Denis Van Weynbergh - « Nous sommes qualifiés avec les 40 meilleures équipes au monde ! »
Denis Van Weynbergh
« Nous sommes qualifiés avec les 40 meilleures équipes au monde ! »
Mots : Servane Calmant
Photos : Adrien Nivet
Dimanche 10 novembre, Denis Van Weynbergh quittera le port des Sables- d’Olonne sur l’IMOCA D’Ieteren Group pour s’élancer dans un tour du monde à la voile, en solitaire, sans escale et sans assistance. Le skipper brabançon est bien déterminé à parcourir les 45 000 kilomètres autour du globe et devenir ainsi le premier Belge à boucler cette course mythique. L’histoire d’un rêve qui devient peu à peu réalité…
Denis Van Weynbergh a débuté comme moniteur de voile et de croisière à l’UCPA, tout en collaborant en tant que journaliste nautique pour Yachting Sud, revue francophone belge spécialisée. Et très vite, la « compétition » va le titiller… Transat Jacques Vabre, Bermudes 1000 races, Vendée Arctique, toutes ces courses prestigieuses sont à son palmarès. Le Vendée Globe ? Son entourage lui répond qu’il est fou d’en rêver. Mais Denis aime les défis. Le premier est de taille : dénicher un budget. Tenace, le skipper belge devient l’ambassadeur du nouveau programme de mécénat de la société familiale belge D’Ieteren Group. Dès 2021, il se lance dans le circuit IMOCA pour engranger de l’expérience et des milles, afin de valider sa participation au Vendée Globe. Le rêve devient peu à peu réalité…
Le 10 mai, vous avez rallié Lorient à New York et validé votre ticket pour le Vendée Globe 2024. Cette qualification, c’est déjà une victoire ! Le Vendée Globe, c’est un vaste projet en plusieurs étapes. Cette qualification est certes déjà un aboutissement. Toute l’équipe et moi-même en sommes fiers. Mais cette première victoire ne revêt de sens que si nous terminons la course…
Lors de la dernière édition du Vendée Globe, en 2020, vous aviez dû renoncer à ce challenge faute de moyens financiers. Qu’apprend-on de ce genre d’échec ? En 2020, je n’étais pas aussi performant qu’aujourd’hui, je relativise donc ce revers. Et cet échec m’a appris à être tenace, à ne jamais renoncer à mes rêves et à ne pas commettre deux fois la même erreur. J’ai donc repensé et retravaillé complètement le projet que j’avais proposé en 2020. Le nouveau dossier parle davantage de valeurs, de victoires, de missions, de sens, que d’argent. Il met l’accent sur ce que je pensais être des points faibles et qui se sont révélés notre force : le bénévolat de l’équipe, le collaboratif et l’associatif en matière de management, le circuit court, le recyclage du matériel lié à notre petit budget, les années de sacrifices et d’efforts consentis pour monter ce projet à terme… C’est ce modèle de gestion, couplé à l’histoire d’une véritable aventure humaine, sportive et technologique, qui a séduit notre partenaire belge, D’Ieteren Group.
Ils seront 40 skippers à concourir à cette compétition, dont treize sur bateaux neufs, ce qui n’est pas votre cas … Choisir un bateau d’occasion fait triplement sens. En termes de budget d’abord, ensuite, je souhaitais un bateau fiable (un voilier monocoque de la classe Imoca, long de 60 pieds – nda) qui avait déjà fait le Vendée Globe, enfin, acheter un bateau d’occasion pour le réemployer, le réparer, allonger sa durée de vie et favoriser l’économie circulaire, correspond pile-poil à notre philosophie.
Un skipper belge, un mécène belge, un IMOCA qui bat pavillon belge. Cocorico ! Nous avons démarché des partenaires en France et en Belgique, mais avoir un partenaire familial belge comme D’Ieteren Group, c’est évidemment une grande satisfaction. Des responsabilités aussi, mais avant tout une immense fierté.
Dépression météorologique ou coup de blues : que redoutez-vous le plus en mer ? La casse mécanique et l’abandon de la course sont la hantise de chaque marin. Quant aux aléas de la météo, ils vont tester ma résilience, c’est à moi de m’adapter. A moi aussi de bien choisir ma route, pour éviter les zones sans vent ou avec trop de turbulences. Cela fait 25 ans que je navigue, j’ai 15 Transatlantiques à mon actif, j’ai donc l’habitude de gérer la solitude en mer pendant 10 voire 20 jours. Mais durant le Vendée Globe, il me faudra affronter des conditions de mer extrêmes pendant presque 3 mois … J’ai un préparateur mental et je vais discu-ter avec les copains qui ont participé au Vendée Globe pour récolter leurs impressions et leurs bons conseils. Et durant le périple, je pense séquencer l’aventure en plusieurs étapes pour avancer mentalement.
Le peu de temps libre que vous aurez, comment le gérerez-vous ? Je vais lire, regarder des films. S’offrir des moments de récréation, des bulles d’oxygènes, est absolument nécessaire pour garder le moral …
Prendre le large, ça vous apporte quoi ? C’est la question à 1000 euros ! Même ma psy n’a pas réussi à m’aider à formu-ler une réponse à cette question (rires). Mais je vais vous répondre : c’est un luxe de pouvoir naviguer pendant trois mois. C’est comme si on vous donnait la possibilité de skier pendant 3 mois sans discontinuité, sur une piste sans fin !
Le Vendée Globe, cette course mythique, elle vous trotte en tête depuis combien de temps ? J’en parle autour de moi depuis 15 ans … Mais en Belgique, on me répondait, « c’est impossible », « tu es fou, tu n’auras jamais de bateau ni de budget »… Et pourquoi ce projet ne serait-il pas réalisable ? On a une équipe de hockey sur gazon, les Red Lions, qui a remporté l’Euro, la Coupe du monde, les JO ! Je suis joueur de hockey et leur réussite me parle énormément, mieux, elle m’a galvanisé. Il faut stopper la pensée limitante, briser ce « plafond de verre » à la belge, qui constitue un obstacle, un frein, à la réussite ! En Belgique, on manque souvent d’ambition, et je dis ça avec humilité, sans vouloir la ramener…
Denis, vous êtes donc un homme passionné, ambitieux. Un peu fou aussi ? Oui, il faut un peu de folie pour monter pareil projet. Et une ambition saine, en effet. Pour le Vendée Glove, nous sommes qualifiés avec les 40 meilleures équipes au monde. Il faut le dire, sans fanfaronner, mais le dire quand même.
