Dans l’écrin fleuri de POLLEN ATELIER
Dans l’écrin fleuri de POLLEN ATELIER
Mots : Barbara Wesoly
Photos : Elodie Deceuninck
Créé par Aurélie Theunis il y a près de trois ans, Pollen Atelier est tout à la fois un lieu d’artisanat, de stylisme et de design floral. Mais aussi et surtout un créateur d’exception, dont les bouquets et installations cultivent la beauté champêtre et précieuse des fleurs séchées.
Lorsque l’on pousse la porte de Pollen Atelier, Il y a d’abord les couleurs qui nous emportent. Du jaune, du rosé, des tonalités de bleu et d’oranger, teintes vives comme nuances pastel. Affleure ensuite le parfum, celui d’un champ de fleurs, transposé en plein Bruxelles. Puis les contours se précisent et laissent apparaître des dizaines de bouquets et bottes, frais et séchés, qui recouvrent chaque espace disponible, suspendus au plafond comme disposés dans des pots et des soliflores. Tout à la fois sublimés et conservés dans leur essence champêtre. Quintessence même de l’âme de cet atelier fleuri et créatif, cueillir et préserver les plus fragiles créations de la nature et les faire perdurer avec délicatesse.
Fleurir les jours heureux et les intérieurs
En lançant Pollen Atelier, en décembre 2019, Aurélie Theunis troque un emploi d’account manager dans une agence de communication contre une plongée dans un monde qu’elle aime depuis l’enfance, celui des fleurs. Un projet un peu fou, commencé dans la cuisine d’un appartement de la capitale, autour de quelques bottes de fleurs fraiches, achetées au marché le matin même. Avec le pari audacieux de fleurir les mariages et d’en réaliser aussi couronnes et bouquets. Mais quelques mois après s’être lancée et avoir ouvert un premier atelier, la pandémie redistribue les cartes et fane toute possibilité de fêter les jours heureux. Aurélie doit alors repenser tout son concept et les fleurs séchées cette fois, s’imposent comme une évidence. « Soudain, les évènements, les mariages, étaient mis à l’arrêt. Après des moments de doute et de questionnements, nous avons alors commencé à livrer des bouquets de fleurs séchés et l’engouement a été immédiat. Les fleurs séchées demandent un travail particulier, vu leur fragilité et leur délicatesse. Mais elles se révèlent plus écoresponsables et durables, pouvant orner des lieux durant des années, ce que j’apprécie beaucoup. Une connaissance qui possédait un vaste champ de tulipes, nous a en parallèle aussi proposé de venir y cueillir des fleurs, pour ne pas laisser mourir sa production. De là est né le concept d’une plateforme proposant pour un bouquet acheté, un autre offert au personnel soignant. C’était l’occasion, autour d’une collaboration temporaire, de faire gagner la solidarité. Et c’est près de 2500 bouquets qui se sont vendus par ce biais ».
Laisser germer la créativité
Pollen a alors un site internet mais pas de boutique physique. Après quelques semaines passées à l’Auberge Espagnole, pop-up accueillant entrepreneurs et créateurs en quête d’un lieu où tester leur projet, Pollen pose ses valises débordantes de fleurs au Ciaccia, un resto bar en plein quartier du Châtelain, à l’activité mise entre parenthèses par la crise sanitaire et transformé en atelier végétal, pendant plus de quatre mois. Aurélie Theunis voit alors fleurir les opportunités. En plus des mariages, Pollen Atelier se lance dans les montages créatifs, installations atypiques et sublimes pour des boutiques et marques. C’est ainsi qu’elle pare la vitrine de Pierre Marcolini de citrons dans un écrin de feuillage, celle de Coucou Shop d’une fresque en fleurs des champs ou encore les bureaux d’Orta Store d’un grandiose montage. Si chez Chanel, Delvaux ou Dior, Pollen propose des ateliers créatifs sous forme de bars à fleurs, Aurélie met la même énergie à concevoir un bouquet de Fête des Mères, une pince complétant un voile de mariée ou un projet de plusieurs semaines visant magnifier une enseigne. Une énergie matinée de sensibilité et d’élégance et mue avant tout par la créativité : « J’adore le principe de pouvoir décliner la fleur sous de multiples formes, avec des énergies et des élans différents. Me rendre sur place, chez les gens ou en boutique et imaginer les lieux réinventés une fois fleuris, en fonction de l’espace, des textures, des matières. »
Mais Pollen, c’est aussi un savoir-faire et une attention toute particulière portée à chaque fleur, chaque bouton, comme à chaque client « Les fleurs séchées divergent totalement des fleurs fraiches. D’abord de par leur réalisation, puisque les tiges séchées sont nettement plus fines. Il en faut près du double pour composer un bouquet. La réalisation est elle aussi plus complexe car plus délicate. La plupart de nos fleurs viennent de Hollande. Une partie est déjà prête, mais nous en faisons nous-mêmes sécher plus de la moitié. Un processus de nettoyage d’abord puis d’accrochage et ensuite deux à trois semaines de séchage».
Dans les yeux et le sourire d’Aurélie, rayonne aujourd’hui le rappel de l’incroyable chemin parcouru en seulement trois ans par Pollen Atelier. De ce projet nourri et cultivé à coup d’idées parfois risquées mais toujours passionnées, tentées sur une impulsion soudaine et transformées en paris réussis. D’une expérimentation maison à, depuis septembre 2021, un nouveau pied à terre Ixellois, tout à la fois atelier et boutique, dont chaque recoin respire la poésie. De ces mois de travail seule chez elle, à l’équipe de cinq personnes fixes et de multiples intérimaires qui font désormais vivre et grandir Pollen. Et aux rencontres avec les amoureux des fleurs et tous ceux en quête d’une dose d’évasion champêtre à distiller dans leur intérieur, lors de marchés dédiés ou encore d’ateliers créatifs et d’EVJF. « Aujourd’hui, il arrive qu’on reçoive des mails ou des appels simplement pour nous remercier pour nos bouquets. Où que des gens entrent dans la boutique, charmés par la décoration et la façade de celle-ci. De petites attentions qui boostent au quotidien et nous rendent d’autant plus fiers et heureux de nos créations. »
Quand Valérie Barkowski prend le temps de se poser…
Quand Valérie Barkowski prend le temps de se poser…
Mots : Servane Calmant
Photos : DR
Globe-trotteuse impénitente, scénographe enthousiaste, créatrice inspirée de linge de maison à Marrakech, notre compatriote Valérie Barkowski a cent projets en tête et plusieurs vies. Parfois, elle trouve cependant le temps de se (re)poser ! Notamment pour nous accueillir dans sa « Dar » Kawa, une maison d’hôtes au cœur de la médina, où profiter de la douceur de vivre de la Ville Ocre.
