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Viser VIZOREK

Tout diplômé de Solvay et de l’ULB qu’il soit, Alex Vizorek a choisi son camp : faire rire et ça, tous azimuts : en France, en Belgique, à la radio, à la télé, dans les journaux, au théâtre, au cinéma… et avec son seul en scène : Alex Vizorek est une œuvre d’art, qui l’a fait connaître et qu’il tourne depuis 10 ans. Et n’oublions pas la récente cérémonie des Magritte du cinéma qu’il aura bien secouée de son humour ravageur !

Rencontre avec un infatigable, qui s’oblige à ralentir pour s’atteler à son 2e seul en scène.

MOTS : FRÉDÉRIQUE MORIN
PHOTO : MEHDI MANSER

Maître de cérémonie lors des 9e Magritte du cinéma, plusieurs rôles au cinéma à votre actif (vous serez dans le premier film réalisé par Michel Denisot)… quel rapport entretenez- vous avec le 7e art ?

Je dis souvent du cinéma que je veux bien y faire un tour quand on m’y invite. Je suis toujours ravi et flatté quand les gens me choisissent, mais je ne suis pas monté sur scène pour un jour finir devant la caméra.

Avec cette carrière dorénavant plus française que belge, qu’est-ce qu’il y a de français en vous aujourd’hui ?

J’ai eu une éducation et une culture très française. Mon père écoutait RTL France dans la voiture. Le soir on regardait plutôt TF1, France 2, France 3, que les chaînes belges.

Très vite pour moi, il fut évident que réussir ça passait par la France. Quand je suis arrivé en France, je n’ai donc pas été très surpris ou déstabilisé.

Pour un Français, je suis toujours assez Belge dans ma façon d’avoir une certaine bonhomie, une certaine auto dérision, de ne pas être un fanatique de débat… quand le Français adore s’invectiver, manifester et faire la révolution !

Quand je reviens en Belgique, je sens que je suis un peu plus français par cet accent que j’ai un peu perdu, par les références, les réactions.

En France, je ne suis pas vraiment français et en Belgique plus tout à fait belge. Fondamentalement, je ne le ressens pas vraiment, mais je continuerais à dire que je suis belge, ce que je suis vraiment et qui est inamovible !

Faire rire a toujours quelque chose de cruel. On est sur le fil, on ne fait pas l’unanimité et on peut provoquer des inimitiés… y pensez-vous quand vous écrivez ?

Quand j’écris, j’essaye de ne pas me poser la question. Je me pose juste la question de savoir si c’est drôle ou non. Dans un 2e temps, il est vrai que je me mets dans la peau de celui à qui je destine mes propos, et je me demande s’il va être blessé. Après, en mon âme et conscience, je décide qui ça ne me dérange pas de blesser… ce « qui » ayant également pu être blessant. Je pondère toujours.

Parmi toutes vos casquettes – et vous en avez beaucoup – y en a t’il une que vous préférez porter plus qu’une autre ?

La scène, sans hésiter. C’est de là que je viens et c’est là que j’ai l’impression d’être chez moi. Écrire pour être sur scène reste mon métier numéro1. La plus grande liberté possible réside sur scène.

Le spectacle est ce qui me représente le plus, là où 3 min à la télé ne permet pas vraiment aux gens de vous cerner. Dans un spectacle, je peux mettre ce qu’il y a en moi d’un peu intelligent, de curieux, de complètement enfantin… quand j’aime placer une blague de cul un peu vulgaire juste après une explication de tableau. Ça marche assez bien !

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jeremie-renier

RENIER en maître

MOTS : FRÉDÉRIQUE MORIN
PHOTOS : ANTHONY DEHEZ DBCREATION

Le cinéma et Jérémie Renier, c’est une histoire qui remonte à l’enfance et qui se cristallise quand, à 14 ans, les frères Dardenne lui offrent le rôle d’Igor dans La Promesse. Trois ans plus tard, il transforme l’essai devant la caméra de François Ozon avec Les amants criminels. Dès lors il ne cesse plus de tourner, baladant sa blondeur dans des rôles jamais les mêmes.

Qu’est-ce qui vous fait choisir un rôle ?

En premier lieu, le scénario, l’histoire… en quoi ça me parle, ce que ça me raconte, dans quel univers que je ne connais pas, cela va m’emmener. Ensuite, il y a le personnage, le rôle que l’on me propose et que je vais défendre, et enfin la rencontre avec le réalisateur ou la réalisatrice… c’est souvent dans cet ordre-là.

Vous avez interprété des rôles très différents, qui pouvaient être très physiques, ou au contraire, plus intérieurs. Comment travaillez-vous ?

Je suis un outil, mon corps est un outil que je mets à la disposition d’un metteur en scène et du film dans lequel je tourne. Après, les approches sont différentes selon le jeu, ce qu’exige le film… il n’y a pas toujours nécessité à se transformer physiquement.

Vous avez 14 ans quand les frères Dardenne vous offrent votre premier grand rôle dans leur film La Promesse. Vous en avez 10 de plus quand ils vous appellent pour jouer dans L’Enfant. Vous allez tourner trois autres films sous leur direction.