Le Vendée Globe, c’est le défi d’une vie. Si vous devenez le premier Belge à boucler ce tour du monde, quel challenge voudrez-vous encore relever ? Dans quatre ans, on remet ça, et on peut espérer le gagner ! (rires)
Stéphane Rutté - Talent passionné derrière un club mythique
Stéphane Rutté
Talent passionné derrière un club mythique
Mots : Olivia Roks
Photos : David Lloyd
Après plusieurs mois de travaux, la rénovation du club David Lloyd situé à Uccle est enfin terminée, et le résultat dépasse les attentes. Cela renforce encore davantage sa position de club familial premium en Belgique, où détente, déconnexion, entraînement et moments en famille sont au rendez-vous. Ces valeurs sont chères à l’homme passionné à la tête de cette institution : Stéphane Rutté.
Stéphane Rutté, qui êtes-vous ? Quel est votre parcours entrepreneurial ? J’ai fait des études à Solvay et suis ingénieur commercial. J’ai toujours été assez dynamique. Déjà adolescent, je travaillais pour avoir de petits extras. A la fin de mes études, avec mes associés, j’ai créé la discothèque les Jeux d’Hiver à Bruxelles. Ensuite, j’ai développé le traiteur Loriers aux côtés de Jean-Michel Loriers, et j’ai également créé des concepts comme Sushi Factory. Mon parcours montre que mes idées ont toujours tourné autour d’activités au service des gens. J’aime faire plaisir aux personnes et travailler quand les autres s’amusent. Voir leur sourire sur leur visage est ma plus grande motivation !
Cela fait plusieurs années que vous vous consacrez au David Lloyd, une histoire d’amour est née ? Je suis sportif, et j’ai été membre dès le premier jour de l’ouverture du club. Après huit ans comme membre, cela fait treize ans que j’occupe la direction du David Lloyd. En effet, cela fait plus de vingt ans que ce club m’accompagne dans ma vie quotidienne. J’ai repris la direction du club en tant que manager le 1er janvier 2011, et en 2015, j’ai commencé à jouer le rôle de développeur, c’est-à-dire à étendre le nombre de clubs David Lloyd. Aujourd’hui j’ai essentiellement une fonction de développement du groupe anglais en Europe. Plus précisément, je suis administrateur délégué des entreprises David Lloyd en Belgique et responsable du développement en Belgique, au Luxembourg, en France et en Suisse. Quant à Laurent Yernaux, il est le directeur du David Lloyd à Uccle. Actuellement, nous avons 133 clubs : 100 au Royaume-Uni et 33 en Europe continentale.
Situé en bordure de la forêt de Soignes, dans un majestueux château, le mythique club David Lloyd en Belgique reste celui d’Uccle. Il fête cette année ses 20 ans. Pouvez-vous nous raconter son histoire ? Ce club a ouvert en novembre 2004. Ce n’est pas un centre sportif, c’est un vrai club de membres. Cette idée de club avait un peu perdu de son attrait, et le David Lloyd l’a remise au goût du jour. C’est un club de sport et de bien-être où l’on peut passer ses journées et ses week-ends. Peu de gens y croyaient au début, mais cela a très vite séduit. Notre produit cible les familles dans leur ensemble, de la grand-mère au plus jeune enfant. C’est un endroit offrant toutes les acti-vités possibles et inima-ginables (fitness, piscines intérieure et extérieure, cours collectifs, cours privés, etc.). La croissance a été continue, nous n’avons cessé d’évoluer au fil des années.
D’ailleurs, dernièrement, à l’occasion de cet anniversaire, une importante rénovation du club a été réalisée. Pouvez-vous nous en parler ? Oui, nous essayons constamment d’améliorer l’accueil de nos membres et de rester à la pointe dans le monde du sport et du bien-être, qui est en constante évolution. Plus de six millions d’euros ont été investis par le groupe David Lloyd Leisure pour cette rénovation. Nous avons complètement refait le fitness avec une salle moderne et du matériel dernier cri. La piscine a également été rénovée et nous avons revu complètement notre spa intérieur, incluant une piscine d’hydrothérapie, un hammam aux agrumes et un sauna au sel de l’Himalaya. Mais ce n’est pas fini, la deuxième phase de ces travaux débutera dans moins d’un an ! Nous avons repris le bâtiment du B19. Nous transformerons le premier étage en espace de coworking, un tout nouveau service pour nos membres. Nous allons également développer un petit spa extérieur, étendre la zone de padel avec une « social area », aménager les terrasses.
Trois clubs en Belgique et une Europe en pleine expansion. Quels sont les autres clubs à venir ? Nous ouvrons quatre à cinq clubs en Europe par an. Nous venons d’ouvrir à Modène en Italie et avons des projets à Zurich, au Luxembourg et à Paris. A suivre !
Secteur délicat, concurrence importante, Covid… Comment tenir le coup quand on est une salle de sport ? Nous sommes bien plus qu’une salle de sport. Nous sommes un club où le sport, le bien-être et le restaurant se rencontrent. Les gens s’y retrouvent. Faire partie d’un groupe est important pour tenir la route. Nous avons les moyens de rénover et de renouveler les infrastructures (par exemple, les vestiaires sont rénovés tous les sept ans). Durant la pandémie, nous avons pu rebondir rapidement et même investir.
Comment percevez-vous le secteur du sport aujourd’hui ? J’ai toujours été très sportif et cela fait partie de mon quotidien. Sans ça, je passe une mauvaise journée. C’est une drogue tellement positive. Après la Covid, les valeurs du sport et du bien-être sont devenues encore plus présentes. Il y a une grande tendance au développement de wellness. Je pense qu’il y a eu une réelle prise de conscience que la santé est primordiale. Regardez toutes ces applications qui ne cessent d’évoluer pour suivre nos performances bien-être et sportives. C’est une véritable « gamification » du sport.
