Grégoire Munster aux portes du WRC
Grégoire Munster aux portes du WRC
Mots : Yves Merens
Photos : DR
En fait, il y est déjà, en championnat du monde, mais dans la catégorie WRC2 Junior sur quelques courses. Le jeune Verviétois, chaperonné par Hyundai Belux, parfait son expérience et risque fort de se faire remarquer, en bien, dans la cour des grands.
A 23 ans, Grégoire Munster a déjà une tête bien faite et une bonne petite étoile sur le casque. En janvier dernier, il a montré son excellente pointe de vitesse avec la Hyundai I20 WRC2 au fameux rallye de Monte-Carlo. Dans le sérail international, il a pu croiser les meilleurs du monde. « J’adore le sens de la gestion de la course de Sébastien Ogier (NDLR : 8 fois champion du monde ena WRC). Il est rapide et surtout régulier, mais je n’oserais jamais le déranger, aller parler à un si grand monsieur pendant le week-end de course, » rougit-il, impressionné et tellement respectueux.
En même temps, des jeunes comme Grégoire, il n’y en a pas beaucoup puisque juste après avoir brillé au Monte-Carlo, il est revenu dare-dare en Belgique pour passer son jury de fin d’études et décrocher son diplôme supérieur. Bravo pour ce tout bon début d’année ! Le voilà maintenant concentré sur sa carrière rêvée de pilote professionnel.
Engranger de l’expérience
« Ce n’est pas vraiment un rêve, mais plutôt un objectif réaliste. Je voudrais décrocher un volant officiel en WRC. » Explique-t-il, les pieds sur terre. Avec le soutien de l’importateur belge de Hyundai et, espère-t-il, avec un coup de pouce de Hyundai Motorsport. « Je cherche encore à rouler beaucoup de kilomètres, prendre de l’expérience en spéciale, parfaire mon système de notes avec mon copilote. » Décidément modeste, notre déjà vice-champion de Belgique 2021 en BRC, le Belgium Rally Championiship. C’est pas mal pour quelqu’un qui n’a voulu rouler que tardivement.
« C’était un peu paradoxal, toute ma famille est baignée dans le sport auto. Maman travaille avec Papa dans l’écurie. » Ah oui, au fait, son Papa, c’est Bernard Munster, champion de Belgique en rallye en 1995. Vous vous souvenez ? « Moi, j’ai appris à rouler comme les gens lambda, avec ma maman. A 17 ans, je ne savais pas manipuler un embrayage. Puis j’ai passé mon permis et j’ai tout de suite commencé le rallye. »
Une vie équilibrée
Et pas de séance avec son champion de père ? « Il ne valait mieux pas que je sois derrière le volant, on s’engueulait ! Par contre, j’ai été son co-pilote et là, j’ai appris beaucoup sur le système de prise de notes. » Il faut mettre au point la manière de noter avec son co-pilote. Louis Louka est celui de Grégoire Munster : «C’est comme une deuxième femme. Dans la voiture mais aussi pendant toute la période de rallye, on est ensemble, on bosse ensemble vers le même objectif, finir le rallye en tête. »
En parlant de femme, la copine de Grégoire habite Hasselt, puisqu’il a fait ses études secondaires en néerlandais pour finir en anglais à Malines. Une tête bien faite, on vous le disait.
Et lorsqu’on lui demande quel sportif belge il préfère, c’est encore une réponse hors de son sport qui fuse, comme pour ne pas se mettre la pression. « Avant 18 ans, j’étais gardien de hockey. J’aime bien les goals. En Belgique, on a le meilleur, Vincent Van Assche. Et j’adore aussi Thibaut Courtois. »
Un beau but en WRC, c’est tout ce qu’on lui souhaite.
La Hyundai i20 N, une bombinette moderne
La Hyundai i20N de Monsieur tout le monde n’est pas tout à fait la même que celle de Grégoire Munster, mais elle en épouse la philosophie de course.
En rallye, la Hyundai i20 N Coupé Rally 2 du pilote reçoit un moteur d’une cylindrée de 1,6 litre turbo qui développe environ 300 chevaux pour 1 230 kilos et quatre roues motrices.
La version routière, au design déjà très expressif et sportif, développe 204 chevaux pour le même poids. Ce qui en fait déjà une excellente petite voiture sportive, d’autant que la direction assistée typée sport est très précise. Un vrai petit plaisir nerveux autorisé sur nos routes.
Denis Van Weynbergh - A la conquête de l’Everest des mers
Denis Van Weynbergh
A la conquête de l’Everest des mers
Mots : Yves Merens
Photos : DR
Le Vendée Globe Challenge est la course à la voile la plus dure du monde. Un Brabançon de 57 ans va relever le défi de la prochaine édition, en 2024. Une aventure avec un grand A qui le mobilise déjà bien plus qu’à plein temps.
« L’Everest des mers », c’est comme ça qu’on appelle cette course de folie. Le principe est simplissime mais la performance est inouïe : faire le tour du monde sur un bateau à voile, en solitaire, sans escale et sans assistance. Tous les quatre ans, 40 marins du monde s’élancent depuis les Sables d’Olonnes. En neuf éditions, seuls 90 d’entre eux ont rallié l’arrivée.
En 2024, la Belgique sera au départ grâce à Denis Van Weynbergh.
Ne jamais rien lâcher
Il a tout lâché pour cette mener aventure : « j’ai arrêté mon travail. Je mets toute mon énergie sur ce projet. C’est fantastique de savoir que nous serons 40 marins à faire la course alors que plus de 800 personnes gravissent l’Everest chaque année. »
Rien n’effraye cet aventurier des temps modernes aux multiples facettes « après mes études, j’ai été en mission pour MSF au Rwanda, en Tchétchénie et au Burundi. Bien après, j’ai repris des études pour créer ma boîte de logistique. » Mais le virus de la voile l’emporte encore pour devenir une quasi obsession.
« Pour arriver au départ du Vendée Globe, il faut accumuler des miles de courses déjà prestigieuses. J’en suis à 70 000 après avoir fait la Route du Rhum en 2010, la Transat Québec Saint-Malo en 2012, la Transat Jacques Vabre en 2013 ou la Rolex Fastnet Race en 2015. Pour l’instant, au classement du plus grand nombre de miles, je suis à la 11 place sur 40. » Pas mal lorsque l’on sait que Denis est ce qu’on appelle un marin à terre et en mer. « Je suis un skipper armateur, je ne suis pas employé par un grand team. » D’ailleurs, notre entrepreneur cherche encore quelques soutiens pour boucler son budget final.
