LAETITIA VAN HOVE
« Accompagner les artistes belges, c’est ma mission »
MOTS : SERVANE CALMANT
PHOTOS : DR
Au sein de l’agence « Five Oh » qu’elle a fondée à Bruxelles en 2015, Laetitia Van Hove gère la communication de Clara Luciani, de Flavien Berger, de Zaho de Sagazan et d’une flopée d’artistes belges, Angèle, Charlotte Adigéry & Bolis Pupul, Lous and the Yakuza, Juicy, K.ZIA, ML, Frenetik, Glauque, parmi beaucoup d’autres. Laetitia et sa team accompagnent des artistes, ainsi que des événements musicaux dont le fameux festival de Dour dont l’agence à assuré pour la première fois la mise en avant.
Pourquoi avoir créé Five Oh? J’ai travaillé sept ans chez EMI à Bruxelles, puis j’ai rejoint à Paris un petit label indépendant. De retour en Belgique, j’ai lancé, en 2015, « Five Oh » avec l’envie de défendre à 100% des artistes coups de cœur. J’avais l’intention de travailler avec peu d’artistes, quitte à devoir refuser certains contrats. Mon élan était, et est toujours, celui du coeur, ce qui explique la longévité de ma société.
En quoi consiste concrètement votre travail ? Je gère la communication des artistes, c’est-à-dire que je suis le lien entre un artiste, son actu (la sortie d’un album, d’un EP, d’un concert, d’un événement spécial) et les médias de la culture. C’est le job de l’attachée de presse, avec lequel je renoue pleinement, puisque depuis janvier 2023, c’est Sacha Estelle, qui travaille depuis 5 ans pour « Five Oh », qui occupe désormais le poste de directrice. Je reste la fondatrice, mais je repars de plus belle sur le terrain, là où je donne ma pleine mesure.
Un travail de terrain ? Sont-ce les artistes qui viennent à vous ou vous à eux ? Les deux cas de figure cohabitent. Angèle, par exemple, est venue vers nous, elle avait entendu parler de notre travail. J’ai débuté seule ; aujourd’hui, nous sommes cinq, car on reçoit en effet de plus en plus de demandes d’artistes émergents qui recherchent une équipe de communication dynamique.
La première fois, c’était avec qui ? (rire) Avec Raphael. Nous avions travaillé ensemble quand il était sous contrat avec EMI. Quand il s’est retrouvé sans label, il m’a recontactée. Puis Clara Luciani. Avant de devenir chanteuse, elle a accompagné Raphaël sur scène, pendant un an, en tant que claviériste. Quand elle a signé son premier EP chez Universal, je me suis occupée de la présenter aux médias belges. Son premier succès radiophonique avec « La grenade », c’est à la Belgique qu’elle le doit, bien avant la France !
Quand vous présentez un nouvel artiste à la presse, essuyez-vous parfois/souvent un refus ? Oh oui ! C’est même l’histoire de ma vie. Et c’est normal. Spotify présente chaque jour 60 000 nouvelles chansons ; en Belgique, en radio, les médias doivent recevoir des centaines de nouveautés. Il faut donc batailler ferme pour placer un artiste dans la presse. C’est mon job de convaincre de l’intérêt de tel ou tel artiste pour tel ou tel média, en fonction de tel ou tel événement ou festival, par exemple.
Alors pourquoi tel artiste ? Parce qu’il partage nos valeurs. « Five Oh » a à cœur de défendre un équilibre entre des artistes masculins et féminins et les personnes racisées. On privilégie le relationnel avec nos artistes pour coller au plus près du message qu’ils souhaitent passer. Oui, nos valeurs sont au coeur des relations que nous nouons et défendons avec les artistes et les journalistes.
Est-ce une fierté de défendre des artistes belges ? Plus qu’une fierté, c’est une mission. En Belgique, nous avons des artistes fabuleux, originaux, qui n’ont pas peur de sortir des clous, d’oser, d’y aller… Est-ce dû à la complexité du pays ? Peut-être…
Five Oh gère la com’ d’artistes musicaux mais vous créez également des événements musicaux… Depuis 2016, j’organise les « Fifty Session », un événement mensuel qui présente un artiste émergent belge et un artiste international dans un lieu bruxellois. Le show se passe en soirée, dure 25 minutes, est gratuit mais sur invitation uniquement via nos médias partenaires. C’est un véritable tremplin médiatique. J’ai ensuite, en 2019, créé les « Fifty Lab », soit trois jours de marché à Bruxelles pour permettre aux jeunes artistes de se faire découvrir par des programmateurs de vingt festivals musicaux internationaux. Ainsi le groupe belge Ada Oda a reçu cinq invitations pour venir jouer dans des festivals européens et a été programmé par Radio Nova en France. C’est une belle reconnaissance !
Du tac au tac avec Sacha Estelle, nouvelle directrice de Five Oh
Le point fort de Five Oh ? Nous sommes une équipe à taille humaine aux goûts musicaux très diversifiés, rock indé, pop, rap, électro, qui défendons uniquement les artistes et projets que nous aimons. Cette relation de très grande proximité avec nos artistes nous permet de développer un relationnel sur le long terme et des campagnes créatives.
L’artiste belge qui a fait récemment appel à vous ? ML avec laquelle on travaillait déjà quand elle était la chanteuse du groupe Sonnfjord. Preuve de notre belle complicité avec les artistes.
Dour, pour la première fois, c’est du lourd ! Nous représentons des festivals de taille diverse, Les Aranulaires à Arlon, Horst à Vilvoorde et… le Dour Festival, pour la première fois. On a assuré les relations presse du festival et de tous leurs artistes (notamment Lomepal, Orelsan, Damso). Un magnifique challenge car Dour se renouvelle chaque année.
www.fiveoh.be
Abonnez-vous dès aujourd’hui pour recevoir quatre numéros par an à votre porte
Vous aimerez peut-être
Carine Doutrelepont – L’image comme écriture du monde
Carine Doutrelepont, avocate et photographe, explore la nature et la diversité humaine. Son…
Un siècle de surréalisme belge – Deux expositions majeures pour célébrer un mouvement révolutionnaire
Deux expositions célèbrent le centenaire du surréalisme : à Mons, son héritage subversif, et à…
Stéphanie Crayencour – « Perdre mon frère a marqué le point de départ de ce livre et de ma véritable histoire d’amour avec lui »
Stéphanie Crayencour, actrice entre Bruxelles et Paris, se tourne vers l’écriture avec Le Papillon…