Des sports en vogue à suivre de près ? Incontournables : le padel et le Pilates reformer. Deux sports très tendance que nous avons ajoutés à nos programmes sportifs. En ce moment, nous entendons beaucoup parler du pickleball. A suivre de près pour voir si ce sport perce chez nous.
Sarah Bovy - Le sacre de la passion
Sarah Bovy
Le sacre de la passion
Mots : Barbara Wesoly
Photos : Stefano Arcari
Le parcours de Sarah Bovy a le parfum des victoires conquises par la témérité. Profil brillant et atypique des paddocks, la pilote bruxelloise des Iron Dames est devenue une figure incontournable des compétitons d’endurance, dont rien ne semble aujourd’hui pouvoir freiner l’ascension.
En décembre 2023, vous avez remporté le titre de Pilote de l’année décerné par le Royal Automobile Club de Belgique, devenant la première femme à recevoir cette récompense. Celle-ci venait aussi couronner 25 ans de carrière. Que représentait-elle pour vous ? J’en étais extrêmement émue. Cette distinction est accordée par les journalistes mais aussi par le top 10 des pilotes de notre pays, et vise à distinguer la personne qu’ils estiment être la meilleure représentation du sport automobile belge à l’international. Avoir la reconnaissance de mes pairs, que j’admirais déjà pour certains bien des années avant de concourir, était un honneur incroyable. Et d’autant plus après toutes ces années d’acharnement à la conquête de ce rêve.
Qu’est-ce qui justement vous a conduit à la course automobile ? Un coup de foudre, à douze ou treize ans, lors d’une session de karting, organisée par des copains. C’était la première fois que je touchais à un volant et ça a été une véritable révélation. Mon père était pilote de course mais a arrêté avant ma naissance. De mon côté je pratiquais beaucoup de sport dans l’enfance, mais plutôt de l’escalade, du foot, du basket… Ce moment a tout changé. J’ai abandonné toutes les autres disciplines pour me lancer pleinement sur circuit. Mais ne venant pas d’une famille aisée, à même de financer ma carrière, j’ai entrepris des études en marketing, en espérant avoir ainsi le bagage nécessaire pour trouver plus facilement des sponsors. Et je suis finalement devenue recruteuse de talents dans l’industrie pharmaceutique afin de payer mes factures tout en continuant à rouler le week-end. Un poste que j’ai conservé durant 6 ans, avant d’enfin pouvoir me consacrer à l’automobile.
Vous est-il arrivé de douter et d’imaginer rendre le volant ? Oui, sans cesse, durant près de 20 ans. L’incertitude a toujours été là, doublée par moments de la frustration de voir certaines opportunités m’échapper, par manque de chance ou d’argent. Mais je refusais d’arrêter de me battre. C’était ma seule certitude. Et ce, malgré des obstacles parfois immenses. Après mes années en entreprise, j’avais certes réussi à vivre de ma passion mais en tant que pilote événementielle. J’étais alors instructrice sur circuit, envoyée sur des missions par Lamborghini. Et puis la crise du Coronavirus a frappé le monde de plein fouet, mettant à l’arrêt mon activité. Je ne voyais plus d’issue me permettant de rester professionnelle dans le domaine et j’ai donc débuté une formation pour devenir toiletteuse pour chiens, les animaux étant ma deuxième passion.
C’est alors que votre route a croisé celle des Iron Dames, premier équipage en sport automobile 100% féminin, créé par Deborah Mayer. Oui, par un incroyable hasard. Je les suivais depuis leur lancement, mais elles étaient au complet. Jusqu’au jour où est apparu un post Instagram dans lequel elles annonçaient le départ de l’une de leur pilotes, à une semaine du lancement de la saison 2021. J’ai envoyé un mail sans y croire. Une bouteille à la mer. Au cas où il leur faudrait une remplaçante. Et le soir même, Rahel Frey, désormais ma coéquipière depuis quatre ans m’appelait pour que je rejoigne la team. 12h après mon arrivée au sein des Iron Dames, je montais dans ma voiture pour une première course.
Sur votre site, on peut lire cette citation : Life is racing. Anything before or after is just waiting. Cela correspond-il pleinement à votre vision ? Cette phrase prononcée par Steve McQueen dans le film Le Mans, est très symbolique pour moi. Elle exprime une sensation que j’ai ressenti tant de fois. A certaines époques de ma carrière, une année pouvait s’écouler sans que j’ai l’occasion de monter sur un circuit. Mais mon envie furieuse d’y être ne disparaissait jamais. Dès que mon téléphone sonnait, j’espérais le coup de fil qui me remettrait en piste. Aujourd’hui j’ai la chance de réaliser 20 week-ends de course par an et l’attente est devenue bien plus courte, mais je garde le souvenir de ce sentiment au fond du cœur.
Comment imaginez-vous désormais la suite de votre route ? J’espère avoir la possibilité de savourer cette deuxième chance le plus longtemps possible. Depuis mes débuts en compagnie des Iron Dames, j’ai vécu des moments très forts. La victoire en Gold Cup, aux 24h de Spa en 2022. Ou encore celle à Bahreïn l’année dernière. Je vise toujours plus haut. La compétition existe par et pour la performance et les résultats. Mais surtout, je souhaite que nous puissions, en tant qu’équipe, inspirer chacune à entreprendre et à oser. Et marquer non seulement l’histoire du sport mais aussi celle des femmes.
Vincent Vanasch - Le gardien de but des Red Lions a la niaque
Vincent Vanasch
Le gardien de but des Red Lions a la niaque
Mots : Servane Calmant
Photo : Frederique Constant
Les Red Lions ont décroché leur billet pour les Jeux olympiques de Paris 2024. À quelques semaines de la cérémonie d’ouverture, Vincent Vanasch, gardien de but de notre équipe nationale de hockey sur gazon, affiche un mental d’acier, bien déterminé à aller prendre l’or, pour rendre les Belges heureux. « Représenter son pays aux JO, c’est une énorme fierté. »
Décomptez-vous les jours avant l’ouverture des JO de Paris ? Et comment ! Avec un groupe de joueurs, on a placé dans notre centre d’entraînement une montre du compte à rebours qui affiche même les secondes restantes avant l’ouverture du 26 juillet (rires). Les JO, c’est le Graal. J’ai la chance d’y avoir participé quatre fois avec les Red Lions (Pékin 2008, Londres 2012, Rio 2016 où les Red Lions décrochent la médaille d’argent et Tokyo 2020 où la Belgique ramène la médaille d’or – nda). Représenter son pays aux JO, c’est une énorme fierté.
