GLENN SESTIG ou l’art du minimalisme
GLENN SESTIG ou l’art du minimalisme
MOTS : BARBARA WESOLY
PHOTOS : JEAN PIERRE GABRIEL
Depuis près de 25 ans, l’architecte Glenn Sestig cultive la sobriété avec une sublime sophistication, guidée par les lignes épurées et le luxe brut. Une signature l’ayant amené à collaborer avec les plus prestigieux artistes et designers et à orchestrer la rénovation et la réalisation de galeries, villas, boutiques et buildings à l’inimitable élégance.
Qu’il s’agisse de réaménager le rez-de-chaussée du Momu d’Anvers, pour y accueillir le restaurant-boutique Renaissance, de concevoir un magasin pour Raf Simons ou de repenser l’espace de la galerie d’art privée Tuymans- Arocha, l’on retrouve une part de votre style emblématique, façonné par le design épuré et la sophistication brut. Diriez-vous que cette empreinte architecturale est le fil rouge de tous vos projets ? Cela en fait certainement partie, mais mon véritable fil rouge est de considérer le fonctionnel comme le socle de tout. Dès les premières esquisses d’un projet, je me concentre sur la manière dont il faudra se mouvoir dans l’espace et quel en sera l’usage. Mon approche est celle d’un architecte des temps classiques, à l’instar de Corbusier ou de Mies van der Rohe, pour lesquels, l’extérieur était la résultante de l’aménagement, à l’inverse du post-modernisme où l’on travaillait d’abord les formes et les volumes, obtenant un résultat design mais pas forcément pratique.
Comment sélectionnez-vous vos collaborations ? C’est un processus très intuitif et émotif. Une grande part de mes clients est liée au monde de l’art et de la mode. Deux domaines avec lesquels j’ai des affinités très fortes. L’écoute et la compréhension viscérale des besoins de chacun d’eux sont aussi essentielles à mon travail. Parvenir à correspondre aux souhaits de créateurs comme Pieter Mulier, Virginie Morobé ou Ann Demeulemeester, donner vie à leur vision est très stimulant. Certains sont encore là vingt ans après leur premier projet, tandis que j’ai collaboré vingt ou trente fois avec d’autres. Il y a un vrai lien qui se crée et je fini par mieux connaître leurs goûts et envies que les miens !
Justement, comment avez-vous pensé le design des deux flagships Morobé ? A-t-il été travaillé en partenariat avec Virginie Morobé ? Oui, toutes les réalisations se font main dans la main. Depuis l’avènement d’Instagram et Pinterest, les clients arrivent fréquemment avec un mood-board d’influences et d’images. C’était le cas pour la première boutique Morobé. On a donc traduit ces inspirations sixties et seventies en version contemporaine avec des touches organiques, du daim, des arrondis. Une fois réalisé le flagship de Knokke, nous avons transposé son essence à celui d’Anvers. C’était une autre configuration, un espace beaucoup plus grand, mais il fallait qu’il conserve le même l’ADN, celui d’un lieu magnifique sans être intimidant.
Les grands espaces sont-ils justement le luxe qui permet de laisser libre cours à l’imaginaire ? Pas forcément. Pour moi l’on peut obtenir du plus petit cadre un rendu incroyable, comme The Bakery, l’espace conçu pour le chef pâtissier et chocolatier Joost Arijs. La taille n’a pas d’emprise. Et c’est la variété des espaces, des configurations et des demandes qui fait le challenge et nous permet de ne pas tomber dans la monotonie.
Réaliser des installations temporaires comme celle du défilé des 20 ans de Verso ou de l’exposition d’Olivier Theyskens, est-il frustrant ou au contraire libérateur ? Les installations temporaires permettent une certaine légèreté. Réaliser des scénographies pour expositions ou défilés est donc très excitant. Et en parallèle à la conception architecturale classique qui prend énormément de temps, il est agréable et gratifiant d’avoir des projets courts, aux résultats plus directs.
On retrouve dans votre travail des installations monumentales mêlées à style minimaliste. Du raffinement tissé à coup de matériaux bruts. Êtes-vous attiré, exalté par les contraires ? Oui, j’aime les contrastes, ils donnent une tension. Un rendu luxueux couplé au béton et bois brut, l’équilibre entre le chaud et le froid, la sophistication et la simplicité, pour arriver à un espace chaleureux sans être ennuyeux.
Et qu’en est-il des objets, comme notamment la lignée de luminaires réalisée pour Ozone, les poignées Studio Vervloet ou les bougies parfumées Mon Dada. Sont-ils l’occasion de nouveaux défis ? Ils sont en fait soit liés à une demande, soit à un besoin que je ressens. Celui d’un objet, d’une poignée de porte, d’un robinet, qui n’existaient pas encore et que j’ai dès lors créés, en complément d’autres projets.
Depuis la création de votre cabinet d’architecte en 1999, vous n’avez eu de cesse de développer des projets toujours plus prestigieux. De quoi rêvez- vous aujourd’hui ? De réaliser un hôtel à l’étranger ou un beau musée. Ce sont deux utilisations de l’espace très fortes, deux énormes challenges, que je n’ai pas encore eu l’occasion de réaliser. Mais un jour prochain, qui sait !
www.glennsestigarchitects.com
LEONET HOANG, en totale harmonie
En totale harmonie
LEONET HOANG
MOTS : Olivia Roks
PHOTOS : DR
Architectes de formation, Charles Leonet et Ngoc Hoang multiplient les projets alternant le rôle d’architecte, fournisseur de mobilier, scénographe, et prenant finalement de plus en plus la fonction de véritables directeurs artistiques. Leur but ? Arriver à l’harmonie ultime d’un espace. Immersion dans leur univers.
Tous les deux Ardennais, ils se sont rencontrés dans un bureau d’architecture, et depuis, ces partenaires de travail ne se sont pour ainsi dire plus jamais quittés.
Ils enchaînent les projets ensemble et forment aujourd’hui un duo de choc sous le nom Leonet Hoang depuis près de deux ans. Architecture et mobilier bien choisi se reflètent et se complémentent dans leur travail pour créer un équilibre et une parfaite harmonie. L’art de chiner les animant depuis des années, ils se décrivent comme architectes et antiquaires. A travers cette approche double, le duo partage sa philosophie de l’esthétique. L’ouverture de leur galerie en été 2021 semble leur carte de visite, un lieu artistique où la signature Leonet Hoang se ressent. Leurs intérieurs comme leur mobilier chiné et rénové avec un méticuleux savoir-faire naissent d’une longue réflexion et prennent vie dans un espace simplifié où rien n’est laissé au hasard pour le rendre plus fort, plus cohérent, plus caractériel.
Leonet & Hoang c’est… Une expérience architecte et antiquaire où l’on propose un projet avec une direction artistique reprenant ces deux volets dans une cohérence et une vision globale.
Qu’est-ce qui vous a uni sous ce même nom de société ? Bosseurs, voyageurs, on a les mêmes valeurs familiales… C’est simple, on fait tout à deux, de l’avant-projet à sa conception finale.
Justement, ensemble, à quoi ressemble votre style ? Nous ne voulons pas nous cadenasser à un style. On tente de répondre aux envies et besoins du client en proposant une réelle expérience sur mesure, presque identitaire. Mais le projet qui nous ressemble est celui que l’on suit de A à Z, du gros œuvre à la fourniture du mobilier, en passant par le shooting et enfin la publication dans un magazine. Plus que tout, nous souhaitons tout d’abord offrir des espaces où les gens se sentent bien grâce à l’harmonie que nous créons.
Votre galerie en est un bon exemple ? On travaillait dans une chambre de bonne qui se remplissait de plus en plus de nos trouvailles chinées. Nous voulions déménager et profiter de l’occasion pour mettre notre mobilier en scène. La galerie est donc devenue une plateforme, un support artistique. Ce sont nos bureaux, notre showroom, mais des marques viennent aussi y shooter et des évènements s’y organisent.
