Juliette Nothomb
« Je n’ai rien oublié de ma fascination enfantine puis adolescente, de l’ivresse des sensations chevalines »
Mots : Ariane dufourny
Photo : France Dubois
On connait Juliette Nothomb à travers ses romans pour enfants et ses livres de cuisine. A l’occasion de la rentrée littéraire, l’autrice belge, sœur aînée d’Amélie Nothomb, nous présente son « Éloge du cheval » et invite les amoureux de la plus noble conquête de l’homme à célébrer l’harmonie et la liberté dont cet animal est l’incarnation.
Comment le cheval a-t-il entraîné l’homme vers son destin ? Le cheval est une force de mobilité mais aussi une arme de guerre qui peut, si on le dresse, se révéler très bon combattant. Sans le cheval, le destin de l’homme aurait donc été différent…
Quel est le rôle de la musique dans la vie du cheval ? La musique a toujours accompagné le cheval de guerre ou de parade. A des fins militaires, les tambours et trompettes effrayaient l’ennemi. Et au Moyen-Âge, les haquenées, ces juments d’allure douce étaient montées par les dames pour épater la galerie. On ajoutait de la musique au cortège pour accentuer la splendeur de la parade.
A 8 ans, vous avez eu un coup de foudre pour le cheval. Comment cet animal peut-il changer une vie ? Un sport que vous pratiquez en tandem avec un animal, dont on doit se faire comprendre sans parler ou presque, est inédit pour un enfant ou un adulte. On peut commencer à n’importe quel âge. Mon grand-père a débuté à 40 ans et est devenu un cavalier émérite. Aucun sportif professionnel, dans une autre discipline, ne pourra prétendre à faire de la compétition s’il apprend sur le tard.
Un enfant pratiquant l’équitation devient-il plus vite responsable qu’un autre ? Certainement s’il le fait sérieusement, pas pour la frime, et s’il aime son cheval car on ne peut pas aimer l’équitation sans aimer le cheval. Forcément, quand on aime un animal, on devient responsable.
Recommanderiez-vous l’équitation aux parents à la recherche d’un sport pour leur enfant ? Il faut que ça amuse l’enfant car certains ont peur et contre la peur, on ne peut rien. Celle-ci n’est pas injustifiée car ce n’est pas un animal de tout repos. Au siècle précédent, on faisait monter tous les garçons, et surtout les timorés qui se devaient d’être courageux. Heureusement, aujourd’hui, on pratique l’équitation par passion.
Quel cheval réel ou imaginaire vous a le plus marquée ? Dans les années 80, en France, le fameux Ourasi. Et en Belgique, on parlait d’un certain Taïwan qui était régulièrement dans le tiercé gagnant. Le journaliste hippique avait un cheveu sur la langue et prononçait Taiwan sans trémas. Ca nous faisait rire car, à l’époque, tout un chacun ne connaissait pas l’existence de ce tout petit pays perdu à côté de la Chine. Et puis les chevaux légendaires comme Bayard, le cheval des 4 quatre fils Aymon. Sa statue, à Namur, où il semble traverser La Meuse d’un seul bond avec quatre cavaliers sur le dos est extrêmement impressionnante.
En 2019, la Belgique a été sacrée championne d’Europe par équipes de saut d’obstacles. En 2O21, notre pays a décroché la médaille de bronze aux Jeux olympiques de Tokyo. En 2022, le cavalier Jérôme Guéry est sacré vice-champion du monde du concours individuel de saut d’obstacles au Mondial d’équitation avec son cheval Quel Homme de Hus . Vous passionnez-vous pour nos cavaliers belges et leurs chevaux ? J’ai gardé la passion et les connaissances mais je ne regarde les compétitions sportives qu’à l’occasion, à la télévision, même si je suis toujours aussi admirative de ce sport magnifique ou l’homme et la femme sont égaux vu qu’ils concourent ensemble.
Sœur d’Amélie Nothomb, un nom difficile à porter ou un tremplin ? Un tremplin et un très grand bonheur parce que ma sœur et moi, nous nous adorons. Avant qu’elle soit connue, on s’adorait. Depuis qu’elle est connue, on s’adore. Rien n’a changé ! Je me réjouis de sa notoriété parce qu’elle est vraiment douée. Si je n’étais pas sa sœur, je compterais parmi ses fans.
Du tac au tac avec Juliette
Quels sont vos points communs les plus flagrants ? Les souvenirs. Quand on raconte une anecdote, on utilise parfois les mêmes mots. Nous avons en passion commune le cinéma, la musique et l’écriture. Et la gourmandise, bien sûr.
Quelle est la plus grande qualité de votre sœur ? Sa générosité et son altruisme. Si quelqu’un de son entourage souffre, elle va souffrir en même temps que lui. Son côté christique me fait rire.
Son plus grand défaut ? L’impatience. Il faut que les choses soient faites vite car Amélie est très volontaire et pas du tout velléitaire. Cette réponse est un joker car ce n’est pas un défaut.
Vous appelez-vous souvent ? Tous les jours ! On ne se voit pas tellement mais quand on se revoit c’est comme si on s’était quittées la veille parce que le fil de la conversation n’a jamais été coupé.
A vos yeux, qu’est-ce qui rend si précieux l’amour sororal ? La confiance. On n’est pas seulement sœurs, on est aussi meilleures amies à la différence qu’on se connaît depuis toujours.
Comment qualifieriez-vous votre relation ? Fusionnelle.
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