Comment se prépare-t-on pour les JO ? La préparation physique et mentale est la même pour l’Euro, le Championnat du monde ou les Jeux olympiques, mais la dimension médiatique autour des JO prend une telle ampleur qu’elle ajoute inévitablement de la pression.
Et comment gère-t-on cette pression ? Avec l’expérience et la détermination. La pression, on se l’est mise après les JO de Rio en 2016. Les Red Lions se sont inclinés en finale face à l’Argentine. Depuis, dans chaque tournoi, on se bat pour l’Or ! Cela peut paraître arrogant mais c’est une arrogance positive, saine, car pour gagner, il faut toujours viser plus haut.
Y a-t-il une équipe que vous craignez d’affronter ? Oui, nous-mêmes (rires). Au sein des Red Lions, il y a des joueurs avec lesquels je joue depuis 15 ans, d’autres qui vont vivre leurs premiers JO, et tous ont la niaque. Le niveau sera très élevé : l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Australie sont des équipes redoutables, mais je n’ai peur de personne. Évidemment, il faut accepter le fait qu’il y aura des surprises en cours de route, comme des blessures. « Expect the unexpected » : je m’attends toujours à l’inattendu. Il faudra également composer avec le facteur chance. Mais la chance elle se crée, elle ne tombe pas du ciel !
Coupe du monde 2018 en Inde, EURO 2019 en Belgique et JO 2020 à Tokyo. De quelle victoire êtes-vous le plus fier ? Ah ah, la question piège (rires). Les trois victoires ont été magiques. 2018, c’est la première fois que les Red Lions sont champions du monde, ils marquent l’histoire de la Belgique. Je n’oublierai jamais l’ovation du public sur la Grand-Place. En me remémorant cet instant, j’ai les poils qui se hérissent d’émotion. J’ai compris ce jour-là que grâce au sport, on pouvait rassembler tous les Belges. J’ai éprouvé une véritable fierté nationale. L’Euro 2019 se déroulait à Anvers, et notre public a joué le 12e homme pour nous amener à la victoire. La campagne de la Fédération royale belge de hockey était « Red Is the New Gold ». Inoubliable moment car en Belgique, nous ne sommes pas assez fiers de nos talents, et cela concerne tous les secteurs. J’ai joué en Hollande et en Allemagne où le sentiment de patriotisme et d’unité est bien plus exacerbé. Et les JO 2020 à Tokyo, quel souvenir ! La Belgique remporte son premier titre olympique en hockey. Pour ma génération, c’est une consécration.
Quelles sont les trois qualités principales d’un excellent gardien de hockey ? Ses réflexes, sa vision de jeu (sur le terrain, c’est lui le 2e coach, lui qui connaît chaque poste, chaque joueur et communique avec tous) et sa résilience (s’il encaisse un goal, il doit se « reseter », ne pas disserter sur son erreur mais aller de l’avant pour arrêter les prochains tirs).
La Coupe du monde de hockey 2026 se déroulera aux Pays-Bas et en Belgique. Côté belge, ça se passera à Wavre, dans le BW. Vincent, heureux ? Oh oui, pour ma génération, celle qui est sur la fin, il n’y a rien de plus beau que de jouer devant son public.
A 36 ans, vous pensez donc déjà à l’après-carrière ? Oui, évidemment. Le hockey belge est toujours semi-professionnel. En fin de carrière, nous ne gagnons pas le même salaire qu’un footballeur ou un tennisman. J’ai étudié la kiné donc je peux me réorienter professionnellement pour amorcer une deuxième carrière. Par ailleurs, j’ai également créé « The Wall Academy » pour former les jeunes gardiens de hockey. Si un jeune gardien qui sort de mon académie s’en va rejoindre les Red Lions, ce jour-là j’aurai également l’impression de décrocher l’Or !
Hanne Desmet - Le feu sur la glace
Hanne Desmet
Le feu sur la glace
Mots : Barbara Wesoly
Photo : Shapevisions
Elle fonce, agile et farouchement déterminée, sur la piste comme vers le succès. Multi médaillée, dont une victoire historique pour la Belgique aux JO de 2022, Hanne Desmet s’affirme comme l’une des plus talentueuses athlètes de short-track de sa génération. Et, en compagnie de son frère Stijn, lui aussi membre de l’équipe nationale, elle compte bien révolutionner l’avenir du patinage de vitesse.
S’il fait partie des disciplines olympiques, le short-track est encore peu connu en Belgique. Comment l’avez-vous découvert ? Stijn, mon petit frère, rêvait depuis toujours d’être patineur de vitesse, tandis que de mon côté je préférais la gymnastique. Mais nous avions en commun une passion du roller et celle-ci nous a un jour amenée à rencontrer un short-tracker qui durant l’été délaissait la glace pour l’asphalte. C’est grâce à lui que nous avons découvert que ce sport se pratiquait aussi en Belgique. J’avais onze ans, Stijn neuf, et il tenait absolument à ce que je me lance avec lui. J’ai accepté et il m’a transmis son amour pour cette discipline, qui depuis, ne m’a jamais quitté.
Vos carrières sont aujourd’hui toujours intimement liées, puisque vous êtes tous les deux membres de l’équipe belge mixte de short-track. Est-il plus facile de s’entraîner et de performer ensemble ? Oui et c’était d’autant plus vrai à nos débuts dans ce milieu. A l’époque, l’on commençait tout juste à développer cette discipline dans notre pays. Il n’y avait alors pas vraiment d’équipe nationale et absolument rien de prévu pour les filles en la matière. C’était une chance pour moi de pouvoir patiner avec les garçons et d’intégrer une team mixte. Cela nous a permis à Stijn et moi, de continuer à évoluer ensemble. Nous nous soutenons, nous entraidons dans les moments difficiles et nous réjouissons des performances de l’autre. Cela revient à avoir son meilleur ami pour coéquipier.
