, Tenue de Ville compte une centaine de points de vente en Belgique, dont Miniox. En outre, la marque belge peut se targuer d’être présente dans 20 pays à travers le monde. Et ça ne fait que commencer ! Les Web Addicts seront ravis par l’e-shop ou la designer présente des collections de papiers peints en édition limitée, mais aussi de la papeterie et des coussins.
Écologique et local
La production de Tenue de Ville s’inscrit dans une démarche locale et environnementale. Toute la fabrication est réalisée en Belgique. Des encres à base d’eau et un papier certifié FSC garantissant la gestion durable des forêts. Raison de plus pour succomber à la tendance papier peint !
TENUE DE VILLE
Un univers poétique signé JONCKERS
La Maison Armand Jonckers raconte des histoires comme on les aime. Celle d’une filiation, d’un voyage au cœur de la matière, de créations uniques, d’œuvres de caractère entièrement travaillées à la main. On re(découvre) son univers dans ses ateliers récemment installés dans une ancienne papeterie du XIXe siècle.
MOTS : ARIANE DUFOURNY
PHOTOS : MIREILLE ROOBAERT
Le monumental lustre aux œufs d’autruche de l’hôtel Manos Premier à Bruxelles, le relief en cuivre rouge, laiton et malachite de la Banque Nationale du Zaïre à Kinshasa, les tables de l’hôtel Baccarat à New York ont en commun une signature. Celle d’Armand Jonckers qui vient de célébrer ses 80 ans.
Depuis plus de cinq ans, il partage la direction artistique de la Maison Armand Jonckers avec ses enfants Alexandra et Grégoire. Deux générations qui œuvrent dans la complicité, mêlant au raffinement des métaux et minéraux précieux, la sophistication technique des résines colorées.
Zaventem Ateliers, la Place to Be de la création belge
Ode au upcycling, l’anticonformiste architecte d’intérieur Lionel Jadot, à qui on doit entre autres, la décoration de l’Hôtel Jam, du nouveau Silversquare et de la Brasserie du Pesage au cœur du Drhome, a un acquis un nouveau terrain de jeu de 6.000 mètres carrés. En plus du sien, on y découvre des ateliers rassemblant artisans, artistes, créateurs et designers. Des amoureux de la matière à l’instar d’Arno Declercq, Atelier 185, Ben Storms, Charles Schambourg, Sophie Coucke, Thomas Serruys, Bela Silva, Brut Collective, Dean Recoules, Dim Atelier, Goldwood Studio, Home sails, Pascale Risbourg, Stan Van Steendam, Studio Elémentaires et l’incontournable Maison Armand Jonckers établie aux workshops 3 &10. Répartis sur plus de cinq cents mètres carrés, leurs ateliers mettent en scène leurs récentes réalisations dans ce lieu chargé d’histoire.
Maison Armand Jonckers. Un nom, trois designers
Sculpteur, graveur, décorateur, minéralogiste et antiquaire ! Armand Jonckers a étudié à l’École des Beaux-Arts de Lausanne (nommée à présent ECAL et reconnue pour sa formation à la pointe du design), il y découvrira le travail du néon et du plexiglas. Après quelques années installé dans le Beaujolais, il ouvre « La Calade », une des premières boutiques de la toute nouvelle galerie de la Porte Louise et y présente ses premières sculptures. Le succès est immédiat !
Depuis 2013, ses enfants apportent une nouvelle dynamique, insufflant leur propre empreinte chargée de l’ADN particulier de la Maison Armand Jonckers. Alexandra, formée à l’Académie des Beaux-Arts de Lyon, à l’Institut des Arts et Métiers de Bruxelles en bijouterie-joaillerie et en design industriel à La Cambre, a en effet tracé son propre chemin dans la réalisation de scénographies éphémères dans l’évènementiel. Au sein de la Maison, elle se distingue dans le volet expérimental en réactivant des techniques élaborées il y a plusieurs décennies. Quant à son frère Grégoire, diplômé en sérigraphie et autodidacte en architecture d’intérieur, il apporte une approche physique et sculpturale, appliquée à une production en trois dimensions.
Entièrement réalisées à la main, leurs créations uniques dotées d’une forte identité retiennent l’attention des collectionneurs, des décorateurs. Et la nôtre !