Entre l’adolescent que vous étiez et l’adulte que vous êtes devenu, comment a évolué cette relation au long cours avec les frères Dardenne ?
Comme quand j’avais 14 ans ! Comme si c’était le premier film que nous tournions ensemble avec aujourd’hui, forcément, plus de métier, plus de connaissances, de mon côté comme du leur. Mais toujours avec une espèce de respect mutuel.

Je me suis toujours senti protégé, bien regardé, bien dirigé. Il y a peu de gens avec qui je peux m’abandonner… ils en font partie.

Une autre fidélité : celle que vous avez établie avec François Ozon. Déjà 3 films ensemble et un 4e à venir. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?

On s’est rencontré, j’avais 17 ans. Les Amants criminels était son 2e film. On a en quelque sorte grandi ensemble. François Ozon est un passionné.

Son désir de cinéma a quelque chose de très enfantin, et c’est très agréable de partager ça avec lui.

François est quelqu’un de très excité par le jeu des acteurs. Il est très présent, très vigilant… c’est ce qui le rapproche des frères Dardenne. Et comme pour les frères, j’ai une totale confiance en lui.

J’aime sa versatilité, le fait qu’il change en permanence de genre, comme j’aime chez les frères Dardenne le fait qu’ils repartent toujours des mêmes bases, qu’ils investissent les mêmes lieux… quelque chose d’un travail de fond et qui fait que la totalité de leurs films fait œuvre.

Ce sont deux visions de cinéma très différentes, et de passer d’un univers à l’autre est tout ce que j’aime.

Qu’avez-vous retiré de votre expérience de réalisateur avec votre frère Yannick sur Carnivores ?

La réussite fut d’être arrivé au bout de ce projet, de ce rêve, que l’on avait mon frère et moi. Un projet qui m’a énormément rempli, intellectuellement, personnelle- ment.

J’ai réalisé que créer était primordial pour moi, alors que jusque-là je ne me l’étais pas autorisé.

Parmi tous les films que vous avez tournés, y en a t’il un dont vous êtes particulièrement fier ?

Pas vraiment, ne passant pas ma vie à regarder mes films ! Bien sûr, je regarde au moins une fois le film dans lequel j’ai joué, pour la promotion et parce que je suis évidemment curieux !

Ce sont plus des souvenirs qui me restent, souvenirs de rencontres avec des acteurs, des metteurs en scène, souvenirs de lieux, d’univers que je ne connaissais pas et que j’ai découvert… mais reconnaissons que certains films furent plus intéressants à tourner que d’autres !

Un petit mot sur le Vertigo, ce restaurant/bar à cocktail de Bruxelles, dont vous êtes l’un des trois associés.

Au cours de mes voyages, j’ai pu fréquenter et apprécier ce genre d’établissement un peu particulier.

D’une certaine manière, j’ai eu envie de ramener ce que j’aimais, à Bruxelles… un endroit forcément important pour moi !

Vous qui habitez entre l’Espagne et la France, qu’est- ce qui vous manque le plus de la Belgique ?

Cette folie douce du Belge. Cette douceur que les Belges ont face à l’autre.

En Espagne – et c’est rare là où j’habite – quand tout d’un coup il pleut, me vient une forme de nostalgie de Bruxelles.

Les essentiels dans la filmographie de Jérémie Renier :


La Promesse • 1995 : Le premier premier rôle
de Jérémie… il a 14 ans. Avec Jean-Pierre et Luc Dardenne, les réalisateurs, ils tourneront 4 autres films ensemble.

Les amants criminels • 1998 : Ils sont beaux, blonds, Belges et homonymes… Jérémie Renier et Natacha Régnier chez le vénéneux François Ozon.

Nue Propriété • 2006 : Jérémie et Yannick, frères dans la vie et frères de fiction pour Joachim Lafosse et pour un huis clos familial en compagnie d’Isabelle Huppert.

Dikkenek • 2006 : Jérémie en idiot magnifique entouré d’un casting 4 étoiles dans cette comédie déjantée, désormais culte, signée Olivier Van Hoofstadt.

Reviens-moi • 2008 : Pour le plaisir de l’anecdote, car si Jérémie est au générique, c’est du couple Keira Knightley – James McAvoy, dont on se souvient !

Les aventures de Philibert, capitaine puceau • 2011 : Un pastiche de film de cape et d’épée avec un Jérémie tout en collant moulant et en coiffure improbable !

Cloclo • 2012 : À défaut d’être convaincu par le film, la prestation de Jérémie dans la peau de Claude François vaut le détour… comme d’habitude !

Carnivores • 2016 : Jérémie passe à la réalisation avec son frère Yannick. Un premier film très inspiré de leur vécu de frère et d’acteur.

L’ordre des médecins • 2019 : Jérémie Renier enfile la blouse blanche de médecin et trouve dans ce personnage tiraillé entre raison et sentiment l’un de ses plus beaux rôles.


