Baptiste Cuvelier
A la croisée des époques et des univers
Mots : Barbara Wesoly
Photos : Baptiste Cuvelier
On pourrait croire certaines de ses photographies issues d’un autre siècle, ayant figé des jours depuis longtemps révolus. Tout comme on en perçoit dans d’autres des instants vibrants, vivants, semblant tout juste saisis. Alternant noir et blanc et couleurs profondes, navigant entre l’argentique et le digital, Baptiste Cuvelier magnifie l’arrêt sur image.
Vos photos paraissent jouer à pile ou face. Pile, des véhicules rétro qu’on croirait sortis d’un film d’époque. Face, des images de chevaux fougueux et de parties de polo. Révèlent-elles une dualité en vous ? Plutôt deux parts de moi qui se côtoient. Je suis passionné par les voitures de collection et tout ce qui touche aux moteurs, pourvu que ce soit vintage. Quant aux chevaux, ils m’ont accompagné toute mon existence. Je n’aurais donc pu trouver meilleurs modèles. Je suis cavalier professionnel et j’ai pratiqué très longtemps avant de lancer une société de rénovation de maisons. Aujourd’hui, je reviens à ces premières amours, puisque ma compagne et moi avons racheté une fermette avec une écurie, pour y travailler ensemble.
Vous capturez également des paysages et animaux à la beauté indomptée. Est-ce la photo qui vous a amené à la nature ou l’inverse ? J’ai eu la chance de passer mon enfance à observer des chevreuils et des sangliers. Notre maison donnait sur la forêt et les champs et après l’école, j’enfilais mes bottes et partais en courant jouer dans les bois. En grandissant, j’ai commencé à voyager en mode baroudeur, fasciné par les animaux sauvages, je les immortalisais avec mon téléphone. Puis un jour, il m’est venu l’idée d’emmener un vrai appareil. Je me suis alors formé progressivement en autodidacte. J’ai d’abord photographié des renardeaux, puis des ours, des baleines, des meutes de loups. Et cet hiver, j’ai prévu d’aller en Bosnie-Herzégovine à la rencontre de chevaux des montagnes.
Capturer ce type de clichés demande-t-il de mettre le monde en pause ? Oui, totalement. Je n’ai jamais voulu aller me poster dans des affûts, où l’on appâte les animaux pour saisir l’instant parfait. Ce qui me plaît, c’est de me fondre en toute discrétion et en solitaire dans leur environnement. J’ai ainsi déjà dormi en forêt pour ne pas quitter un spot, patienté des heures jusqu’à me faire oublier et obtenir deux minutes d’une lumière unique. Je suis parti en Norvège pour photographier des bœufs musqués, avant de devoir rebrousser chemin sous moins 40 degrés. Les souvenirs qui en ressortent sont d’une intensité rare.
Vos images sont empreintes d’une atmosphère vintage et vous en photographier une bonne part en argentique. Êtes-vous au fond un nostalgique ? Ce qui m’importe c’est de capter le véritable caractère d’un moment. Lorsque j’immortalise du sport mécanique avec des ancêtres, cet effet rétro me permet de les replacer dans leur époque. J’aime le grain de l’argentique, notamment en noir et blanc mais aussi ses tonalités pastel, un peu passées. Et même lorsque je photographie en numérique, je refuse d’accumuler des centaines de clichés. J’analyse longuement avant de presser sur le déclencheur. Je suis ainsi revenu de Suède avec seulement 5 clichés. Pour moi, c’est la rareté et l’attente qui donnent aux photos toute leur valeur.
Vous avez rejoint le catalogue des cadres photos digitaux IONNYK, pionnier belge. Une façon de proposer un autre biais esthétique pour votre travail ? La qualité en est absolument incroyable et je suis honoré de prendre part à cette collection d’artistes prestigieux. C’est aussi l’occasion de voir mes photos voyager et de concevoir d’autres formes de projets, puisque je propose désormais aux possesseurs de voitures de collection ayant un modèle IONNYK, une journée de shooting dédiée, dont ils pourront conserver le résultat unique sur leur cadre. Pour moi qui n’aime rien tant que les récits qui se rattachent aux photos, c’est une expérience exceptionnelle.
Instagram @baptiste.cuvelier
www.ionnyk.com
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