Comment choisissez-vous les objets à rénover et à placer dans votre galerie ou dans vos intérieurs ? Tous sont les créations d’architectes. Notre œil veille aux lignes, il nous mène indéniablement vers des choses plus structurées, plus architecturées, ce qui nous éloigne typiquement du décorateur ou de l’architecte d’intérieur. Nous voulons formaliser l’espace et penser l’objet comme tel et pas comme un geste gratuit. Dès l’avant-projet, nous savons déjà quel objet placer et où. On ne vient pas ‘décorer’ la maison après projet, nous ne voulons pas que le sujet soit perçu comme une pièce ajoutée. La vision d’ensemble et le résultat d’uniformité sont primordiaux.
Quelles sont les fautes de goût que vous détestez ?Ngoc Hoang – La disproportion. Rien de pire qu’un endroit disproportionné spatialement. Par exemple, une chambre trop grande. Parfois une petite chambre de 15m2 charmante et bien pensée vaut mieux qu’une suite parentale où le lit est perdu et la lumière n’est pas bonne. La générosité spatiale ne se définit pas en m2.
Charles Leonet – Les faux matériaux, ceux qui sont figés. Mais aussi quand les gens remplissent leur intérieur comme un patchwork, qu’ils ne réfléchissent pas à l’ensemble, cela fait vite très tutti frutti !
Il y a des matières que vous privilégiez ? On adore l’inox et le cuir. Ce sont des matières qui vivent, qui se patinent. L’inox a une incroyable technicité. Quant au cuir, sa patine extraordinaire lui octroie un caractère, une personnalité.
Et si vous deviez choisir trois objets qui vous représentent parfaitement ? Les tapisseries de Charlotte Culot, de réelles pièces d’architecture à nos yeux. Les appliques de Christophe Gevers et l’incroyable fauteuil de Tarcisio Colzani et son remarquable profil.
Outre les objets, des lieux vous inspirent ?
Charles Leonet – La fondation Querini Stampalia de Carlo Scarpa à Venise, tout a été pensé dans les moindres détails. On peut passer des heures dans ce lieu…
Ngoc Hoang – Ayant fait énormément de piano, c’est davantage la musique qui m’inspire. Je dirais les Nocturnes de Frédéric Chopin, pour moi il est comme un designer que l’on représente.
Avant de se quitter, vous nous dévoilez vos projets à venir ? On prépare le prochain Brussels Design Market et on voudrait également participer aux foires de Genève et Düsseldorf. L’idée serait de réaliser des focus sur un architecte et son mobilier. On aimerait aussi à l’approche de l’été mettre en avant le thème pool house à la galerie. Beaucoup d’architectes ont fait du mobilier de jardin qui n’est finalement pas mis en valeur et qu’on ne retrouve pas sur le marché. Côté architecture, nous sommes heureux d’avoir de plus en plus de clients nous faisant confiance pour des projets de A à Z. Actuellement, notez l’aménagement d’un appartement à Genève ou encore l’aménagement d’un chalet à Chamonix.
www.leonethoang.com
Francis Metzger, l'architecte de l'intemporel
Francis Metzger, architecte de l'intemporel
Francis Metzger, architecte de l'intemporel
Mots : Agnès Zamboni
Photos : DR
Son palmarès est impressionnant : Maison Autrique, Bibliothèque Solvay, Maison Delune, Gare Centrale, Maison Saint-Cyr, Palais de Justice, Villa Empain… tous ces bâtiments, et bien d’autres, ont reconquis leur identité grâce à sa pratique de la restauration respectueuse des œuvres et de leurs auteurs.
Une anecdote sur la Villa Empain ? Comme de nombreux projets d’immeubles bruxellois remarquables, la Villa Empain a contribué à de nombreuses légendes urbaines. Tout notre travail repose sur une méthodologie stricte qui doit nous amener à devenir compétents sur l’œuvre. trois axes majeurs sont nécessaires à l’acquit de ce savoir. Le premier repose sur une étude historique au service du patrimoine. L’étude d’Empain a nécessité plusieurs mois de travail … C’est avec l’héritage de son père que Louis Empain a fait construire ce lieu de prestige, destiné à accueillir et impressionner la bonne bourgeoisie. Il choisit Michel Polak, architecte en vogue dans les années 1930, après l’achèvement du Résidence Palace. Le bâtiment, achevé en 1934, sera très vite légué à l’Etat Belge, Empain ayant décidé de consacrer sa vie à des actions plus caritatives. C’est l’école d’arts de La Cambre qui, en 1937, organisera le lieu et mettra en place sa première exposition. A la fin de la guerre, l’armée allemande réquisitionne le lieu, et, en 1945, Paul-Henri Spaak le cède à l’ambassade de l’URSS. Après 17 ans d’occupation et à la suite d’un procès, le lieu reviendra dans le patrimoine de la famille Empain.
Un mot sur le Palais de Justice ? Voici un peu plus de dix ans, de grandes inquiétudes planaient sur l’avenir du Palais et le maintien de l’affectation justice au sein d’un des plus importants bâtiments de Bruxelles. Aujourd’hui, même si les travaux de façade n’ont pas démarré, nous pouvons être rassurés sur son avenir. La fonction justice restera dans le Palais et celui-ci devrait être l’objet de nombreux travaux de restauration. Nous avons contribué au maintien de l’affectation par deux chantiers, les entrées sécurisées et le projet Box in the Box qui sécurise quatre nouvelles salles d’audience au cœur du Palais.
Un démarrage de chantier imminent ? L’un des chantiers les plus attendus est sans conteste le démarrage d’importants travaux à l’Aegidium. Le bâtiment, inauguré en 1906, était alors baptisé Le Diamant Palace, à l’image de son entrée originellement tapissée de miroirs, dont les empreintes sont encore visibles. Emaillés d’ampoules électriques de 20 W, ils démultipliaient les perspectives et profondeurs de champ. Le plafond de la grande salle néo-byzantine était aussi couvert de plusieurs milliers d’ampoules électriques, ce qui pour l’époque était d’une grande originalité, l’électricité n’étant qu’à ses balbutiements. Nous allons tenter de restituer la magie de cet espace. L’ensemble des décors d’origine seront conservés et restaurés. C’est une rénovation qui s’annonce compliquée. Le bâtiment enclavé, en cœur d’îlot, est difficile d’accès. Il est destiné à devenir un lieu culturel ouvert au public.
Une rénovation qui se passe bien ? On pourrait évoquer l’Hôtel Astoria, un palace fermé il y a une dizaine d’années, dont le chantier avance à grande vitesse. Il s’agit d’une part de la restauration des éléments historiques, patrimoniaux, et de la réhabilitation de cinq bâtiments qui constituent le nouvel ensemble. Bâtiment construit à la demande du roi Léopold II pour l’Exposition univer- selle de 1910, il a accueilli pendant près d’un siècle les têtes couronnées. L’empereur Hirohito est le premier à avoir occupé la suite royale. Ce palace n’avait jamais été fermé malgré des travaux nécessaires pour une clientèle exigeante et il était temps d’envisager une réhabilitation complète. Le projet intègre d’une part la reconstitution de la formidable verrière disparue après-guerre, mais aussi la création de piscine et spa en sous-sol, de suites royales et présidentielles en toiture, répondant à un confort d’un palace du XXIème siècle.
Une mission inédite ? Le chantier des Serres Royales de Laeken qui va débuter au printemps, sans empêcher toutefois les visites. Cette restauration en profondeur est une « première fois » pour le lieu, pour cette œuvre qui ne ressemble à aucune autre, une œuvre singulière imaginée par Alphonse Balat. François Châtillon, architecte chargé de la restauration du Nouveau Grand Palais à Paris, nous épaule. L’organisation du chantier est particulièrement complexe notamment par la nécessité de maintenir des températures adéquates à des plantes dont certaines ont été ramenées du Congo par Léopold II.
