Geraldine Dohogne, des hôtels qui promettent une expérience immersive
Geraldine Dohogne
Des hôtels qui promettent une expérience immersive
Mots : Servane Calmant
Photos : DR
Geraldine Dohogne s’occupe de dessiner, d’aménager, de styler, de chiner le mobilier (et la tasse à thé aussi !) de chaque hôtel, chaque lodge, chaque pavillon, qui fait appel à ses talents d’architecte d’intérieur pour une véritable expérience immersive dans le pays de villégiature. Avec Beyond Design, son studio londonien, la globe-trotteuse gantoise s’apprête à poser ses valises au Sri Lanka, au Népal, au Luxembourg, avant de rentrer au pays, en Ardenne belge, pour l’aménagement de quatre-vingts cottages … Une vie bien remplie !
Comment avez-vous démarré ? « J’ai un parcours un peu atypique. Je n’ai pas étudié le design mais le commerce international, qui m’a ouvert les portes des Zannier Hotels (une hôtellerie française au luxe épuré, nda) où j’ai géré de l’opérationnel, du développement, avant de bifurquer vers le design. Pour le compte de ce groupe, j’ai enchaîné les aménagements du Chalet à Megève, du Post 1898 à Gand, du Phum Baitang Resort au Cambodge, des lodges Omaanda et Sonop en Namibie… »
Après 13 ans chez Zannier Hotels, vous décidez de vous lancer à votre propre compte … « Oui, en janvier 2020, j’ai lancé Beyond Design, mon studio londonien. Et les projets ne se sont pas fait attendre ! Nous sommes quatre aujourd’hui à travailler sur différents projets, dont l’aménagement intérieur de l’Hôtel des Postes au Luxembourg, un monument national protégé par l’UNESCO, et qui fait donc l’objet d’une réhabilitation très délicate, dans le respect de l’architecture existante (ouverture prévue en décembre 2023, nda). En Ardenne belge, à Grandvoir, on va s’atteler à mettre en valeur un projet de 84 cottages sur 60 hectares, à l’esprit biophilique, c’est-à-dire qu’on va incorporer dans le design des éléments du monde naturel, le bois, la pierre bleue, etc. (ouverture prévue en automne 2022, nda). On a également deux projets d’aménagement d’hôtels dans des endroits fabuleux : l’un à Dambulla au centre du Sri Lanka en 2023, l’autre dans la ville de Ghami dans la province du Mustang au Népal. Ce projet qui verra le jour en 2024 me tient particulièrement à cœur car l’intégralité des revenus hôteliers sera reversée à la communauté locale, notamment pour financer des écoles et la préservation du patrimoine culturel… »
Comment était votre enfance ? « Marquée par les voyages ! Mes parents m’ont fait découvrir de nombreux continents. Cette passion du voyage, je la leur dois. Puis, j’ai bourlingué seule avec ce besoin d’ailleurs alimenté par une insatiable curiosité … »
Le style Geraldine Dohogne ? « L’hôtel doit être pensé comme le prolongement du pays que l’on visite, il faut donc qu’il soit imprégné de l’héritage culturel, architectural et environnemental du lieu qui l’accueille. Plus que des services, les hôtels que mon studio aménage offrent des expériences d’immersion … »
Très concrètement ? « Nous partons d’une feuille blanche. L’aménagement intérieur d’un hôtel en Namibie se révèle forcément différent du design de cottages en Belgique. On traite donc chaque projet différemment. C’est ce qui rend mon travail si passionnant. Pour un véritable ancrage dans le pays qui héberge l’hôtel, je travaille avec des artisans locaux ou je chine des meubles sur les marchés aux puces sur place, en cherchant toujours à m’imprégner du quotidien de la population … »
Une vie, une passion, forcément riche en anecdotes … « Oh oui, je me souviens d’une visite en Namibie où j’ai été coursée par un buffle. Mais plus généralement, ce sont les rencontres du quotidien qui font toute la richesse de mon travail. Partager une soupe Pho le matin avec des Vietnamiens, c’est la bonne base pour faire naître une vraie relation et démarrer un chantier en toute confiance … »
La méthode Dohogne, c’est aussi un concept décliné de A à Z … « Tout à fait. J’aime rassembler, fusionner toutes les odeurs, tous les sons, tous les éléments qui nous entourent et ramener l’extérieur à l’intérieur des hôtels. Pour sentir, humer le pays, je vais sur place, une semaine à 10 jours, je baroude à travers la région, avant de créer un concept de base que je continue à nourrir d’autres voyages sur place. Beyond Design propose en effet de s’occuper de tout, de l’agencement principal, du gros mobilier jusqu’à la tasse à thé, des éléments de déco qu’on chine, qu’on achète sur place à des artisans locaux ou qu’on dessine également pour tel ou tel groupe hôtelier. On raconte une histoire, sans négliger aucun détail, pour que le voyageur se sente chez lui… ailleurs ! »
Où se cache le plus bel hôtel aménagé par Geraldine Dohogne ? « Si vous cherchez un environnement urbain, 1898 The Post à Gand, c’est the place to be. En revanche, si vous souhaitez lâcher prise, je vous conseillerais Sonop en Namibie, dix tentes d’explorateur et de fabuleux paysages désertiques à perte de vue … »
www.geraldinedohogne.com
Nathalie Deboel, à la recherche d’un monde en mode pause…
Nathalie Deboel, à la recherche d’un monde en mode pause…
Mots : Servane Calmant
Photos : Cafeine (Thomas De Bruyne)
Architecte d’intérieur, Nathalie Deboel privilégie des habitats paisibles où il fait bon se ressourcer pour échapper à l’aliénation du quotidien. « Cette quête d’environnements sereins est encore plus vraie depuis que j’ai amorcé le virage de la cinquantaine », glisse-t-elle à notre oreille en souriant. C’est encore ce même désir de retour à l’essentiel qui l’a guidée à créer, en plein confinement, une collection de meubles construite autour du concept du bâton rond en bois. La Nomad Collection, une autre façon de (conce)voir le meuble. Et le monde.