Être la première femme belge de l’histoire à remporter une médaille individuelle aux Jeux Olympiques d’hiver, à Bejing en 2022, a-t-il représenté le point d’orgue de votre carrière jusqu’ici ? Le moment le plus marquant pour moi reste ma médaille d’or aux championnats d’Europe, en janvier 2023. J’ai encore des frissons en revoyant les images de cette course et mon passage de la quatrième à la première place. Mais cette victoire aux Jeux Olympiques était bien sûr une grande joie et j’espère qu’elle donnera à d’autres sportives le désir de se lancer en patinage mais surtout la possibilité d’y croire. Même si le chemin est difficile, devenir une athlète de haut niveau est tout sauf un rêve inatteignable.
De votre côté, aviez-vous des modèles sportifs ? Pas parmi les athlètes féminines, mais j’étais et reste admirative du style et de la technique de mon frère.
Vous avez souffert au cours des années de plusieurs blessures, notamment une fracture à la clavicule et une commotion cérébrale. Ce sport en demande-t-il énormément physiquement ? Oui, tout comme psychologiquement d’ailleurs. J’ai souffert de troubles de l’équilibre durant des mois après à la commotion cérébrale que j’ai subie en 2021. Mais plus encore, il fallait gérer la peur de retomber. C’est un sport très exigeant et technique, où une bonne condition physique ne suffit pas. La confiance en soi y est un élément majeur. Certains jours, l’on enchaîne cinq courses d’affilée, cela laisse peu de place aux doutes.
Que ressentez-vous sur la glace ? C’est grisant. Et inouï de constater à quel point on peut gagner en vitesse à chaque amélioration technique. Le patinage permet des prouesses époustouflantes, sans parler des sensations qu’il procure. Et le short-track est tout à la fois dangereux et excitant et demande une bonne dose d’agilité. Le summum du cool selon moi.
Quels challenges vous fixez-vous ? Après un Noël passé en Belgique, Stijn et moi partirons pour la Hongrie en vue de nous y entraîner jusqu’aux championnats d’Europe, qui débuteront le 12 janvier 2024 en Pologne. J’espère bien sûr remporter toutes les courses auxquelles je participerai, mais mon objectif premier est de m’améliorer et de progresser un maximum d’ici aux futures grandes échéances qui m’attendent, comme les Championnats du monde en 2024 et les Jeux olympiques d’hiver qui se dérouleront dans deux ans.
Quelles sont, selon vous, les qualités qui vous portent vers la victoire ? En tant qu’athlète, certainement mon endurance. Je possédais déjà une force physique conséquente bien avant d’acquérir de la technique. Humainement, sans doute ma capacité à prendre soin des autres. J’ai 27 ans et je suis désormais la plus âgée de notre team. J’y joue un rôle de grande sœur.
De quoi êtes-vous la plus fière aujourd’hui ? De notre évolution en tant qu’équipe. Ayant réussi en partant de rien, à se hisser parmi les acteurs majeurs de ce sport au niveau mondial. De nos liens aussi et de notre complicité après tant d’années ensemble. A titre personnel, comme avec eux, je brûle de chausser encore mes patins pour relever de nouveaux défis.
NICOLAS COLSAERTS, un parcours au firmament
NICOLAS COLSAERTS
Un parcours au firmament
Mots : Barbara Wesoly
PHOTOS : FRED FROGER
Depuis 23 ans, Nicolas Colsaerts électrise les greens et galvanise les passionnés de golf. En septembre, celui que l’on surnomme le « Belgian Bomber », pour sa puissance de frappe comme pour ses racines bruxelloises, revêtira la casquette de vice-capitaine européen de l’illustre Ryder Cup.
Un sacre à la saveur particulière, pour le recordman épris de défis.
Quels sont vos premiers souvenirs liés au golf ? J’ai tenu pour la première fois un club à six ans, au golf de Boitsfort. Il s’agissait de réaliser un peu de putting, de petits coups puis de savoir taper une balle à plus de 90 mètres. Cela a été ma première victoire sur un green. Mais c’est seulement vers douze ans que je me suis réellement épris de la discipline et envisagé d’en faire ma carrière.
S’en est suivi un palmarès époustouflant. Qu’estimez- vous être le plus grand défi que vous ayez été amené à relever au cours de ces 23 années ? Être passé à quelques centimètres du hole in one lors des J.O de 2016 ? Avoir battu Tiger Wood en Ryder Cup en 2012 ? Mon plus grand challenge et de fait ma plus grande satisfaction est d’avoir été capable de conserver les pieds sur terre et de garder les valeurs qui m’étaient chères. Quand on évolue dans un environnement de haut niveau, en obtenant son droit de jeu sur le circuit européen à 18 ans, on peut perdre le cap, oublier qui l’on est vraiment. Je suis aussi très fier d’avoir marqué la vie des gens. Je n’aurais jamais cru qu’un jour des enfants comme des adultes suivraient ma progression et mes scores. Gamin on a toujours des rêves fous, mais personnellement, j’ai eu la chance d’en réaliser bon nombre. De jouer de grands tournois, d’être en tête de deux US Open, du British, de participer à une Ryder Cup.
Vous avez d’ailleurs affirmé que la Ryder Cup est à vos yeux la plus belle compétition au monde. Qu’avez-vous ressenti face à votre nomination au titre de vice-capitaine européen de cette édition 2023 ? Avoir pu y prendre part en 2012 était déjà incroyable, mais mettre cette fois ma pierre à l’édifice depuis le backroom staff, est une véritable consécration. La Ryder Cup est une épreuve d’exception, de par son prestige et le fait qu’elle n’offre pas de gain, mais aussi car elle oppose l’Europe aux Etats-Unis. Pouvoir représenter son continent et qui plus est en équipe, a une saveur inédite. Être désormais vice-capitaine, c’est être d’une autre façon en première ligne. Notamment en conseillant et informant le capitaine, en s’impliquant dans la composition de l’équipe et en gérant les joueurs.