D’autres projets et défis ? Nous travaillons aujourd’hui sur deux projets et concours dont nous sommes lauréats : La Cité-jardin historique de la Butte-Rouge à Châtenay-Malabry et ses 3300 logements à réhabiliter. Il s’agit de revisiter le logement social avec un objectif qualitatif tout en redensifiant ce territoire de 65 hectares sans affecter les jardins. Et la rénovation de deux hectares d’écuries royales et cinq hectares de territoire du château de Fontainebleau. L’objectif est d’y implanter un campus international des arts qui pourrait à terme, comme on le ferait pour un tableau ancien, être effacé au profit d’une nouvelle affectation. L’œuvre patrimoniale est toujours plus importante et plus durable que la fonction qui l’occupe.
Francis Metzger, architecte de l'intemporel
Francis Metzger, architecte de l'intemporel
Mots : Agnès Zamboni
Photos : DR
D’où vient votre passion pour les bâtiments historiques ? Leur aura traversant le temps me subjugue et m’émeut. J’ai suivi les cours d’architecture d’intérieur à Saint-Luc Bruxelles et je suis diplômée d’un master et d’une agrégation en histoire de l’Art à l’ULB. En redon- nant vie au patrimoine, je comble mon désir d’approfon- dir mes connaissances et celui de créer. Cependant, j’ai œuvré sur différents types de projets. Avec les marques de luxe de l’Oréal, j’ai aménagé des instituts de beauté et studios de maquillage. J’ai travaillé sur des lieux atypiques, le Crazy Horse, un appartement classé Artdéco, des lofts… En 1999, avec mon compagnon disparu, le galeriste et expert en œuvre d’art Willy d’Huysser, j’ai acquis le château de Montmoreau en Charente. En sa mémoire, j’ai persévéré dans cette restauration d’en- vergure et je la poursuis avec mon compagnon, artiste et photographe, Jörg Bräuer.
Quelles sont vos principales motivations ? De l’architecture d’intérieur jusqu’au choix des œuvres d’art, ma démarche est globale et fait naître des univers hors du temps, alliant les traces du passé et la contemporanéité.
Ma mission est de capter, préserver et transmettre l’âme des bâtisses, ce point d’ancrage immatériel entre l’his- toire des hommes et le passage du temps… Je recherche le goût de la mémoire qui a forgé les lieux. J’aime redon- ner vie à des pans entiers d’histoire et une nouvelle destinée à un site, pour façonner un cadre de vie à l’image de ses habitants. Les enjeux architecturaux sont d’abord humains
Pourquoi créer du mobilier ? A la recherche d’une symbiose totale, la création de meubles a toujours fait partie intégrante de mes projets. Je travaille les meubles comme des volumes, avec des lignes sobres capables d’exprimer des émotions. Je suis très attentive aux proportions et aux détails. C’est à chaque fois comme un prototype à mettre au point, car il n’y a jamais deux projets qui se ressemblent. Le mobilier intégré, quant à lui, est prévu, en amont, dès la conception du projet. Tout est réalisé par des artisans, car je suis très attachée aux savoir-faire et à la réalisation dans les règles de l’art. Je sélectionne toujours des matières naturelles, le bois, le métal, de la soie, du lin, de la laine. Pour mes chantiers, je choisis aussi des œuvres en pièces uniques, ou séries limitées, comme celles présentées par la galerie Spazio Nobile. A deux reprises, nous avons organisé ensemble une exposition à l’Ancienne Nonciature.
Quelle est donc l’origine de ce lieu ? L’Ancienne Nonciature est un hôtel particulier de style néo-classique, ex-ambassade du Vatican à Bruxelles, au milieu du XIXe siècle. Situé en face de l’église du Grand Sablon, achetée en 2005 dans un piteux état, cinq années m’ont été nécessaires pour restaurer ses 1400 m2 et y installer notamment mes bureaux. Je dédie une autre partie de l’espace aux évènements et expositions, en collaboration avec des galeries d’art. Après avoir restitué les majestueux volumes initiaux, préservé le maximum d’éléments d’origine, j’ai recréé des ambiances dans l’esprit des lieux, sans pastiche, comme en atteste l’ancienne chapelle du Cardinal Pecci, devenu le pape Léon XIII.
Pourquoi avoir choisi de collaborer avec Charles Schambourg ? Le savoir-faire de cet atelier, actuellement dirigé par Nicolas Berryer, est unique au monde. Il fabrique des tissages avec de fines lanières de cuir et daim. Pour mes créations, je développe avec lui des tissages sur mesure, travaillant textures et couleurs, tout en donnant une modernité à ce savoir-faire. Ces tissages complexes recouvrent notamment des banquettes fabriquées avec des techniques à l’ancienne, en maintenant par exemple, le garnissage en crin de cheval. Dans mes créations, je recherche la sobriété alliée à un extrême raffinement.
Votre dernier projet d’envergure ? La restauration intérieure du Château de Calon-Ségur dans le Médoc, avec son pigeonnier et son orangerie, aménagée en salle de dégustation. Le travail sur la géométrie a valorisé les perspectives et les pièces en enfilade, pour retrouver les points de fuite. Aux matériaux travaillés à l’ancienne répondent les couleurs puisées dans les tonalités de la Gironde et des ceps de vigne. J’ai recherché antiquités et tableaux d’époque, dessiné tous les décors dans un esprit intemporel. Avec élégance et sans ostenta- tion, j’ai souligné le XVIIIe siècle d’une aristocra- tique maison, plantée dans ses vignes, comme si plusieurs générations s’étaient succédé en laissant leurs traces. Aux portraits anciens répondent les œuvres d’artistes contemporains, comme Lee Bae et Jörg Bräuer.
Votre prochain défi ? Consacrer plus de temps à la restauration de mon château, monument histo- rique classé des XIIe et XVe siècles. Ses toitures et spectaculaires charpentes, ainsi que ses 15 impo- santes cheminées d’origine ont été sauvées… Ce projet, dépassant ma simple existence, représente une mission de transmission, dont je ne suis que l’un des maillons.
Francis Metzger, architecte de l'intemporel
Francis Metzger, architecte de l'intemporel
Mots : Agnès Zamboni
Photos : DR
D’où vient votre passion pour les bâtiments historiques ? Leur aura traversant le temps me subjugue et m’émeut. J’ai suivi les cours d’architecture d’intérieur à Saint-Luc Bruxelles et je suis diplômée d’un master et d’une agrégation en histoire de l’Art à l’ULB. En redon- nant vie au patrimoine, je comble mon désir d’approfon- dir mes connaissances et celui de créer. Cependant, j’ai œuvré sur différents types de projets. Avec les marques de luxe de l’Oréal, j’ai aménagé des instituts de beauté et studios de maquillage. J’ai travaillé sur des lieux atypiques, le Crazy Horse, un appartement classé Artdéco, des lofts… En 1999, avec mon compagnon disparu, le galeriste et expert en œuvre d’art Willy d’Huysser, j’ai acquis le château de Montmoreau en Charente. En sa mémoire, j’ai persévéré dans cette restauration d’en- vergure et je la poursuis avec mon compagnon, artiste et photographe, Jörg Bräuer.
Quelles sont vos principales motivations ? De l’architecture d’intérieur jusqu’au choix des œuvres d’art, ma démarche est globale et fait naître des univers hors du temps, alliant les traces du passé et la contemporanéité.