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Classe Casta

Qu’on se le dise, Laetitia CASTA ne se résume pas à sa qualité de Top modèle. Depuis maintenant 20 ans, elle s’impose comme actrice, au théâtre – sa véritable et très ancienne passion – et au cinéma. Preuve en est, une fois encore, ce mercredi sur nos écrans, avec L’incroyable histoire du facteur Cheval du réalisateur Nils Tavernier. Laetitia Casta y incarne Philomène, la femme oh combien essentielle dans la vie du facteur Cheval, cet artiste qui consacra près de 33 ans de sa vie à édifier son Palais idéal, un incontournable de l’architecture naïve.  

MOTS : FREDERIQUE MORIN
PHOTOS : NICOLAS GERARDIN

Est-il nécessaire d’aimer le personnage que l’on interprète ? 

Non, il s’agit plutôt d’empathie avec le personnage, avec ses qualités, avec ses défauts.  

Aimer le regarder vivre… je suis la première spectatrice du personnage.

Avant, j’étais dans l’idée de me fondre dans le personnage. Aujourd’hui je fais l’inverse : je laisse le personnage entrer en moi… cela me donne plus d’espace dans le travail.

Comment définiriez-vous l’amour que porte Philomène à Joseph Ferdinand Cheval ? 

J’ai envie de dire que c’est un amour simple, qui se contente de peu. Aujourd’hui, il est beaucoup question de savoir comment être heureux, comment être zen, comment réussir sa carrière… on nous ferait croire que l’on ne sait plus comment vivre. 

Simplifier les choses, se défaire du superflu… c’est ce que raconte le film. Ces êtres s’accompagnent tels qu’ils sont, avec leur solitude. 

Philomène est simplement là, à regarder Joseph Ferdinand… elle le devine et c’est ce qui est beau. Il y a encore du mystère, de la poésie, de la pudeur…

Comment expliquez-vous cet amour qui anime Philomène ?

Ce qui fait que Philomène reste à côté de Joseph Ferdinand Cheval, qu’elle continue à se battre à ses côtés, c’est qu’il grandit, qu’il change en tant qu’homme. Elle a une sorte de fierté à l’accompagner dans son don, elle le reconnaît. Philomène et Joseph Ferdinand c’est la phrase d’André Breton : L’amour c’est quand on rencontre quelqu’un qui vous donne de vos nouvelles.

Même si on a peu d’éléments sur la femme du facteur Cheval, quel lien vous établissez entre ce personnage de Philomène et ces autres personnages existants ou ayant existé que vous avez interprétés : Arletty et Brigitte Bardot. 

Leur liberté, leur modernité, leur originalité… des femmes très inspirantes, en tout cas pour moi. 

Arletty c’était un personnage trouble, haut en couleur, fascinant. Bardot c’était la femme enfant totalement assumée avec en même temps des idées assez bourgeoises.

En quoi le mannequinat a pu vous être utile dans votre carrière d’actrice ?

Le métier de mannequin m’a rendu tel un soldat. Il y a une forme de discipline dans ce métier, un professionnalisme… on est là pour un résultat. 

Et quand sur des plateaux, on ne me considérait pas comme une actrice, cette discipline acquise m’affirmait comme une actrice. La difficulté, parfois, de mon métier de mannequin m’a permis d’avoir les épaules solides et de garder la foi en ce que je croyais.


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RETENEZ BIEN ce nom... Tessa Dixson

Tessa Dixson, 21 printemps, sait ce qu’elle veut : chanter. Et ce qu’elle ne veut pas : être formatée. Quand on lui demande son métier, elle répond « chanteuse », avec le sourire de l’évidence. Le 26 avril, sa pop-indé en clair-obscur affrontera le public des Nuits au Botanique. Rencontre avec une môme de chez nous, parfaitement à l’aise dans ses dark pompes.

MOTS : SERVANE CALMANT
PHOTOS : JULIA DUBOIS ROSCA

Tracer sa voie. « Votre temps est limité, ne le gâchez pas en menant une existence qui n’est pas la vôtre », ces mots de Steve Jobs pourraient raisonner dans la bouche de Tessa Dixson, la jeune artiste née dans une famille multiculturelle belgo-américaine traçant sa voie professionnelle avec une rare détermination. « Chanteuse, je le suis depuis que j’ai trois ans, mais chanteuse à temps plein, c’est un statut récent, que j’ai endossé en décembre 2018 », précise-t- elle avec une note de malice dans la voix.

Saisir sa chance. Le graphisme à l’ERG où elle se confronte à de nombreuses disciplines et The Voice Belgique (saison 3) lui servent de tremplin. Via, via – vive le réseautage ! – , Tessa rencontre un manager et un producteur belges, signe ensuite avec la maison de disque indépendante belge Pias, affronte une première fois le public des Nuits au Botanique avant d’y prendre goût et d’être à nouveau de la ‘party’ le 26 avril prochain.