La démarche décidée, Valérie Barkowski nous infiltre dans les dédales des ruelles de la médina, désormais son port d’attache, saluant ici un ferronnier chez lequel elle s’approvisionne pour créer des bougeoirs, là un marchand de tissus « pour recouvrir un fauteuil », là encore une créatrice japonaise, « c’est Warang Wayan, j’ai mis en scène ses créations, des ustensiles de cuisine en bois fins et délicats ». Mais Valérie, vous connaissez plein de monde ! Sourire. A quelques rues de sa Dar Kawa (une « dar » est une maison sans jardin intérieur, mais dotée d’une cour ou d’un patio, c’est Valérie qui nous fournira l’explication), notre compatriote a ouvert une boutique, bel écrin de douceur où elle expose ses créations. « Vous voyez les petits pompons de tissus qui entourent la tête oreiller, il y en a 115, tous faits à la main ! Allons à l’atelier, vous ferez ainsi connaissance avec mon équipe de brodeuses, car mon aventure, elle est avant tout collective. »
On l’écrivait d’emblée : Valérie Barkowski a eu plusieurs vies. La marque belge Mia Zia, oui oui les écharpes et chaussettes en maille à rayures, c’est Valérie qui l’a lancée en 1997, dans sa vie d’avant, « je me suis séparée de mon associée en 2007 » ; la ligne de linge de maison aux pompons, c’est toujours Valérie, elle l’a d’ailleurs commercialisée sous son propre nom, V. Barkowski. Rembobinons encore la cassette du temps, car si Valérie a mis le cap sur le Maroc en 1996, sa passion pour le linge de maison prend racine en Russie. Il faut la suivre cette femme-là !
« Début des années 90, j’ai travaillé en Russie comme courtière en art. J’habitais une datcha que je souhaitais aménager à mon goût, mais trouver du linge de maison était à cette époque mission impossible. J’ai alors acheté du lin au mètre, dessiné des taies, des draps, que j’ai fait broder par des babouchkas à la campagne. Quand j’ai quitté la Russie pour le Maroc, j’ai continué à dessiner du linge de maison, toujours en quête de brodeuses évidemment ! Mais au Maroc, la broderie, véritable savoir-faire ancestral, sert principalement à orner le trousseau de mariage. Ma quête était non seulement hors contexte mais, de surcroît, à Marrakech, personne ne faisait de pompons pour border le linge de lit. C’est en vacances, dans le Rif marocain, chez Françoise Dorget, la fondatrice de la marque Caravane, que j’ai découvert la tradition des pompons, un ornement pour le tissu qui couvre les hanches des femmes de la campagne. Bref, j’ai mis trois ans à trouver des brodeuses et, dans la foulée, à lancer ma collection de linge de maison. Et j’ai dû batailler ferme pour en arriver là. Vous allez sourire de l’anecdote : des ateliers de broderie, j’ai un jour reçu du linge de maison brodé de petits chats. La brodeuse trouvait en effet cet ornement plus joli ! »
Dans son magasin ouvert dans la médina de Marrakech en 2016, Valérie nous fait découvrir son linge de maison, une collection 100% artisanale, raffinée, inspirée, intemporelle, « mais qui évolue », brodée main et bordée de finitions en passementerie ou de pompons, sa signature ! Valérie séduit évidemment par son offre en ligne, mais c’est ici, à Marrakech, que le plaisir du shopping est total : « On trouve en effet dans mon store des pièces uniques, que l’on ne peut commander par internet. Je suis nostalgique de cette période où l’on revenait de vacances avec des cadeaux qu’on ne pouvait dénicher nulle part ailleurs … ».
Un amour de dar
Quand on lui demande pourquoi elle aime tant Marrakech, la réponse de Valérie ne se fait pas attendre : « l’hospitalité des Marocains et les soirées entre amis sur les toits de la ville quand les terrasses brillent de mille lumières et que l’on sirote un bon verre en oubliant le tumulte des ruelles encombrées ». Cet havre de paix, Valérie l’a trouvé, « après avoir visité au moins 300 maisons ! ». Trois ans de travaux ont été nécessaires pour parfaire son nid, une ancienne zaouïa, un lieu de méditation qui appartenait à la confrérie des Derkaoui, transformée avec l’aide de Quentin Wilbaux (un compatriote belge, architecte tournaisien, qui a sauvé et réhabilité des centaines de riads de Marrakech) en maison d’hôtes 5 chambres d’un raffinement exquis, entièrement décorée par Valérie. « Vous vous y sentez comme à la maison ? Alors, j’ai bien fait les choses… », nous lance-t-elle, avec enthousiasme, en nous invitant à prendre le petit-déjeuner, dans le patio. Chouette, des crêpes marocaines mille trous, préparées par Saïda, la cuisinière attitrée de la Dar Kawa. « Un massage vous tente, fin de journée ? J’ai installé le spa sur la terrasse et opté pour des produits 100% bio ». Dans le patio de sa « dar », Valérie a planté quatre orangers. « Quand je me couche dans mon sofa, je regarde les oranges et je n’en reviens toujours pas : ce paradis, il est à moi ».
Son carnet d’adresses à Marrakech
Plus61. Une cuisine à partager dans un décor épuré.
Bacha Coffee. Ouvert en septembre 2019, ce salon de café-restaurant à l’ambiance Belle Epoque, niché au sein du Musée des Confluences Dar el Bacha, invite à découvrir près de 200 cafés et une fine restauration.
Azalai Urban Souk. Une adresse gourmande à la déco bohème, qui met à l’honneur les produits du terroir local. Le chef Faiçal Zahraoui est une véritable étoile montante de la gastronomie marocaine.