« J’aime m’associer à des associations caritatives, ou à des projets scientifiques. Dans ma prochaine course en Arctique, je vais notamment relever une bouée de recherche. On ne peut avancer sans porter de message ».
Imoca, la Classe…
Son bateau, le « EyeSea », fait partie de la classe Imoca, la Formule Un des mers. « Il fait presque 20 mètres de long et son mât mesure 29 mètres. » Un navire solide dont Denis Van Weynbergh peaufine les réglages non sans rappeler que ce bateau, avec son précédent propriétaire, à terminer 8e d’un Vendée Globe.
« Même si les meilleurs ont des foil qui leur font gagner de la vitesse, leur fiabilité n’est pas garantie. De toute façon, mon objectif est de terminer la course en réalisant mon rêve. » Mais aussi en défendant de belles valeurs. « J’aime m’associer à des associations caritatives, ou à des projets scientifiques. Dans ma prochaine course en Arctique, je vais notamment relever une bouée de recherche. On ne peut avancer sans porter de message », dit-il avec profondeur.
« Nous avons un pays merveilleux, il faut en faire profiter le plus de monde possible, » philosophe-t-il encore avant d’évoquer l’excellence belge dans la mode ou en hockey et la classe de grands champions tricolores. « C’est simple, pour moi, les trois meilleurs sont Eddy Merckx, Jacky Ickx et Paul Van Himst. Ils sont nos trois mousquetaires de légende. »
Bon vent Denis. Le Vendée Globe attend l’écriture d’une autre page d’Aventure pour entrer dans l’Histoire. Tout ça avec des majuscules évidemment !
Joost Vandendries Le skieur éternel
Joost Vandendries
Le skieur éternel
Mots : Yves Merens
Photos : DR
Il y a entre 600 et 800 000 skieurs en Belgique. Le plus rapide d’entre eux a été flashé à 218,865 km/h sur ses skis, à Vars. Rencontre avec un accroc de la vitesse, forcément.
Joost, quelle mouche vous a piqué pour vous lancer dans cette discipline, le ski de vitesse ?
« Je suis comme beaucoup de monde, j’aime la vitesse. Tout le monde fait un jour la course pour aller plus vite que les autres. C’est humain. Moi, j’ai voulu aller toujours plus vite sur des skis. Mais à un moment donné, la vitesse sur pistes ouvertes est trop dangereuse. Donc, à 40 ans, j’ai commencé le ski de vitesse. »
Cela se passe sur une piste de kilomètre lancé, avec des combinaisons spéciales, etc. ?
« Je suis un homme qui aime le latex », dit-il avec un sourire en coin, « le latex est la matière qui retient le moins l’air. Mais c’est une fameuse contrainte, il faut entre une et deux heures pour l’enfiler, mettre les ailerons derrière les mollets et être prêt. »
Et puis ?
« Ensuite, c’est le mental qui joue beaucoup. On se prépare pendant des semaines pour dévaler en ligne droite une piste de 900 mètres. Le cerveau doit pouvoir switcher, se brancher sur autre chose parce que nous accélérons de 0 à 200 km/h en 6 secondes, plus vite que n’importe quelle voiture. »
Combien êtes-vous à faire cela ?
« On dit qu’il y a eu plus d’humains qui ont été dans l’espace que d’hommes qui ont skié à plus de 200 km/h. Nous sommes 520 inscrits sur ce qu’on appelle la « Liste Eternelle des plus de 200 km/h.»
Vous avez 50 ans, est-ce bien raisonnable de pratiquer ce sport ?
« Il faut une grande expérience pour aller très vite. Les jeunes skieurs n’y arrivent pas bien. La charge mentale est très importante. Il faut gérer la notion du risque. La force physique ne suffit pas. C’est comme à moto, il y a deux sortes de skieurs de vitesse, ceux qui sont tombés et ceux qui vont tomber. Et ça, c’est aussi mental. »
On imagine qu’en plus, l’aérodynamisme est crucial ?
« C’est un sport avec beaucoup de technologie, du travail d’ingénieur pour dessiner le casque, les bâtons… Moi, je vais dans une soufflerie de 46 mètres de long, comme pour les « Formule 1 », pour que tous les détails soient parfaits. J’ai la chance d’être aidé par un professeur connu dans le monde entier en matière d’aérodynamisme, Bert Blocken, belge aussi d’ailleurs.»
Il y a un championnat du monde et une coupe du monde, comment cela se passe-t-il lors des compétitions ?
« Il y a plusieurs descentes. A chaque tour, on s’élance d’un peu plus haut. C’est un bon principe, ceux qui sont les plus en forme montent plus haut, donc descendent plus vite. Les plus faibles sont éliminés plus bas. A partir d’une certaine vitesse, vers 185-190, pour gagner quelques km/h, tout doit vraiment être parfait. »
Vous avez battu le record de Belgique qui tenait depuis 22 ans, avez-vous encore des projets ?
« J’aimerais bien faire une belle saison, avoir de bonnes sensations sur les skis et battre mon record, peut-être en mars. J’aimerais viser 230 km/h. (NDLR : record du monde à 254,958 km/h). »
Mister Big Air
Mister Big Air - Seppe Smits
Mots : Servane Calmant
Photos : DR
A 30 ans, notre compatriote Seppe Smits reste l’un des meilleurs snowboarders au monde. On a voulu voir ce que le Campinois avait dans le viseur : les Jeux olympiques d’hiver de Pékin, évidemment. Un monde meilleur aussi, pourvu que le réveil écologique ne soit pas trop tardif …
A l’heure où on boucle ces lignes, Seppe Smits, le roi belge du snowboard, est candidat à la sélection olympique des JO d’hiver 2022, célébrés à Pékin du 4 au 20 février prochains. Eh oui, les Jeux olympiques d’hiver ont évolué depuis leur création, de nouvelles disciplines ont été ajoutées, dont le snowboard justement qui a placé le natif de Westmalle sur les plus hautes places des podiums… On pense notamment aux Championnats du monde de snowboard en 2011 et 2017 où Seppe Smits a décroché l’or en Slopestyle (la descente acrobatique) et l’argent en Big Air (où l’on utilise un tremplin pour réaliser des figures dans les airs), deux disciplines freestyle qui font partie du programme olympique…
Aux JO 2018 en Corée du Sud, vous avez terminé 10e du slopestyle ; comment abordez-vous les JO de Pékin 2022 à quelques mois du coup d’envoi ? « Le plus important, c’est le moral, le physique et l’entourage. Le moral est au top ! Encore me faut-il retrouver toutes mes sensations après ma dernière blessure (Seppe Smits a été victime d’une fracture du tibia lors d’un entrainement en Autriche, en novembre 2020 – nda). L’entourage, il est amical, puisque je travaille avec le même coach, le Français Jean-Valère Demard, depuis 15 ans – un fait assez rare dans un sport professionnel. Mes seules réticences : la qualité de la neige, forcément artificielle. Mais je vais tout faire pour réaliser un bon résultat.