Au sein de son bureau, Nathalie Deboel Interior Design, implanté à Knokke, notre compatriote a été la première, en 2005, à proposer des intérieurs haut de gamme pour des secondes résidences en Belgique, puis à l’international, avant de lancer un second bureau à Bruxelles en 2018. Huit architectes d’intérieur se partagent aujourd’hui des projets d’aménagement de résidences premières et secondaires dans notre pays et à l’étranger. Deux bureaux plus… une maison familiale. La maison de Nathalie Deboel située à Uccle en bordure de la forêt de Soignes dans un environnement volontiers apaisant, s’apparente en effet à un laboratoire qui a forgé le style Deboel. « L’architecte d’intérieur doit savoir comment les matériaux évoluent avant de les présenter à ses clients. Je transmets mon expérience de vie, tout en restant bien évidemment à l’écoute des demandes de chacun. Je ne ressens pas ce besoin de démarrer un projet à partir d’une feuille blanche, je préfère au contraire travailler en résonance avec l’histoire de chaque client … »
La touche pause
Le style Nathalie Deboel a-t-il évolué au fil du temps ? « Certainement. Je suis de plus en plus sensible aux matériaux naturels, écologiques, qui offrent une belle patine, comme la pierre, l’argile, la chaux, le béton ciré, le bois, le lin … On travaille également beaucoup avec des palettes de couleurs très douces. La recherche de l’authenticité guide mes pas. » Nathalie, l’architecte d’intérieur, est-elle une femme sereine ? « Je suis quelqu’un de calme mais mon travail m’oblige à mener une vie trépidante où je suis continuellement en mouvement. Ce n’est pas un hasard si je réfléchis à proposer des intérieurs calmes, apaisants, épurés qui contrastent avec la vie à cent à l’heure que nous menons tous, avec un social media qui oblige à communiquer sans cesse, avec toutes les aliénations du quotidien… Créer des habitats qui invitent à se ressourcer chez soi, à se sentir protéger, à se reconnecter avec l’essence de la vie, la famille, les amis, c’est ma priorité. Je suis également très sensible au design biophilique : la lumière naturelle et une bonne connexion avec la nature sont essentielles à notre santé mentale. Mes bureaux agissent de concert avec des architectes paysagers pour gommer au maximum la frontière entre l’intérieur et le monde extérieur… »
100% belge
En plein confinement, Nathalie Deboel se retrouve à travailler à la maison, comme la plupart d’entre nous. Cette sédentarité forcée va pousser la dynamique quinqua à interroger notre mode de vie et nos besoins du quotidien. Début 2020, elle crée la Nomad Collection, des meubles inspirés des bâtons que les nomades emportent avec eux pour fabriquer des objets temporaires. « Toujours cette quête de l’essentiel qui guide mes pas. Aussi ai-je souhaité une collection très simple dans sa forme et dans les connections entre les éléments qui composent chaque meuble. Ceux-ci sont dessinés et fabriqués sans vis ni boulon, mais avec des éléments d’agencement en bois. Le but étant de faciliter le déplacement des meubles, qui peuvent suivre leur propriétaire partout. Aujourd’hui, la Nomad Collection se compose de 5 meubles essentiels en chêne ou en noyer massifs : deux tables, l’une ovale, l’autre rectangulaire, une étagère, une banquette-lit et un fauteuil. » Une collection fabriquée dans des ateliers belges … « C’était en effet important pour moi de privilégier le circuit court pour m’inscrire dans une démarche citoyenne de valorisation des matériaux naturels de chez nous et de l’artisanat belge. D’autres objets nomades sont déjà en création, notamment une commode murale disponible cet été. »
Olivier Dwek, de l’architecture… à l’art
Olivier Dwek, de l’architecture… à l’art
Mots : Agnès Zamboni
Photos : DR
Alors que sa première monographie internationale et bilingue Olivier Dwek à la lumière de la modernité – Olivier Dwek in the light of modernity, publiée aux éditions Rizzoli, New York, vient de sortir, l’architecte bruxellois évoque son intérêt pour les lieux culturels, sa passion pour le mobilier design du cœur du XXe siècle, pour l’art contemporain…
Dans cet ouvrage, les réalisations sélectionnées sont éclairées par les écrits de Philip Jodidio, reconnu comme l’un des auteurs les plus importants dans le domaine de l’architecture. La première image, accompagnant son texte d’introduction, est celle de la façade de la boutique Louis Vuitton à Bruxelles, un bâtiment néo-classique du XIXe siècle, dont Olivier Dwek a entièrement redessiné l’intérieur. Alors jeune architecte de 28 ans, il se frotte déjà aux codes du luxe. Et aux côtés de maisons de rêve comme la Silver House, réinterprétant l’architecture vernaculaire hellénique, en blanc et bleu, 30 % de sa production architecturale correspond à des fondations d’art : ce n’est pas un hasard ! Enfin, passons aux questions… car la culture, c’est essentiel !
Quelle architecture défendez-vous ?
Celle de l’intemporalité. L’architecture n’est pas un geste gratuit condamné à disparaître. Chaque coup de crayon, chaque acte a un sens. Le dialogue avec les éléments, la nature est très important. Lorsque je regarde les photos de la Silver House, je suis satisfait car aujourd’hui, après 15 ans, j’aurai fait la même chose. En cela, l’architecture se rapproche de la philosophie. Dans le terme de « luxe sobre », je me reconnais. Le mur impressionnant de 42 m2, en marbre vert italien, dans l’espace de la Collection New Hope, c’est du luxe pur, de la haute couture. Travaillé à livre ouvert, le joint de la pierre est invisible. Son dessin rappelle une cascade…
Et concernant les lieux dédiés à l’art ?
Ayant étudié l’histoire de l’art, toutes mes passions se rejoignent en dessinant des fondations. Mon modèle, c’est la Fondation Beyeler imaginée par Renzo Piano. Il a tout compris et en particulier que la meilleure lumière du monde pour éclairer une œuvre, c’est la lumière naturelle. Ce maître a su parfaitement la filtrer et la maîtriser. Tel un magicien, son travail magnifie les œuvres. Légères, elles flottent dans l’espace. L’architecture doit être au service de l’art et non l’inverse. Il faut bien sentir la distance, la hauteur, la profondeur de chaque œuvre, travailler les angles qui permettent de faire dialoguer entre elles les différentes pièces présentées.
Quelles autres particularités pour ce type d’espace ?
L’espace doit être aussi modulable pour accueillir différents types d’œuvres, du mobilier, des objets… On doit anticiper les potentialités d’un espace d’exposition pour lui assurer une longue vie. Je me démarque complètement de la démarche de Frank Gehry, de son trait très puissant. Pour la Fondation CAB, située dans un ancien bâtiment art déco des années 1930, j’ai créé un espace ouvert et polyvalent. Il faut y aller pour comprendre !
Et pour la Collection New Hope ?