MAISON ARMAND JONCKERS
Zaventem Ateliers
Ateliers 3 & 10
Fabrieksstraat, 15/19 – 1930 Zaventem
CONSTRUIRE un monde meilleur
Le défi énergétique est au coeur de tous les débats. Objectif, diminuer les besoins de chauffage en augmentant l’isolation et l’étanchéité à l’air. Les principaux concernés ? Les nouveaux bâtiments, ainsi que les rénovations lourdes assimilées à du neuf. Le bureau d’architectes A2M n’a pas attendu les réglementations pour rendre notre monde plus habitable en défendant une architecture contemporaine de qualité à haute valeur environnementale. Le futur a déjà commencé !
MOTS : NICOLAS DE BRUYN
PHOTOS : A2M
Rencontre avec Aline Branders, architecte partenaire chez A2M.
Aline Branders, un parcours durable…
J’ai fait un Master en Architecture et Développement Durable, puis j’ai travaillé dans un centre de recherche « Architecture et Climat » à l’UCL. Architecte associée de l’Agence A2M, responsable Recherche & Développement, je cherche à optimiser pour chaque projet les différentes cibles du développe- ment durable tout en proposant des approches de conception et des produits innovants. En parallèle, je suis enseignante, formatrice et conférencière. Je participe aussi régulièrement à différents projets de recherche et publications.
A2M, pionnier du passif…
Sebastian Moreno-Vacca a créé A2M, en 2000. Un bureau d’architecture qui a grandi progressivement et qui regroupe à ce jour 25 architectes, principalement à Bruxelles mais aussi à New York et Lisbonne. Depuis 2009, tous les projets de l’agence sont au minimum passifs, certains même zéro énergie, autonomes (off the grid) ou CO2 neutre. Une décision prise bien avant les réglementations PEB. Un choix important qui nous amène à refuser les projets qui ne respectent pas nos valeurs.
L’architecture a pour rôle premier de donner un cadre de vie épanouissant à l’homme. La différence aujourd’hui est qu’elle doit le faire en y intégrant les principes de durabilité et en particulier ceux liés aux économies d’énergie. A2M, c’est plus de 500 unités d’habitations passives, près de 210.000 m2 de bâtiments passifs con- struits ou en construction dont plus de la moitié sont zéro énergie et 53.000 m2 certifiés BREEAM.
Des bâtiments exemplaires…
Nous travaillons pour des clients publics et privés, sur concours ou en commande directe. Au départ, nous proposions des projets passifs alors que ce n’était pas demandé. Aujourd’hui, les réglementations et les mentalités ont un peu évolué mais nous essayons toujours d’aller plus loin pour réduire l’impact environnemental du projet. Pour qu’un bâtiment soit efficace, il doit d’abord être conçu intelligemment.
19 de nos projets sont certifiés bâtiments exemplaires en Région Bruxelles-Capitale et nous avons reçu le «MIPIM Award 2016 » pour « Paradis Express » à Liège, « Best futura project ». Pour un tel projet, 40.000 m2, nous nous sommes associés à « Jaspers-Eyers » et «BAGreisch». Dernièrement, nous avons remporté le concours « Marchandises » pour « Citygate », un projet stratégiquement situé dans l’une des zones d’entrée de Bruxelles où nous avons collaboré avec « Urban Platform » et « ORG».
Emblème de la Belgique à l’étranger…
Premier projet passif en Afrique, nous avons réalisé l’Ambassade de Belgique à Kinshasa ; un bureau local a suivi le chantier. Le projet a été accompagné d’échanges de coopération, de partages et transferts de connaissance par des conférences, formations, etc. en impliquant entre autres l’université où l’on enseigne (l’ULB).
Actuellement, nous construisons l’Ambassade de Belgique à Rabat où nous avons encore été un pas plus loin en proposant un bâtiment « Zéro Énergie ».
La durabilité intégrée…
En général, les bureaux d’architecture conçoivent leurs bâtiments et sous-traitent l’encodage énergétique, etc. Chez A2M, nous gérons en interne toutes les études, PEB (NDLR-Performance énergétique des bâtiments), PHPP (NDLR-Passive House Planning Package), calculs de ponts thermiques, transferts hygrothermiques dans les parois, études d’éclairage, de rayonnement solaire, simulations dynamiques, analyses de cycle de vie, bilan carbone, etc. Cela nous permet d’intégrer directement tous ces paramètres dans nos conceptions. Plutôt que de le voir comme une contrainte, nous nous en servons pour alimenter notre architecture en objectivant nos choix esthétiques.