Quand l’ensemble de la sélection de l’équipe européenne sera-t-elle connue ? Et peut-on espérer y retrouver nos deux compatriotes Thomas Pieters et Thomas Detry ? Nous sommes encore dans la période de qualification, jusqu’à deux à trois semaines avant la Ryder Cup, qui amènera la sélection automatique de six joueurs, en fonction de leurs résultats. Les six autres seront choisis par le capitaine. Thomas Pieters et Detry sont toujours en lice. Et je leur souhaite d’y parvenir. Nous sommes unis par un lien indélébile, du fait de venir d’un petit pays, d’avoir joué les mêmes parcours.
Comment pressentez-vous la compétition qui se déroulera au Marco Simone Golf Club de Rome du 29 septembre au 1er octobre 2023 ? Historiquement, nous sommes toujours considérés comme les outsiders, les joueurs américains étant globalement au-dessus des Européens dans la moyenne du classement mondial. Un principe encore renforcé du fait d’avoir perdu la Ryder Cup 2021. Mais, si l’on fait le compte des vingt dernières années, ils ne l’ont au final remporté que deux fois. Nous retrouver sur nos terres est aussi un avantage, comme pour une équipe de football qui joue à domicile.
Cette année 2023 porte encore les échos de l’épreuve que vous avez subie il y a deux ans, lorsqu’en novembre 2021, vous avez souffert d’une maladie rénale rare, ayant grave- ment fragilisé votre système immunitaire. A-t-elle été source de remise en question pour vous ? Oui, humainement surtout. Je ne l’aurais pas vécu de la même manière à 25 ans, qu’aujourd’hui, à 40 ans, quelque part en fin de carrière, marié et père de deux enfants. Je n’avais jamais dû faire face à la maladie et soudain je me retrouvais sur un lit d’hôpital, sans savoir si j’allais m’en sortir. Cela remet les choses en perspective et permet de réaliser à quel point ceux autour de nous, nous sont précieux.
Quelles sont vos ambitions pour la suite de votre carrière ? J’ai eu énormément de chance, en seulement un an, de pouvoir revivre une existence normale, mais je garde encore certaines difficultés à refaire des performances correctes, du fait de mon état émotionnel. Le mental est complexe à gérer. J’espère mener ma carrière aussi loin que possible. Je continue à me battre, à avancer, semaine après semaine. J’ai quatre à cinq tournois à jouer d’ici la Ryder Cup, qui m’occupera de la mi-août à la fin septembre. Autant de défis passionnants à relever.
MATTHIEU BONNE, l’appel de l’extrême
MATTHIEU BONNE
L’appel de l’extrême
MOTS : BARBARA WESOLY
PHOTOS : STEFANIE REYNAERT
Rien ne semble pouvoir freiner les prouesses époustouflantes de Matthieu Bonne, pas plus que sa soif de défis. Tout à la fois athlète endurant et aventurier exalté, le Ouest-Flandrien de 29 ans, carbure au dépassement de soi.
Vous êtes triathlète, cycliste, surfeur, alpiniste. Quel est votre moteur ? Dépasser mes limites, repousser l’impossible et expérimenter toujours plus fort et plus loin. J’ai toujours adoré le sport. Petit, je débordais d’énergie et je pratiquais l’athlétisme, le judo, le basket, mais sans objectif précis. Et puis, il y a trois ans, je suis parti en voyage en Indonésie et j’y ai escaladé un volcan haut de 3100 mètres. A l’épo- que, je traversais une période compliquée, une profonde remise en question. J’ignorais ce que je désirais faire de mon existence. Connaître la souffrance intense de l’ascension, contempler cette vue magnifique et me retrouver ainsi en connexion avec la nature a été une véritable révélation et m’a permis de trouver un but à ma vie. A mon retour, je suis parti gravir le mont Fuji au Japon, puis ce fut au tour du mont Blanc français. J’ai ensuite enchaîné sur mon premier véritable défi, le Marathon des Sables, une course à pied d’endurance en autosuffisance alimentaire, se déroulant au Maroc. Depuis, je n’ai cessé de rechercher les défis les plus fous. C’est devenu ma profession, mais aussi ma vocation.
En moins de cinq ans, vous avez accu- mulé les exploits, devenant le premier à parcourir le littoral belge à la nage sans interruption, réalisant huit triathlons en huit jours. Et, en mars dernier, parcourant 3619 kilomètres à vélo en sept jours, sur les routes de l’Arizona. Est-ce le challenge ou le record qui vous fait vibrer ? Il y a bien sûr la difficulté. Je suis un athlète qui aime les disciplines d’endurance mais aussi un aventurier, guidé par l’adrénaline et mordu de sensations fortes. Et puis il y a l’envie de prouver au monde que tout est possible grâce à la force de la volonté et du mental. Au début de ma carrière sportive, je réalisais ces exploits uniquement pour moi, par plaisir personnel et puis j’ai réalisé à quel point ils étaient susceptibles de motiver d’autres individus à se dépasser. J’aimerais inspirer les gens, leur donner la volonté d’expérimenter, de vivre leurs rêves, en n’hésitant pas à prendre des risques, car c’est dans le sillage de ceux-ci que l’on obtient les plus belles des récompenses
La peur est-elle aussi parfois partie prenante de vos aventures ? Cela fait partie du challenge. Les risques rendent l’épreuve d’autant plus attractive. Après tout, si c’était facile, pourquoi le tenterais-je ? Je n’en ressentirais aucun accomplissement. Alors que si cela m’effraye, y parvenir me laisse un incroyable sentiment de fierté personnelle.
Comment décidez-vous quels nouveaux défis entreprendre ? Je fonctionne au feeling et à l’intuition. Je ne planifie pas vraiment à l’avance, préférant vivre le moment présent. Demain ne présente aucune certitude et profiter d’aujourd’hui n’en est que plus précieux. Alors, quand un challenge se présente sur ma route, je ne réfléchis pas vraiment et je fonce. C’est comme ça que je me retrouve à pédaler 20 heures par jour au cœur des USA, avec des pauses de trois-quatre heures de sommeil, ou à parcourir les huit îles des Canaries pour y réaliser un triathlon sur chacune. Je saisis toutes les chances que l’existence place sur mon chemin.