J’ai conçu ce lieu en dialogue direct avec le musée Victor Horta pour qu’il garde une vue sur son parc, comme à l’époque de sa construction. Côté jardin, j’ai réinterprété et actualisé les gestes de l’architecte en jouant la même symphonie, avec les instruments de mon temps. Aux lignes souples Art nouveau de sa façade répondent les traits modernistes, lignes verticales, horizontales et obliques des années 2020. A l’intérieur, l’espace a été entièrement redessiné tout en conservant la volumétrie existante.
Architecte, architecte d’intérieur, curateur… pourquoi assurer toutes ces fonctions ?
Architecte d’intérieur ? C’est un drôle de nom. Tout doit être pensé en continuité avec le bâtiment pour effacer les frontières entre l’extérieur et l’intérieur. Le geste est le même, c’est juste une question d’échelle. Je conçois mon travail comme une maîtrise complète pour faire dialoguer tous les éléments. Mon intérêt se porte aussi spontanément sur les objets tridimensionnels, le mobilier et les objets. Au début du XXe siècle, alors que les métiers d’architectes d’intérieur et de designers n’existaient pas, les architectes dessinaient non seulement le bâtiment mais aussi les poignées de porte et jusqu’à la petite cuillère. Ils étaient des ensembliers.
« Il faut un certain recul pour réussir à sélectionner ce qui n’est pas que de la décoration. »
Comment faire de bons choix?
Dans le domaine de l’art, ma connaissance s’allie à un certain flair pour choisir ce qui, je pense, va rester, ce qui relève de l’universel. C’est à la fois un jeu et une prophétie. Regardez l’artiste Richard Prince, avec son image de cowboy « volée » à Malboro, il y a moins de 20 ans, il a imaginé le monde d’Instagram et de Facebook. Côté design, je suis particulièrement attiré par le mobilier des années 1930 aux années 1970. Mon plaisir de la sélection s’attache aussi dans le choix de pièces de céramique, avec une prédilection pour les années 1950 et les artistes français comme Georges Jouve. Cet artiste e a commencé à créer des pièces figuratives pour aller ensuite après une période de transition vers l’abstraction.
« Les grandes œuvres d’art posent des questions mais ne donnent pas de réponses. »
Artisan, une profession de foi
Artisan, une profession de foi
Mots : Servane Calmant
Photo : Le Mariage d'un Haïku
Il y a sept ans, Marie Brisart prenait un véritable virage professionnel pour travailler la terre de ses mains. En tournant et tournant encore, elle devint artisan potière. Depuis, elle a réussi à imposer son style, en créant dans son atelier à Hennuyères, de jolies pièces, des assiettes, des bols, des coquetiers, principalement utilitaires. Marie n’a aucun regret. L’artisanat, c’est sa voie.
L’enseignement et le monde associatif, c’était sa vie d’avant. Avant que notre compatriote Marie Brisart ne ressente l’urgence de se reconnecter à la terre. « A vrai dire, j’ai toujours cherché le contact avec la terre : j’ai fréquenté l’Académie des Beaux-Arts de Boitsfort qui a été une grande source de satisfaction et une licence en anthropologie a confirmé mon intérêt pour la culture matérielle… »
Devenue trentenaire, Marie interroge sa vie professionnelle, mais c’est un drame personnel, la perte d’un être cher, qui va définitivement la pousser à se tourner vers une activité plus en phase avec son vécu et ses aspirations. Il y a 7 ans, elle décide de devenir potière. D’en faire son métier donc. A plein temps. Et quand on lui demande de nous raconter une journée à l’atelier, elle prévient : « Ce n’est pas un hobby, un passe-temps, un atelier-céramique, mais bel et bien une vraie journée de travail, je démarre très tôt et je m’arrête pour aller rechercher les enfants à l’école … » Toute la journée, Marie tourne, tourne, tourne ! Ses pièces, elle les façonne en effet au tour de potier, « j’utilise donc un plateau rotatif sur lequel je centre une motte d’argile en me servant de la force rotative ». Est-ce en tournant qu’on devient céramiste ? « Exactement, comme on apprend à écrire quand on est petit. Ce n’est absolument pas instinctif. Il faut jouer avec la force centrifuge, le geste répétitif s’imprime alors progressivement dans l’inconscient. Cette technique artisanale fort ancienne nécessite une pratique soutenue ; avec le temps, le geste devient plus précis, les pièces deviennent plus régulières… ». L’enthousiasme à la tâche de Marie est palpable, l’artisanat, c’est une profession de foi, « qui exige beaucoup d’implication, de travail, de formation, de documentation, de sérieux, je ne me vois pas faire ce travail en dilettante ! »
La question de l’utilitaire
Marie Brisart tire essentiellement son inspiration des céramiques japonaises et du design européen des années 50. Les pièces qu’elle produit sont sobres, épurées. « Je suis ultra méticuleuse, il y a beaucoup de calcul dans ma démarche, les bols d’une même série doivent avoir les mêmes dimensions. Je suis très exigeante avec moi-même. D’où mon intérêt pour l’art japonais à la fois épuré et très abouti, très maîtrisé. » Des pièces, bols, assiettes, coquetiers, esthétiques certes mais avant toutes choses utilitaires : « j’ai mis un point d’honneur à placer l’utilitaire au cœur de mon travail. Je souhaitais en effet créer des objets qui servent dans la vie de tous les jours. » Est-ce là une démarche qui s’appuie sur une réflexion anticonsumériste ? « Il y a quelque chose de vibrant dans un objet utilitaire et j’adhère effectivement à des mouvements comme le Less is More… »
Son actu
Marie Brisart a récemment créé des assiettes sur mesure pour le restaurant Sanzaru à Bruxelles, qui met à l’honneur la cuisine Nikkei entre Japon et Pérou, et ouvert une petite boutique dans le centre de Bruxelles (14 Petite rue des Bouchers) où elle reçoit les amateurs d’artisanat les vendredis de 10 à 18h. Et l’avenir ? « Je dois bien vous avouer que suis en plein dilemme car les commandes d’assiettes notamment explosent, or je ne vois pas comment me développer davantage sauf à travailler plus vite ce qui reviendrait à tuer l’âme même de mon travail d’artisan ou à déléguer, mais je ne peux m’y résoudre ! Je gère tout aujourd’hui, même les réseaux sociaux. L’idée de collaborer avec d’autres restaurants me ravit évidemment … Je trouverais bien une solution ! »
Laurence Sonck, ses projets, autant de belles aventures humaines…
Laurence Sonck
Ses projets, autant de belles aventures humaines…
Mots : Servane Calmant
Photo Cover : DR
L’architecte d’intérieur Laurence Sonck prône la sobriété en évitant le piège de la maison muséale, notamment en trouvant des objets et des œuvres d’art qui réveilleront l’espace et feront la différence. Et surtout, elle n’a pas sa pareille pour écouter ses clients, nouer avec eux des rapports privilégiés, afin de les guider à trouver le style qui leur correspond le mieux. Sans jamais trahir le sien !