L’importance des logiciels en architecture…
Ils sont indispensables. Nous utilisons des logiciels pour l’ensemble des études à réaliser. Le « parametric design » permet de créer des algorithmes qui intègrent tous les paramètres souhaités. Les modifications apportées au projet sont automatiquement reportées dans les études et simulations, ce qui permet de vrais aller-retours entre la conception architecturale et l’optimisation du projet qu’elle soit énergétique, environnementale, financière,… Par exemple, le « parametric design » a permis, durant la réalisation de notre Ambassade à Kinshasa, de calculer le rayonnement solaire arrivant sur les façades et d’optimiser les protections solaires en fonction.
Des monitorings sont aussi mis en place pour reconnaître les postes de consommation principaux et optimiser le fonctionnement des bâtiments et la conception des futurs projets.
Permacity, un concept innovant…
Ce qui est un déchet peut devenir une ressource. Inspiré de la permaculture (qui se référait à l’origine à l’agriculture permanente), A2M a développé un concept qui a une vision totalement globale de la durabilité en intégrant les aspects matériaux, lumière naturelle, impact sur la santé. Une démarche qui nous a amenés vers le « CO2 neutre ».
Notre travail de conception combine deux raisons : garantir une performance énergétique optimale et une résilience à long terme. Nous souhaitons proposer des projets qui régénèrent l’environnement en prenant en compte l’ensemble des impacts. Que le monde se porte mieux avec nos projets que sans eux !
« A2M, un bureau d’architecture résolument tourné vers l’avenir, utilisant les technologies au service de la durabilité.»
Zéro box, zéro énergie…
Un projet 100% autonome. Même en eau, un sacré challenge ! L’idée de « Zéro box », développée avec notre Think Tank FAAST, est de n’être raccordé à rien ! La première sera déposée sur le toit des bureaux de A2M. Design et vue sur Flagey. Elle sera louée en « Airbnb » afin de tout monitorer et de l’observer dans des conditions réelles.
Être une femme architecte…
L’architecture reste un milieu très masculin. Heureusement, petit à petit, les mentalités changent. Concrètement, c’est un métier difficile demandant cinq ans d’études, deux ans de stage, un statut d’indépendant, une rémunération modeste, des congés et indemnités de maternité moindres. Cela amène certaines femmes, mais aussi des hommes, à se réorienter vers des administrations, des promoteurs, des entrepreneurs, voire d’autres secteurs. Mais c’est aussi un métier passionnant où chaque collaboration et chaque projet apporte de nouveaux regards et de nouveaux défis… Le tout est de trouver son équilibre !
L’atout d’une collaboration…
Travailler avec Sebastian Moreno-Vacca est très motivant. Il est passionné, à la recherche permanente de nouvelles idées et de nouveaux concepts. Malgré mon expérience, je continue à apprendre à son contact.
Aline Branders, si elle était une pièce…
Le salon, l’espace de vie.
A2M
BRU chaussée de boondael 6 (bte13), 1050 brussels – BE
NYC 110 wall street, new york, NY 10005 – USA
LIS rua da madalena 214, 1100-325 lisboa – PTT : 02/640 51 81
www.a2m.be
Bruno Erpicum
Bien sûr qu’une construction transforme l’environnement. Mais un bâtiment peut aussi épouser la nature qui l’abrite. Il peut l’intégrer en la magnifiant, en la faisant rejaillir. Ramener le monde extérieur à l’intérieur, c’est là tout le talent de Bruno Erpicum, architecte passé maître en lecture de l’environnement et justesse des proportions, seul élément de décoration que le Belge s’autorise…
MOTS : NICOLAS DE BRUYN
PHOTOS : JEAN-LUC LALOUX
Un diplôme d’architecte décroché à Saint- Luc Bruxelles en poche, notre compatriote Bruno Erpicum s’en va découvrir l’Afrique du Sud et les Etats-Unis… Voici une info qui n’a rien d’anecdotique car c’est bien le somptueux théâtre de la nature qui va animer l’architecte. « Tout ce que je fais est éphémère mais si la nature peut reprendre ses droits une fois l’ouvrage terminé, c’est que je n’ai pas trop mal travaillé!», s’enthousiasme d’emblée ce fervent défenseur d’une architecture centrée sur l’essentiel, notion-phare de l’architecture moderniste du 20e siècle dont Mies van der Rohe fut l’un des illustres représentants.