Avec quelle prouesse sportive vous retrouvera-t-on prochainement ? Cette année, j’ai pour but d’obtenir trois records mondiaux dans trois disciplines différentes. J’en ai déjà obtenu un en cyclisme. Prochain objectif en août avec de la natation et ensuite, la course à pied. J’ai la chance d’être soutenu par une équipe formidable, qui m’accompagne et croit en moi. Ils étaient présents en Arizona mais aussi sur le bateau durant les 23 heures qu’il m’a fallu pour boucler les 74,64 km du littoral belge. Je leur dois énormément.
Qu’est-ce qui vous rend heureux ? La nature. Elle est indissociable de mon amour du sport et sans elle, je n’aurais accompli aucun de ces exploits. J’ai toujours été une personne assez solitaire, qui n’aimait pas les fêtes mais préférait se balader sur la plage ou partir en camping sauvage en forêt. La nature m’inspire, me fait vibrer et j’y puise ma force. Elle rend mes aventures d’autant plus belles et excitantes. Et même si je les accomplis en solo, au final, je ne suis jamais vraiment seul, vu qu’elle est tout autour de moi.
La consécration de Loena Hendrickx
La consécration de Loena Hendrickx
Mots : Barbara Wesoly
Photo : Patricia Delay
Quadruple championne de Belgique, médaillée d’or au Grand Prix de France et vice-championne du monde. Du haut de ses 23 ans, Loena Hendrickx offre à notre pays ses lettres de noblesse en patinage artistique, comme nulle autre avant elle. Et n’en a pas fini de s’élever vers les sommets.
Elle chemine sur la glace, légère et aérienne, forte d’une aisance qui donne une impression trompeuse de facilité. Dans chaque mouvement, on perçoit l’expertise d’une carrière, couronnée de succès et d’or pour la première fois dès 17 ans, aux championnats de Belgique. Et la passion fiévreuse d’une discipline débutée dès la petite enfance. Entourée de trois grands frères, Loena grandit dans les allées de la patinoire et ne tarde pas à s’y aventurer également. « Mes parents nous emmenaient tous les week-ends sur la glace, avec des amis, juste pour le plaisir. C’est ainsi que j’y ai pris goût. Et c’est devenu une histoire de famille. Deux de mes grands frères sont des fanatiques de hockey sur glace et le troisième a entrepris une carrière de patineur olympique. De mon côté, si j’ai testé la danse et la natation, le patinage demeurait le sport qui me passionnait et dans lequel je désirais persévérer. »
Grandir sur la glace
C’est ainsi que rapidement, le hobby laissa la place aux entrainements intensifs et aux espoirs de futures victoires. Un rythme de vie qui, comme pour tous les jeunes sportifs, imposa alors à Loena des sacrifices, de même qu’il forgea une motivation chevillée au corps. « Mon existence n’était tournée que vers le sport. Enfant je changeais de classe tous les six mois, pour pouvoir combiner les cours au patinage artistique et il était dès lors très difficile de me faire des amis et de les garder. Et je ne pouvais pas sortir avec mes copains, ayant entrainement le lendemain. Il y a eu le harcèlement scolaire aussi et la jalousie. Mais en parallèle, le patinage m’a rendue plus forte. J’étais une petite fille timide et il m’a permis d’acquérir confiance en moi. Aujourd’hui je sais ce que je veux et je suis déterminée à l’obtenir, sur la glace comme dans les autres domaines. »
Tomber pour mieux se relever
Une ténacité et une énergie présentent depuis 2016, les premiers championnats et les premières victoires. Des podiums qui depuis s’enchainent en un palmarès déjà époustouflants. Jusqu’à cette consécration de vice-championne du monde, arrachée dans la douleur, aux Mondiaux de Montpellier en mars 2022. « Je me suis blessée durant ce championnat. C’était très difficile. J’avais déjà connu ce genre de revers après les Jeux olympiques de 2018, où j’avais fini 16e. Des problèmes de santé m’avaient alors maintenu à l’écart des compétitions durant deux ans. Mais le mantra qui me guide est « fais ce que tu aimes et n’abandonne jamais » et il m’a porté. M’a prouvé que tant qu’on croit en soit, on est capable de tout réussir. »
Juste le commencement
Ce 5 novembre 2022, jour de son anniversaire, Loena Hendrickx a décroché l’or au Grand Prix de France disputé à Angers, l’amenant plus loin que tout autre belge, en patinage artistique masculin comme féminin. Un sacre pour la jeune campinoise mais aussi et toujours une victoire familiale, puisque depuis 2019, son entraineur n’est autre que son frère Jorik, lui aussi patineur artistique. « Il est mon plus grand modèle et ses réalisations me poussent à aller toujours plus loin ». Vers un nouvel envol et dans son sillage, toucher du doigt le rêve de nouveaux exploits. La prochaine étape dans son agenda ? Le championnat du monde de 2023, à Saitama au Japon, auquel elle compte bien réaliser des prouesses. Une résolution sublimée par le talent, qui force l’admiration.
www.loenahendrickx.com
Clément Geens - Passion padel
Clément Geens
Passion padel
Mots : Yves Merens
Photos : Kristijan Kuzel
Le padel prend de l’essor en Belgique depuis quelques années. Le Waterlootois Clément Geens en est le fer de lance. A 26 ans, à la fois champion de Belgique, meilleur Belge et directeur technique de la fédération, il ne tarit pas d’éloge sur sa nouvelle passion.
Clément, comment êtes-vous venu au padel ? J’étais joueur de tennis professionnel mais j’avais des blessures à répétition au bras gauche, ce qui ne permettait plus de faire le revers à deux mains. A côté, j’ai commencé à jouer au padel quelques fois par an. Le revers s’y joue à une main. Progressivement, je suis devenu vraiment fan de ce sport. J’y joue depuis trois ans et demi.