La maison, ce lieu de vie où l’on passe tant de temps, réfléchit-elle vraiment votre personnalité et votre mode de vie ? La question dépasse les images à la mode épinglées sur Pinterest ou dans des magazines papier ! Ecouter, guider, tracer la voie, proposer le cas échéant des alternatives ou stopper le client dans son élan lorsqu’il fait fausse route, voilà quelques-unes des missions de l’architecte d’intérieur Laurence Sonck et de son équipe. On en discute avec elle à bâtons rompus.
« Je suis une vraie autodidacte. J’ai tout d’abord aménagé une boutique de prêt-à-porter, puis une seconde. De belles rencontres vont très vite m’apporter une franche notoriété. Je pense notamment à François Schiemsky, propriétaire des magasins Francis Ferrent, qui m’avait demandé de m’occuper de ses boutiques … » Rapidement, le bouche- à-oreille devient un levier de reconnaissance… « Progressivement, on va en effet faire appel à moi pour aménager des intérieurs privés. Il a fallu néanmoins que je me démarque. Je crois que ma personnalité, mon enthousiasme, mon professionnalisme et ma capacité d’écoute ont su faire la différence. »
Quand on demande à Laurence Sonck si son travail exige un minimum de psychologie, elle nuance : « La plupart de mes clients attendent d’être écoutés, rassurés, guidés surtout. Mais c’est un métier qui nécessite aussi de savoir dire non ! J’ai à ce sujet une petite anecdote croustillante : un client fortuné pour lequel j’avais réalisé un magnifique penthouse souhaitait que tout son mobilier soit en bleu ! J’ai évidemment refusé. Il m’a néanmoins donné carte blanche et, à la fin du chantier, il m’a confié qu’il avait bien fait de m’écouter ! (rire) »
Pas toujours facile de convaincre les clients plus hésitants ? « Pour aider les clients qui n’arrivent pas à lire un plan et à le visualiser, on propose une modélisation 3D du projet qui permet de mieux appréhender sa conception. On va également prochainement s’équiper en casques virtuels. Ce ne sont pas juste des outils de vente mais de vrais outils d’aide à la validation des choix d’architecture et d’ameublement de son habitation. »
Le style Laurence Sonck, c’est …
« J’ai une clientèle belge et internationale (à 40%) forcément diversifiée, et avec laquelle je fonctionne au feeling. J’observe, je conseille, j’accompagne, je gère tout de A à Z, en fonction des demandes. Au fil des projets, j’ai réussi à imposer ma signature qui consiste à trouver le juste équilibre entre l’espace libéré, l’épure, et l’apport de chaleur et de vie dans les pièces. Par ailleurs, j’ai eu la chance de rencontrer un client qui était grand amateur d’art contemporain et qui m’a permis d’affirmer mon style en intégrant l’art dans mes projets. »
Un petit conseil à nos lecteurs et lectrices pour éviter le piège de la maison muséale ? « Je privilégie les intérieurs blancs et les tons neutres mais le style showroom, ce n’est pas du Laurence Sonck, en effet. Je conseille donc de travailler les volumes ouverts parce qu’ils accentuent la convivialité, et de les réchauffer. Comment ? En jouant avec la lumière naturelle, avec les éclairages indirects, en apportant des matières chaleureuses, des tapis épais, un plaid douillet, des coussins stylés, des objets et tableaux aussi. Vous savez, il suffit parfois de changer simplement quelques accessoires pour avoir l’impression de vivre dans un nouvel intérieur ! »
Son projet le plus ambitieux ? Et de citer sans hésiter Ramatuelle. « J’avais une relation fantastique avec le client qui m’a fait pleine confiance. On a tout géré, jusqu’au mobilier sur mesure et la commande d’une table de terrasse de 6m40 dessinée par mon bureau et conçue par Xavier Lust. La collaboration nouée dans le cadre de ce beau projet d’envergure a porté ses fruits ! »
Des projets qui sont autant de belles aventures humaines… « Pour vous donner un ordre de grandeur, il faut compter deux à trois ans entre le dépôt de permis et la réalisation d’une maison de 300 mètres carrés. C’est dire si moi et mon équipe nous avons le temps de faire connaissance avec nos clients, de les questionner sur leur manière de vivre et de recevoir, sur leurs attentes, sur le style de déco qui leur conviendrait le mieux … L’occasion de nouer de vrais rapports privilégiés et souvent de belles amitiés !
L’architecture au prisme de la sensibilité de Mireille Roobaert
L’architecture au prisme de la sensibilité de Mireille Roobaert
Mots : Servane Calmant
Photo Cover : Mireille Roobaert
Photos-témoignages. Images de mémoire. Travail de transmission. Comment la photographe d’architecture belge Mireille Roobaert restitue-t-elle le travail d’Oscar Niemeyer, de Denis Meyers (bâtiment Solvay) ou encore celui de René Stapels et Pierre Dufau, les architectes de la Royale Belge ? « A l’instinct », nous lâche-t-elle. Immersion artistique en sa compagnie.
Sport, portrait, actu, voyages, scènes de la vie quotidienne, déco d’intérieur aussi, Mireille Roobaert, photographe de presse depuis 25 ans, a plus d’un cliché à son arc. C’est cependant une autre facette de sa riche personnalité que la Bruxelloise nous dévoile lors de cet entretien, l’histoire d’une démarche plus personnelle, d’une passion vibrante pour l’architecture qui va la conduire à restituer des fragments de réalité du monde qu’elle parcourt, l’œil rivé derrière l’objectif de son numérique.