Imposer son style. Attention, ceci n’est pas de la pop radiophonique. Tessa, qui avoue être fan de l’univers onirique et hanté du réalisateur David Lynch, couche sur papier des textes qui parlent d’angoisse et de désir, de plaisir et de douleur, bercés par des synthés ensorcelants et une voix hypnotisante. « Mes premiers singles (Beautiful Pain, Prayer, Crystal Waters) que j’ai dans mes cartons depuis 3 ans, et les prochains qui sortiront avant l’été, s’inscrivent dans une pop résolument mélancolique et sombre, avec un beat entrainant. J’avoue que je dois beaucoup à mon label,

Pias, qui me laisse une totale liberté artistique ! ». Réfractaire aux moules qui emprisonnent, aux codes en vogue qui font et défont les modes, Tessa Dixson impose son style. C’est pain bénit pour Studio Brussel, la chaine publique flamande qui promeut la zik alternative et sélectionne Tessa Dixson comme finaliste des Nieuws Lichting 2019 – comprenez « ceux et celles qui montent ». Lors de notre entretien, Tessa (qui chante en anglais parce que c’est tout naturel pour elle) sait déjà qu’elle figure parmi les neuf derniers candidats. Elle apprendra plus tard, qu’elle a remporté le concours. « C’est le public qui décide de l’avenir de la musique belge », clame Studio Brussel. L’avenir se fera donc avec Tessa !

Voir (plus) loin. 2019 sera l’année Tessa Dixson. « J’ai enfin assez de matière pour sortir un premier album de pop-indé avec, probablement, la participation de l’un ou l’autre artiste francophone. Je suis bien consciente que mon univers à une influence anglo-saxonne. Il s’agira donc demain de partir à la conquête du marché francophone belge. Puis de la France ! »


En concert aux Nuits Botanique, le 26 avril.

Ses singles sont disponibles sur YouTube.
1e album : prévu cette année, chez Pias.


Bouli-Lanners

C’est ça l’amour

Bouli Lanners a dit oui à Claire Burger qui réalise là son 2e film, 5 ans après Party girl, Camera d’or au Festival de Cannes… entre autres prix.
Bouli a dit oui à ce rôle conjugué au féminin. Bouli a dit oui à ce personnage d’homme désemparé quand sa femme le quitte, bousculé face à la force vitale de ses filles. Bouli a dit oui à toutes nos questions…

MOTS : FRÉDÉRIQUE MORIN
PHOTO : THOMAS SAMSON

Comment s’est opérée votre rencontre avec le personnage de Mario que vous interprétez ?

La rencontre s’est faite en deux temps : il y a d’abord le scénario qui donne envie de rencontrer le réalisateur. Puis la rencontre avec la réalisatrice qui permet d’aller plus loin dans le projet. Et dans le processus de ce projet, il y a la rencontre avec le père de la réalisatrice qui est le personnage dont elle s’est inspirée pour faire ce film… C’est ainsi que tout à coup la mise en chair se fait. Je comprends alors ce qu’elle recherche chez moi à travers l’image que j’ai de son papa.

On comprend mieux l’écriture quand il y a des éléments très concrets qui vous sont présentés : ici c’était son père, dans sa maison (nous avons tout tourné dans sa maison, celle où a grandi Claire Burger) et dans sa ville, Forbach…  le processus d’immersion était total. 

N’y a t’il pas une forme d’effraction dans cette manière très intime d’investir une histoire ?

Pendant plusieurs semaines, nous étions effectivement totalement dans son intimité, mais c’était un accord, un contrat que Claire avait passé avec son père. Cette maison était pleine de souvenirs, voire plus encore avec tout ce que le père avait accumulé et accumule… ce qui m’a permis de comprendre pourquoi une usure du couple s’est faite avec un tel personnage.

Malgré toute sa gentillesse, sa bonté, il y a quelque chose d’épuisant à vivre avec quelqu’un comme lui.

Si cette intrusion était un peu particulière, elle fut pour moi comédien, extrêmement enrichissante.

La mise en abîme était totale, mais Claire Burger s’est très fort détachée de son histoire personnelle pour raconter une histoire beaucoup plus universelle.

L’histoire de C’est ça l’amour rappelle celle de Nos Batailles de Guillaume Senez…

Nos Batailles est l’histoire d’un mec filmé par un mec ! Ici, c’est l’histoire d’un homme au milieu de femmes et filmé par une femme. Ce qui est mis en lumière, c’est plutôt la part féminine de l’homme. On met en avant ses fragilités… ce qui est peu courant dans la vie, comme au cinéma. Nous sommes quand même tous figés dans des stéréotypes, la pression sociale faisant son œuvre. Et s’il est très difficile d’être une femme, être un homme l’est aussi.

Quelle place tient C’est ça l’amour dans votre carrière ?

S’il y a eu des étapes importantes dans ma vie, ce rôle est un pivot, une référence dans ma carrière. En tant que comédien, il est celui dont je suis le plus fier. Sur le plan personnel, à ce stade-ci de ma vie, il marquera un tournant.

Je me trouve bien, moi qui ne m’aime jamais. C’est la première fois que je me suis oublié en regardant le film. J’ai vu Mario ; je n’ai plus vu Bouli et ce qui ne va pas chez Bouli !  Ça fonctionne avec une force que je n’imaginais pas.


Matthias-Schoenaerts

ECCE HOMO

Matthias Schoenaerts acteur, c’est une curieuse alchimie entre un physique qui aimante et un jeu d’une étonnante intériorité. Les réalisateurs, et non des moindres, tout autant que les spectateurs(trices !) ne s’y sont pas trompés. Les premiers en confiant à l’acteur des rôles jouant sur cette remarquable force (faussement) tranquille tellement « cinégénique » et les seconds(des) en devenant de véritables groupies.