Mustapha Blaoui. L’une des meilleures adresses de la médina pour la décoration d’intérieur.
Warang Wayan. Valérie Barkowki aime mettre en scène ses créations, mais aussi celles des autres, notamment les ustensiles de cuisine en bois fins et délicats de Warang Wyana, artiste japonaise basée à Marrakech où elle a une petite boutique.
Bazar du sud. La famille Lamdaghri propose des tapis et nattes uniques, confectionnés à la main par 200 artisans du Haut Atlas marocain.
Galerie 127. Spécialisée en photographie contemporaine marocaine et internationale.
MACCAL. Le Musée d’Art Contemporain Africain Al Maaden donne à voir l’art du Maroc et de ses pays voisins.
« Je souhaite offrir aux visiteurs des lieux uniques de rencontre avec l’art » Hubert Bonnet
« Je souhaite offrir aux visiteurs des lieux uniques de rencontre avec l’art » Hubert Bonnet
Mots : Servane Calmant
Photos : DR
Homme d’affaires, collectionneur d’art et mécène, notre compatriote Hubert Bonnet a ouvert deux centres d’art, reflets de sa passion pour l’art minimal et conceptuel international. On connait la Fondation CAB à Bruxelles.
A laquelle répond désormais une seconde entité satellite, le CAB de Saint-Paul-de-Vence ouvert en juin 2021.
Vous êtes souvent sur la route, entre Verbier en Suisse où vous résidez, Bruxelles où vous avez fondé un centre d’art, le CAB, Saint-Paul-de-Vence où vous avez ouvert un deuxième CAB, sans taire les nombreuses foires que vous parcourez en tant que collectionneur, vous sentez-vous citoyen du monde ou belge ? Bruxellois, ma Fondation située près des étangs d’Ixelles est un pôle important dans le circuit d’art de la ville. Et Suisse également. J’y habite depuis 20 ans pour une raison toute simple : je suis un passionné de montagne !
Quel rapport entretenez-vous avec l’art ? Le goût du beau et l’amour du travail des artistes.
Quelle a été le moment le plus fort en émotion de toute votre vie de collectionneur d’art ? Quand j’ai acheté mon premier Alexandre Calder en vente publique, il y a une vingtaine d’années. Et lorsque j’ai présenté à la Fondation CAB à Bruxelles une exposition monographique de Richard Long.
Hubert Bonnet aime l’art, mais surtout l’art minimal et conceptuel. Quel a été le déclic qui vous a fait aimer ce courant ? J’aime la radicalité de ce courant. Mais mon intérêt pour la géométrie, les mathématiques et l’architecture des années 30 et 50, n’est pas étranger à cette passion ! La Fondation CAB à Bruxelles est d’ailleurs établie dans un ancien entrepôt de style Art déco, construit pour l’industrie minière, et restauré par Olivier Dwek. Je souhaitais un lieu qui soit en résonance avec les artistes que nous accueillons, car le CAB se veut avant tout une plateforme d’échange et de rencontre autour de l’art minimal et conceptuel belge et international.
Parlez-moi de l’ouverture récente du CAB à Saint-Paul-de-Vence, dans le sud de la France … Elle est née de la volonté de développer des conversations avec la collection familiale de la Fondation CAB à Bruxelles. Le CAB de Saint-Paul-de-Vence occupe un superbe bâtiment des années 50 rénové par Charles Zana, qui dispose de plusieurs espaces d’exposition. C’est idéal pour présenter la collection permanente de la Fondation (une vingtaine d’œuvres au total issues de la collection d’Hubert Bonnet – nda) et des expositions thématiques plus saisonnières.
Saint-Paul-de-Vence est déjà connue pour la Fondation Marguerite et Aimé Maeght qui abrite l’une des plus importantes collections d’art moderne au monde… Oui, c’est le lieu idéal pour mettre en valeur ma collection privée, partager avec un public aussi large que possible cette passion pour l’art minimal, et avoir une excellente réputation en contribuant également au rayonnement culturel du village.
Vous arpentez toujours autant de foires d’art ? Beaucoup moins qu’avant ! Je me concentre avant tout sur le programme des deux Fondations, pour offrir aux visiteurs un lieu unique de rencontre avec l’art. Je rencontre évidemment beaucoup d’artistes, et de jeunes artistes aussi. Et je travaille également à faire évoluer le CAB comme projet de mécénat.
Quelle est votre journée-type ? De 6h à 7h30 du matin, je fais du sport et je lis la presse ; ensuite, je conduis mes enfants à l’école. Puis, je vais au bureau.
Andy Kerstens - Une certaine idée du luxe
Andy Kerstens
Une certaine idée du luxe
MOTS : Agnès Zamboni
photos : Piet-Albert Goethals
Le MUD, c’est sa griffe avec des matériaux nobles et naturels embellis par des finitions raffinées. Dans cette réalisation comme dans tous ses projets, Andy Kerstens, qui a fondé son agence, en 2015, développe une approche durable et responsable.
Pourquoi avez-vous choisi ce métier ? J’ai toujours été un enfant créatif et au cours de mon parcours scolaire, j’ai été interpellé par les arts, le design et l’environnement esthétique. Je suis tombé amoureux de ces matières au lycée lorsque j’ai commencé à les étudier. Le besoin et le désir d’être entouré de beaux espaces qui influent sur notre comportement et nos sens m’ont poussé à poursuivre le voyage. D’un certain point de vue, c’est un des plus beaux métiers au monde. Les architectes sont quotidiennement plongés dans des sujets concernant l’esthétique. De plus, nous ne façonnons pas seulement une maison pour un client mais nous créons une toile pour accéder à une signification plus profonde qui se traduit par des moments uniques et un environnement agréable capable d’améliorer le bien-être humain. En quelque sorte, nous essayons de rendre le monde plus beau.
Quelle est la chose la plus importante que vous ayez apprise en travaillant ? J’ai beaucoup appris sur le « vrai » métier, et c’était parfois moins intéressant. Mais cela a enrichi mon regard, ma propre vision et mon langage conceptuel. L’interaction avec les clients, les entrepreneurs, et aussi simplement le contact humain global, sont des choses cruciales dans notre profession. De plus, j’ai appris à toujours améliorer ma pratique en allant jusqu’au bout des projets, en perfectionnant mon approche, en revenant sur les idées pour ne pas rien lâcher.
