ALEX VIZOREK
« L’idéal, c’est de pratiquer l’humour potache sans jamais prendre les gens pour des cons »
MOTS : SERVANE CALMANT PHOTO : GILLES COULON
Notre compatriote Alex Vizorek est un artiste inclassable. Stand-upper inspiré, humoriste philosophe, chroniqueur pertinent, auteur surprenant, il sera également aux commandes d’un nouveau talk-show télévisé sur France 2 le 5 novembre 2023.. Avec un pied à Paris, un pied à Bruxelles,
Alex l’infatigable marche droit devant.
Vous partagez votre temps entre Paris et Bruxelles. Dans quelle ville vous sentez-vous vraiment chez vous ? Je me sens profondément belge. Je ressens ce sentiment universellement répandu d’appartenir au pays de ma naissance. Et ce pays, c’est la Belgique, indiscutablement. Mais j’habite également Paris depuis 15 ans et ce n’est pas un lieu de passage. J’y ai mes amis, mon travail, mes habitudes. Je ne pourrais plus choisir entre Bruxelles et Paris. Voyager entre les deux me convient parfaitement. D’autant que je suis doublement chanceux : Paris m’a accepté et, parallèlement, je suis toujours considéré comme un Belge en Belgique. Je ne suis pas un exilé qui ne sait plus d’où il vient.
En 2023, les Belges continuent à dire qu’ils « montent à Paris ». Or, géographiquement parlant, nous « descendons à Paris ». Ce provincialisme, il vous agace ? Il y a un côté pyramidal dans la réussite artistique dont le sommet s’appelle Paris. Cette logique parisienne, je la vis au quotidien et je fais tout pour la combattre, car je suis pire qu’un provincial, je suis un étranger !
Un étranger qui a sacrément bien réussi. Merci. Gamin, déjà, j’estimais que Paris était l’aboutissement de la réussite. Mes parents avaient programmé les chaines de télévision françaises avant les chaines nationales, ça vous forge un homme. J’ai toujours été influencé par Paris, même s’il me faut gérer le stress de la ville. En Belgique, il y a un côté plus plan-plan, qui n’en est pas moins agréable. Par chance, mon succès parisien rejaillit sur mon pays.
La condescendance parisienne envers le Belge, est-ce de l’histoire ancienne ? L’époque de l’assimilation forcée où Annie Cordy et Brel étaient considérés comme Français, est révolue. Le Belge est réputé sympa, grâce notamment à Geluck et Poelvoorde. Les artistes belges qui sont venus après, Damiens, Elfira, moi, et beaucoup d’autres, ont pu profiter de ce changement d’attitude des Parisiens envers les Belges. Désormais, nous sommes considérés comme cool et exotiques.
« Télématin » sur France 2 en radio, « En bande organisée », un nouveau talk-show sur France 2 en TV et « RTL Soir » sur les ondes de RTL France (à écouter sur le web). Vous êtes carrément devenu l’un des princes du PAF français ! A l’annonce de mon départ de France Inter et sa matinale pour rejoin- dre RTL France, j’ai reçu beaucoup de réactions, positives comme négatives. Ce départ « passionnait » les auditeurs, au-delà de mon seul cercle familial. De toute évidence, en treize années sur les ondes françaises, j’ai réussi à me faire un petit nom… Cela m’a fait plaisir.
A quoi doit-on s’attendre avec « En bande organisée » ? Deux humoristes, Philippe Caverivière et moi, seront aux commandes d’un talk-show humoristique produit par Arthur et diffusé tous les dimanches après-midi sur France 2.. Nous accueillerons des invités et d’autres humoristes spécialistes du stand-up. Cette émission est née du constat qu’il n’y avait plus de programme humoristique en France. En Belgique, il y a « Le Grand Cactus » …
Vous nous avez concocté un « Grand Cactus » à la française ? Non, l’esprit 100% potache du « Grand Cactus » n’est pas adaptable en France. Il y aura du potache dans « En bande organisée » mais en alternance avec un humour plus incisif, plus poil à gratter. J’espère que nous trouverons la bonne recette !
Artiste résolument inclassable, vous avez encore eu récemment une bonne idée : raconter « L’histoire d’un suppositoire qui voulait échapper à sa destinée ». Vous auriez pu en faire un sketch radiophonique, mais non, vous nous avez concocté un livre illustré pour enfants et pour adultes… J’ai adoré traduire cette idée loufoque en un récit illustré. Au début, personne n’en voulait. Puis, j’ai rencontré une éditrice aussi barrée que moi. La BD a cartonné. Tant, que je lui donne une suite qui sortira le 17 octobre prochain et s’intitulera « L’histoire du suppositoire qui visait la lune », aux éditions Michel Lafon Jeunesse.
Vous êtes un véritable philosophe …
(Rire) Le véritable Alex Vizorek est aussi potache que nietzschéen. L’idéal, c’est de pratiquer l’humour potache sans jamais prendre les gens pour des cons.
Avoir de bonnes idées : une excellente manière de résumer votre métier … Exactement. Trouver une idée, la rendre drôle, et choisir le bon moyen de l’exprimer.
Alex, on vous voit tout prochainement en Belgique avec votre spectacle « Ad Vitam » et on vous croise au Petit Kings ! Je reviens en effet sur mes terres d’origine avec mon dernier spectacle pour de nouvelles dates (à Auderghem, Wavre, Mons, Spa … nda). Et, le 1er septembre dernier, avec l’équipe du Kings of Comedy Club, on a en effet ouvert « Le petit Kings » à Saint- Gilles. C’est le petit frère du « Kings » à Ixelles. Offrir à de jeunes talents un lieu bruxellois où s’exprimer, avant de s’exporter, à Paris, qui sait ?, me tenait particulièrement à coeur.
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