Julie Ruquois bâtit une architecture vivante
MOTS : Agnès Zamboni
PHOTOS : DR
Spécialisée dans le résidentiel, elle aime les atmosphères confortables, les couleurs et les matières chaleureuses pour habiller des volumes simples. La modernité de ses intérieurs s’exprime dans sa liberté de mixer le meilleur du passé et du présent.
Qu’avez-vous retenu de l’expérience chez Olivier Dwek ? Sa créativité, son intégration de l’art, sa détermination, sa ténacité m’ont surtout marqué. De mes 7 ans chez lui, j’ai gardé, le souci du détail, l’amour des belles matières, l’intransigeance pour les lignes épurées. Aujourd’hui, je travaille avec 3 personnes, dont Geoffroy, qui est venu plus récemment compléter notre équipe. Mes collaborateurs sont multitâches car ils m’épaulent dans le suivi de plusieurs projets, de A à Z, du gros-œuvre à la déco ! J’aime qu’ils s’imprègnent des dossiers autant que moi. Je garde le choix de la création et des matériaux, avec les clients, mais tout le reste, on le fait ensemble. J’aime travailler avec des architectes organisés, méticuleux, logiques.
Comment réussissez-vous à concilier architecture minimaliste et besoins humains ? Je ne me considère pas comme une architecte minimaliste pur jus ! J’en conserve évidemment les lignes épurées, le souci du détail pour faire disparaitre les techniques. Le « less is more », c’est magnifique dans les galeries ou musées mais pas toujours facile à vivre dans une maison familiale ! J’aime de plus en plus arrondir les angles, le mélange des matières, des couleurs, des styles, des époques. Bref tout ce qui rend un endroit vivant et personnel, pour ressentir de la joie et de la bonne humeur quand on rentre chez soi. Donc le minimalisme, oui, avec plaisir, si le projet s’y prête ! La leçon du Bauhaus était de réaliser ses projets comme une « œuvre d’art totale ». Moi-même, je n’arrive pas à concrétiser un projet sans imaginer les vues, son environnement, son contenu. Dès mes plans d’esquisse, je me retrouve à dessiner les abords, à proposer des tableaux et des sculptures, du mobilier et de la déco. J’ai besoin de m’imaginer bouger et profiter des espaces que je crée. J’adore mon époque car toute l’histoire de l’architecture inspire l’architecture d’aujourd’hui. On est libre de briser les codes, de proposer des mélanges osés. J’avoue avoir un faible pour le modernisme qui rompt radicalement avec le passé. Et un des grands défis actuels est de concilier architecture et impératifs énergétiques : un véritable virage s’amorce aujourd’hui dans notre métier.
Être mère avec 3 enfants est-il un avantage pour aménager un intérieur ? Le gros avantage d’être une maman qui travaille, c’est qu’on sait planifier, organiser, déléguer, bref « être efficace », et on n’a pas le choix. Pour cette raison, certains clients se sentent rassurés avec moi car je peux anticiper leurs besoins. Je me projette très facilement dans leur projet de vie et j’adore ça ! Est-ce ma féminité ou un trait de caractère qui fait que j’accorde beaucoup d’importance à l’ergonomie et à l’usage quotidien dans mes réalisations ? Sans doute ! Et pareil pour mon sens de l’écoute qui est la genèse de tout projet. Mais j’ai aussi d’autres passions, en dehors de mon travail et de ma famille, car il m’est essentiel de prendre du temps pour moi. Certains moments de grâce me stimulent et m’inspirent ! J’ai toujours aimé les sports d’adrénaline et surtout me retrouver seule face aux éléments plus forts que moi. J’aime la mer, de façon inconditionnelle, et les sports qui s’y pratiquent : planche à voile, ski nautique, plongée sous-marine. Et j’ai découvert un sport plus accessible : l’escalade en milieu naturel. Après une journée d’escalade à Freyr, un site exceptionnel en Wallonie, je relativise tout. Je suis sereine et détendue. C’est puissant ! En observant les artisans avec qui je travaille, j’ai eu aussi une forte envie de contact direct avec la matière. Je me suis mise à la poterie qui me procure un plaisir méditatif.
Aimeriez-vous vivre dans les espaces que vous concevez ? C’est là toute l’ambiguïté de mon métier. Je rêve de m’installer dans chacune de mes réalisations. Ma maison idéale serait située sur un site exceptionnel et j’aurais la liberté totale de laisser libre cours à mes envies architecturales. J’aime beaucoup d’endroits différents sur cette terre et cette maison serait la continuité de son environnement ! Elle sublimerait les éléments naturels qui l’entourent et serait composée de matériaux authentiques… Quant à ma vraie maison, typique du style Paquebot, tout en longueur avec de beaux arrondis, elle est signée Gaston Brunfaut.
Quelles sont vos réalisations en dehors de la Belgique et vos derniers projets ? Un appartement en Floride, une rénovation en Sardaigne, des plans de projet pour une maison au Mali, une transformation d’un chalet à la montagne… un autre projet à Dusseldörf. Actuellement, je termine une villa à Knokke et une autre à Grez-Doiceau. En cours, une construction neuve et deux rénovations à Rhode-Saint-Genèse, un autre chantier à Uccle et un gros projet de coworking dans un ancien garage à Matongué. Nous avons aussi complètement transformé une maison à Waterloo en agence immobilière. J’y ai installé mes bureaux à l’étage… après avoir longtemps travaillé à la maison et partagé des bureaux d’entreprises de construction.
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