Quelle est votre vision du métier d’architecte ? Nous travaillons de manière responsable, très transparente et honnête avec nos clients, et aussi en tentant de réduire notre impact sur l’environnement avec des projets durables et intemporels, dans le respect des ressources naturelles. Chaque projet doit être unique, singulier et sur mesure, comme l’être humain vivant dans un espace unique, à qui nous nous adressons et que nous devons comprendre. Le travail d’équipe enrichit énormément notre travail quotidien. Le fait de réfléchir ensemble ou de revenir sur les propositions de manière critique, pour arriver à de meilleures et nouvelles visions, sur chaque projet précis, est primordial. Cela remet en question toutes les décisions mais aussi, en même temps permet d’accélérer l’efficacité au quotidien.
Pour nous, tout s’enchaîne. Le design d’intérieur ne se limite pas à décorer un espace, il doit raconter une histoire et il est inextricablement lié à l’architecture. Tous les éléments d’un projet sont connectés entre eux et agissent en interaction. L’harmonie générale se renforce lorsque tout est soigneusement organisé et pris en compte dans un ensemble plus large. En réunissant tous les aspects d’une réalisation, nous sommes en mesure d’exprimer notre langage conceptuel et d’équilibrer parfaitement un espace.
Pouvez-vous expliquer votre notion de luxe discret ? Nous essayons de réaliser des intérieurs avec une palette de matériaux naturels, des détails raffinés, un traitement artisanal. Plutôt que d’ajouter des éléments décoratifs ou des matériaux détonants, voire « clinquants », nous préférons accéder à une esthétique capable de parler d’elle-même. Nous privilégions les bons savoir-faire, les matériaux qualitatifs travaillés dans les règles de l’art, combinés avec des détails authentiques et des techniques innovantes. Nous rencontrons un vif intérêt pour tous les matériaux d’origine naturelle et vivants, allant des placages riches aux métaux bruts. Nous mettons en relief des matières capables de développer leurs qualités au fil du temps, pour obtenir une belle patine et enrichir le projet. Avec ou sans finitions, ils doivent subir le processus authentique du temps.
Parlez-nous de vos projets ? Outre la résidence MUD, une réalisation dont nous sommes très fiers car il fallait anticiper les besoins des divers utilisateurs, tous les projets, petits ou grands, du mobilier à l’aménagement de bureau, ont leurs difficultés, dans les demandes et les attentes précises des clients. Nous essayons toujours de perfectionner notre approche et nos services. Nos plus grands défis résident dans la collaboration avec des personnes d’horizons, d’états d’esprit et de visions variées, sur la façon de travailler ensemble et d’exécuter un projet haut de gamme.
En 2018, nous avions lancé la ligne Rift de tables à manger. A l’avenir, nous souhaitons explorer encore plus cette réalisation. Nous avons été vraiment surpris par l’intérêt international qu’elle a reçu et allons davantage expérimenter ce secteur de notre activité avec de nouvelles collections de meubles. C’est une mission très différente du design d’intérieur qui équilibre davantage notre travail au quotidien. La conception de meubles est une manière totalement distincte d’aborder le design et les besoins humains. Elle se matérialise avec des projets à plus court terme, avec des résultats plus rapides vers le produit final. De plus, l’intérêt international nous aide à élargir notre vision et à explorer de nouvelles façons de penser et d’aborder le design.
Toutes les couleurs d’Oli-B
Toutes les couleurs d’Oli-B
Mots : Agnès Zamboni
Photos : DR
Depuis 10 ans, Oli-B promène son pinceau sur une grande diversité de supports. Après avoir réalisé une intervention artistique sur la mythique Panton Chair de Vitra, il a choisi l’iconique fauteuil Butler de Marie’s Corner et initié leur nouveau concept Art Seat.
Quel est votre parcours ? A la base, j’ai suivi une formation de graphiste à St-Luc et j’ai appris la peinture en autodidacte. J’ai commencé à peindre sur de grandes feuilles de papier que je collais dans les rues. Mes compositions abstraites colorées ont retenu l’attention de galeries d’art, de marques et d’entreprises qui m’ont sollicité pour des collaborations dans leur espace professionnel ou sur l’espace public. Dans l’univers que j’ai créé, je manie le digital comme la peinture ce qui me permet de m’adapter à des projets très différents. Je présente mes œuvres « spontanées » en galerie et je réalise des partenariats qui me permettent aussi de faire évoluer mon style et prolonger mes recherches. Je me sens libre de collaborer avec des groupes, des marques ou les pouvoirs publics pour déployer d’autres moyens et énergies. Mes formes géométriques et mes couleurs, qui se combinent, dessinent un alphabet avec de nouvelles lettres, qui apparaissent au fil du temps.
Comment est né votre désir de peindre ? Il est né avec le plaisir d’utiliser la couleur, qui a généré une véritable passion. Je définis mon travail comme une recherche personnelle d’un équilibre entre les formes et les couleurs. On a souvent dit que mes œuvres véhiculent de la joie mais mon message n’est pas de rendre les gens optimistes. Avant tout, je suis passionné par la recherche graphique et j’attends du public qu’il fasse une lecture personnelle de mes œuvres et qu’il lise, à travers elles, sa propre histoire. Je suis content qu’elles lui apportent du réconfort mais ce n’est pas mon intention première.
Quelle est votre technique ? Je suis un « artiste », au sens large. Ma technique varie selon le support et les médiums utilisés en découlent. Je travaille sans dessin préparatoire et je fonctionne à l’intuition. Ce qui m’intéresse, c’est la prise de risque, l’acte de se lancer sans connaître à l’avance l’histoire de mon œuvre. J’aime bien ne pas savoir où je vais aller, ne pas connaître le résultat. C’est la gestuelle qui m’intéresse. Je travaille à main levée, avec un crayon et une gomme, ou comme un enfant qui trempe son pinceau dans des pots de peinture ? J’utilise aussi le rouleau pour les grandes surfaces et la peinture en aérosol lorsque le support comporte du relief.