Comment devient-on le roi du snowboard quand on habite un plat pays ? Rire. « Comme beaucoup d’enfants, j’accompagnais mes parents qui prenaient leurs vacances d’hiver en Autriche ou en France. J’avais trois ans, mon frère quatre, on aimait bien la glisse, d’autant que de plus en plus de snowboarders attaquaient les pistes… A 9 ans, j’ai troqué les skis pour une planche. Contrairement au ski, où seule la vitesse me galvanisait, le snowboard m’a donné envie de me dépasser, d’exécuter parfaitement de nouvelles figures et des sauts, et d’imposer peu à peu mon style… J’ai définitivement rangé mes skis au grenier ! »
Y’avait-il déjà, à vos débuts, une fédération professionnelle de snowboard en Belgique ? « Non. J’ai d’abord progressé avec des moniteurs de ski qui avaient signalé à nos parents que mon frère et moi avions du potentiel. J’ai également passé de nombreuses journées au Snow Valley à Peer (l’un des plus grands centres de ski couverts en Europe – nda) où il y avait une piste de freestyle. Je la kiffais plus que l’entraînement slalom ! J’ai peu à peu atteint un bon niveau, sans pour autant avoir l’ambition de devenir professionnel. Pro, je le suis devenu à 19 ans, et à 21 ans, je décrochais mon premier titre mondial. Mais j’ai toujours un peu de mal à parler du snowboard comme d’un boulot, car c’est avant tout une passion ! Et un « good job » de surcroit, où tout le monde s’entraide et où chaque rider profite des conseils des autres. Cette franche solidarité fait chaud au cœur dans un sport extrême… »
C’est aussi un sport qui a considérablement évolué… « Oui ! Quand j’ai démarré le snowboard, je pouvais espérer me qualifier pour les finales avec une rotation de 720 degrés, aujourd’hui il faut proposer au moins une rotation de 1440 voire 1620 degrés. En 15 ans de compétition, le niveau de technicité du snowboard a littéralement explosé !
A 30 ans, vous êtes déjà un ancien ? « Ah oui ! C’est un sport éprouvant, et je suis en effet parmi les plus anciens ! Mais j’ai toujours de bonnes vibes, j’apprends toujours et je reste motivé à 100%. Et si un jour je quitte le sport de compétition, je n’abandonnerai jamais ma planche ! »
En quelques mots, que vous apporte le snowboard ? « Il m’a aidé à découvrir ce que je voulais faire de ma vie, à repousser mes limites, et m’a conscientisé à l’importance d’avoir un rapport nouveau avec la nature. Je voyage à travers le monde à la recherche de la meilleure neige, mais voir les glaciers fondre, c’est un constat terrible ! »
Mais comment limiter notre impact environnemental ? « Depuis 2019, j’ai établi un partenariat avec Greentripper, une entreprise belge qui calcule les émissions de CO2 de votre voyage et vous aide à les compenser. Soyons honnêtes, si pour le travail, je dois prendre un avion, je vais le prendre, mais je cherche alors à compenser ce choix. C’est mieux que rien ! Ainsi, mes vacances d’été, je les passe depuis plusieurs années en Europe. J’ai sillonné les quatre coins du globe, et mon voyage préféré reste la Norvège à vélo ! Pas besoin d’aller très loin pour trouver l’aventure. Professionnellement, j’ai fait le choix d’une planche conçue par Pierre Gerondal, un artisan belge basé à Malmedy qui fabrique des skis et des planches sur mesure avec du bois d’arbres plantés en Belgique… De petits gestes écologiques posés ça et là qui, je l’espère, feront la différence pour la planète. »
Michèle George, 6 médailles paralympiques, qui dit mieux !
Michèle George
6 médailles paralympiques, qui dit mieux !
Michèle George
6 médailles paralympiques, qui dit mieux !
Mots : Yves Merens
Photo cover : Rob Walbers
La vie de Michèle George est presque toute entière dévolue à l’équitation. Cette super championne est celle qui a rapporté le plus de médailles olympiques à la Belgique : 5 en or et une en argent ! Rien que ça.
Et en plus, elle représente le parfait mix à la belge, née à Ostende, elle a longtemps élevé ses chevaux à Amougies, avant de s’installer à Waregem pour se concentrer sur le dressage qu’elle adore tant.
Vous êtes maintenant entièrement dédiée à votre sport ?
« J’avais une écurie mais je devais m’occuper de tout, toute seule. Je l’ai vendue pour me concentrer sur mon cheval. Je suis dans le milieu équestre depuis l’âge de 12 ans, j’ai eu mon premier cheval à 18 ans et j’ai tout de suite voulu faire des concours. J’ai eu la chance d’avoir les meilleurs entraîneurs possibles. »
Et c’est malheureusement le sport équestre qui vous a blessée…
« Oui, j’ai eu mon accident en 2008. Mais, je suis positive. Je pense qu’il ne faut jamais baisser les bras. Il faut y croire, il faut oser rêver et, secundo, il faut réaliser ses rêves. Si on veut, on peut ! S’il n’y a pas de soleil, il y a toujours une étoile qui brille. »
Une étoile qui brille
Vous voilà avec beaucoup de médailles paralympiques, deux à Londres en 2012, deux à Rio en 2016, deux à Tokyo, on imagine votre joie après les derniers JO. Quel est votre programme maintenant ?