Pour l’heure, Mireille Roobaert réalise en effet des images de mémoire sur la Royale Belge, monument emblématique des années 65-70, occupé jusque 2017 par AXA, certes déserté depuis mais inscrit à jamais dans le paysage urbain bruxellois. « J’ai appris que le Belge René Stapels et le Français Pierre Dufau, les architectes qui l’ont dessinée, se sont ouvertement inspirés d’un des derniers bâtiments dessinés par Eero Saarinen dans l’Illinois. Matérialiser la Royale s’inscrit complètement dans mon intérêt pour les grands architectes… »
Pour la petite histoire, la Royale Belge du 25 boulevard du Souverain, sera bientôt réaménagée en hôtel, restaurant, espace de coworking ; Lionel Jadot est notamment sur ce projet avec le groupe Limited Edition Hôtels, ainsi que trois bureaux d’architecture, Ma2 de Francis Metzger, Caruso St John et Bovenbouw-DDS. « J’ai le privilège de pouvoir arpenter le bâtiment, qui est déjà en chantier. Il faut voir ce grand hall d’accueil de marbre rose, le volume magistral de l’auditorium, l’oeuvre du sculpteur Pierre Sabatier, les structures en béton brut du restaurant ; en revanche, le mobilier d’origine n’est plus là… Reste que la Royale Belge est un bâtiment véritablement exceptionnel, sa tour cruciforme réalisée en acier Corten happe le regard par sa singularité ! »
Quand on l’interroge sur sa façon de travailler, Mireille Roobaert raconte ses nombreuses visites à la Royale, à observer la lumière darder des rayons qu’elle souhaiterait capturer, ou éviter, sans jamais toutefois tergiverser longuement… « Je suis une instinctive, les formes, les perspectives, je les repère d’emblée. Saisir vite, c’est mon rythme naturel. Ensuite seulement, s’ajoute une réflexion plus intellectuelle où j’interroge le travail des architectes … ». En mars dernier, Mireille Roobaert avait déjà collecté une bonne centaine de photos qu’elle verrait bien aux cimaises du futur hôtel dessiné par Jadot, au cœur de la Royale Belge réaffectée. Des photos pour matérialiser le travail de mémoire, un pan de l’histoire belge fixé à jamais. To be continued.
Denis Meyers, Oscar Niemeyer et les autres…
Photos-témoignages aussi à travers le projet « Remember Souvenir » avec l’artiste urbain belge Denis Meyers, une collaboration en forme de co-création qui reposait sur la destruction même du bâtiment Solvay où le graffeur venait de taguer durant dix-huit mois 25.000 m² de murs. « Je me suis immergée dans le bâtiment, pris des milliers de clichés, nourrissant des dialogues imagés avec Denis Meyers (qui ont notamment été exposés dans la galerie Arielle d’Hauterives à Bruxelles – nda)… Si j’en avais eu l’occasion, j’aurais d’ailleurs saisi Solvay avant même l’intervention de Denis. »
Sur les traces d’Oscar Niemeyer cette fois, auquel Mireille Roobaert rend hommage à travers « Les Courbes du temps », des photos qui s’exposent en ce moment chez Lucia Esteves Lifestyle, le concept store cocooning du quartier Brugmann à Bruxelles. « La sensualité qui se dégage de la courbe chez Oscar Niemeyer m’a profondément touchée. Je me suis rendue à Sao Paulo où j’ai initié une série de photographies sur son travail, à travers notamment le hall central du Pavillon des arts, espace culturel monumental situé dans le parc d’Ibirapuera. Ensuite, j’ai fait un travail de retouches très conséquent pour gommer tous les éléments récents, notamment les pictogrammes WC ou des câbles qui sont venus avec le temps gâcher la pureté de la courbe. Je souhaitais montrer à quoi ressemblait vraiment cet édifice en 1953 et restituer de ce fait un moment du passé. »
Et Mireille Roobaert de projeter de se rendre un jour à Brasilia évidemment (la capitale brésilienne sortie de terre en avril 1960 abrite un ensemble de bâtiments dessinés par Niemeyer), en France aussi qui abrite le siège du Parti communiste français ou encore la Maison de la Culture du Havre, bref, l’héritage Niemeyer. D’autres projets ? « Plein ! Notamment prendre le temps de capter l’âme des autres grands noms du 20e, Le Corbusier, Frank Gehry … Etudiante, j’avais écrit ces quelques mots : ‘éphémère je t’ai piégé, tu m’as donné un bref instant ta réalité, et j’en ai fait un cliché’. » Vingt-cinq ans plus tard, ce regard guide toujours ses pas.
Quoi de neuf chez Marie’s Corner ?
Quoi de neuf chez Marie’s Corner ?
Quoi de neuf chez Marie’s Corner ?
Mots : Ariane Dufourny
Photo Cover : Frederik Vercruysse
Se réinventer encore et toujours tout en conservant son ADN, mission accomplie pour Marie’s Corner. Le spécialiste belge du canapé́ « Tailor-Made » présente 11 nouveaux modèles qui mettent en exergue l’épure et le confort. Des futurs best-sellers ? Sans aucun doute ! Découverte en images.
Créée il y a presque 30 ans, Marie’s Corner peut se targuer d’être devenue une référence d’excellence « made in Belgium ». Environ 200 modèles exclusifs et plus d’un millier de finitions possibles ! C’est plus que ce dont on rêve pour obtenir une pièce au caractère unique. Et pourtant, l’entreprise brabançonne wallonne n’a de cesse d’innover en matière de savoir-faire et d’art de vivre. Les nouveautés dans le siège font la part belle à l’épure, au confort et mettent en valeur le travail du bois avec un focus tout particulier sur les pieds. Par ailleurs, trois séries de tables basses ont été spécialement étudiées pour embellir les salons et proposer une offre complète.
Fauteuils
Sans conteste, le fauteuil reste la grande spécialité de la Maison belge. 2021 voit naître trois nouveaux modèles radicalement différents. « Scott », tout en courbes enveloppantes, est le complément idéal d’un salon contemporain, mais les deux modèles qui nous font de l’œil sont assurément « Butler » et « Perry ». Le premier nous séduit par ses lignes carrées et sa structure 100% pivotante tandis que le deuxième nous enchante par sa simplicité apparente et son goût pour les matériaux naturels tels que le bois qui joue le premier rôle. Le choix se révèle cornélien !
Chaises
Maries’ Corner n’a pas son pareil pour revisiter et mettre au goût du jour des modèles chinés chez les antiquaires. Rappelant les années 50, « Dixie », avec ses deux hauteurs d’assises, en est le parfait exemple.
Canapés
La pièce centrale d’un salon est sans conteste le canapé. Alors, il se doit d’être beau et confortable à l’instar de « Garland » et « Bradley ». Si le premier peut s’intituler « quand le confort rencontre le design », le second se distingue par ses modules très compacts qui s’adaptent parfaitement aux petits espaces.
Poufs
Rond, confortable et disponible en plusieurs formats, le pouf « Trinity » s’annonce le complément indispensable à une déco réussie. Rien qu’à le voir, on ne peut déjà plus s’en passer !
Tables basses
Grâce à l’apparence noble du bois des modèles « Cala », « Soto » et « Luna », la Maison belge enrichit son offre afin de composer un salon complet et cohérent. Bien vu, Marie’s Corner !
Les Belges d’ailleurs, Nathalie Jonniaux-Liesenhoff : Majorque, mon amour !