Fabriquez-vous vos couleurs vous-même ? Cela dépend, il n’y a pas de règles prédéfinies. Certaines teintes des couleurs acryliques peuvent être trouvées dans des gammes préexistantes. D’autres sont fabriquées à partir d’un nuancier ou sur mesure. Je mets aussi au point certaines de mes couleurs. Je fais aussi des mélanges personnels, avec tout cela. Je travaille avec environ 60 teintes, mais pas en permanence. Certaines sont privilégiées, un moment, délaissées puis réutilisées.
Comment avez-vous abordé le projet du fauteuil Butler ? C’était un challenge de réaliser un travail en 3D, d’approcher un volume sur plusieurs plans et angles, pour composer une sorte de robe à ce fauteuil pivotant. L’éditeur de sièges Marie’s Corner cherchait un artiste pour réaliser une édition spéciale d’un modèle iconique et un vidéaste de notre connaissance a proposé que nous nous rencontrions. Je m’intéresse moi-même au design d’intérieur qui présente des frontières légères avec l’art. Le support à peindre a été sélectionné parmi des échantillons de tissus. J’ai choisi une matière et un ton particulier que j’ai utilisé comme une couleur à part entière. J’ai abordé cette mission de la même manière que la plupart de mes projets. Mes outils ? Pour créer des lignes droites, j’ai toujours un niveau et des « masking tape » pour cloisonner parfaitement les couleurs qui sont passées au pinceau, en plusieurs couches. Toutes les courbes sont peintes à la main.
Quels sont vos projets ? Ma dernière expo solo à Knokke sur le thème des fleurs s’est terminée à la mi-juin. J’ai une exposition solo à Ostende prévue en octobre/novembre 2022. Je communiquerai à ce sujet sur mes réseaux sociaux.
Art et lumière, après la pluie vient le beau temps
Art et lumière, après la pluie vient le beau temps
Mots : Agnès Zamboni
Photos : DR
La mission d’Art et Lumière : protéger nos habitations des excès du soleil et des caprices de la météo. Florencio Lago Lago, gérant et directeur de cette entreprise familiale, fondée en 1987, renforce son expertise.
Ici, l’ADN, c’est bien la protection solaire ? Il y a 5 ans, j’ai racheté la société Art et Lumière, pour développer ses activités de protection solaire. En plus du siège social, à Waterloo, les deux vitrines d’exposition existantes de nos produits, à Mons et à Nivelles, deviendront, très prochainement, des espaces de vente ouverts à nos clients, un jour par semaine et, bien sûr, toujours sur rendez-vous. Tandis que le showroom virtuel de Namur offre une antenne complémentaire en Wallonie. Nous avons constaté que nos clients préféraient un contact régional et nous évoluons pour nous rapprocher d’eux.
En quoi consiste votre métier ? Nous protégeons les habitations contre le soleil et ses UV en créant de l’ombrage sur les baies vitrées des habitations, grâce à des systèmes de stores bannes et d’écrans ou screens. Pour être réellement efficace, tout système de protection doit être posé à l’extérieur, avant que le soleil ne pénètre à l’intérieur de l’espace. La fonction principale des stores bannes, c’est de protéger les espaces intérieurs des rayons trop ardents du soleil. De plus, ils repoussent l’humidité, résistent à l’eau, pendant 8 heures et permettent, par exemple, de profiter d’une terrasse en fin de journée, quand une bruine ou une pluie fine se déclare. Les screens sont composés de textiles filtrants qui repoussent la chaleur. Les volets roulants extérieurs, équipés de lames d’aluminium, permettent, eux, de lutter contre le froid tout en assurant la sécurité de la maison. On peut coupler ce type de dispositif avec un système domotique pour programmer ses ouvertures et fermetures, à distance, à partir de son smartphone.
Nous installons également des pergolas bioclimatiques. Ces espaces extérieurs amovibles permettent de créer un lieu de vie complémentaire, dont on peut profiter 9 à 10 mois par an, avec un microclimat intérieur qui s’adapte à la saison. Ces structures en aluminium conservent la chaleur en hiver, protègent de la pluie et du vent et, en été, on peut les ouvrir pour apporter de la fraîcheur, à l’intérieur. Leurs parois sont équipées de lames et de screens pour lutter contre la surchauffe. Les lames verticales diminuent un peu la luminosité de l’espace mais les modèles repliables en accordéon, en revanche, permettent de la conserver. Ce type de pergola s’installe principalement sur une terrasse adossée à la maison.
Caroline Notté - électron libre et éclectique
Caroline Notté
Electron libre et éclectique
Mots : Agnès Zamboni
Photos : DR
Dans le paysage minimaliste de l’architecture et de la décoration belge, affichant rigueur et sobriété, elle assume son côté décalé, parfois rock’n’roll. Généreuse, surprenante et enthousiaste, Caroline Notté entraîne dans son sillage d’autres personnalités.
D’où vient ce refus une architecture lisse et linéaire ? J’aime les couleurs chaudes comme celles de Luis Barragan et j’adore les mélanger ainsi que les styles et les époques. J’ai vécu en Andalousie et à New York, quel contraste ! Et je continue à me rendre régulièrement à Zanzibar, un archipel où se mêlent de nombreuses influences. Dans mes projets, je transpose cette créativité selon le contexte, la situation et le client. Dans tous les espaces que j’ai habités, j’ai intégré la couleur pour composer des ambiances différentes. Après mes études d’architecture à Saint-Luc et à La Cambre je suis partie vivre une année à Séville et, de retour à La Cambre, j’ai réalisé ma thèse sur les maisons patios sévillanes. Puis je suis partie à New York étudier la photo. En rentrant en Belgique, j’étais prête à bousculer les tendances… non pas dans le but de me faire remarquer mais d’ouvrir le champ des possibles.
Comment est venue l’idée d’inviter d’autres artistes dans votre univers ? La maison signée Louis Herman de Koning qui abrite mon bureau et cabinet de curio-sités est un emblème de la Belgique. Au cœur de cette icône architecturale des années 1930, qui mérite de vivre à travers des manifestations culturelles, j’ai créé un espace dédié aux artistes, pour lesquels j’ai eu un véritable coup de cœur. Ils s’intéressent à la couleur et la matière comme le souffleur de verre Xavier Normand, la peintre Aurélie Gravas. J’ai une âme d’artisan et je vais moi-même régulièrement à l’académie de Watermael-Boitsfort pour dessiner des nus. J’aime aussi la tapisserie. Pour les 100 ans du Bauhaus, j’ai créé des tapis avec Limited Edition.