« Je veux exposer les matières en m’interdisant toute forme d’habillage. »
Mais c’est quoi « l’essentiel » pour l’Atelier d’Architecture Bruno Erpicum et Partenaires (AABE), un bureau qu’il a créé en 1988 avec douze architectes actifs partout dans le monde ? En quelques mots, on pourrait dire que Bruno Erpicum balaie d’un revers de main tous les éléments qui parasitent le regard. A ses yeux, une construction doit laisser s’exprimer le terrain qui l’accueille, l’épouser pour le meilleur. « Le paysage », nous lance-t-il, « doit rentrer dans l’intimité du bâtiment. » Et la déco ? Il la rejette – la beauté d’un bâtiment s’exprimant par la justesse des proportions. La déco sans les éléments décoratifs, voilà son credo. Une épure qui n’enlève pourtant rien au caractère chaleureux des pièces à vivre, qu’il aime baignées de lumière. Pour vivre heureux, vivons avec la nature ! Architecte philosophe, Bruno Erpicum excelle dans l’art de ramener le monde extérieur à l’intérieur, c’est même là sa signature. Quant aux utilitaires, éclairage, prises, écran … , il intègre intelligemment ces éléments qu’il ne saurait voir dans l’architecture !
Du tac au tac avec Bruno Erpicum
Au commencement était… l’emplacement. C’est le terrain de jeu favori de Bruno Erpicum. « Un projet, c’est avant tout une attitude par rapport à l’environnement, une réflexion sur l’implantation du bâtiment sur son site. 90% des éléments d’un projet d’architecture sont dictés par le terrain. La notion d’intérieur/extérieur est d’ailleurs très stimulante. J’aime ce concept d’«être à l’extérieur à l’intérieur ». Pour tout vous avouer, durant ma première visite, je souhaite ne pas être accompagné par le client, pour ne pas être influencé. Et le jour où je me sens prêt, quelques coups de crayons suffisent pour donner vie au projet… »
La nature. « Je prends vie au projet même si, par la suite, le travail de mise au point reste important. Ainsi l’écorce d’un arbre : on a bâti une une maison qui accompagne l’écorce d’un arbre mais qui ne la suit pas. On a coulé du béton, 30 centimètres chaque jour sans le vibrer, le béton définissant la limite de l’écorce. A l’arrivée, on a créé une promenade autour d’un arbre. »
A poil ! « J’aime le béton. On peut le lisser mais aussi le texturer. Il prend la forme que l’on veut et raconte son histoire. Step by step, au fil de l’évolution de ma réflexion sur l’architecture, j’ai d’ailleurs pris la décision d’enlever la peinture que je considère comme une forme de décoration. Je veux exposer les bâtiments en m’interdissant toute forme d’habillage. On construit le bâtiment et on enlève les coffrages. Une fois le coffrage enlevé, mon bâtiment est terminé : les annotations des ouvriers sur les voiles de béton faisant d’ailleurs partie de l’objet construit. »
La lumière. « Indépendamment des fenêtres, comment, par exemple, faire entrer de la lumière dans un bâtiment ? Comment jouer avec l’ombre ? Au Portugal, j’ai demandé à l’entrepreneur de laisser quelques grains de sable entre le coffrage et le sur-panneau de coffrage pour que la lumière puisse laisser s’exprimer la force de la matière. Les imperfections m’intéressent beaucoup car elles montrent le vrai caractère du matériau. »
« Je prône l’abolition de la décoration au profit de la justesse des proportions à travers la lumière, la matière, les textures, le toucher.
L’architecture, c’est la vie ! »
Les matériaux naturels. « J’aime beaucoup le travertin qui se patine et s’embellit au fil du temps, les plans d’eau qui ramènent le ciel sur la terre, la crête des arbres qui vient couronner un bâtiment, les croûtes de schistes clivées, quand il pleut – et il pleut souvent chez nous -, c’est super beau ! »
L’horizontalité. « Le premier balayage du regard est horizontal. Travailler de manière verticale, il faut vraiment le vouloir ! Ca m’est arrivé à Uccle où le terrain imposait de travailler dans la verticalité : j’ai voulu aller dans la terre, comme si j’allais dans le ventre de la Belgique pour prendre la pierre bleue, telle quelle, c’est à dire sous forme de croûtes non polies, non travaillées. On a fait une ode à la pierre bleue belge pour que le bâtiment vertical puisse sortir de la terre. »
ATELIER D’ARCHITECTURE BRUNO ERPICUM & PARTNERS
Avenue Baron Alabert d’Huart, 331
1950 Kraainem
T : 02/687 27 17