Ma mission est de capter, préserver et transmettre l’âme des bâtisses, ce point d’ancrage immatériel entre l’his- toire des hommes et le passage du temps… Je recherche le goût de la mémoire qui a forgé les lieux. J’aime redon- ner vie à des pans entiers d’histoire et une nouvelle destinée à un site, pour façonner un cadre de vie à l’image de ses habitants. Les enjeux architecturaux sont d’abord humains
Pourquoi créer du mobilier ? A la recherche d’une symbiose totale, la création de meubles a toujours fait partie intégrante de mes projets. Je travaille les meubles comme des volumes, avec des lignes sobres capables d’exprimer des émotions. Je suis très attentive aux proportions et aux détails. C’est à chaque fois comme un prototype à mettre au point, car il n’y a jamais deux projets qui se ressemblent. Le mobilier intégré, quant à lui, est prévu, en amont, dès la conception du projet. Tout est réalisé par des artisans, car je suis très attachée aux savoir-faire et à la réalisation dans les règles de l’art. Je sélectionne toujours des matières naturelles, le bois, le métal, de la soie, du lin, de la laine. Pour mes chantiers, je choisis aussi des œuvres en pièces uniques, ou séries limitées, comme celles présentées par la galerie Spazio Nobile. A deux reprises, nous avons organisé ensemble une exposition à l’Ancienne Nonciature.
Quelle est donc l’origine de ce lieu ? L’Ancienne Nonciature est un hôtel particulier de style néo-classique, ex-ambassade du Vatican à Bruxelles, au milieu du XIXe siècle. Situé en face de l’église du Grand Sablon, achetée en 2005 dans un piteux état, cinq années m’ont été nécessaires pour restaurer ses 1400 m2 et y installer notamment mes bureaux. Je dédie une autre partie de l’espace aux évènements et expositions, en collaboration avec des galeries d’art. Après avoir restitué les majestueux volumes initiaux, préservé le maximum d’éléments d’origine, j’ai recréé des ambiances dans l’esprit des lieux, sans pastiche, comme en atteste l’ancienne chapelle du Cardinal Pecci, devenu le pape Léon XIII.
Pourquoi avoir choisi de collaborer avec Charles Schambourg ? Le savoir-faire de cet atelier, actuellement dirigé par Nicolas Berryer, est unique au monde. Il fabrique des tissages avec de fines lanières de cuir et daim. Pour mes créations, je développe avec lui des tissages sur mesure, travaillant textures et couleurs, tout en donnant une modernité à ce savoir-faire. Ces tissages complexes recouvrent notamment des banquettes fabriquées avec des techniques à l’ancienne, en maintenant par exemple, le garnissage en crin de cheval. Dans mes créations, je recherche la sobriété alliée à un extrême raffinement.
Votre dernier projet d’envergure ? La restauration intérieure du Château de Calon-Ségur dans le Médoc, avec son pigeonnier et son orangerie, aménagée en salle de dégustation. Le travail sur la géométrie a valorisé les perspectives et les pièces en enfilade, pour retrouver les points de fuite. Aux matériaux travaillés à l’ancienne répondent les couleurs puisées dans les tonalités de la Gironde et des ceps de vigne. J’ai recherché antiquités et tableaux d’époque, dessiné tous les décors dans un esprit intemporel. Avec élégance et sans ostenta- tion, j’ai souligné le XVIIIe siècle d’une aristocra- tique maison, plantée dans ses vignes, comme si plusieurs générations s’étaient succédé en laissant leurs traces. Aux portraits anciens répondent les œuvres d’artistes contemporains, comme Lee Bae et Jörg Bräuer.
Votre prochain défi ? Consacrer plus de temps à la restauration de mon château, monument histo- rique classé des XIIe et XVe siècles. Ses toitures et spectaculaires charpentes, ainsi que ses 15 impo- santes cheminées d’origine ont été sauvées… Ce projet, dépassant ma simple existence, représente une mission de transmission, dont je ne suis que l’un des maillons.
Anne Derasse, la passeuse du temps
Anne Derasse, la passeuse du temps
Mots : Agnès Zamboni
Photos : Jorg Brauer
Elle a créé le premier dressing du Mannekens-Pis à la Maison du Roi, se passionne pour l’histoire des lieux qu’elle rénove, restaure un château en France… Entre modernité et tradition, les projets d’Anne Derasse entraînent le passé vers un futur ré-enchanté.
D’où vient votre passion pour les bâtiments historiques ? Leur aura traversant le temps me subjugue et m’émeut. J’ai suivi les cours d’architecture d’intérieur à Saint-Luc Bruxelles et je suis diplômée d’un master et d’une agrégation en histoire de l’Art à l’ULB. En redon- nant vie au patrimoine, je comble mon désir d’approfon- dir mes connaissances et celui de créer. Cependant, j’ai œuvré sur différents types de projets. Avec les marques de luxe de l’Oréal, j’ai aménagé des instituts de beauté et studios de maquillage. J’ai travaillé sur des lieux atypiques, le Crazy Horse, un appartement classé Artdéco, des lofts… En 1999, avec mon compagnon disparu, le galeriste et expert en œuvre d’art Willy d’Huysser, j’ai acquis le château de Montmoreau en Charente. En sa mémoire, j’ai persévéré dans cette restauration d’en- vergure et je la poursuis avec mon compagnon, artiste et photographe, Jörg Bräuer.
Quelles sont vos principales motivations ? De l’architecture d’intérieur jusqu’au choix des œuvres d’art, ma démarche est globale et fait naître des univers hors du temps, alliant les traces du passé et la contemporanéité.
Ma mission est de capter, préserver et transmettre l’âme des bâtisses, ce point d’ancrage immatériel entre l’his- toire des hommes et le passage du temps… Je recherche le goût de la mémoire qui a forgé les lieux. J’aime redon- ner vie à des pans entiers d’histoire et une nouvelle destinée à un site, pour façonner un cadre de vie à l’image de ses habitants. Les enjeux architecturaux sont d’abord humains
Pourquoi créer du mobilier ? A la recherche d’une symbiose totale, la création de meubles a toujours fait partie intégrante de mes projets. Je travaille les meubles comme des volumes, avec des lignes sobres capables d’exprimer des émotions. Je suis très attentive aux proportions et aux détails. C’est à chaque fois comme un prototype à mettre au point, car il n’y a jamais deux projets qui se ressemblent. Le mobilier intégré, quant à lui, est prévu, en amont, dès la conception du projet. Tout est réalisé par des artisans, car je suis très attachée aux savoir-faire et à la réalisation dans les règles de l’art. Je sélectionne toujours des matières naturelles, le bois, le métal, de la soie, du lin, de la laine. Pour mes chantiers, je choisis aussi des œuvres en pièces uniques, ou séries limitées, comme celles présentées par la galerie Spazio Nobile. A deux reprises, nous avons organisé ensemble une exposition à l’Ancienne Nonciature.
Quelle est donc l’origine de ce lieu ? L’Ancienne Nonciature est un hôtel particulier de style néo-classique, ex-ambassade du Vatican à Bruxelles, au milieu du XIXe siècle. Situé en face de l’église du Grand Sablon, achetée en 2005 dans un piteux état, cinq années m’ont été nécessaires pour restaurer ses 1400 m2 et y installer notamment mes bureaux. Je dédie une autre partie de l’espace aux évènements et expositions, en collaboration avec des galeries d’art. Après avoir restitué les majestueux volumes initiaux, préservé le maximum d’éléments d’origine, j’ai recréé des ambiances dans l’esprit des lieux, sans pastiche, comme en atteste l’ancienne chapelle du Cardinal Pecci, devenu le pape Léon XIII.
Pourquoi avoir choisi de collaborer avec Charles Schambourg ? Le savoir-faire de cet atelier, actuellement dirigé par Nicolas Berryer, est unique au monde. Il fabrique des tissages avec de fines lanières de cuir et daim. Pour mes créations, je développe avec lui des tissages sur mesure, travaillant textures et couleurs, tout en donnant une modernité à ce savoir-faire. Ces tissages complexes recouvrent notamment des banquettes fabriquées avec des techniques à l’ancienne, en maintenant par exemple, le garnissage en crin de cheval. Dans mes créations, je recherche la sobriété alliée à un extrême raffinement.