Les Belges d’ailleurs, Nathalie Jonniaux-Liesenhoff : Majorque, mon amour !
Mots : Philippe Berkenbaum
Photos : The Art Signature
Installée à Palma depuis 20 ans, elle est une figure belge de la plus grande île des Baléares. Maman de quatre enfants, Nathalie a consacré sa carrière à l’organisation d’événements, de tournages publicitaires et autres activités de com’. Mais c’est son dernier-né dont elle est la plus fière : l’agence artistique The Art Signatures, créée pour promouvoir les artistes locaux aux quatre coins du monde. Tableau en 3 actes.
Acte 1 : lunes de miel
Entre Majorque et Nathalie, ce n’est pas l’histoire d’un seul, mais de plusieurs coups de cœur. Le premier remonte à son enfance, lorsqu’elle rendait visite à ses parents qui s’y étaient installés. Le deuxième l’a conduite, devenue adulte, à s’y rendre régulièrement en vacances « pour le charme et la beauté de la grande île des Baléares ». Le troisième fut décisif. Une rencontre improbable avec Tim, un jeune médecin allemand dans une gargote isolée du nord de l’île… vite sublimée en demande en mariage. Coup de foudre. Elle a dit oui !
Les premières pages du conte de fées, le jeune couple les écrit à Berlin avant de s’installer à Munich où naîtront deux filles, Morgan et Marine. Majorque reste l’écrin de leurs vacances familiales. Mais l’appel du large devient irrésistible pour ces amoureux de la mer : les Liesenhoff choisissent de s’installer à Palma, la capitale. Deux autres enfants naissent au soleil, Logan et Océane. La référence marine n’est jamais loin.
Acte 2 : des racines et des voiles
Pendant que son mari cultive l’art de la chirurgie esthétique jusqu’à ouvrir sa clinique privée, Nathalie gère ses relations publiques et sa clientèle VIP. Elle accueille régulièrement des stars comme le réalisateur britannique Guy Hamilton (plusieurs James Bond au compteur) ou la chanteuse d’un mythique groupe pop des années 70 & 80, devenue son amie mais qui tient à garder l’anonymat. On ne la nommera donc pas.
La famille s’ancre à Palma, prend racine. Tombe sous le charme d’une finca (ferme) du 19e qu’elle transforme en mas provençal au milieu des champs, sur les hauteurs de la ville, vue imprenable sur les oliviers et l’océan lointain. Chiens, chats, chevaux, couvées… La tribu s’agrandit, la ménagerie grossit, la déco s’enrichit. En chineuse avertie, Nathalie orchestre une rénovation du nid si originale qu’il s’impose comme décor pour de fréquents tournages publicitaires (Nestlé, Nutella, Rexona, L’Oréal, Coca-Cola…).
A Palma, la Marigan – de Mari(ne) et (Mor)gan – prend des allures de place to be pour de nombreux expats et son nom s’affiche bientôt en lettres d’or sur le fronton de deux autres musts du paysage local : un voilier de course et un palais privé du 19e.
En 2003, le couple acquiert en effet un fier coursier tout de bois et cordages dessiné en 1898 par le Britannique Charles Livingstone et entièrement remis à neuf. Taillé pour l’America’s Cup, il collectionne les trophées au large des Baléares et de la Côte d’Azur. Tim à la barre, Nathalie – parfois – et l’un ou l’autre enfant du couple – souvent – à la voile. Avis aux amateurs, ce sloop vintage est aujourd’hui en vente.
Acte 3 : toute la beauté du monde
Le palais, lui, fut achevé en 1803 sur ce qui deviendra la Rambla, la principale artère du centre de Palma. Dessiné par l’architecte Guillermo Torres, amateur de grands peintres et fondateur de l’Académie des Beaux-Arts locale. Devenu un hôtel de maître privé un brin décrépit, c’est dans ses murs rendus à leur lustre d’antan que les Liesenhoff installent leur clinique en 2010. « La chirurgie plastique est un art, d’accord, mais un tel lieu ne pouvait se limiter à accueillir des patients, même fortunés », sourit Nathalie. « L’idée s’est dès le début imposée de l’ouvrir au monde extérieur pour y organiser des événements en tous genres. »
Réceptions, défilés, tournages, expositions, lancements commerciaux… Le tout Palma défile à la clinique Marigan de jour comme de nuit, les uns pour se refaire une beauté, d’autres pour profiter de celle de cet endroit hors du temps. La maîtresse des lieux en profite pour enrichir son carnet d’adresses et devient l’une des figures belges de Majorque – impossible de l’accompagner en ville sans croiser quelqu’un qui la salue joyeusement dans l’une des 5 langues qu’elle pratique couramment.
Vient un jour la trouver le sculpteur majorquin renommé Joan Costa, qui lui demande d’organiser en ces murs une expo de ses œuvres. Encore un coup de foudre – « artistique s’entend », précise-t-elle. La proximité est telle que l’artiste veut faire d’elle son agent. « Un agent à l’ancienne, pas un galeriste qui se soucie surtout de la cote de son poulain »,souligne Nathalie. « Quelqu’un qui est à ses côtés dans les bons et les mauvais moments pour le soutenir, le conseiller, l’orienter, soigner son image et lui permettre d’exercer son art en ayant toujours une oreille attentive pour l’aider en cas de besoin. Même au milieu de la nuit. » Une meilleure amie, une confidente. « Et un pont entre lui et l’acheteur qui ne le connaît pas encore. »
Épilogue : au sommet de son art
Le maître en a attiré d’autres, le bagout de Nathalie a fait le reste. Ainsi a démarré sa dernière aventure. Créée voici 3 ans, son agence The Art Signatures défend aujourd’hui les intérêts de 26 artistes peintres, sculpteurs, photographes ou vidéastes originaires des Baléares, d’Espagne ou d’ailleurs. Baseline : ‘Avant-gardiste, humaniste, innovante, internationale’. Le concept est novateur puisqu’elle ne se contente pas d’organiser des expositions sur l’île et le continent – dernière en date dans la galerie du fondateur d’Art Basel Center en Suisse, en plein covid –, mais aussi des minitrips pour collectionneurs d’art.