MOTS : FRÉDÉRIQUE MORIN
PHOTO : DAZIRAM / GEISLER-FOTOPRESS

Un succès international qui tient aussi à une bonne hérédité avec un papa grand acteur de théâtre, Julien Schoenaerts surnommé le Depardieu de la Flandre, et aux trois langues que Matthias pratique couramment : le néerlandais (naissance et études à Anvers), le français (grâce à des grands-parents maternels francophones) et l’anglais. Ajoutez à cela une bonhomie à toute épreuve et l’on a une idée de cette séduction faite homme.

Physique de héros et rôles de antihéros… est-ce que l’on pourrait parler du fil rouge de votre filmographie en ces termes ?
C’est un super compliment ! Si je suis bien sûr conscient des choix que je fais, je n’ai ne les ai jamais fait avec cette pensée. C’est un trajet inconscient ! Je ne crois pas à la figure du héros, c’est un concept qui a mal servi l’humanité. Je crois que les gens sont capables d’actes héroïques, mais le héros absolu est un mensonge… et les mensonges ne servent à rien.

On ne vous verra donc jamais jouer un super héros ?
On ne sait jamais. Il ne faut jamais dire jamais !

On a pu vous appeler le nouveau Marlon Brando, vous comparer à Gérard Depardieu ou à Mickey Rourke… que faites-vous de ces compliments ?
Que dire ? Ce sont d’énormes compliments, que je peux comprendre. Je les prends comme tel. Ça me touche… et en même temps ça ne me sert à rien du tout ! (rires). En fait si… ça me sert… ça me donne un sourire. Et le sourire, il est très important, puisque quand on me dit ça, ça me rend heureux ! Après, chaque trajet de tout individu, de tout artiste est différent.

Les récompenses que vous avez pu recevoir vous font elles le même effet que ces compliments ?
Une récompense est aussi une forme de compliment, un compliment lié à un projet en particulier, à un moment donné. La vie est « éternelle »… les récompenses sont temporaires.

Comment concevez-vous le jeu d’acteur ?
Un film se construit vraiment avec des choses qui se produisent entre « action » et « coupé ». Il y a évidemment en dehors de ces deux instants toute une organisation pour que ces choses adviennent. La magie du cinéma opère entre ce « action » et ce « coupé ». Et là c’est le jeu ; là on s’abandonne dans l’imagination, dans la fiction. On sait très bien ce que l’on fait et en même temps on doit l’oublier pendant qu’on le fait … c’est le paradoxe du comédien… tout le temps. Savoir ce que l’on fait et prétendre que l’on ne le sait pas et même, essayer de l’oublier. C’est presque schizophrène.

Malgré tout, un rôle reste écrit, il est conçu par un réalisateur qui aura pensé à vous. L’imagination dont vous parlez se greffe-t-elle alors sur ce que vous lisez ? Devez-vous partager quelque chose de vous avec ce personnage à interpréter?… Comment faites-vous? Il y a tout ce qui tient au contexte, à l’histoire. Après, il convient de ramener de la vie, amener de la texture… c’est là que l’on laisse l’imagination œuvrer. On se demande comment le personnage bouge, s’il a des lunettes, quel genre de chaussures il porte… autant de petits détails pour lesquels le spectateur ne se posera pas de questions, mais que le comédien prendra peut-être des heures voire des jours à cerner, à travailler… là aussi c’est du jeu, du plaisir. Voilà pour la caractérisation physique… il en va de même pour la caractérisation psychologique !

Est-ce que vous avez besoin d’aimer votre personnage pour l’interpréter ?
Je ne sais pas si aimer est le bon mot, mais je dois quand même avoir envie de le défendre. Et si j’ai envie de défendre quelqu’un, c’est que probablement je l’aime ! Humaniser mon personnage me semble essentiel, quand bien même il s’agit d’un criminel… montrer que chaque individu est unique. Le criminel, l’homosexuel, le journaliste… c’est quoi ? Il convient à chaque fois d’aller au- delà de cette simple étiquette, et de rendre singulier le personnage que l’on incarne.

Qu’est ce que votre expérience américaine vous a apporté ?
Un sens de la liberté. J’adore la Belgique, mais en y restant trop longtemps pour y travailler vient le moment où vous rencontrez toujours les mêmes personnes. Je pense que ça peut être dangereux pour la créativité. Tout le monde s’in- stalle l’un par rapport à l’autre : untel est le sérieux, untel est le marrant, untel est l’engagé social … tout le monde est bien à sa place, tient une position. Le fait de pouvoir tourner en France, en Angleterre, aux États-Unis fait que tout reste ouvert et que je rencontre de nouvelles personnes… vraiment nouvelles et que je ne reverrais peut-être jamais !! C’est toujours nouveau et frais… j’adore ça !

Les essentiels dans la filmographie de Matthias Schoenaerts

 

Rundskop (Bullhead pour le titre en anglais) • 2011 :

Matthias avec 27 kilos de trop pour ce polar agricole de son compatriote Michaël R. Roskam. Le film de tous les succès.