Vous en vivez ? Pas tout à fait, avec mon équipierJérôme Peeters, nous sommes champions de Belgique et j’ai créé avec mon ami François Azzola une école, laPadel Events Academy. Nous donnons des cours pour tous les âges et aussi pour les personnes sourdes ou malentendantes.
Vous êtes aussi directeur sportif de la fédération ? Oui, l’AFT Padel, où je m’occupe des formations des cadres pour qu’ils puissent donner cours, de créer des sessions d’entrainement pour les jeunes champions, de chapeauter les championnats d’Europe et du monde. Et on a déjà monté 25 journées découvertes pour 50 à 60 jeunes chaque fois.
C’est vraiment un virus ce padel, qu’y trouvez-vous ? C’est un sport dynamique, accessible puisqu’il est moins technique que le tennis. J’adore que ce soit un sport d’équipe. J’aime la proximité avec les adversaires, on se parle, on échange. En plus, on joue avec les vitres, donc les échanges durent plus longtemps qu’au tennis, c’est plus intense.
Pour vous, le directeur technique, pourquoi le padel a-t-il un si grand succès ? C’est grâce au coronavirus. Ce sport était autorisé pendant la crise, donc beaucoup de gens l’ont essayé à la place de leur sport favori qui était interdit. Souvent, le padel est devenu leur premier sport.
Vous devez être fier d’être à la genèse de ce sport en Belgique ? C’est le padel lui-même qui fait tout. Il explose parce qu’il est vraiment fun.
Beaucoup de gens s’y intéressent. Yannick Carrasco a créé des terrains à Vilvoorde, Marck Coucke investit dans la création de 150 terrains en Belgique. Même Zidane a un club.
Quels sont vos objectifs sportifs ? Je suis content, avec Jérôme, nous avons été sélectionnés pour aller à Doha, aux Championnats du monde de padel. Ils auront lieu en novembre 2022.
Là, je vous laisse, je suis en tournoi en Italie et j’ai un match à jouer dans 30 minutes.
A fond la passion, bravo Clément !
Le padel, c’est quoi ?
Le padel est complètement addictif. Dérivé du tennis, du squash et du badminton, le padel se joue exclusivement à 4 joueurs, en double, sur un court plus petit et encadré de murs et grillages. La balle peut rebondir sur les parois. Les raquettes de padel sont propres à ce sport. Ce sont des raquettes sans cordage percées de trous.
C’est un Mexicain qui l’invente dans les années 70. Passionné de tennis, il décide de faire construire un court chez lui. N’ayant pas assez d’espace, il bâtit alors un court de 20 mètres sur 10 et de 3 mètres de haut, entouré de murs.
En Belgique, le premier terrain date de 1992, à Waterloo. Mais ça, c’était bien avant l’énorme engouement actuel.
Partenariat entre Eleven By Bullpadel à Nivelles et Padel Events Academy avec Clément Geens et François Azzola
www.elevenpadel.be
www.padeleventsacademy.be
www.aftpadel.be
Thomas Genon - Star du slopestyle made in USA
Thomas Genon
Star du slopestyle made in USA
Mots : Yves Merens
Photos : DR
A 28 ans bien faits, Thomas Genon profite d’une carrière de VTTiste hors norme. Entre ciel et terre, ce Liégeois est un des meilleurs en slopestyle, une discipline extrême qui donne des ailes, suivez mon regard…
Comment décrire votre discipline ? Je fais du VTT professionnel. En américain, on dit MTB pro. C’est plus stylé. Je suis spécialisé en slopestyle et freeride. C’est un sport extrême qui vient des USA. C’est un peu comme du snowboard ou du ski de figures aux Jeux olympiques d’hiver. On réalise des figures avec le vélo qui sont notées par des juges sur le style, l’amplitude, la difficulté, etc.
Vous avez un sacré niveau ? Je suis dans le top 12 mondial. J’ai fait mes meilleurs résultats entre 18 et 25 ans en slopestyle, notamment dans des les meilleures compétitions comme les Red Bull Rampage. Ca se passe en Utah, dans un désert de terres rouges. (NDLR : à voir sur Youtube.) J’ai aussi été champion du monde en 2015.
Quelle est votre figure préférée ? J’ai l’expérience plutôt que la fougue. En fait, je cherche la figure parfaite. Ma force, c’est l’exécution. La plus propre possible. J’essaye de choisir une figure compliquée et je la rends la plus jolie à regarder. J’essaye d’apporter du style dans la réalisation. J’aime bien, par exemple, le « Cashroll », c’est un salto avant vrillé.
Tout ça à vélo, ça demande des heures de travail…
C’est un sport extrême et c’est ma passion. C’est un sport jeune mais exigeant si on veut des résultats. Je roule 2 à 3 heures par jour 5 fois par semaine. En plus, je fais de la musculation, etc. Ce qui me plait, c’est qu’il n’y a pas de pression, à part la performance que l’on veut réaliser. Je n’aurais pas pu faire un sport artistique comme au JO. Moi, je n’ai pas de coach.
J’ai grandi dans des skateparks, dans un milieu avec des gens alternatifs et beaucoup de respect. Cela rend sain, serein. Toutes ces belles rencontres m’ont permis de m’exprimer. Dans ce sport, le respect des autres permet de s’épanouir. On peut être qui on veut, vraiment soi en fait.
Les expériences passent aussi par des tournages magnifiques ? Oui, ce sont des projets vidéo dans lesquels je peux m’exprimer comme je veux, en dehors des compétitions. C’est beaucoup de boulot de préparation. On compose les rampes, on s’entraine pendant des jours pour 3 minutes au final. Mais on est libre.
Il y a un projet en Belgique ? Oui, on y travaille, cela se passera, j’espère, dans ma région liégeoise. Mais pas de pression, patiente.
Quel est votre sportif belge préféré ? Mon père faisait de la moto enduro. C’est comme ça que je suis vite arrivé en deux roues, à vélo. Je pense particulièrement à Stefan Everts. Son sport, le motocross, est proche du mien.
Une fameuse référence puisque Evers a été de nombreuses fois champion du monde, a gagné cinq fois le motocross des Nations. Un champion hors-norme, comme Thomas Genon dans son style.