« Je veux que ma jument, Best of 8, se repose. Elle a beaucoup donné. Je la monte depuis relativement peu de temps, nous n’avons fait que 7 concours ensemble avant les JO. Alors que Rainman, ma précédente monture, a couru pendant 16 ans. Ensuite, je vais préparer les Championnats du monde en août prochain. »
Mais vous montez tous les jours.
« Naturellement. Je viens de partir presque deux jours dans le sud de la France, mais il fallait que je revienne très vite voir ma jument. En fait, quand je pars, c’est avec elle. Sinon, je dois revenir. »
Quelle belle fierté pour la Belgique…
« J’étais porte-drapeau de la délégation belge à Tokyo. J’étais très fière pour tous ces sportifs qui ont travaillé dur pour y être. Je défends la Belgique. A Tokyo, j’ai vraiment senti la grande foule pour le concours. Mais une fois dans ma bulle avec ma jument, sur le terrain, tout a été comme sur des roulettes. »
Et vous avez même eu une belle surprise.
« En effet, après le concours, on passe le contrôle antidopage, puis les interviews avec les journalistes. Puis on me tend un téléphone… C’était le Roi qui voulait me féliciter! J’étais très impressionnée. D’ailleurs, il y a une photo de ce moment sur mon profil Facebook. On y voit bien ma surprise. »
SUP & SEE en Belgique
SUP & SEE en Belgique
Mots : Ariane Dufourny
Photos : DR
Cette discipline fait fureur ! Le stand up paddle, aussi nommé SUP, se manie avec une pagaie. Jadis pratiqué par les rois polynésiens sur d’immenses planches taillées dans des troncs d’arbre, ce sport tend à se répandre en Belgique. Véronique Musumeci qu’on retrouve derrière le compte « supandsee », nous prouve dans son livre « 26 spots coups de cœur et conseils pratiques » qu’il est inutile de partir dans des contrées lointaines pour le pratiquer, s’évader et profiter de paysages magnifiques.
Comment vous est venue cette passion pour le stand up paddle ?
Je l’ai découvert il y a quatre ans lors d’un road trip qui passait par La Macédoine dans le Canyon de Matka. Six mois après Aux Philippines, ce fut le déclic au coucher de soleil. En rentrant, j’ai acheté ma planche gonflable afin de découvrir la Belgique en SUP.
Quels sont ses 8 bienfaits sur la santé ?
C’est un entraînement complet pour tout le corps car il sollicite beaucoup de muscles (bras, dos, épaules, abdominaux, cuisses, genoux, chevilles, hanches, fessiers) et le système cardiovasculaire. Pratiqué à l’extérieur, il booste la vitamine D. Il brûle aussi des calories et permet de perdre du poids. C’est une activité douce non traumatisante qui améliore l’équilibre et la condition physique (souffle et endurance) et a des bienfaits sur le mental en diminuant le stress. C’est idéal pour le yoga et la méditation.
LE SUP pour les nuls. Est-ce que tout le monde peut le pratiquer ?
C’est comme le vélo, tout le monde peut en faire dès qu’on trouve son point d’équilibre. L’idéal est d’essayer sur un plan d’eau calme comme un lac, un canal sans courant plutôt qu’en mer au milieu des vagues. Et avoir le matériel adapté !
Quel matériel conseillez-vous ?
Pour débuter, une planche gonflable est parfaite : elle ne prend que peu de place, s’emmène partout et son prix est abordable. Elle existe en version pro, intermédiaire et beginner qui donne plus de stabilité par son format plus long et large. Il faut la choisir en fonction de notre poids et de notre taille.
Et sinon, peut-on louer le matériel en Belgique ?
On peut en louer sur quasi tous les lacs comme celui de Genval, de Nisramont, de Robertville, de l’Eau d’Heure, sur l’étang De Nekker, sur la Durme.
En quoi consiste votre plateforme « supandsee » ?
C’est une plateforme collaborative où chacun peut faire découvrir aux autres son endroit préféré en mettant des informations précises pour y accéder (coordonnées GPS, informations sur le parking). C’est une communauté où on peut aussi laisser des commentaires et poser des questions.
Quels sont vos spots préférés en Belgique ?
J’adore le Waasland, en Flandre, qui a plusieurs cours d’eau dont la Durme, une rivière qui se transforme en canal de Moer. On peut faire un cercle en rejoignant la rivière Zuidlede puis le canal de Stekene. C’est une zone bucolique dont les rives sont bordées de roseaux d’arbres et d’oiseaux. On y découvre aussi cinq ponts classés au patrimoine, dont l’étonnant Vapeurbrug. Et j’aime aussi La Dendre qui est derrière chez moi, mon spot pour mes afterworks.
Quels sont les plus beaux endroits à découvrir en SUP à l’étranger ?
Les Philippines sont magnifiques, l’Istrie en Croatie où on explore des grottes, les lacs en Autriche où l’eau est turquoise, le lac Bodensee où le musée des palafittes dévoile des habitations sur pilotis évoquant celles de Polynésie pour un dépaysement total en Allemagne.
Peut-on pratiquer le SUP toute l’année en Belgique ?
Oui avec un équipement adapté, soit une combinaison néoprène ou idéalement une combinaison étanche qu’on enfile au-dessus ses vêtements.
Est-ce dangereux de partir seul à l’aventure ?
Il vaut mieux avertir quelqu’un, savoir nager et rester prudent en respectant les règles de sécurité du code maritime que j’explique dans mon livre « 26 spots coups de cœur et conseils pratiques ». Le gilet de sauvetage est parfois obligatoire mais est vivement conseillé.
Un petit conseil pour ceux qui n’ont jamais pratiqué le stand up paddle ?
Ne tardez pas à commencer car on tombe immédiatement amoureux de ce sport !
Tom Boon « Le titre de Champion de Belgique ? Je n’imagine pas terminer ma carrière sans le décrocher un jour… »
Tom Boon
« Le titre de Champion de Belgique ? Je n’imagine pas terminer ma carrière sans le décrocher un jour… »
Mots : Servane Calmant
Photo : Anthony Dehez
Enfant, Tom Boon rêvait de devenir ce qu’il est devenu : l’attaquant vedette du hockey belge. Redoutable buteur des Red Lions, du Racing et, depuis 2019, du Léopold, le trentenaire a trouvé sa place au sommet mondial à force de choix judicieux et de sacrifices consentis. En attendant de lier un jour son destin au Championnat de Belgique, il nous parle de ses médailles, de ses projets, des Tom Boon Hockey Camps, de ses échecs, de ses regrets aussi.