De rouille et d’os • 2012 :

Matthias sous la direction de Jacques Audiard est aux petits soins pour une Marion Cotillard privée de ses jambes dans ce mélo XXL.

Blood Ties • 2013 :

Matthias en Amérique pour Guillaume Canet qui réalise le remake de son film : Liens du sang.

Les Jardins du roi • 2014 :

Aux côtés de Kate Winslet, Matthias tout de brocard et de collants vêtu pour interpréter André Le Nôtre, jardinier du roi Louis XIV… on y croit !

Loin de la foule déchaînée • 2015 :

Matthias romantique à souhait dans cette 6e adaptation du célèbre roman de Tom Hardy, signée Thomas Vinterberg.

A bigger splash • 2015 :

Matthias plus sensuel que jamais sous le soleil de l’Italie et au côté de Tilda Swinton dans ce remake très hot de La Piscine, film culte de 1969.

Le Fidèle • 2017 :

Matthias rempile avec son grand ami Michaël R.Roskam, et en compagnie d’Adèle Exarchopoulos, pour cette histoire d’amour fou déguisée en polar.

Red Sparrow • 2018 :

Matthias en agent du KGB et avec l’accent russe, en charge d’une bombe nommée Jennifer Lawrence.

Kursk • 2018 :

Matthias de tous les courages dans la peau d’un sous-marinier russe pour une histoire vraie (tournée à Anvers !) et pour Thomas Vinterberg (à nouveau !).


JEAN-PHILIPPE-DUBOSCQ

L'ART est dans le PLI

Peint, plié, articulé, déchiré.

Le pli sous toutes ses facettes ou pas, interprété par l’artiste belge Jean-Philippe Duboscq laissant place à une œuvre jamais stable et toujours en mouvement !

Et si on évitait de tout contrôler…

MOTS : ARIANE DUFOURNY
PHOTOS : ANNUSCHCHKA LEUNG

On naît artiste ou on le devient…

Je suis né dedans ! Mon père Jean Duboscq, ex aequo avec Pierre Alechinsky, a gagné le

« Prix de la Jeune Peinture Belge » rebaptisé « Belgian Art Prize ». Appuyé par mon professeur de sculpture, Félix Roulin, je suis entré à La Cambre à 16 ans. Ensuite, je suis passé à la musique tout en travaillant la peinture et les arts plastiques. Musicien et compositeur, pendant de nombreuses années, j’ai créé de la musique contemporaine et travaillé en collaboration avec des artistes comme Peter Downsbrough, Bram Bogart… En 2012, la Galerie Nardone m’a proposé une collaboration. Depuis je travaille avec des galeries à Hong Kong, Londres, Paris… c’est devenu une profession.

Votre art s’exprime par…

Suivant les époques, par de la matériologie, de la volumétrie, de l’abstraction, de l’abstraction lyrique, et aujourd’hui, par une approche plus conceptuelle de la peinture.

Votre peinture conceptuelle…

Elle amène une esthétique par une idée plutôt que par un désir de captation ou de contrôle. L’esthétique apparaît bien malgré moi, parce que ce que je cherche en réalité, c’est d’une part, une sorte de mobilité permanente, une mise en perspective de l’œuvre et d’autre part, à révéler ou à montrer ce que je ne peins pas, ce qui s’infiltre ou déborde. En fait, j’essaie d’être mon propre spectateur, d’avoir un plaisir à découvrir les choses plutôt qu’à essayer de les contrôler.

JEAN-PHILIPPE-DUBOSCQ
© Jean-Philippe Duboscq

« Le pli est un mystère infini, c’est un contenant, une magie baroque qui ne supporte pas d’être mise en pleine lumière. »

De l’idée à la création…

L’idée est de travailler à partir de flux picturaux qui s’infiltrent tout en laissant une trace, une empreinte de leur passage. C’est une sorte de mémoire du pli qui prend l’apparence de taches, de Rorschach ou d’effets de miroir qu’au final je révèle ou pas.

Mes pièces sont généralement composées de plusieurs éléments interchangeables qui se présentent d’abord sous forme de tableau, mais qui par leur caractère modulable me permet ensuite de les déployer en installation. Une pièce peut donc être repensée et réorganisée pour s’approprier un espace ou un lieu, en donnant une nouvelle interprétation d’elle-même.

Techniquement…

Ce sont des toiles qui sont pliées et agrafées sur châssis. Ensuite je peins juste les surfaces pliées avec de larges brosses. Les encres ou la peinture se frayent un chemin au travers des couches successives. C’est en ouvrant ou plus exactement en arrachant ces plis que je dévoile ces cheminements inscrits en profondeur.

JEAN-PHILIPPE-DUBOSCQ
© Jean-Philippe Duboscq

Un travail jamais identique…

Les plis sont pensés, pliés, articulés différemment et réagissent en fonction des toiles utilisées et de la viscosité de la peinture. Dans certains travaux, j’emploie des toiles contenant essentiellement du coton, pour que les plis s’ouvrent et se ferment en fonction de l’hygrométrie. L’œuvre n’est jamais stable et toujours en mouvement.

