Renata Stinglhamber
Uniques et précieux bijoux
Mots : Olivia Roks
Photo : Luk van der Plaetse
Renata Stinglhamber est l’une des joaillières les plus réputées du Royaume. Depuis plus de 25 ans, la magie des pierres précieuses, l’harmonie des courbes, la lumière des ors n’ont plus de secret pour elle.
Dans son écrin bruxellois, des merveilles voient le jour, certaines prennent vie entre ses mains d’autres sont retravaillées au goût du jour.
Un savoir-faire d’exception.
Cela fait plus de 25 ans que vous évoluez dans l’univers de la joaillerie, quel est votre parcours ? Depuis toute jeune je savais ce que je voulais faire. Je coupais, je sciais, je faisais des bracelets que je vendais. Après un cursus classique, j’ai fait quatre années d’études de création de bijoux à Anvers et j’ai terminé par une cinquième année à Londres au Saint Martins College Art & Design. Une année de bijoux expérimentaux, conceptuels, de vraies œuvres d’art. De retour en Belgique, j’ai fait le tour des belles bijouteries bruxelloises, il n’y en a pas beaucoup… Du haut de mes 24 ans, je me suis retrouvée chez Wolfers à côtoyer la Reine. J’ai fréquenté l’aristocratie belge et surtout eu accès aux somptueux bijoux anciens, spécialité de Wolfers. J’y suis restée 12 ans, ensuite la bijouterie s’est fait racheter par des Chinois et j’ai poursuivi mon aventure chez Leysen, autre bijouterie d’exception. Je retrouvais une ambiance familiale mais aussi un autre public : la bourgeoisie avec un haut pouvoir d’achat. Plus de bijoux anciens, mais de gros projets, des créations d’exception que je gérais de A à Z.
Ensuite, vous vous êtes lancée à votre propre compte… Oui, la maison Leysen s’est aussi fait racheter par des Chinois. Pendant le Covid, après la perte de mon compagnon qui m’a toujours soutenue, je me suis rendu compte que la vie ne tenait qu’à un fil. Depuis plusieurs années, j’avais développé une petite clientèle sur le côté en toute transparence. J’ai alors sauté le pas, poursuivi mon rêve et je me suis lancée à mon compte. Aujourd’hui, depuis deux ans, je travaille uniquement pour ma marque. Je n’ai pas désiré ouvrir une boutique car j’aime justement recevoir chez moi, dans un cocon, un écrin confidentiel, intime, où on se sent à l’aise, où j’accueille sur rendez-vous, où l’on prend son temps. Il ne faut pas oublier que l’humain est au centre de mes créations.
Quelle est votre force face à d’autres joailliers ? Mon atout reste ma formation très complète. J’ai appris à dessiner le bijou, le réaliser et rechercher la pierre adéquate. J’ai la capacité, les connaissances pour tout faire même si je ne le fais pas systématiquement. Ce que j’aime c’est comprendre ce que le client souhaite, chercher les pierres et ensuite réaliser le dessin. Je laisse enfin quelqu’un confectionner le bijou, sous ma supervision, toujours en Belgique. J’ai aussi cette force de bien déceler le style de la personne. C’est important quand on souhaite faire un cadeau et surprendre la personne qu’on aime. On me montre souvent une photo de la main mais j’ai besoin d’analyser son style, son métier, son âge, sa manière de se vêtir, et je me suis rarement trompée !
Comment décririez-vous vos créations ? Il y a ce que moi j’aime et ce que le client aime. Je crée pour moi, pour proposer des modèles à la vente, mais je crée aussi pour le client, selon ses demandes, un bijou sur mesure. Le sur-mesure est la plus grande partie de mon travail. Je m’oriente principalement vers deux styles distincts, bien que j’aime beaucoup de choses… J’adore les couleurs, les pierres, des pierres plutôt rares qui sortent de l’ordinaire. Je réalise par exemple des bagues dites bouquets, composées de plusieurs pierres de couleurs différentes. Ce genre de créations s’axe principalement autour de la pierre et de son originalité. Mon autre dada, c’est l’art déco, j’affectionne ce côté sobre aux lignes très claires. Naissent alors des bijoux plus architecturaux.
Et l’un de vos autres talents, c’est redonner vie à des bijoux anciens… Oui. C’est très en vogue, c’est en quelque sorte de l’upcycling ! Soit j’achète des bijoux en salle de ventes et je leur redonne une nouvelle vie, soit j’accompagne mes clients pour réaliser cette même démarche. Par exemple, une broche de votre grand-mère trop vieillotte pour vous ? Je la transforme et la revisite au goût du jour en en faisant des boucles d’oreille.
Fascinée par les pierres, quelle est votre préférence ? Il y en a une que je rêverais d’avoir moi-même mais les prix sont colossaux, c’est le diamant rose, un rose pâle délicat. J’adore également la tsavorite, un grenat vert, très intense. Je propose cette pierre parfois à la place de l’émeraude, très connue.
Un rêve en tant que joaillière ? Bien sûr, j’adorerais voir une star porter une de mes parures sur le tapis rouge. Une femme élégante avec du caractère qui portera à merveille le bijou comme Claudia Cardinale ou Monica Bellucci. Mais mon plus beau cadeau, c’est tout simplement la confiance des clients, j’adore quand on me donne carte blanche.
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