Votre dernier projet d’envergure ? La restauration intérieure du Château de Calon-Ségur dans le Médoc, avec son pigeonnier et son orangerie, aménagée en salle de dégustation. Le travail sur la géométrie a valorisé les perspectives et les pièces en enfilade, pour retrouver les points de fuite. Aux matériaux travaillés à l’ancienne répondent les couleurs puisées dans les tonalités de la Gironde et des ceps de vigne. J’ai recherché antiquités et tableaux d’époque, dessiné tous les décors dans un esprit intemporel. Avec élégance et sans ostenta- tion, j’ai souligné le XVIIIe siècle d’une aristocra- tique maison, plantée dans ses vignes, comme si plusieurs générations s’étaient succédé en laissant leurs traces. Aux portraits anciens répondent les œuvres d’artistes contemporains, comme Lee Bae et Jörg Bräuer.
Votre prochain défi ? Consacrer plus de temps à la restauration de mon château, monument histo- rique classé des XIIe et XVe siècles. Ses toitures et spectaculaires charpentes, ainsi que ses 15 impo- santes cheminées d’origine ont été sauvées… Ce projet, dépassant ma simple existence, représente une mission de transmission, dont je ne suis que l’un des maillons.
Les défis de Ben Storms
Les défis de Ben Storms
Mots : Agnès Zamboni
Photos : Alexander Popelier
Poids lourd et poids plume, ses créations sculpturales se posent, au sol, comme des coussins moelleux et aériens. Après le marbre, le nouveau challenge du designer Ben Storms : mettre le verre à l’épreuve !
Quel a été votre parcours ? J’ai étudié l’histoire de l’art à l’université de Gand tout en apprenant à travailler le bois et la pierre, le week-end et les vacances scolaires, dans des ateliers d’artisan. Après une collaboration avec le plasticien et sculpteur de polyester Nick Ervinck, j’ai entrepris une formation de design à Malines. Mon amour des matériaux, je le dois à mes parents qui étaient antiquaires. L’expo à l’atelier Jespers de Bruxelles, en 2015, a tout déclenché. La même année, mon travail a été récompensé par le prix Henry Van de Velde.
Pouvez-vous expliquer votre technique ? Dans ma pratique du design, je pars toujours des matériaux bruts. J’aime travailler les matériaux massifs, traditionnels et millénaires. Je les apprécie pour leur beauté et leur force naturelle. Mes méthodes de travail combinent techniques anciennes et manuelles comme le ponçage laborieux avec la numérisation et la sculpture digitale à commande numérique (CNC). Pour réaliser la table Ex Hale, j’ai fabriqué un moule en métal gonflé d’air. J’ai scanné cette forme en 3D pour la reproduire dans un bloc de marbre , grâce à une machine CNC. Les finitions à la main et le sablage sous pression adoucissent la matière ou évoquent le ton patiné d’un coussin, l’illusion s’un textile imprimé.
Comment réussissez-vous à inverser les impressions visuelles ? J’interroge le sens commun. Par exemple, la pierre doit-elle toujours paraître lourde ? En créant des formes qui frôlent les frontières de l’impossible, j’entraîne le spectateur à porter un regard neuf sur les matériaux familiers. Pour obtenir la finesse du plateau de la table In Vein, j’ai frôlé les limites de l’extrême. J’ai travaillé un plateau d’une épaisseur de 4 mm sur les bords, tout en conservant la solidité du marbre, je l’ai renforcé, en son centre, avec de la mousse et une plaque, comme un matériau sandwich et je l’ai augmenté, à cet endroit, de 4 à 5 cm. Le nom de cette table double fonction évoque à la fois les veines du marbre et le concept de Vanity, car le verso du plateau fait office de miroir, à poser contre un mur.
Obtenir un équilibre esthétique entre les matériaux est aussi très important. Les détails en cuir sur les tréteaux métalliques apportent une certaine douceur. Je n’imaginais pas de réaliser des rainures pour leur pliage et dépliage. Pour composer les tables In Hale, installées en parfait équilibre sur un coussin métallique, j’ai d’abord fabriqué les deux parties de l’enveloppe inférieure. Je les ai soudées ensemble comme une housse en laissant une ouverture pour les remplir d’air alors que la plaque de marbre, en partie supérieure, était déjà en place.
Pour la lampe Out of line, quel était le concept ? Pour cette pièce, j’ai revisité la méthode de fabrication traditionnelle du tambour, réalisée à partir des lamelles de bois. C’est totalement innovant et expérimental. J’ai juxtaposé de fines lamelles de marbre de 2 centimètres de large sur un textile, espacées, l’une de l’autre, de seulement 8 mm, pour les maintenir ensemble. Ma première pièce en prototype, un paravent, s’est révélée trop fragile à l’usage. Alors, j’ai imaginé une lampe avec abat-jour modulable, de dimensions réduites. Mais je dois encore perfectionner cette technique. Avec ce procédé, j’ai aussi l’idée de réaliser un siège avec un dossier en 3 D à partir d’une plaque de marbre mais qui restituerait le dessin complet de la veine. En utilisant une plaque, plutôt qu’un bloc, j’économise de la matière.
Comment avez-vous procédé pour le verre massif ? Le verre massif est coulé comme pour une sculpture en bronze, dans un atelier, en Tchéquie, un expert dans cette technique. Ces artisans travaillent aussi avec des artistes pour fabriquer leurs œuvres. La première pièce réalisée, avec eux, était une œuvre murale. Le moule a été réalisé sur mesure, en plâtre, également par leurs soins. La table basse In Hale en verre translucide a nécessité plus de 30 jours de fabrication. Le matériau doit devenir liquide pour être coulé dans le moule puis refroidir très lentement, dans le four, pour ne pas se briser.
Ben Storms exposera à Bruxelles à Art on Paper du 6 au 9 octobre 2022. Et ses créations s’envoleront en 2023 pour le Japon.
Julie Ruquois bâtit une architecture vivante
Julie Ruquois bâtit une architecture vivante
MOTS : Agnès Zamboni
PHOTOS : DR
Spécialisée dans le résidentiel, elle aime les atmosphères confortables, les couleurs et les matières chaleureuses pour habiller des volumes simples. La modernité de ses intérieurs s’exprime dans sa liberté de mixer le meilleur du passé et du présent.
Qu’avez-vous retenu de l’expérience chez Olivier Dwek ? Sa créativité, son intégration de l’art, sa détermination, sa ténacité m’ont surtout marqué. De mes 7 ans chez lui, j’ai gardé, le souci du détail, l’amour des belles matières, l’intransigeance pour les lignes épurées. Aujourd’hui, je travaille avec 3 personnes, dont Geoffroy, qui est venu plus récemment compléter notre équipe. Mes collaborateurs sont multitâches car ils m’épaulent dans le suivi de plusieurs projets, de A à Z, du gros-œuvre à la déco ! J’aime qu’ils s’imprègnent des dossiers autant que moi. Je garde le choix de la création et des matériaux, avec les clients, mais tout le reste, on le fait ensemble. J’aime travailler avec des architectes organisés, méticuleux, logiques.
Comment réussissez-vous à concilier architecture minimaliste et besoins humains ? Je ne me considère pas comme une architecte minimaliste pur jus ! J’en conserve évidemment les lignes épurées, le souci du détail pour faire disparaitre les techniques. Le « less is more », c’est magnifique dans les galeries ou musées mais pas toujours facile à vivre dans une maison familiale ! J’aime de plus en plus arrondir les angles, le mélange des matières, des couleurs, des styles, des époques. Bref tout ce qui rend un endroit vivant et personnel, pour ressentir de la joie et de la bonne humeur quand on rentre chez soi. Donc le minimalisme, oui, avec plaisir, si le projet s’y prête ! La leçon du Bauhaus était de réaliser ses projets comme une « œuvre d’art totale ». Moi-même, je n’arrive pas à concrétiser un projet sans imaginer les vues, son environnement, son contenu. Dès mes plans d’esquisse, je me retrouve à dessiner les abords, à proposer des tableaux et des sculptures, du mobilier et de la déco. J’ai besoin de m’imaginer bouger et profiter des espaces que je crée. J’adore mon époque car toute l’histoire de l’architecture inspire l’architecture d’aujourd’hui. On est libre de briser les codes, de proposer des mélanges osés. J’avoue avoir un faible pour le modernisme qui rompt radicalement avec le passé. Et un des grands défis actuels est de concilier architecture et impératifs énergétiques : un véritable virage s’amorce aujourd’hui dans notre métier.
