PUGGY
« Nous avons poussé le curseur plus loin, bien au-delà de nos acquis... »
Mots : Servane Calmant
Photos : Victor Pattyn
Pour écouter Radio Kitchen, leur nouvel EP, il nous aura fallu patienter sept ans. Matthew Irons, Romain Descampe et Egil ‘Ziggy’ Franzen n’ont pas chômé pour autant. Au menu de cette rencontre : leur nouvel opus évidemment, mais aussi leur studio d’enregistrement, lieu d’échanges avec d’autres artistes, et la confirmation de nombreux concerts et festivals où les voir cet été …
Sept ans entre deux albums. Elle fut longue l’attente. Pourtant, vous n’avez pas cessé de turbiner… Matthew. Exactement. Le nom de Puggy était moins présent dans les médias, mais nous n’avons jamais arrêté de composer pour le groupe. Parallèlement, nous avons saisi d’autres opportunités artistiques : nous avons composé quatre musiques de films (notamment Bigfoot Family du Liégeois Ben Stassen – nda), moi j’ai participé à une émission de télé (coach à The Voice Belgique et The Voice Kids – nda), Romain et Ziggy se sont occupés de la production d’artistes belges, nous avons également coécrit pour d’autres et nous avons acquis et investi, à nous trois, notre propre studio et créé notre propre maison de disque…
Je lance un pavé dans la mare : Puggy, sous la forme du trio, aurait-il pu ne jamais revenir au devant de la scène ? Romain. Oh non. Nous nous voyons tous les jours, dans notre nouveau studio. Nous avons diversifié nos activités certes, mais le besoin de remonter sur scène s’est fait ressentir petit à petit … D’où ce nouveau EP et ce retour en force.
Pensez-vous parfois que c’était mieux avant ? Romain. Jamais. (rire) Sincèrement, nous préférons aller de l’avant. Nous sommes des curieux, tou- jours tentés par de nouvelles expériences. Sur ce Radio Kitchen, nous avons poussé le curseur plus loin, bien au-delà de nos acquis, en exploitant la liberté créative que nous offre ce nouveau studio d’enregistrement.
Radio Kitchen, c’est le nom de votre EP, de votre label et de ce studio d’enregistrement dont la cuisine, une véritable cuisine avec casseroles, machine à laver et frigo, est devenu le centre
névralgique. Cet endroit, vous l’avez pensé comme un lieu de vie ? Ziggy. Pas forcément. Au début, nous cherchions un endroit où répéter et poser tout le matériel du live. Mais petit à petit, la cuisine qui servait tout naturellement d’endroit où luncher entre nous, a pris une autre dimension. C’est devenu un terrain de jeu créatif où entre le frigo et la machine à café, nous créons de nouveaux morceaux et enregistrons de manière décomplexée, indépendante et forcément spontanée.
Ce studio, c’est un labo inclusif…
Romain. Oui et non. Ce n’est pas un studio d’enregistrement classique disponible à la location, nous ne sommes pas des ingénieurs du son. Je préfère le définir comme un laboratoire qui accueille également des collaborations entre Puggy et d’autres artistes.
Les Puggy plus indépendants que jamais ? Romain. Oui, en créant notre propre label, nous nous sommes offert beaucoup de liberté. Mais cela exige de savoir prendre du recul, pour ne pas nous précipiter et sortir n’importe quel morceau dans le feu de la spontanéité. Par chance, nous sommes bien entourés !
Parlons de vos collaborations. Vous avez travaillé avec Angèle, Noé Preszow, Charles, Alice on the Roof, Yseult. Que vous a-t-elle apporté cette nouvelle génération d’artistes ? Matthew. Ils nous ont apporté leur connaissance des nouvelles technologies, des nouveaux modes de communication. Une connaissance intuitive, naturelle, puisqu’ils ont grandi avec internet et les réseaux sociaux. Cette génération « Do It Yourself » a beaucoup à nous apprendre car le métier d’artiste implique désormais d’utiliser de la technologie, d’intégrer les nouveaux codes de la diffusion musicale, de se diversifier. Chez les plus jeunes, cette orientation est quasi innée…
Quand Puggy n’écoute pas Puggy, qu’écoute chaque membre du groupe ? Matthew. Mais Puggy n’écoute jamais Puggy. (Rire). La scène musicale belge est très active et très éclectique. Nous aimons beaucoup Stromae, Angèle, Noé Preszow, Illiona, Charles, Rori… Ils sont tous incroyables.
On l’a dit, entre ce nouvel EP et les précédents albums de Puggy, de l’eau a coulé sous les ponts. Pourtant, la fraîcheur de votre pop est restée intacte. Comment conserve-t-on cet éclat, tout en prenant de la bouteille ? Matthew. Tout musicien reste en contact avec sa part d’enfance. Ensuite, la curiosité, l’en- vie d’apprendre, l’ouverture aux autres et au monde influencent forcément la capacité d’observation et de créativité du groupe et nous stimulent à aller de l’avant.
Je devine que vous avez hâte de remonter sur scène … Romain. Oui, c’est la principale raison de ce EP : retrouver le public pour revivre des moments de partage avec, notamment, ces nouveaux titres. Le studio est plus studieux ; la scène, en revanche, c’est la folie, le lâcher-prise, la liberté, les rencontres, les voyages. Oui, le live nous a manqué.
A voir : Forest National, Dour Festival, Francofolies de Spa, Les Solidarités à Namur, AB Bruxelles …
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