L’Orchidée Blanche de Katia Nguyen
« Restauratrice, c’est en quelque sorte apprendre à monter sur scène … »
Mots : Servane Calmant
Photos : DR
Ouvert depuis 1986, le restaurant L’Orchidée Blanche témoigne d’une édifiante longévité, affiche souvent complet, enchante toujours et a même été couronné du prix de l’Asiatique de l’année 2015 par le Gault & Millau Belgique. Le mérite en revient à la patronne, Katia Nguyen, restauratrice pleine d’entrain, qui invite chaque client à un véritable voyage de saveurs au pays du sourire.
Originaire de Saïgon, vous êtes arrivée en Belgique en 1972 pour faire des études en sciences politiques à l’ULB. Et vous êtes restée chez nous. La Belgique est-elle devenue votre deuxième patrie ? Oui, tout à fait, c’est mon pays d’adoption. Après la Guerre du Vietnam, je n’ai pas pu rentrer au pays et je me suis lancée dans la restauration à Ixelles, dans le quartier de l’université. C’était il y a 38 ans… J’ai acquis la nationalité belge, pour autant, je n’ai pas oublié mon pays d’origine. Ni le respect des traditions, ni le sens de l’accuei, ni la politesse qui le caractérisent si bien.
Retournez-vous parfois au Vietnam ? Chaque année. J’y fais notamment confectionner l’áo dài, la robe brodée traditionnelle vietnamienne que portent toutes les serveuses de L’Orchidée Blanche. J’y achète également de la vaisselle et d’autres accessoires de la table. Ces voyages au Vietnam sont également l’occasion de rencontres et d’échanges avec de grands chefs de restaurants gastronomiques locaux, que j’espère pouvoir inviter un jour à L’Orchidée Blanche.
Le sens de l’accueil est-il une des clés de l’exemplaire longévité de votre enseigne ? En 38 ans, L’Orchidée Blanche a en effet acquis une belle notoriété. J’ai vu défiler dans mon établissement quatre générations d’une même famille et des clients de toutes les strates sociales. Cela fait plaisir, évidemment. A quoi je dois ce succès ? Il n’y a pas de miracle ni de mystère. Il faut rester humble. Je n’ai jamais eu la prétention de faire la meilleure cuisine du monde, mais j’ai à cœur de proposer une excellente cuisine à prix raisonnable. Il faut également préserver une stabilité dans le personnel : le client aime être accueilli par une figure familière. L’accueil et le sourire, qui définissent mon pays, participent évidemment au succès du restaurant. Restauratrice, c’est en quelque sorte apprendre à monter sur scène. Chaque soir, je revêts un bel habit, je fais des sourires. Le client vient pour passer un bon moment, pas pour écouter les malheurs de mes serveuses ni les miens !
Côté déco, il y a deux fois L’Orchidée Blanche… en une. Le rez-de-chaussée à l’ambiance zen et épurée, et l’étage à l’atmosphère ‘coloniale’ qui évoque certains romans de Margueritte Duras. Quelle salle rencontre le plus de succès ? L’exotisme plaît beaucoup. Certains clients me disent qu’ils ont l’impression de manger dans une maison au cœur du delta du Mékong. Mais le style plus épuré du rez-de-chaussée a ses inconditionnels. Quand j’ai imaginé ces deux ambiances, je n’ai pas pensé plaire aux uns et aux autres, mais finalement j’ai satisfait tout le monde !
Katia, quel est votre plat vietnamien préféré ? J’adore les raviolis à la vapeur, un plat très populaire à Saigon que vendent notamment les marchands ambulants, et les scampis grillés à la citronnelle fraîche servis avec des vermicelles. J’aime beaucoup également les nems. On en trouve dans beaucoup de restaurants asiatiques, mais sincèrement les nôtres sont fameux et très appréciés des clients.
Et votre plat belge favori ? Il y a de très grands chefs en Belgique, notamment Pascal Devalkeneer dont j’apprécie beaucoup la cuisine. Mais, à tout vous avouer, je suis une inconditionnelle du stoemp carottes et du pain de viande. De bons plats tout simples. (rires).
Forte du succès de L’Orchidée Blanche, avez-vous déjà pensé ouvrir une deuxième enseigne ? Sincèrement, non. Je ne recherche pas la gloire. Mon métier de restauratrice, c’est ma passion. Mieux vaut un resto bien tenu que deux bâclés ! Et j’ai déjà beaucoup de travail, d’autant que j’organise également des fêtes et des banquets à L’Orchidée Blanche et ailleurs, sur demande.
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