L’inspiration…

Gilles Deleuze « Le pli/ Leibniz et le baroque », l’âme comme « monade » sans porte ni fenêtre, qui tire d’un sombre fond toutes ses perceptions claires. En littérature, « La vie dans les plis » d’Henri Michaux, les poèmes « Pli selon le pli » de Mallarmé et repris en musique par Pierre Boulez. Le pli est fascinant : si on ouvre un pli, il ne reste plus rien. Ce que j’essaie de montrer, c’est la trace de ce pli. Je prépare une pièce, je travaille dessus et je retire des couches. Je retourne vers l’essentiel, la genèse de ce qui s’est fait.

Votre définition de la perfection…

C’est une question difficile. Je crois que nous savons tous ce que l’on entend par perfection, mais en réalité nous en avons chacun une vision ou une interprétation différente et peut-être qu’au même titre que la vérité, il n’y a de perfection que son concept.

JEAN-PHILIPPE DUBOSCQ

www.jeanphilippeduboscq.com

LC GALLERY

Rue aux Laines, 46 – 1000 Bruxelles

www.lc.gallery


alex-vizorek

Alex Vizorek

Alex Vizorek remettait l’an dernier le Magritte du meilleur scénario. Pour cette 9e édition, le voici promu maître de cérémonie.

MOTS : FRÉDÉRIQUE MORIN
PHOTO : MEHDI MANSER

Il nous dit comment il compte s’y prendre :

« Je me dis : ne jugeons pas le public avant d’y aller. Les gens de cinéma sont une corporation. Il faut que je me les mette un peu dans la poche… tout en les charriant !

Je sais aussi que je ne dois pas faire un spectacle uniquement pour la salle, car c’est aussi une émission, qui l’année dernière a été vue par près de 120 000 spectateurs. Il y aura donc plus de personnes devant leur télé que de personnes devant moi. Il faut donc trouver un équilibre : être original, mettre à l’honneur le cinéma belge… et ça, sans tirer la couverture à moi. »


Typh-Barrow

La VOIX, le MIROIR d’une VIE

Typh Barrow sans Taboo ! La chanteuse bruxelloise a plus d’une corde à son arc. Auteur, compositeur, pianiste, elle a signé tous les textes de son album « RAW ». Sa voix grave et puissante nous enchante. Derrière ce magnifique regard se cache une part d’ombre. Et si le lâcher-prise était synonyme de perfection ?

Be Perfect a rencontré Typh Barrow au restaurant Alexandre dans le cadre de l’élection du Vin des Femmes. Nous n’avons pas résisté à lui poser quelques questions !

MOTS : ARIANE DUFOURNY
PHOTO : FRANÇOIS LEBOUTTE

Votre style musical…

Je n’aime pas l’idée d’être mise dans une catégorie et d’y être enfermée. J’ai grandi dans un environnement musical très éclectique qui est à la fois soul, blues, pop, rock, rap. Toutes ces écoles mélangées ont créé mon style. J’ai voulu mon premier album « Raw » à l’image de mes influences musicales. Dans tous les aspects de la vie, la diversité fait la richesse !

Bercée dans un univers de chansons anglo-saxonnes…

Mon papa est Polonais. A la maison, nous écoutions surtout sa musique : du blues, du jazz, de l’afroaméricaine. Ma langue maternelle est le français, mais la musique a toujours sonné anglais.

Votre inspiration…

Je la puise dans ce qui me touche parce que je le vis ou que les personnes de mon entourage les vivent. On ne parle jamais aussi bien que de ce qu’on connaît. J’utilise la musique comme un exutoire, un moyen d’ouvrir ma petite boîte noire.


Le yin et le yang…

Plus il y a de la lumière, plus il y a de l’ombre derrière. Dans le quotidien, je suis très positive et très enthousiaste, mais ce n’est qu’une face de la médaille. Je ne m’autorise pas à dévoiler la face la plus sombre en public. Comme il peut être dangereux de trop se contenir, je la laisse s’exprimer en musique.


Un look qui lui ressemble…

La mode est une passion. Le costume est l’habit qui correspond le mieux à mon état d’esprit. Une pièce assez androgyne, masculin et ultra-féminin. Il y a beaucoup de testostérone en moi parce j’ai grandi avec des mecs, que ma voix est une voix de mec. Quand j’étais petite, cette voix ambigüe était un complexe. Adolescente, j’étais très garçon manqué. Depuis, j’ai découvert les talons (rire). Ils représentent la féminité, la confiance en soi, la fête.


La voix, un instrument précieux…

La voix est le reflet de son corps. Depuis mon enfance, j’ai un kyste sur les cordes vocales qui m’oblige à faire encore plus attention qu’une voix normale. Tout ce que je mange, tout ce que je vis va les impacter. L’acidité joue énormément sur l’élasticité, la puissance, la santé de celles-ci. Je fais très attention à mon alimentation. En période de concert, je m’abstiens de boire du vin, du café. C’est un muscle qui demande une hygiène de sportif !


Le vin, source d’inspiration de nombreux artistes. Rouge ou blanc ?

Bulles ! Elles représentent la fête, les moments de décompression, la célébration juste après les concerts.


Votre accord vin et mets parfait…

Un moelleux au chocolat caramel beurre salé avec un bon verre de bulles.