Outre un programme axé sur la découverte des merveilles et de la gastronomie majorquine, ces visiteurs avertis bénéficient d’un accès exclusif aux ateliers d’ordinaire fermés au public. Nathalie pilotait encore récemment le mannequin et égérie de Chanel Candida Bond, qui a acheté deux œuvres à ses poulains dans l’intimité de leurs ateliers. La suite du roman reste à écrire, avec ce qu’il faut de dramatisation. Frappé par la crise sanitaire et la mise en rouge de l’Espagne et des Baléares, le monde de l’art est tétanisé et Nathalie traverse une période difficile. Mais elle garde la foi. « J’aime les artistes pour leur côté vrai, pur, souvent brut de décoffrage. Ce sont des passeurs de messages, des rêveurs qui font rêver », conclut-elle. Les siens, de rêves, restent intacts.
Ses trois adresses secrètes
- L’hôtel Bendinat
« Pour son délicieux restaurant et la vue extraordinaire, j’y vais depuis 25 ans quand je veux déstresser. »
www.hotelbendinat.es
- Gran Folies Beach Club
« Pour le cadre, l’ambiance, le resto et surtout la classe de yoga donnée par la yogi master Paula Cavalieri, petit déjeuner sain en prime. »
https://beachclubgranfolies.com/es/inicio
- Es Trenc
« La plus belle plage de Majorque, des kilomètres de sable blanc, avec le plus sympa des chiringuitos (buvettes) de l’île. Pour un cocktail de rêve au coucher du soleil. »
@chiringuitodelmedioestrenc
Charly Wittock défenseur d’une architecture ouverte, à l’interaction et aux dialogues forts.
Charly Wittock défenseur d’une architecture ouverte, à l’interaction et aux dialogues forts.
Mots : Agnès Zamboni
Avec son équipe de l’agence AWAA, il invite ses clients à collaborer activement dans le développement de leur projet commun… surtout s’ils ne sont pas architectes. Entouré de consultants de divers domaines, AWAA regroupe des professionnels, aux expertises différentes, qui interviennent à l’international et dans tous les secteurs de la construction. AWAA ne propose pas un système stylistique, mais une architecture prenant forme grâce aux échanges d’idées. Une démarche singulière qui rend les projets riches en innovations.
Are We All Architects ? Pourquoi cette question ?
« C’est notre phrase fétiche. Mais AWAA ne se limite pas à « Are We All Architects ». On peut lire aussi « Another Wild Architectural Adventure », « A Wittock Architectural Association ». Christophe Bourdeaux, notre Head Designer, en charge de la conception, est plasticien et, pourtant, il est responsable du développement architectural de chaque projet, sans être lui-même architecte. L’Architecture est avant tout une aventure humaine et les meilleurs projets sont ceux qui mettent en avant une innocence car elle leur apporte une autre dimension ».
La diversité de vos interventions est-elle un avantage ou un inconvénient ?
« D’un point de vue purement commercial et en termes de communication, c’est clairement un désavantage. Les clients ont besoin d’être rassurés, d’avoir en face d’eux des experts dans le domaine concerné. Mais nous avons réussi à en faire un avantage. Notre réputation est établie sur notre expertise de pouvoir mener à bien des projets qui sortent de l’ordinaire, qui nécessitent un regard nouveau sur la manière d’aborder un projet particulier. En ce sens, nous sommes devenus les experts du challenge, nous offrons à nos clients des nouvelles perspectives qui sortent des sentiers battus ».
Quel est le secteur qui vous passionne le plus ?
« TOUS. Le résidentiel apporte un échange humain très intime et très riche. L’industriel et le commercial nous permettent d’explorer, d’apprendre, de prendre des risques maitrisés. Le culturel nous permet de rêver, de travailler dans le conceptuel tout en le rattachant à un pragmatisme pur et dur. Une grande liberté liée à une précision d’orfèvrerie nous permet de questionner l’architecture à sa plus petite échelle. On se rapproche de l’humain d’autant plus, tout en ouvrant des pistes pour repenser l’architecture de demain ».
La réalisation qui restera en mémoire ?
« Le travail que nous effectuons pour la Brasserie Duvel Moortgat depuis plus de 20 ans : C’est enivrant de pouvoir s’occuper d’un site aussi vaste que leur centre de production à Puurs… avec une nouvelle salle de brassage, des bâtiments techniques pour les cuves de fermentation, la reconversion d’une ancienne salle de brassage en bureaux, la conception d’un nouveau bâtiment pour abriter les laboratoires et d’une unité de production expérimentale pour développer des nouvelles bières… On apprend à se remettre en question à chaque fois et découvrir de nouveaux procédés tout en essayant de maintenir un fil rouge pour une continuité architecturale sur un site si vaste et éclectique.
Celle qui a été la plus difficile à mener jusqu’à son terme ?
« La rénovation d’une maison privée de 1 200m2 datant des années 1970. La mission consistait à préserver ce chef-d’œuvre moderniste tout en le rendant moins énergivore. Le « décor intérieur » devait être maintenu, la pierre extérieure aussi, et notre intervention s’est concentrée entre les deux. Une opération à « cœur ouvert » qui a demandé un niveau de détail et de précision sans précédent ».
Et celle dont vous avez appris le plus ?
Caméléon. Car notre mission était de créer un bâtiment exemplaire du point de vue écologique et énergétique. Concevoir le premier bâtiment commercial de plus de 17 000m2, sans air conditionné, était l’un des nombreux défis. Nous avons suivi des formations. Nous nous sommes entourés des plus grands experts. Et le projet s’est construit en nous remettant perpétuellement en question, nous en tant qu’architectes et notre client comme utilisateur. Toutes les « règles de base commerciales » ont été remises en question ».
Quels problèmes particuliers a posé Le Chai de Bousval ?
« Réaliser un chai, aujourd’hui, est assez facile. Les technologies accessibles permettent de climatiser tout le processus de vinification sans tenir compte de l’architecture, ni des éléments extérieurs. Dans notre cas, l’ambition du Chai de Bousval était, au contraire, de créer un bâtiment à l’ancienne en utilisant des matériaux actuels, éviter toute climatisation, toute manipulation mécanique des fluides et revenir aux sources. Nous avons étudié les vieux chais, analysé leurs méthodes pour garder une hydrométrie et température constante et tenté de nous en approcher tout en utilisant les matériaux économiquement accessibles aujourd’hui ».
La C-19 Table ? Une opportunité ? Un virage vers le design ?
« C’est plutôt un retour vers le design après 20 années dédiées uniquement à construire des bâtiments. Dans les années 90, nous avons développé des meubles qui se sont vendus aux Etats-Unis. C’est grâce au confinement et à l’arrêt total de nos chantiers que nous avons pris le temps de réfléchir à l’architecture post-confinement, l’architecture de demain. La table C-19 illustre, à une petite échelle, la manière dont nous allons devoir concevoir les espaces architecturaux de demain : une architecture capable de s’adapter à différents modes de vie tout en préservant un sens de liberté pour chacun ».