Avez-vous envie de vous lancer dans l’édition d’objets ? Je ne suis pas designer mais j’ai un côté touche-à-tout et expérimental. J’ai eu envie de concevoir des objets qui ont de la présence. J’ai dessiné un modèle de table basse – en pourparlers avec l’Emaillerie Belge – et un motif de papier. « Palms », mixant la végétation exubérante de Zanzibar et les formes organiques de l’Art Nouveau – en cours avec Pierre Frey. En ce moment, je mets aussi au point un modèle de poignée de porte avec la maison Vervloet : Abstraction d’un morceau de branche, « Touch me » invite à la caresse et sera nappé d’une patine, vert mousse, tout à fait inédite. L’idée m’a été inspirée par l’architecte et designer Charlotte Perriand qui observait beaucoup la nature. En parallèle, je continue mes collaborations, avec des architectes, de plus en plus orientées vers les espaces publics (restaurants, bars, hôtels…) et de travail. En 20 ans de pratique du métier, mes activités ont évolué. Après 2 ans passés aux côtés de Marc Corbiau et 4 ans avec Lionel Jadot, où j’étais architecte responsable du bureau, j’ai ouvert ma propre agence. Puis j’en ai eu assez de passer trop de temps dans l’administratif et les permis de construire. Il y a environ 8 ans, j’ai changé le statut de ma société pour me focaliser sur l’aménagement d’intérieur. Bien sûr, je continue « à casser des murs » et mes notions de conception de l’espace me sont indispensables dans sa gestion et sa restructuration. 4 fois par an, j’organise des expositions pour présenter de nouveaux talents : le designer Kaspar Hamacher lauréat du Prix Van de Velde, Pol Quadens, qui a fait le choix de l’indépendance et lus récemment Paloma Gonzales-Espejo et sa ligne de tables The Yume Furniture Collection… Il n’est pas rare que les artistes, auxquels j’ai offert une première visibilité, soient ensuite repérés par de grandes galeries comme Carpenters Workshop Gallery.
Et vos projets d’architecture, comment évoluent-ils ? Récemment, j’ai réalisé plusieurs aménagements de bureaux avec une approche favorisant la convivialité, le côté cosy comme à la maison. Dans ce domaine, j’ai remporté des concours pour les espaces Comeos, SAP Lounge ou le cabinet d’avocat Xirius avec des solutions plus conviviales qui brisent les codes du milieu. L’architecte André Putman, que j’admire, disait : « Ne pas oser, c’est déjà perdre ». J’aimerai me diriger vers la scénographie, réaliser des décors d’opéras, des vitrines pour des maisons de luxe. J’ai envie d’éphémère, de poésie…
Vous fonctionnez à l’intuition ? Exactement, à l’inverse d’un ensemblier, j’essaie de développer ma spontanéité, mon ressenti. J’ai cet instinct du collectionneur qui, passionné par la découverte des artistes, fait confiance à sa propre sensibilité. Outre le travail de Charlotte Perriand avec sa phase japonaise et celui de Claire Bataille, qui sont de véritables références pour moi, j’observe le travail de Kelly Wearstler. Les moyens de ses clients sont démesurés mais son audace est un modèle pour moi. J’apprécie aussi les réalisations de Dorothée Meilichzon, Laura Gonzalez ou India Mahdavi qui s’expriment en faisant fi des tendances de la décoration. Moi, mon style, c’est de n’en avoir aucun ! Et de m’adapter aux lieux et contextes pour laisser exploser ma créativité, en gardant comme ligne conductrice la JUSTESSE.
Marie’s Corner - L’art de vivre, tout en élégance
Marie’s Corner
L’art de vivre, tout en élégance
Mots : Barbara Wesoly
Photos : Frederik Vercruysse
Bois mis à l’honneur et tissus magnifiés, ainsi se dessinent les lignes épurées des huit modèles de la collection 2022 de Marie’s Corner. L’occasion pour le leader belge du canapé « tailor-made » de se réinventer une nouvelle fois, sur fond d’ambiance contemporaine mâtinée d’influences vintage.
« Marie’s Corner reste également forte de ses valeurs de confort et de service. De durabilité aussi, ainsi que d’une production européenne, dessinée en Belgique et conçue en Espagne par des maîtres garnisseurs. Des valeurs qui trouvent un écho d’autant plus grand ces dernières années. La crise sanitaire en a été un véritable accélérateur et l’on constate que nos clients sont désormais en attente de transparence quant à la production, aux matériaux utilisés, au recyclage et à la qualité. Et l’on en est fiers, car ce sont des valeurs que l’on porte haut et fort depuis très longtemps et dont assurer la pérennité demeure un défi permanent» ajoute Serge Silber.
Le bien-être pour moteur
« Cela nous anime, tout comme la création nous anime au quotidien. Si l’on présente nos nouveaux modèles en hiver, on les imagine et les conçoit toute l’année. Philippe et moi sommes en permanence dans la réflexion. On griffonne sur des calepins des bribes d’idées qui se transforment en pensées puis se rationalisent. Et que l’on met ensuite sur papier pour en trouver les bonnes proportions, visuelles comme en matière de confort. C’est presque comme créer une sculpture, dont on choisirait un bloc de pierre, de marbre ou de bois en se demandant comment la travailler ». Un mélange de fibre artistique et de pragmatisme, qui se reflète dans le parcours de Serge Silber et de Philippe Vanhemelen, issus pour l’un de l’univers textile et pour l’autre des finances qui ajoute encore à la pluralité d’influences de Marie’s Corner. Mais avec pour lieu commun le désir profond d’offrir une expérience personnalisée et de qualité, indissociable d’une véritable expression des goûts et attentes de chaque client. « Nous proposons des centaines de finitions et tissus différents pour nos modèles, car à nos yeux, la personnalisation est le moyen ultime de donner d’autant plus de caractère à son intérieur. Aujourd’hui les architectes et décorateurs n’ont plus pour rôle d’imposer leur vérité mais d’être un vecteur d’expression pour leurs clients. Et il est essentiel pour nous de pouvoir offrir à ceux-ci d’être conseillés ou guidés s’ils le souhaitent, vers la conception du design qui leur ressemble. Il ne s’agit pas seulement pour nous de vendre un canapé ou un fauteuil, c’est bien plus que cela. En tant qu’artisans, la reconnaissance et le bien-être de nos clients sont ce qui nous anime ».