Vous êtes aujourd’hui trentenaire et vous faites rêver tous les jeunes hockeyeurs du pays. Enfant justement, à quoi rêvait Tom Boon ? « A devenir ce que je suis devenu. Je ne vais pas vous mentir : je préférais le hockey à l’école, et très vite j’ai rêvé de décrocher des titres, d’aller aux JO, de remporter une Coupe du monde. Sur un terrain de hockey avec mon stick, je me suis senti à ma place dès mon plus jeune âge … »
Votre mère Karin Coudron et deux de vos oncles ont été des stars du hockey, quant à votre père, il était footballeur. Chez les Boon, on parlait compétition à chaque repas ? « On parlait souvent hockey évidemment, mais pas forcément compétition, mes parents nous ont toujours octroyé beaucoup de liberté. Ni ma sœur (Jill Boon, l’aînée, joue chez les Red Panthers, nda) ni moi, n’avons été poussé à faire du hockey ni à devenir les meilleurs, mais nous avons été soutenus par la famille. A 12 ans, j’ai demandé à changer de club pour évoluer ailleurs, et je me souviens que ma mère m’a dit, ok mais débrouille-toi pour y aller en bus car c’est trop loin de la maison. On a donc été encouragés à faire du sport, jamais contraints … »
En 2019, après 10 années passées au Royal Racing Club, vous rejoignez le Royal Léopold Club, une carrière step by step ? « Oui, je pense avoir souvent fait les bons choix. Je suis arrivé au Racing dans une équipe jeune avec de nombreux joueurs ambitieux, j’ai ensuite signé à Bloemendaal aux Pays-Bas parce que j’avais besoin de nouveaux défis. C’est ce même goût du challenge à relever qui m’a conduit au Léo. Si je regarde derrière moi, oui, je suis plutôt content de mes choix de carrière … »
Le meilleur moment de cette riche carrière ? « Davantage que la 2e place aux JO de Rio qui restent une compétition multisports, c’est la victoire des Red Lions au Championnat du monde que je citerais, car c’était la toute première fois de l’histoire du hockey belge que la Belgique remportait pareil titre. S’en est suivie une véritable reconnaissance du hockey. Et la Grand-Place de Bruxelles bondée de monde pour saluer notre victoire reste un moment tout bonnement inoubliable ! »
Le regret le plus cuisant ? « Des finales perdues à répétition qui m’ont empêché de remporter le titre de Champion de Belgique. J’en garde un goût amer, mais je n’ai pas dit mon dernier mot ! »
Comment gérez-vous votre célébrité et les responsabilités qui vont avec ? « Porter le maillot national revêt évidemment une force symbolique. Mettre en avant les belles valeurs que notre sport véhicule reste une priorité … »
Le hockey est un sport d’équipe, vous avez l’étoffe d’un fédérateur ? « Sur le terrain oui, car sans l’équipe, un joueur de hockey n’est rien. Mais dans les vestiaires ou dans les meetings, je suis moins fédérateur. Je prends davantage la parole aujourd’hui qu’hier, mais je reste quelqu’un de plutôt réservé. D’autres sont meilleurs communicants que moi. A chacun sa place … »
Vos Tom Boon Hockey Camps ont le vent en poupe ! « Oui, j’ai créé des programmes d’entrainement pour des stages (avec initiation dès 4 ans – nda) en me posant une question toute simple : jeune, à quelle sorte de stages aurais-je aimé participer ? A des stages fun. J’ai donc imaginé des stages d’apprentissage ludiques, car je crois qu’apprendre en s’amusant c’est la bonne recette. Il ne faut pas que les stages s’apparentent à une obligation ou un devoir ; au contraire, il faut proposer aux plus jeunes un concept qui marie apprentissage et plaisir ! »
Avec la possibilité d’une formule internat … « Pour les jeunes de 10 à 15 ans en effet, l’internat permet de rester ensemble 7 jours sur 7, de quoi construire un véritable esprit d’équipe ! La formule Expérience inclut même des stages en Espagne, qui favorisent les rencontres entre équipiers. L’idéal pour se faire de nouveaux copains ! »
La réputation de vos stages a dépassé nos frontières… « Nous avons en effet exporté notre savoir-faire en Allemagne et en France. »
Quel est aujourd’hui le principal objectif de Tom Boon ? « Réussir le grand chelem, Coupe du Monde, Coupe d’Europe, JO. Sans taire que je me vois mal terminer ma carrière de hockeyeur professionnel sans avoir remporté le titre de Champion de Belgique. En tête également de mes objectifs : continuer à prendre du plaisir sur le terrain, tout simplement. »
A 31 ans, l’après-carrière, on y pense parfois ? « Oui oui j’y pense. Les stages pour enfants vont notamment me permettre de continuer à rester dans le hockey et sur le terrain. L’idée de partager mon vécu et mon expérience avec les plus jeunes me tient particulièrement à coeur. J’ai investi également dans l’immobilier, une poire pour la soif. Je joue au golf aussi, mais pour le plaisir… »
Comment est votre motivation en cette période de Covid ? « Bizarrement, je n’ai pas à me plaindre car j’ai enfin eu du temps pour moi ! Depuis que j’ai 18 ans, toute ma vie tourne autour du hockey. En 2008, je suis rentrée en équipe nationale, depuis ce jour, mon quotidien et les dates de mes vacances par exemple, sont dictés par les entraînements, les voyages, les tournois. Avec le confinement et les JO postposés en 2021, je me suis retrouvé dans l’obligation de déconnecter – enfin ! Ces mois sans aucune pression sportive, ça m’a fait du bien. Et aujourd’hui, j’ai à nouveau faim d’exploits … »
Où aura-t-on la chance de croiser Tom Boon cet été en Belgique ? « Nulle part, je le crains, j’espère être à Tokyo jusqu’à la mi-août. Je passerai cependant dire bonjour aux petits de mes stages au retour des JO … »
Thomas Detry, l’esprit US en Belgique
Thomas Detry, l’esprit US en Belgique
Mots : Vanessa Schmitz-Grucker
Photo : DR
L’espoir belge du golf revient tout juste des USA où il a franchi une nouvelle étape dans sa carrière. De tournoi en tournoi et du haut de ses 28 ans, Thomas Detry s’impose comme l’étoile montante du golf. Un joueur à suivre au fort capital sympathie.