Signé Pinto
Signé Pinto
Mots : Ariane Dufourny
Photos : Anthony Dehez
Peintre, chef et architecte d’intérieur, Antoine Pinto marque indéniablement tout ce qu’il signe ! Grâce à son génie, l’expérience organoleptique est sublimée par ses décors grandioses. En attestent plus de 150 réalisations dont Toit, son dernier-né, et son prestigieux Belga Queen, fleuron de la belgitude. Ecce Homo !
Le Belga Queen, quelle est son histoire ?
C’est un endroit qui a une aura, tout un passé, une architecture, un décor. Au XVIIIe siècle, ce fut l’Hôtel de la Poste, le plus important du centre de Bruxelles, où ont séjourné notamment Victor Hugo, Rimbaud, Verlaine. Par après, le bâtiment est devenu une banque, le Crédit du Nord. Quant au Belga Queen que j’ai créé en 2002, il est à présent reconnu comme une maison prestigieuse dans le monde entier et est devenu la locomotive du centre-ville bruxellois.
En tant que porte-parole d’une quarantaine de restaurateurs belges, vous avez écrit une lettre ouverte aux pouvoirs publics pour les sensibiliser sur la situation de l’Horeca à Bruxelles. Avez-vous obtenu une réponse ?
Non, aucune ! Et la situation ne va pas s’améliorer en limitant la vitesse à 20 kilomètres à l’heure, en ajoutant des pistes cyclables partout, en imaginant des tricycles pour fournir les restaurants ! Ils sont en train de tuer Bruxelles !
(Cela fait peut-être parti d’un projet.. ?!)
La belgitude est-elle l’ingrédient principal du Belga Queen ?
Absolument ! Jusqu’à la carte des vins qui sont produits par des Belges installés partout dans le monde. Je fus le premier à promotionner la belgitude avec mes vins. Je ne suis pas belge d’origine mais je le suis dans ma tête ! Je suis arrivé du Portugal en Belgique à l’âge de 17 ans, et j’ai vécu à Liège, Anvers, Gand et Bruxelles où j’ai également réalisé des restaurants. Je connais probablement mieux le pays que la plupart des Belges. Il en va de même pour la gastronomie.
Pour se mettre en appétit, quelques-unes de vos spécialités ?
Nos succulentes croquettes aux crevettes ou au fromage Bellie de Gand et sirop de poire de Liège, le boulet sauce lapin (que personne ne connaissait il y a 18 ans à Bruxelles !), le véritable coucou de Malines rôti au four sur pain d’épices tartiné au sirop de poires, le foie gras au chocolat, la glace au cuberdon que j’ai créée à l’ouverture du Belga Queen.
En plus de vos spécialités belges, qu’est-ce qui distingue le Belga Queen ?
J’ai un magnifique écailler « à la Belge » avec des huîtres mais aussi des bulots chauds, des moules parquées à la sauce Marolles. On nous félicite souvent pour la perfection de la cuisson et pour l’assaisonnement des fruits de mer, des tourteaux, des homards !
Une nouveauté bien belge à la carte du Belga Queen à nous suggérer cet automne ?
L’oie à l’instar de Visé, légumes de saison braisés, pommes rissolées à la graisse d’oie. Un plat très ancien que j’ai revisité autrefois, lorsque je livrais mes recettes à la radio.
Quelle est votre philosophie culinaire ?
Chaque produit a un langage et chaque cuisinier doit connaître le langage de tel ou tel produit, sinon il ne peut pas dialoguer.
Vous avez à votre actif plus de 150 projets ? Quels sont ceux qui vous ont le plus marqués ?
C’est comme pour les enfants, ce sont les derniers qu’on aime « le plus ». « Toit » qui a vu le jour cet été à Braine-l’Alleud mais aussi le complexe « Sud Lisboa », un projet de 5.000 m2 à Lisbonne, qui affiche deux espaces distincts reliés par une passerelle, l’un dédié à la gastronomie, l’autre aux évènements.
J’ai un immense souvenir de « Pakhuis » à Gand, un projet sorti de terre et réalisé comme un marché du XIXe siècle. J’ai dessiné tout l’immeuble intérieur et extérieur avec la collaboration d’un architecte gantois. Les propriétaires actuels font croire que c’est un hangar d’époque et que Pinto a fait le décor à l’intérieur, alors que j’ai créé chaque détail…
L’architecture est-elle un exhausteur de goût axé sur l’expérience de nos cinq sens ?
C’est identique au décor d’une assiette ! Le décor d’un restaurant raffiné éveillera les sens, ensuite viendra la qualité du cuisinier, le choix des marchandises, l’assemblage des produits, le rythme que ça peut provoquer dans la bouche. La cuisine est une forme d’expression extraordinaire car tous les sens sont présents.
La cuisine et l’architecture d’intérieur et ont-elles des similitudes ?
Elles se ressemblent très fort, il faut avoir le même type de sensibilité. Tu fais ta mise en place, ta petite sauce. L’architecture d’intérieur, c’est comme construire un menu ou un plat sauf que la cuisine a une dimension en plus par l’odorat, le goût.
Où puisez-vous votre inspiration pour vos designs ?
Dans mon environnement. J’ai une mémoire visuelle incroyable et je suis très observateur. Dans « mon disque dur » très chargé, je trouve des choses qui s’adaptent au projet. Je dis toujours à mes collaborateurs : vous avez tout à côté de vous, il suffit de regarder !
Vous portez trois casquettes. Celle de peintre, celle de chef et celle d’architecte d’intérieur. Laquelle préférez-vous ?
Je suis un artiste avant tout ! J’ai fait cinq expositions en Belgique d’art conceptuel. Je fais de l’architecture d’intérieur, du design. Je dessine mes fauteuils et sculpte beaucoup d’objets que j’utilise dans mes décors.
Ma formation initiale est aux Beaux-Arts où j’ai appris à peindre. J’ai appris l’architecture d’intérieur avec un de mes professeurs avec lequel j’ai réalisé un de mes premiers restaurants « Le clou doré ». En 1980, j’ai été cité parmi les 100 meilleurs cuisiniers d’Europe et j’ai eu deux toques au Gault& Millau.
Quand j’ai ouvert mon bureau d’architecture, j’ai arrêté de travailler dans la cuisine même si je signe toujours ma carte. Je suis arrivé à la conclusion que si tu veux bien faire les choses, tu ne peux pas en faire deux à la fois. Aujourd’hui, je rêve de m’arrêter pour faire de la peinture. La boucle est bouclée !