« Marie’s Corner reste également forte de ses valeurs de confort et de service. De durabilité aussi, ainsi que d’une production européenne, dessinée en Belgique et conçue en Espagne par des maîtres garnisseurs. Des valeurs qui trouvent un écho d’autant plus grand ces dernières années. La crise sanitaire en a été un véritable accélérateur et l’on constate que nos clients sont désormais en attente de transparence quant à la production, aux matériaux utilisés, au recyclage et à la qualité. Et l’on en est fiers, car ce sont des valeurs que l’on porte haut et fort depuis très longtemps et dont assurer la pérennité demeure un défi permanent» ajoute Serge Silber.
Le bien-être pour moteur
« Cela nous anime, tout comme la création nous anime au quotidien. Si l’on présente nos nouveaux modèles en hiver, on les imagine et les conçoit toute l’année. Philippe et moi sommes en permanence dans la réflexion. On griffonne sur des calepins des bribes d’idées qui se transforment en pensées puis se rationalisent. Et que l’on met ensuite sur papier pour en trouver les bonnes proportions, visuelles comme en matière de confort. C’est presque comme créer une sculpture, dont on choisirait un bloc de pierre, de marbre ou de bois en se demandant comment la travailler ». Un mélange de fibre artistique et de pragmatisme, qui se reflète dans le parcours de Serge Silber et de Philippe Vanhemelen, issus pour l’un de l’univers textile et pour l’autre des finances qui ajoute encore à la pluralité d’influences de Marie’s Corner. Mais avec pour lieu commun le désir profond d’offrir une expérience personnalisée et de qualité, indissociable d’une véritable expression des goûts et attentes de chaque client. « Nous proposons des centaines de finitions et tissus différents pour nos modèles, car à nos yeux, la personnalisation est le moyen ultime de donner d’autant plus de caractère à son intérieur. Aujourd’hui les architectes et décorateurs n’ont plus pour rôle d’imposer leur vérité mais d’être un vecteur d’expression pour leurs clients. Et il est essentiel pour nous de pouvoir offrir à ceux-ci d’être conseillés ou guidés s’ils le souhaitent, vers la conception du design qui leur ressemble. Il ne s’agit pas seulement pour nous de vendre un canapé ou un fauteuil, c’est bien plus que cela. En tant qu’artisans, la reconnaissance et le bien-être de nos clients sont ce qui nous anime ».
Mettre les petits plats dans les grands, un art !
Mettre les petits plats dans les grands, un art !
Mots : Servane Calmant
Photos : DR
A Versailles, Marie-Antoinette savait recevoir. En Belgique, Céline Delcourte en a fait son métier. Cette scénographe événementielle a fondé Antoinette Design, un studio expert dans l’art de la table, basé à Waterloo. Qui s’adresse à qui ? A toutes celles et ceux qui sont à court d’idées et de temps pour organiser leur événement, mariage, communion, anniversaire, opération de relations publiques. Soirée pour particuliers aussi, à domicile ou dans des endroits insolites. Discussion avec une entrepreneuse trentenaire qui a plus d’un set à sa table pour nous séduire.
Antoinette Design s’adresse aux particuliers, aux agences événementielles, de communication et de pub (pour notamment un lancement de produit) et aux marques en direct. Voilà pour les présentations, avec une précision apportée d’emblée par Céline Delcourte : « organiser un tea time pour Chanel a constitué une merveilleuse vitrine pour Antoinette Design, mais qu’on ne s’y trompe pas, notre cœur de métier reste les événements pour les particuliers ».
En 2017, la jeune entrepreneuse décide de lancer Antoinette Design car « l’art de la table comme métier n’existait pas ! J’ai travaillé trois ans dans une agence événementielle. Pour concevoir un décor d’event, il fallait contacter un fleuriste, louer de la vaisselle chez un traiteur, commander un joli nappage et des bougies chez un autre fournisseur … Impossible de trouver un ‘tout en un’. Alors j’ai lancé Antoinette Design pour offrir un service sur mesure de scénographie et de stylisme pour tous les types d’événements. »
Je souhaite un mariage dans les vignes par exemple, mais je n’ai ni les idées ni le temps pour l’organiser, je frappe à la bonne porte ? « Oh oui, et la seule ! Je ne connais pas beaucoup de concurrents à Antoinette Design en Belgique … ».
Dans son showroom de Waterloo ouvert en février dernier, Céline Delcourte écoute, conseille, guide, en proposant à ses clients des croquis et illustrations de l’événement, ainsi qu’un moodboard, une planche d’inspiration qui exprime un style. Le sien. « Nous communiquons beaucoup sur notre style évidemment, qui prône l’épuré et les matières nobles (le lin, la céramique, des teintes élégantes), mais nous répondons également à toutes les demandes. Nous avons aussi une ‘table test’ dressée en fonction de la thématique définie par le client, qui permet de lui donner un premier aperçu de l’ensemble de la scénographie de l’événement. » Et c’est du Belge de surcroit ! « Oui. Les bougies à base de cire naturelle dans un contenant en béton sont signées Terrae Concept, ils sont basés dans le Brabant wallon ; les sets de table en lin viennent des Brabançons de Lina Luxe également ; la collection de céramiques pour la maison, on la doit aux Liégeois de l’Atelier Fra… »
Antoinette Design, c’est une équipe jeune et ultra réactive. « Nous sommes sept, entre 25 et 30 ans, des gestionnaires de projets mais aussi une calligraphe, un graphiste-illustrateur et des spécialistes des diners et lieux insolites… » De fait, les restrictions liées à la pandémie ont bouleversé le monde de l’événement, obligeant Céline et les siens à se réinventer. « On a une liste longue comme un jour sans fin, de projets que l’on aimerait développer si on avait le temps. La Covid nous a donné ce temps ! Alors on a lancé les diners et nuits insolites. Le concept est tout simple : le client choisit un espace, une serre, un tipi, une roulotte ou une barque, il reçoit ensuite les coordonnées GPS pour s’y rendre. Sur place, il ne croisera personne, ni un autre client ni un serveur. En revanche, tout sera prêt pour l’accueillir : lieu chauffé, éclairé, table dressée. On propose plusieurs formules, brunch, sharing food, cheese & wine et fromage au feu de bois ou raclette pour l’hiver. Le concept a connu un franc succès. Pour répondre à une deuxième demande de nos clients, on a greffé à ce premier projet, les nuits insolites, une bulle et une cabane nichées en pleine nature… ». Bulle et cabane, deux mots assez réducteurs pour désigner deux endroits 100% charme à la déco stylée. La Fée Céline est passée par là !
