Restaurant Le Corbier
Une renaissance signée Gerald Watelet
Mots : Servane Calmant
Photos : Luc Viatour
Quand il s’agit de relever des défis passionnants, Gerald Watelet – personnalité médiatique, cuisinier, maître d’hôtel, décorateur – le fait avec panache. Ce fringant sexagénaire aux multiples talents redonne vie au Corbier, table historique du Sablon vouée à reprendre sa place parmi les incontournables de la scène culinaire bruxelloise et à devenir un véritable repaire pour épicuriens …
Le Corbier d’Amin a marqué les esprits pendant de longues années. On venait y déguster des grillades, qui ont établi la renommée de l’endroit, à l’issue d’une pièce de théâtre, d’un film, d’un apéro à rallonge. Il était 23 heures et Amin était toujours ouvert… A la belle époque, les célébrités de passage à Bruxelles s’y pressaient, de Delon à Christopher Lee. On croisait Maurane également, et Adamo. Mais les années ont passé, d’autres bonnes adresses conviviales ont pris le relais, et Amin a fini par cesser ses activités …
Plus qu’une naissance, c’est donc d’une renaissance qu’il faut parler avec la réouverture du Corbier. Renouveau sous la houlette d’un trio complice : Gerald Watelet, personnalité médiatique (« C’est du Belge » et « Un Gars, un Chef », deux émissions phares de la RTBF), Arnaud le Grelle et Delphine Roberti de Winghe, un jeune couple d’épicuriens. «Arnaud et Delphine qui fréquentaient le Corbier depuis une dizaine d’années, ont eu l’opportunité de le racheter, et ils m’ont proposé de les rejoindre dans cette aventure », explique Gerald Watelet.
Propriétaire d’une boutique à Uccle qui propose des services de rénovation, décoration et restauration, Gerald a évidemment été sollicité pour la déco, du mobilier au choix de la vaisselle, en passant par l’éclairage. Si le Corbier n’est donc pas, à proprement parler, le restaurant de Gerald Watelet, il porte indéniablement sa patte, notamment à travers une déco bourgeoise, opulente, somptueuse. Mais pas uniquement. Le cuistot d’ « Un Gars, un Chef » a également collaboré à l’élaboration de la carte avec Olivier Chanteux, un chef adepte de la bonne cuisine bourgeoise revisitée.
Qu’ont-ils gardé ? Qu’ont-ils changé ?
« La transformation est totale, vous ne reconnaîtriez pas l’endroit ! », s’exclame Gerald. Le Corbier arbore désormais une façade couleur jade, tandis qu’à l’intérieur, briques, vieilles poutres et cheminée côtoient un puits de lumière qui vient apporter une nouvelle respiration à l’espace. Le velours, omniprésent, tapisse banquettes et murs, le nappage et les serviettes sont en tissu, la vaisselle à fleurs, les verres gravés et l’argenterie brillent. « Nous avons souhaité un luxe feutré, intemporel, à contre-courant des tendances. C’est la revanche du classique, avec un clin d’œil aux grandes heures de l’hôtellerie d’autrefois. Je n’ai pas cherché à être au goût du jour car ce n’est pas dans ma nature. Suivre la mode, c’est déjà être dépassé. Et ne me parlez pas de ces restaurants où l’on commande sur son Smartphone avant d’aller chercher sa commande au comptoir, c’est un non-sens pour moi ! Le service à l’ancienne, c’est mon crédo, et j’y tiens. »
Et dans l’assiette ?
La carte promet d’être généreuse. « Pâté de campagne, côte de bœuf sauce béarnaise avec des frites maison, crêpes Suzette. Des produits frais de chez-nous et une sélection de vins belges. Bref, tout ce que j’aime. Pour les fumeurs, on a prévu un véritable fumoir, cosy, avec banquettes en velours, où savourer un bon cigare après le repas. C’est un restaurant chic certes, mais pas élitiste ».
Peu friand des restaurants étoilés, trop complexes à son goût, Gerald Watelet apprécie beaucoup les brasseries de tradition, à l’instar de la famille Niels où il avoue commander systématiquement la cervelle de veau sauce gribiche. « Si le Corbier arrive à fidéliser la clientèle avec l’un ou l’autre plat, alors la sauce aura pris… »
A l’instar du Corbier d’Amin qui a toujours accueilli les clients tardivement, le trio Gerald/Arnaud/Delphine promet que « les commandes seront encore prises à minuit ». De quoi ravir les Bruxellois qui sortent d’un vernissage et qui ne trouvent plus de tables libres à la tombée de la nuit…
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