Vous revenez tout juste de Floride où vous avez performé sur le WGC Championship. C’est très frais, peut-on commencer par-là ?
Pour ceux qui ne sont pas familiers avec le golf, les WGC, World Golf Championship, font partie des 8 tournois dans le monde où performent les meilleurs joueurs du monde. Idéalement, pour y accéder, il faut être dans le top 50 mondial. Pour ma part, j’y ai accédé via mes bonnes prestations de l’année dernière et j’ai donc pu jouer avec des joueurs aussi grands que Rory McIlroy. J’ai réalisé une assez bonne performance, j’ai fini dans le Top 30, ce qui est correct. J’aurais pu mieux jouer mais au milieu de tous ces grands noms du golf, je me suis pas mal défendu. J’ai hâte d’en jouer d’autres et d’en jouer encore plein.
A quoi ont ressemblé vos premiers pas dans le golf ?
J’ai commencé à jouer au golf avec mon père. On a débuté ensemble, lui avait 35 ans, moi j’étais tout petit. Je devais avoir 4 ou 5 ans quand j’ai fait mes premiers pas sur un practice. Puis avec les années ça a pris de l’ampleur, j’étais dans les équipes régionales, puis les équipes nationales. Finalement, j’ai représenté la Belgique un peu partout dans le monde, au Championnat du monde, au Championnat d’Europe. Je me suis fait un nom parmi les joueurs amateurs et j’ai été recruté par une université américaine, près de Chicago où j’ai passé 4 ans à étudier. Pour les Belges qui n’ont jamais été aux USA, il faut savoir que le système américain est assez extraordinaire. Le sport y est très fortement poussé. Je faisais partie de l’équipe de golf de l’université, en combinant avec mes études. Il y a un très haut niveau interuniversitaire, aussi bien en golf, qu’en base-ball, qu’en football américain. C’est un niveau extrême, presque un niveau pro. Ça m’a très bien préparé à la vie professionnelle. C’est très exigeant, on fait les mêmes études que les autres mais ça prépare au passage au niveau pro. Après 4 ans d’études, en 2016, j’ai eu mon bac en business, management. Je suis revenu en Europe pour me lancer en tant que pro sur le circuit européen grâce à l’aide des Fédérations qui m’ont trouvé quelques invitations à des tournois. J’ai eu de bons résultats et j’ai eu ainsi accès au Tour européen où je joue actuellement.
Dans cet impressionnant parcours, quel fut le premier défi ?
Mon premier grand challenge, c’est quand je me suis qualifié pour la Ryder Cup Junior. C’est un énorme tournoi qui oppose, tous les 2 ans, l’Europe aux USA. J’ai été sélectionné pour représenter l’Europe quand j’avais 18 ans. J’ai pu ainsi rencontrer les meilleurs joueurs du monde. Ça m’a ouvert les yeux sur le golf professionnel, j’ai compris que c’était la vie que je voulais mener. Ce n’était pas vraiment un défi, mais ma première chouette expérience en tant que golfeur, là où j’ai compris que c’était toute ma vie.
Quelles sont les différences entre le golf belge et le golf US ?
Aux USA, il y a une approche complètement différente du golf. On y est plus poussé à la performance, mais c’est pareil dans tous les domaines de la vie là-bas. A tous les niveaux, ils sont tirés vers le haut. Je l’ai aussi été pendant 4 ans, j’ai appris à me battre, à performer, à jouer sur des parcours plus compliqués. C’est quelque chose d’impossible à apprendre en Belgique, il n’y a pas cet esprit-là, cette compétitivité. Sans les USA, je ne serais pas là où j’en suis aujourd’hui.
Aujourd’hui, vous vous entrainez comment ?
J’ai mon coach de toujours, depuis que je suis tout petit, Michel Vanmeerbeek, qui donne des cours à Sterrebeek. Je travaille aussi avec Jérôme Theunis. Ce sont mes 2 coachs techniques au golf. J’ai aussi un coach physique. Je vais dans sa salle de CrossFit à Bruxelles. Enfin, j’ai un coach français qui vient avec moi en tournoi.
C’est pour le côté physique ! Côté mental, comment êtes-vous coaché ?
Le mental est extrêmement important à tout niveau, pour tous les pros, pas seulement dans le sport. Je considère mes coachs techniques comme des coachs mentaux. Ils sont plus âgés que moi, ils ont plus d’expérience. On peut échanger, partager. Plusieurs personnes m’aident sur l’aspect mental.
C’est dense comme encadrement !
Oui, c’est toute une équipe ! J’ai aussi un caddie attitré, qui voyage avec moi. Il fait un peu plus que porter mon sac. Il m’aide sur le parcours, c’est aussi une aide mentale justement, quand on est sous pression sur le dernier trou, il est là pour me conseiller.
Quels sont les Hommes qui vous font rêver ?
J’ai toujours aimé Tiger Woods, un personnage que tout le monde connait, j’imagine. Il vient d’avoir un terrible accident, on espère tous qu’il va se rétablir. Ce qu’il a fait pour le golf et son approche mentale en fait un des plus grands sportifs de tous les temps. Il a toujours su rebondir, il a toujours su revenir au top et j’admire ça.
Avez-vous été impacté par les restrictions Covid ?
Oui, comme tout le monde. Comme je suis sélectionné pour les JO, j’avais un statut qui me permettait de m’entrainer mais vu que j’étais bloqué au Royaume-Uni, tout était fermé. Je ne me suis pas entrainé pendant 3 mois. Mais c’était bien de rester 3 mois tranquillement à la maison, vu que j’ai une vie assez mouvementée. Je n’avais pas fait ça depuis longtemps. J’en ai profité, c’était plutôt positif.
Et justement, qu’aimez-vous faire de votre temps libre ?
J’ai toujours bien aimé le jardinage. C’est quelque chose que ma grand-mère m’a appris. À Uccle, j’ai un jardin assez sympa. Alors, quand je suis à la maison, j’aime y passer du temps. Mais je fais aussi beaucoup de sport, j’aime prendre l’air, faire du vélo, aller courir, aller à la gym, j’adore ça !
Quel est votre endroit préféré en Belgique ?
