Bil&Gin
« On refuse de se laisser enfermer dans un seul style musical »
MOTS : SERVANE CALMANT
PHOTOS : ANTHONY DEHEZ
Nashville, Paris, Berlin, Dakar, Buenos Air, Kiev, Mindelo … Reliant dix villes qui les inspirent, Bil&Gin, le duo bruxellois de DJ et compositeurs formé par Michel de Launoit et Stéphane Grégoire, livre « City Stop », un album électro-pop-jazzy, élégant, éclectique et qui sort des clous. Stimulant.
Avant un shooting, Be Perfect discute longuement avec ses invités pour déterminer un endroit inspirant. Le Jam Hotel Brussels, c’est le choix de Michel de Launoit, « Lionet Jadot qui en a défini le style architectural brut, est un ami, et Jean-Paul Putz, l’actuel propriétaire du Jam Hotel est également celui du Mima. » C’est donc l’amitié qui dicte ce choix. Et d’amitié, il en sera encore question lors de notre interview…
Quel est le parcours de chacun pour arriver à Bil&Gin?
Michel de Launoit :
Je suis un entrepreneur culturel bruxellois, cofondateur de « L’Impro Session », producteur au sein de « Tourne Sol » de capsules humoristiques (« Faux contact » notamment), cofondateur et exploitant du « Mima » (le musée bruxellois dédié à la culture urbaine) et fondateur d’ « Akamusic » (un site de crowfunfing pour des projets musicaux).
Stéphane Grégoire :
Je suis ingénieur du son et multi-instrumentiste, je joue notamment du piano, du synthé, du saxo. C’est en devenant le représentant pour le Benelux de « Flam Music »(un collectif international de mixeurs, réalisateurs, compositeurs et beatmakers) que j’ai rencontré Michel. J’ai également cofondé « Purple Airplane », une société qui s’occupe de création de musique, habillage identitaire (notamment celui de La Une et de La Trois/RTBF), bruitage, mixage de sons, etc.
Stéphane, ne soyez pas modeste, vous avez également récemment reçu des prix pour votre travail ! En octobre 2022, l’Urbanworld Film Festival à New York m’a en effet décerné le prix de la meilleure conception sonore pour « Le voyage de Talia », le dernier long-métrage du belge Christophe Rolin.
Et vous, Michel, vous poursuivez votre route … Oui mais cette fois, je travaille la « matière », les sons. J’aime ça. Les machines, c’est l’instrument d’aujourd’hui.
Et le chant ? Oh non, je savais pertinemment bien que je ne savais pas chanter ! Sur le single « Paris », j’ai donc choisi le récitatif, la parole plutôt que le chant.
Venons-en à l’album « City Stop ». De l’électro pop comme fil conducteur et de nombreuses influences musicales …
Michel :
C’est un album concept composé de 10 titres inspirés par 10 villes définies par un genre musical, une histoire marquante ou des souvenirs personnels. « City Stop » est donc inclassable, car il ne suit aucune règle. On a en effet refusé de se laisser enfermer dans un style musical, préférant alimenter l’album de sonorités urbaines, africaines, des îles, en fonction de notre inspiration. On carburait à l’instinct, au moment. Chaque titre doit être considéré comme un voyage musical unique et singulier, jamais folklorique cependant. On aurait pu imaginer une escale sur Mars et voir ce que la planète rouge nous inspirait comme son !
Stéphane :
Notre seule contrainte, c’était de produire de la qualité et de ne pas nous laisser aller à la facilité. Pour le morceau « Dakar », qui m’a été inspiré par le film « Le voyage de Talia », on a invité l’immense chanteur sénégalais, Woz Kaly. Quel honneur.
Michel :
Et pour « Kiev », composé au moment où les Russes déclenchaient les hostilités contre l’Ukraine, on a samplé le discours de Gorbachev de décembre 1991, quand il annonce à la télé qu’il démissionne, signant ainsi la fin de l’Union soviétique.
Au fait, qui est Gin ?
Michel :
Bil&Gin, c’est nous, l’union de deux jeunes fous, une véritable aventure artistique que nous menons à deux. S’opère ensuite une magie fusionnelle. Peu importe qui est Gin ou qui est Bil.
Michel aurait-il fait ce projet sans Stéphane ? Stéphane, même question !
Michel et Stéphane :
Non, car on se complète.
Michel :
Stéphane possède un sacré atout : multi-instrumentiste, il rode un morceau quasi instantanément. Ce que je fais dire est volontairement prétentieux mais si Mozart avait rencontré Herbert Von Karajan, Stéphane serait Mozart …
Stéphane :
C’est en effet prétentieux ! (Rire). Michel est un audacieux, un fonceur. Sans lui, je n’aurais pas osé l’aventure Bil&Gin.
Bil&Gin, un clin d’œil à …
Michel :
A Michael Jackson évidemment, mais c’est juste un clin d’oeil. Bil&Gin, c’est surtout un nom à la belle sonorité et un chouette logo. A ce titre, il me faut citer Thierry De Prince, notre graphiste, qui nous suit depuis le début. C’est à lui que l’on doit notre identité visuelle artistique. C’est important les histoires d’amitié.
Bil&Gin, un projet artistique que vous menez de bout à bout …
Michel :
En effet, nous avons sorti « City Stop » sur notre propre label, même si nous ne sommes pas du tout réfractaires à l’idée de signer avec un grand label qui nous offrirait un solide coup d’accélérateur.
Que les fans de Bil&Gin et les collectionneurs soient mis au parfum : vous avez édité 300 albums vinyles de « City Stop » …
Stéphane :
C’est un objet d’art unique. Un album numéroté et signé par Bil&Gin et par Elzo Durt, un immense illustrateur bruxellois qui a notamment réalisé les pochettes de Laurent Garnier et la nôtre !
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