Être mère avec 3 enfants est-il un avantage pour aménager un intérieur ? Le gros avantage d’être une maman qui travaille, c’est qu’on sait planifier, organiser, déléguer, bref « être efficace », et on n’a pas le choix. Pour cette raison, certains clients se sentent rassurés avec moi car je peux anticiper leurs besoins. Je me projette très facilement dans leur projet de vie et j’adore ça ! Est-ce ma féminité ou un trait de caractère qui fait que j’accorde beaucoup d’importance à l’ergonomie et à l’usage quotidien dans mes réalisations ? Sans doute ! Et pareil pour mon sens de l’écoute qui est la genèse de tout projet. Mais j’ai aussi d’autres passions, en dehors de mon travail et de ma famille, car il m’est essentiel de prendre du temps pour moi. Certains moments de grâce me stimulent et m’inspirent ! J’ai toujours aimé les sports d’adrénaline et surtout me retrouver seule face aux éléments plus forts que moi. J’aime la mer, de façon inconditionnelle, et les sports qui s’y pratiquent : planche à voile, ski nautique, plongée sous-marine. Et j’ai découvert un sport plus accessible : l’escalade en milieu naturel. Après une journée d’escalade à Freyr, un site exceptionnel en Wallonie, je relativise tout. Je suis sereine et détendue. C’est puissant ! En observant les artisans avec qui je travaille, j’ai eu aussi une forte envie de contact direct avec la matière. Je me suis mise à la poterie qui me procure un plaisir méditatif.
Aimeriez-vous vivre dans les espaces que vous concevez ? C’est là toute l’ambiguïté de mon métier. Je rêve de m’installer dans chacune de mes réalisations. Ma maison idéale serait située sur un site exceptionnel et j’aurais la liberté totale de laisser libre cours à mes envies architecturales. J’aime beaucoup d’endroits différents sur cette terre et cette maison serait la continuité de son environnement ! Elle sublimerait les éléments naturels qui l’entourent et serait composée de matériaux authentiques… Quant à ma vraie maison, typique du style Paquebot, tout en longueur avec de beaux arrondis, elle est signée Gaston Brunfaut.
Quelles sont vos réalisations en dehors de la Belgique et vos derniers projets ? Un appartement en Floride, une rénovation en Sardaigne, des plans de projet pour une maison au Mali, une transformation d’un chalet à la montagne… un autre projet à Dusseldörf. Actuellement, je termine une villa à Knokke et une autre à Grez-Doiceau. En cours, une construction neuve et deux rénovations à Rhode-Saint-Genèse, un autre chantier à Uccle et un gros projet de coworking dans un ancien garage à Matongué. Nous avons aussi complètement transformé une maison à Waterloo en agence immobilière. J’y ai installé mes bureaux à l’étage… après avoir longtemps travaillé à la maison et partagé des bureaux d’entreprises de construction.
Marie’s Corner - La signature couture du Royal Waterloo Golf Club
Marie’s Corner - La signature couture du Royal Waterloo Golf Club
Mots : Servane Calmant
Photos : Corentin Haubruge
En 30 ans, Marie’s Corner s’est s’imposé comme le spécialiste de l’assise « tailor-made ». 100, c’est le nombre de bougies que le Royal Waterloo Golf Club soufflera en 2023. Ces deux-là étaient faits pour se rencontrer ! Marie’s Corner a fourni les canapés, fauteuils, poufs du Club House du golf brabançon. Particularité : la tendance « Low dining » pour une atmosphère résolument cocoon. On en parle avec Serge Silber, l’un des deux CEO de la célèbre Maison belge.
Le président du Royal Waterloo Golf Club et l’agence d’architecture DF & Associés ont fait appel à Marie’s Corner pour les assises du restaurant, du bar, du salon télé… Une tripartite, c’est avant tout une aventure humaine ? Le Royal Waterloo Golf Club a en effet mandaté le bureau d’architecture DF & Associés pour le gros œuvre, les finitions intérieures et la déco, lequel a fait appel à nous pour les assises. Mais l’un et l’autre connaissaient notre maison, notre réputation, notre expertise en la matière et étaient également sensibles au fait que nous sommes une Maison belge qui continue à produire en Europe. Cette tripartite a exigé de nombreuses réunions. Il fallait être à l’écoute du client, répondre à ses attentes, ses exigences. Sur la longueur du chantier, s’est développée une belle aventure humaine à laquelle, en effet, je suis très sensible. Les belles rencontres et la satisfaction du client sont en tout point gratifiantes.
Quelles furent les exigences du golf et des architectes ? L’idée était d’ajouter au « dining » traditionnel, du « low dining », un concept très tendance où les tables et les sièges sont plus bas, les assises plus profondes, le tout alliant confort et convivialité. Le fait d’avoir associé, dans un même espace, ces deux concepts apportent un joli cachet au Club House. On a envie de s’y installer et d’y rester.
La personnalisation des assises, c’est votre point fort ! Oui, car si sur ce projet pour le Golf Club du Royal Waterloo, il n’y a pas eu de sur-mesure, on a néanmoins adapté plusieurs pièces du « dining » en « low dining ». Le fait que nous travaillons le monoproduit, les assises uniquement, renforce également notre expertise en la matière. Nous sommes les spécialistes du siège « tailor-made ».
Le cocooning a toujours la cote. Le Club House devient une sorte de refuge… Le client est toujours en quête d’endroits très cosy. On a donc importé dans l’horeca des codes de la maison. Le « feel at home » est très recherché. Le Club Housedu golf de Waterloo dégage une atmosphère stylée et très cocooning.
Y’a-t-il un style Club House ? Il doit correspondre à un panel très hétéroclite de clients à séduire. Les membres du Royal Waterloo Golf Club sont variés, plusieurs générations s’y côtoient. Contrairement aux restaurants ou hôtels qui ont un segment de marché bien défini, un golf brasse plus large.
Comment plaire au plus grand nombre ? Il faut jongler avec les modèles, les matières et les couleurs. Je prends un exemple précis : nous avons proposé des canapés Club-House, un modèle Chesterfield, c’est-à-dire un classique indémodable, intemporel, que nous avons réinventé. Sa version plus contemporaine en velours de couleur séduit également une génération plus jeune …
La déco, ça évolue ! Le Royal Waterloo Golf Club, comme d’autres, a opté pour une commande en MC Rent. En quoi consiste cette formule ? Il s’agit d’une formule unique de leasing que nous avons créée en 2018 pour les professionnels de l’Horeca. Pour faire court : elle permet aux hôtels et restaurants d’assurer l’ameublement de leur projet en mensualisant les frais. Quand on a beaucoup dépensé pour le gros œuvre et la déco, il reste parfois peu de budget pour les assises ! Ensuite, nous assurons l’entretien et la réparation des fauteuils, canapés, etc., pendant toute la durée du leasing, soit 4 ans. Enfin, au terme du contrat de leasing, l’utilisateur garde son mobilier s’il le trouve toujours à son goût ou le renouvelle pour des assises up-to-date via un nouveau contrat de leasing. En résumé : c’est une formule qui offre de la flexibilité financière, un service entretien et une franche flexibilité en fin de leasing.