Art de la table, la tendance 2022, on en parle ?
« Je crois que 2022 sera un mixte des tendances des dix dernières années. De l’éclectique, du super épuré, du vintage aussi… L’art de la table s’inspire évidemment des époques : au temps du disco, on aimait les tables plus flashy. Dans 25 ans, si on se penche sur les années 2020, on notera probablement que le retour aux matériaux bruts, aux objets imparfaits, aux couleurs de la nature, était le courant dominant… »
SIGNE de notre temps
SIGNE de notre temps
Mots : Agnès Zamboni
Photos : Signe
SIGNE, la “petite sœur” de LIGNE, est un espace imaginé par trois jeunes femmes passionnées de design et d’architecture, Oona Simon, Victoria Thiteux et Violette Jourez, qui ont fait leurs classes à La Cambre et Saint-Luc. SIGNE est une boutique bruxelloise, pas comme les autres, qui présente les pièces iconiques d’aujourd’hui et les grands classiques de demain…
Comment est né SIGNE ? Oona Simon : Avant SIGNE, il y a eu LIGNE. Cette boutique pionnière de meubles et objets contemporains, créée en 1966, au 14 Galerie de la Reine, a été repris, en 1972, par mon père Michel Simon, qui a été le premier à présenter, à Bruxelles, les créations des éditeurs Zanotta, Cassina ou Knoll. Puis, elle a déménagé au 14 Galerie du Roi. Je l’ai rejoint, il y a 11 ans. Mon compagnon Moïse Mann, fondateur de la bijouterie Manalys, avait remarqué un espace vacant rue de Namur. En décembre 2020, lorsque avons visité, tous les trois, les locaux de l’ex-maison Lescrenier, ancien show-room de meubles, nous avons eu un coup de cœur partagé pour cet endroit, ancienne Banque Générale du Congo belge, ses arcades en marbre, ses mosaïques classées, ses hauts plafonds, ses colonnes… un bâtiment construit il y a déjà un siècle… Nous étions persuadés que le mobilier moderne, présenté dans un tel lieu, allait offrir toute sa valeur esthétique. Et nous avons découvert d’autres éléments anciens en marbre, pendant les travaux, pour composer un écrin unique. Aujourd’hui, le « pilote de Ligne » (mon papa) nous a malheureusement quittés, mais la relève est plus qu’assurée.
Comment vous démarquez-vous de LIGNE ? Victoria Thiteux : Alors que LIGNE présente plus de 70 marques, avec une mise en avant des meubles qui font l’actualité, les nouveautés et les objets insolites, chez SIGNE, nous avons sélectionné seulement une vingtaine d’éditeurs. Plus particulièrement des firmes italiennes et scandinaves comme Edra, Cassina, Knoll, Carl Hansen & son, De Padova, Molteni, Woodnotes et Kasthall pour les tapis, Flos et Louis Poulsen pour les luminaires… Nous souhaitons aussi favoriser les projets d’architecture d’intérieur pour aider les clients à se composer un intérieur qui leur ressemble. Structurer un espace et choisir les bonnes pièces, ce n’est pas simple. Il faut se limiter et faire une bonne sélection sans s’éparpiller. Pour ce service, « de la brique à l’essuie-bain », on se déplace chez les clients, on demande à voir les plans, on compose des moodboards, on choisit des tissus. Nous fonctionnons au forfait et si notre mission aboutit, on déduit ce budget de la commande. Dans nos missions d’architecture intérieure, on peut bien sûr traiter les pièces techniques comme la cuisine et la salle de bain. Là, c’est plus le domaine de Violette Jourez, ingénieur de chantier et architecte. Depuis juin, nous avons déjà démarré deux projets à Bruxelles et un à Paris.
Comment vous différenciez-vous de la concurrence ? Victoria Thiteux : Nous sommes de jeunes entrepreneuses passionnées et nous proposons des créations que nous aimons. Nous ne sommes pas des « vendeuses de design ». Le design, c’est de la culture. Et nous ne vendons pas des articles de mode qui seront caducs dans quelques mois ou années.
Nous essayons d’éduquer nos clients en expliquant comment sont fabriqués les meubles. Ils sont tous réalisés en Europe, à la main, à la commande, par des artisans d’exception, avec une production durable et respectueuse de l’environnement. Dans le monde, il n’y a plus que deux artisans, capables de façonner le tressage de la chaise Wishbone CH24 édité chez Carl Hansen au Danemark. Une seule femme habilitée à réaliser le cannage de la chaise Superleggera de Gio Ponti, éditée chez Cassina. La chaise Diamant de Harry Bertoïa est toujours soudée à l’arc comme dans les années 1960. Le design, c’est aussi de l’art, une forme travaillée comme une sculpture. Sans oublier le travail d’Edra qui utilise des tissus exclusifs et des rembourrages innovants. Les meubles que nous proposons sont réparables et faits pour être transmis aux plus jeunes générations.
Oona Simon : Malgré la suppression de nombreux salons, nous restons dynamiques dans notre travail. Nous continuons à bouger pour découvrir des hôtels, visiter des ateliers. Pour bien vendre un meuble, justifier son prix, nous avons besoin de comprendre comment il est fabriqué. C’est tout cela notre métier !