La côte belge, c’est quelque chose qui reste à part. C’est un dépaysement complet à 1h de Bruxelles. J’adore y passer du temps, j’aimerais m’y rendre plus souvent mais je suis toujours à l’étranger, hélas.
Avant de vous quitter, est-ce que vous avez des projets ?
Je suis très jeune dans ma carrière, je n’ai que 28 ans. Je vise le classement mondial à court terme, le top 50 mondial : je suis 80e pour l’instant. À long terme, je voudrais gagner des majeurs.
Jos Verlooy, le cavalier de l’année
Jos Verlooy
Le cavalier de l’année
Jos Verlooy
Le cavalier de l’année
Mots : Vanessa Schmitz-Grucker
Photo Cover : Dirk Caremans
Du haut de ses 26 ans, le palmarès de Jos Verlooy a de quoi donner le vertige. Médaillé de bronze avec Igor à l’Euro de Rotterdam, il a également décroché l’or par équipe permettant à la Belgique de se qualifier pour les prochains JO de Tokyo.Champion de Belgique de saut d’obstacles durant ces deux années dernières années, il vient d’être élu cavalier belge de l’année 2021 !
Le cheval, vous êtes né dedans ! On imagine facilement que c’est votre père, Axel Verlooy, qui vous a littéralement mis le pied à l’étrier…
Mon père était tout le temps à cheval. Il a fait une brève carrière de cavalier puis est devenu marchand de chevaux. J’ai tout simplement grandi dans des écuries. Pour autant, je ne me suis pas directement intéressé au monde du cheval. J’étais davantage attiré par le football que je pratiquais assidûment avec les copains. Finalement, j’ai eu un premier poney, puis un deuxième d’un bien meilleur potentiel. C’est là que j’ai commencé à gagner des médailles. Et avec les victoires sont venues la motivation et l’envie de continuer. J’ai donc laissé le foot de côté pour me consacrer à l’équitation dès mes 8 ans.
Vous étiez alors bien jeune, c’est sûrement bien plus tard que vous avez compris que vous pourriez faire carrière ?
Dès mon deuxième poney et les premières médailles (même en sautant des obstacles très bas), j’ai compris que je voulais faire ça et rien d’autre.
Ce poney a donc beaucoup compté ! Quels sont les autres chevaux qui ont marqué votre carrière ?
Je suis encore très jeune (26 ans, ndlr) mais il y a déjà quelques chevaux qui ont beaucoup compté dans mon parcours. J’ai commencé en Juniors avec Domino et c’est ensemble que nous sommes allés jusqu’aux compétitions Seniors. Nous étions tous les deux très jeunes quand nous avons commencé et je pense que c’est ce cheval qui m’a emmené à ce haut niveau. Pour être plus exact, on s’est tous les deux tirés, l’un l’autre, à un plus haut niveau. On a évolué ensemble vers les sommets. Peu de temps après, j’ai eu Farfelu de la Pomme, une jument très compétitive. J’ai aussi beaucoup appris d’elle.
Et vos chevaux d’aujourd’hui, qui sont-ils ?
Igor (hongre alezan né en 2008, ndlr) est mon cheval de tête. C’est avec lui que j’ai remporté l’or par équipe et le bronze en individuel aux Championnats d’Europe Longines FEI 2019 à Rotterdam.
Ces deux dernières années, je suis également sorti en concours avec Varoune (hongre bai né en 2008, ndlr). Nous avons été, deux années consécutives, champions de Belgique de saut d’obstacles et nous venons de remporter le Grand Prix de Salzbourg.
Il y a aussi Fabregas (étalon bai né en 2010, ndlr) et bien sûr Caracas (étalon gris né en 2005, ndlr) qui est aussi un cheval de tête. Ceci dit, il a déjà 16 ans mais il garde une très bonne condition physique. Enfin, Luciano (étalon noir né en 2011, ndlr) est encore un jeune cheval. Il est peu expérimenté mais je pense qu’il va aller très loin. Je vais le prendre comme deuxième cheval pour les compétitions 5 étoiles de cette année.
Travaillez-vous avec votre père pour sélectionner vos chevaux ?
Oui, nous achetons et nous revendons. Euro-Horse est un nom bien connu dans le monde équestre. De fait, les chevaux vont et viennent. Ce n’est pas nous qui les cherchons mais eux qui nous trouvent. Il me suffit de les monter pour déceler un bon feeling, une base pour partir sur un niveau supérieur. Et alors, nous les gardons pour les travailler. Je dois avouer que nous n’avons jamais recherché un cheval en particulier.
Euro-Horses, une success-story familiale ?
Mon grand-père avait une petite installation à 30 minutes d’ici, à Grobbendonk. Il travaillait dans son entreprise la semaine et s’y rendait durant le week-end. C’était un hobby, rien de professionnel. Mon père a préféré ne pas reprendre l’entreprise paternelle mais plutôt installer ses écuries où nous sommes aujourd’hui. Au début, mon père y menait sa carrière de cavalier. Il a participé aux Jeux olympiques en 1984 à Los Angeles. Puis, il a de moins en moins monté ses chevaux et a développé Euro-Horses où je m’entraine aux côtés d’Harrie Smolders.
Et à quoi ressemble une journée type d’entrainement ?
Chaque jour est différent depuis la pandémie ! En temps normal, j’entraine les chevaux du lundi au mercredi et je sors en compétition du jeudi au dimanche. Mais maintenant, je monte tous les jours à Grobbendonk tandis que mon père continue ses activités.
Justement, à quel point cette pandémie vous a-t-elle affectée ?
C’est difficile de s’organiser, de se préparer sans jamais avoir de dates, d’objectifs. Lorsque j’ai compris que ça allait durer, j’ai accordé un très long repos à mes chevaux. Puis, je les ai retravaillés progressivement. Quand j’ai enfin eu des dates, j’ai revu l’entrainement à la baisse pour les garder frais.
En avez-vous profité pour faire autre chose ?
Pour tout vous dire, j’ai passé les confinements à l’écurie. Je n’ai rien fait de nouveau pour garder ma routine.
Avez-vous d’autres passions en dehors de vos chevaux ?
J’aime le VTT. Parfois, j’organise des sorties en vélo avec mes amis. Surtout le week-end quand j’ai le temps. J’aime aussi courir. En bref, j’aime faire du sport !
Qu’espérez-vous pour 2021 ?