Qu’est-ce qui rend un canapé Marie’s Corner iconique. Après 30 ans de carrière, vous devez avoir la réponse ! (Rire) C’est le public qui le rend iconique, pas ses créateurs. Tout d’un coup, tel ou tel fauteuil plait à beaucoup et ne se démodant pas, il traverse le temps. Il n’y a malheureusement pas de recettes. Il m’est arrivé de dessiner des modèles qui sont devenus iconiques bien malgré moi et d’autres auxquels je croyais dur comme fer, et qui ont rencontré moins de succès.
Maxime Jacquet - Le décorateur liégeois qui a conquis l’Amérique
Maxime Jacquet
Le décorateur liégeois qui a conquis l’Amérique
Mots : Agnès Zamboni
Photos : Anthony Barcelo
A 19 ans, il s’est envolé pour Hollywood, avec une simple formation commerciale, la passion chevillée au corps, prêt à réaliser ses rêves. 14 ans plus tard, ce travailleur acharné fait le point sur son parcours à Los Angeles.
Quelle formation avez-vous suivie ? Alors que mes parents ont remarqué, dès l’âge de 13 ans, mes capacités artistiques, je n’ai pas suivi de cours dans une école d’art. Ce type d’enseignement m’a refroidi. En Belgique, j’ai opté pour une formation courte en gestion d’entreprise. Remarqué sur la plateforme MySpace, j’ai débarqué, avec une certaine dose d’inconscience, un niveau d’anglais très moyen et pas de plan B, si j’échouais. Mais j’avais choisi un pays ouvert où les étrangers et les Européens qui ont réussi sont nombreux. A l’école de la débrouille, 3 portes se sont ouvertes et rien ne s’est passé. Puis un jour, vous passez à la télé, on vous écoute et votre avis devient important. Je me rappelle de ma première émission TV : à l’occasion d’un réveillon de Noël, je devais décorer une table. Je ne comprenais pas les questions et je répondais à côté mais les retours dans les audiences et les commentaires ont été bons.
Comment s’est déroulé votre premier projet ? Il s’agissait d’une maison à Malibu, une sorte de ranch immense avec 4 bâtiments de 1700 m2. J’ai proposé un style élégant et de bon goût, dans l’esprit de Ralph Lauren, l’idéal à l’américaine en version western. J’avais 3 mois et demi… des délais classiques ici, car il y a beaucoup de compétitivité entre les entreprises. J’ai réalisé ensuite le yacht et le jet privé du même propriétaire. J’ai intégré les codes et normes strictes de ces espaces où les règlementations sont drastiques. La première année m’a mis le pied à l’étrier.
Quelles sont les caractéristiques de votre clientèle ? Elle est exigeante et perfectionniste. Il ne faut pas lui dire non. A Los Angeles, on vit à 100 à l’heure. Rihanna me disait qu’elle considérait sa maison comme le seul endroit où elle ne se sentait pas jugée pas et où elle pouvait inviter qui elle désirait. Pour certains clients, j’ai déjà réalisé 5 à 7 maisons en 10 ans. A chaque chantier, il faut se surpasser pour que chaque client ait la même chose que les autres mais en mieux. Mes clients sont des enfants qui ont de gros moyens. Je conserve toujours un contact direct avec eux. Ils se découvrent souvent une passion pour la décoration dans l’espace de liberté que l’aménagement de leur maison leur offre.
Comment définissez-vous votre style ? Mon style est direct, extraverti, très créatif, comme le style de mes clients, acteurs, chanteurs… des créatifs dans leur domaine. Je lis beaucoup, j’apprends à travers l’art et je propose toujours à ma clientèle des œuvres pour personnaliser leur espace de vie. Mais je ne définis aucune hiérarchie entre les objets, je peux mêler de la vaisselle chinée pour quelques dollars avec de la cristallerie prestigieuse, des meubles vintage et des pièces uniques très modernes. Par contre, je n’ai pas d’attirance pour les copies d’anciens et les styles historiques sortis de leur contexte.
Quel est votre modèle ? Karl Lagerfeld, avec son talent multidisciplinaire et sa puissance de travail, est mon modèle. Très cultivé, il a aussi sauvé des maisons d’artisanat d’art et des métiers en voie de disparition en les faisant racheter par le financier Bernard Arnault. Je travaille 20 h par jour et ne prends quasi jamais de vacances. Je suis à 100 % dans mon travail et rien ne peut me rendre plus heureux. Avec mes 3 sociétés, je me dois d’être multitâche et je ne délègue pas facilement à mes assistants. Il y a quelques années, mon frère m’a suivi et il m’épaule avec ses compétences d’avocat.
Avez-vous une méthode ? Il faut d’abord comprendre le style de mes clients. Pour cela, je les écoute beaucoup, avant de faire mes propositions, surtout lors du premier rendez-vous, car 60 à 70 % des informations sont communiquées pendant cette première séance de travail. Dans les détails, on apprend beaucoup sur leur personnalité qui peut être très différente de leur image publique. Ensuite, si j’ai le temps, je fabrique des mood boards, avec des photos, des échantillons. Je pratique mon métier, à l’ancienne. Une idée de tee-shirt déchiré peut se transformer en canapé. Je choisis des meubles avec eux. Mais avec les célébrités, c’est souvent impossible de sortir pour faire des achats dans une boutique, sans qu’une horde de curieux ou de fans vous suive voire provoque une émeute !
Quels sont vos projets actuels ? Je vais bientôt créer une classe avec le désir de transmettre mon expérience mais aussi d’expliquer aux jeunes générations qu’il faut croire en ses rêves. Si on est passionné, il faut se lancer et on peut réussir en travaillant. J’aimerais refaire un show télévisé avec de jeunes candidats, en Asie ou aux Etats-Unis. Et surtout, je souhaite laisser une trace : créer une collection de meubles ou collaborer avec des éditeurs et marques pour dessiner des objets. Je ne les imagine pas forcément élitistes, de Baccarat à H & M, tout m’intéresse. C’est un challenge de créer avec des petits budgets. Et ce serait un plaisir de voir mes créations choisies, parmi tant d’autres, dans les intérieurs d’un plus large public.
AfIlo - L’excellence du “made in Italy” à Bruxelles
AfIlo
L’excellence du “made in Italy” à Bruxelles
Mots : Agnès Zamboni
Photos : DR
Dans l’écrin en brique de l’ancienne école des Ursulines dans le quartier du Châtelain, Thomas et Samantha Ersoch, et son équipe, présentent le savoir-faire d’une sélection de collections italiennes en aménagement d’intérieur contemporain. Au programme, des cuisines d’exception, des dressings à la fonctionnalité irréprochable, des systèmes de portes innovants… et l’accompagnement personnalisé de l’expertise d’Afílo.
Comment pouvez-vous définir Afílo ? L’origine du nom Afílo, voulait interpréter un signe architectural, il signifie le « fil à plomb » en italien. Ce terme exprime la précision, l’esprit sur mesure de nos projets. Accueil soigné, discussions et échanges constructifs, exclusivité des produits, nous valorisons notre différence. Nous sommes des “interior designers ” spécialisés dans l’excellence du “made in Italy”, capables de transcender les espaces avec des solutions inédites d’aménagement, des matériaux sublimés. Nous avons choisi des systèmes qui cachent des techniques de pointe. Nous voulons transmettre la magie de l’innovation qui se combine à l’émotion et à la sensibilité des matières. Les projets que nous suivons nécessitent beaucoup de réflexion et des études qui s’étendent de 9 mois à 1 an pour aboutir. Et ils évoluent souvent car nos clients découvrent chez nous des réponses inédites.