Le Graal… 

Plein de rêves se réalisent. La sortie de l’album « Raw », la sortie du vinyle, sold-out à l’Ancienne Belgique, mon duo avec Mauranne, ma nomination de coach à The Voice, le Cirque Royal le 26 avril 2019, le Palais des Beaux-Arts le 9 mai 2019, le Forum de Liège le 10 mai 2019, toutes des salles sublimes ! L’univers me donne tellement, je suis très reconnaissante de ce qui m’arrive.

Typh-Barrow

Le Vin des Femmes est un concept inédit lancé en 2012 par Muriel Lombaerts. Un jury 100 % féminin s’était réuni chez Alexandre pour découvrir les vins de Vouvray. Deux invitées surprises : Typh Barrow et Gaëlle Mievis (The Banging Souls). La présidente, B.J Scott, nous a préparé un menu « From New Orleans » avec le chef Robin et Anca Petruscu, propriétaire de cette table gastronomique bruxelloise. Le jury a élu ses coups de cœur : un vin effervescent, le Château Gaudrelle d’Alexandre Monmousseau et l’Argilex Sec 2017 du Domaine de la Châtaigneraie de Benoît Gautier.

www.levindesfemmes.com

Retrouvez toutes les dates de ses concerts sur www.typhbarrow.net


alexis-michalik

Des CHIFFRES et des LETTRES

Alexis Michalik en chiffre, c’est à 35 ans,4 pièces en 5 ans : Le Porteur d’histoire,Le cercle des illusionnistes, Edmond et Intramuros. Toujours jouées, elles totalisent à ce jour pas moins de 4.050 représentations, en France et dans plus de 12 pays dont les États-Unis, l’Algérie, le Liban ou encore la Belgique… avec comme cerise sur le succès public une moisson de 10 Molières !

Quant aux lettres, Alexis en a de solides.Le garçon, qui a grandi sans télévision, fonce à la bibliothèque, lit des tonnes de BD, et se régale avec Dumas, Rostand, Shakespeare, Pennac…

Rencontre à Bruxelles avec un homme courant mille lièvres à la fois pour être sûr de concrétiser au mieux tous ses projets.

MOTS : FRÉDÉRIQUE MORIN
PHOTO : MARY BROWN

Le secret de votre succès ?

Je ne me bride pas narrativement. C’est ça qui fait que les pièces fonctionnent. Quand je raconte une histoire, je raconte d’abord l’histoire la plus riche et la plus compliquée possible. Ensuite, lors de la mise en scène, je cherche à la rendre la plus limpide possible à un public.

Je pense que ce qu’aiment les gens, c’est de retrouver des sensations qu’ils auraient plutôt devant une série ou dans un bon bouquin et pas forcément au théâtre !

La forme théâtrale a aussi son importance : pas de tête d’affiche, essentiellement des rôles équivalents… permettent également la longévité du spectacle dans son exploitation. Qu’un acteur soit remplacé ne change rien… l’histoire, la dynamique sont toujours là.

Que cherchez vous en racontant vos histoires ?

Ce que je veux c’est accrocher un public, c’est amener une émotion, c’est faire dire quelque chose à ce spectacle. S’agissant d’Edmond : comment Edmond Rostand est passé du statut de total looser au statut d’auteur célébré. Comment on passe d’une pièce à laquelle personne ne croit à un triomphe total. À cela, je rajoute qu’il l’écrit en 3 semaines. Ce n’est pas la réalité… mais moi, j’ai écrit Le porteur d’histoire en 3 semaines !

Entre Shakespeare et Molière, qui choisissez-vous ?

Shakespeare, complètement ! Molière n’est pas trop ma tasse de thé. L’école anglaise, c’est raconter des histoires qui ne sont pas dans l’auto fiction, des histoires « bigger than life ». L’école française, ce sont autant d’histoires racontées de et à l’intérieur, des préoccupations bour- geoises… et ça au théâtre, dans les romans et dans les films !

Pourquoi avoir fait le choix du théâtre privé et non du théâtre public ?

J’aime la logique du théâtre privé. J’aime que ce soit simple : il y a des gens dans la salle… le spectacle continue ! Il est important pour moi que les gens qui m’ont fait confiance ne perdent pas leur chemise. C’est la seule manière pour moi de ne pas me sentir redevable.

Si jamais on est bon, si tout le monde est content, si les acteurs sont payés, si les producteurs se sont remboursés et gagnent des sous, alors c’est une opération qui a réussi. Cet aspect économique est toujours présent… et je pense que ce sera toujours le cas. Même si demain je fais un énorme show à Broadway, ce show devra rester viable.

À voir et à lire

Le porteur d’histoire au théâtre Le Public, avec une troupe 100% belge ! Jusqu’au 31 décembre.

Edmond :
• à Bozar le samedi 29 décembre pour deux représentations, à 15h et 21 h
• au théâtre Le Public en septembre 2019
• l’adaptation de la pièce au cinéma, sera dans les salles le 9 janvier 2019, avec notamment Olivier Gourmet au générique
• c’est aussi une BD de Léonard Chemineau aux éditions Rue de Sèvres
• le livre, reprend le texte de la pièce. Editions Albin Michel, 2016