J’espère que les compétitions vont être maintenues. Mon objectif a toujours été les Jeux olympiques. Or, c’est hélas remis en question. Je croise les doigts ! Mais le plus important est que tout le monde reste en bonne santé.
Jochen Zeischka, de la hauteur dans le plat pays
Jochen Zeischka
De la hauteur dans le plat pays
Jochen Zeischka
De la hauteur dans le plat pays
Mots : Vanessa Schmitz-Grucker
Photos : DR
Jochen Zeischka fait partie de ces athlètes discrets, évoluant loin des podiums et des projecteurs, quelque part loin au-dessus des cimes. Pourtant, le deltiste flamand, un temps 17ème mondial, aligne les exploits et vient juste d’inscrire un record du monde.
Comment vous est venue l’idée de vous mettre au deltaplane ?
C’est une amie qui a trouvé un stage d’initiation dans ma 29e année. Et dès les premiers essais sur la pente-école, dès que mes pieds ont commencé à quitter le sol, j’ai compris que c’était un sport pour moi. Comme enfant, c’est dans un livre d’aventures à travers le monde que j’ai vu des photos incroyables de ce sport et pendant ce stage d’initiation, j’ai découvert qu’il y avait des deltistes en Belgique. Plus jeune, j’avais déjà envisagé un temps le planeur, mais il faut un club, c’est une organisation plus élaborée, il faut partager le planeur, réserver le vol. Quand j’ai découvert le delta, j’ai compris que là je serais plus libre et que l’expérience serait aussi plus pure, plus physique, à l’air libre. Rien ne s’approche plus du vol des oiseaux que le deltaplane : quel rêve ! Alors, quand j’ai appris que ça existait aussi en Belgique, je me suis lancé. Quelque temps après le stage, j’ai rejoint une école belge, en 2 week-ends nous avions appris les bases sur la pente-école et nous sommes partis dans le sud de la France pour faire les premiers vols de montagne.
En effet, la Belgique n’est pas vraiment réputée pour son relief, ça n’a pas été un obstacle ?
Non, parce qu’on a d’autres méthodes pour décoller Il y a le treuil : un peu comme un enfant qui joue avec un cerf-volant, on est attaché à un câble et tracté dans les airs. Il y a un club en Belgique qui le pratique sur une piste d’avion militaire : là, on peut tirer un deltaplane à 800m. C’est différent de la pente naturelle, mais c’est très pratique. Une autre méthode très utilisée consiste à faire un remorquage par ULM : comme avec un planeur, le deltaplane est tiré par un avion.
Et quel est le type de décollage le plus pratiqué en Belgique ?
Chez nous, le plus pratique c’est le remorquage avec un ULM. Plus on est bas, moins on a de chance de trouver des thermiques, des ascendances. Le remorquage, c’est pratique parce que si on atterrit rapidement la première fois, il suffit de faire un deuxième remorquage pour une nouvelle tentative. Et puis, on n’est pas trop dépendant de la direction du vent. Bien sûr, le plus beau, c’est la pente naturelle mais chez nous, c’est un peu la loterie, nos collinessont très basses, environ 80 mètres : on est au sol en 2 minutes si on ne trouve pas de thermiques. Mais il y a des possibilités : mon plus long vol, je l’ai fait au départ de Beauraing jusqu’au sud de Paris, entre Troyes et Orléans, un vol de 275km en ligne directe. Il n’y a pas de réglementation stricte pour passer les frontières : c’est impossible d’avoir les données pour faire une déclaration de vol officiel chez les autorités, il y a donc une certaine tolérance. Après, il s’agit aussi de suivre la bonne route entre les espaces aériens : là, il n’y a pas de tolérance !
Qu’est-ce qui a été le plus difficile avec ce sport ?
La logistique, je dirais. Le transport de l’aile vers les compétitions internationales, ce n’est pas toujours facile.
Apprendre le delta, c’était assez intuitif. J’ai aussi eu le luxe d’être bien encadré par un instructeur très expérimenté qui savait vraiment bien expliquer les choses. Cet instructeur a vu le talent en moi et m’a poussé à l’exploiter. C’était une aide formidable pour progresser.
Ainsi, été 2020, vous avez battu un record mondial détenu par un Tchèque en réalisant un circuit à trois balises (triangle FAI) de 25 km en 23 minutes et 20 secondes, donc une moyenne de 65 km/ heure. Dites-nous en plus.
Pour moi, le deltaplane, c’était avant tout un sport contre moi même : je voulais savoir ce que je pouvais faire avec une aile. Les vols de distance, ce n’est pas si facile et je voulais savoir ce qu’il était possible de faire, jusqu’où je pouvais aller. Et une des manières de me positionner était de faire de la compétition. Il y a là les meilleures références d’Europe (en Europe, nous avons des pays leader en deltaplane, comme l’Italie, la République tchèque et l’Autriche). Le record du monde en distance est de 760km : en compétition, au contact des autres pilotes, on apprend beaucoup de ces records. J’avais conscience d’être bon en vitesse. Et puis, suite à une blessure aux ligaments croisés, je n’ai pas pu faire de vols longs l’été passé. Aussi, avec le manque de compétitions dû au Covid, j’ai sérieusement songé à m’attaquer aux records sur des distances courtes. Sur le triangle de 25 km, le record était à 50km/h, ça m’a semblé jouable en trouvant le bon endroit. Je suis allé en France pendant une semaine : c’était toute une organisation, car il fallait y aller avec un juge. J’ai fait mieux que ce que j’espérais puisque j’ai fait monter le record de 50km/h à 65km/h. J’ai donc battu haut la main le Tchèque Tomás Suchánek, un pilote légendaire du delta, dont le record avait 20 ans.
Aux Belges qui aimeraient marcher dans vos pas, ou plutôt voler dans vos traces, que diriez-vous ?
C’est accessible à beaucoup de gens. Pour ceux qui aiment ce « feeling of motion », le ski par exemple, ou la vitesse en général, ce n’est pas compliqué. Les ailes-écoles sont très faciles à piloter et on peut vraiment apprendre le delta en sécurité. Il faut simplement trouver une école et faire un essai. Croyez-moi, c’est un sport incroyable. Il n’y a pas beaucoup de sensations qui peuvent être comparées à une thermique qui vous lève en haut vers les nuages à 5 m/s. Et si des amis, ou même des aigles voire des vautours vous rejoignent, ce sont des moments inoubliables !