Pourquoi avoir choisi des marques italiennes ? Lorsque vous cherchez des solutions informatiques vous allez à la Silicon Valley au États Unis. Pour le design d’intérieur, la référence, c’est l’Italie. Les entreprises sont localisées essentiellement dans la région Brianza à proximité de Milan et autour de Venise. Nous avons établi une collaboration étroite avec un nombre restreint de fabricants italiens tous hautement spécialisés dans leur secteur d’activité : Minimal, Rimadesio, Minotti, Lema, Porro, Oikos, Viabizzuno, et bientôt une autre firme spécialisée dans la cuisine, Modulnova, va nous rejoindre pour offrir une offre premium élargie. Nous avons étudié pendant 2 ans son évolution avant de lui proposer de nous rejoindre. Toutes les collections doivent nous ressembler et ressembler à notre clientèle. Le fait que je sois originaire de l’Italie, c’est mon petit clin d’œil à ma région d’origine, le Lac Majeur au nord de Milan, ou sont présents un nombre important d’entreprises, facilite les contacts humains et les collaborations étroites avec les fournisseurs. En Italie, les entreprises sont souvent composées de structures familiales qui combinent à la fois innovation, technologie et une forte valorisation du travail artisanale.
La production est locale, reste souple et on peut intervenir pour s’adapter aux besoins particuliers d’un projet. Le même esprit que lorsque vous allez en Italie dans la plupart des restaurants ou ils sont attentifs à vous faire plaisir avez la possibilité de personnaliser vos choix ! La sélection des produits est un long parcours de rencontres humaines, d’émotions qui donnent comme résultats une qualité irréprochable sous différents points de vue, des solutions durables et une grande attention est réservée à l’évolution de notre environnement.
Pouvez-vous donner quelques exemples ? Nous aimons surprendre nos clients avec des produits à la technologie éprouvée qui combine éléments industrialisés et finitions artisanales. Identitaires, ils racontent des histoires. Par exemple la philosophie qui a accompagné la ligne de conduite des cuisines Minimal dans certains projets réalisés en collaboration avec l’architecte japonais de renom Tadao Ando. Nous proposons des portes d’entrée architecturales en verre blindé sur-mesure par ses finitions et pouvant atteindre des tailles jusqu’à 6 m de hauteur et 3,00 m de large.
Quel est le rôle de votre showroom ? Il joue en rôle majeur de notre identité, car il accompagne notre bureau d’étude à l’expression de nos idées, il veut être un espace ou le visiteur partage une expérience.
Outre notre showroom, nous avons ouvert en 2012 le flagshipstore Rimadesio.
Ces espaces sont indispensables pour approcher la subtilité des matières et de leurs finitions, comme la magie de la maille de métal, insérée dans le verre qui joue avec la lumière artificielle ou naturelle, ou le verre mat traité anti-griffure. Les matières sensuelles doivent être touchées et caressées. Un catalogue ou une présentation virtuelle ne permet pas, par exemple, d’apprécier personnellement une paroi coulissante qui glisse parfaitement dans ses rails.
Marc Merckx - L’esprit intemporel
Marc Merckx
L’esprit intemporel
Mots : Agnès Zamboni
Photo : DR
Il imagine des espaces lumineux et épurés, où les matières sont valorisées et soulignées par des finitions qui les subliment. La simplicité est son faire-valoir.
La rigueur, sa compagne.
Quelles école et formation avez-vous choisies ? J’ai fréquenté l’Académie de Sint-Niklaas. C’est une formation à temps partiel, que j’ai combinée, tout en travaillant, avec une activité quotidienne de graphiste. C’est un enseignement qui dure 6 ans et qui met beaucoup l’accent sur le développement personnel. Lorsque j’étais en dernière année, Vincent Van Duysen a remarqué mon travail et m’a demandé de commencer à travailler pour lui. Je me considère toujours très chanceux que Vincent m’ait donné cette chance. Débuter ma route à ses côtés, a été une expérience déterminante pour la suite de mon parcours. J’ai beaucoup appris de son approche sensuelle, de l’expérience physique de l’espace, de l’utilisation de matériaux tactiles et de l’importance de placer l’intégrité de l’utilisateur au cœur de nos préoccupations. J’ai décidé de quitter le bureau de Vincent lorsque j’ai remporté le concours de l’hôtel Robey à Chicago. Un peu plus tard, j’ai également eu l’opportunité de concevoir le siège de la marque belge de meubles Tribù. A cette époque, combiner mes propres projets et mon travail de directeur de création chez VVD (Vincent Van Duysen) n’était plus possible.
Comment définissez-vous votre style ? A l’agence, notre style se caractérise par une approche pure et essentielle des problèmes fondamentaux d’espace, de proportion et de lumière. Chaque commande est considérée comme un projet au design unique. Nous faisons bien sûr appel à des réalisations sur mesure. De nombreux éléments sont personnalisés (de l’éclairage au mobilier en passant par les poignées de porte) sont conçus spécifiquement pour chaque lieu, afin de créer un équilibre idéal entre les lignes de architecture et l’aménagement de l’intérieur, toujours adapté aux besoins spécifiques du client.
Quelles sont vos sources d’inspiration ? Tout ce qui m’entoure peut être source d’inspiration. Il y a tellement de choses dans la vie quotidienne qui semblent banales à première vue mais qui peuvent créer un fort sentiment d’inspiration. La beauté inspirante est partout, il suffit d’y jeter un œil et de la saisir. Mes modèles sont trop nombreux pour tous les mentionner, mais en voici quelques-uns : Carlo Scarpa, Dom Hans van der Laan, Luis Barragán, Jean-Michel Frank, Pierre Chareau, …
Les espaces extérieurs et les jardins sont-ils importants dans votre travail ? Oui, les jardins sont très importants dans notre travail. Nous visons toujours la globalité d’un projet où l’architecture, l’intérieur et l’extérieur sont intimement liés. Tous les éléments sont connectés les uns aux autres. Dans certains projets, nous définissons nous-mêmes les contours des jardins, en fonction des vues et des axes de l’architecture, mais dans la plupart des projets, nous essayons de collaborer, dès le début, avec l’architecte paysagiste ou le jardinier.
Comment appréhendez-vous les matériaux? Les matériaux jouent un rôle clé dans nos conceptions. Nous privilégions les matières naturelles avec une finition vieillie, patinée, pour exprimer un certain vécu. Nous aimons travailler avec des matières chaleureuses et naturelles, qui font référence à la terre, à ses teintes denses et ses nuances délicates. Les matières simples et authentiques qui ne sont pas nécessairement à la mode, mais plutôt intemporelles ont notre préférence, même si cela est aussi une tendance actuelle.
Participez-vous à la conception de mobilier ? J’ai dessiné une ligne de meubles extérieurs commercialisée par la société belge Tribu, et actuellement, j’ai de nouveaux projets dans ce sens car je travaille sur une nouvelle collection pour ce même éditeur. Elle sera lancée l’année prochaine. Je présente toujours ma propre gamme d’objets, baptisée ICO. Il s’agit d’une collection assez restreinte et entièrement fabriquée à la main en Belgique. Les formes sont à la fois sculpturales et fonctionnelles. Ce sont des objets qui sont conçus pour durer. Actuellement, je développe également une gamme de luminaires, basée sur la modularité, que j’ai déjà développé dans le cadre de projets résidentiels. Et une nouvelle collection d’objets ménagers pour l’entretien de la maison est également en route.
Quelles réalisations sont en cours ? Actuellement, nous travaillons sur de grandes rénovations et des maisons privées nouvellement construites en Belgique et au Royaume-Uni, une résidence d’artistes et une maison de vacances en Espagne, un grand immeuble de bureaux qui a toutes les caractéristiques d’une maison. Mais un de mes rêves est d’avoir, un jour, carte blanche pour l’aménagement intérieur d’un yacht de luxe. Dans ce type de projets, en tant que designer, votre savoir-faire est alors pleinement pris en compte. Il y a des limitations techniques et des règlementations pour la sécurité, dont il faut tenir compte, mais l’équipe qui se charge de mettre en place ce type de réalisation a généralement un énorme savoir-faire. Cela vous donne également plus d’options et de marge de manœuvre, en tant que concepteur, pour aller jusqu’au bout.