Laurent Stine
Profil d’un réalisateur
Mots : Emilie Van de Poel
Photo : DR
Laurent Stine est un amoureux de l’image qui a fait de sa passion son métier. Réalisateur spécialisé dans les films de communication d’entreprise et publicitaires, ce génie du visuel aux airs de Beigbeder n’a qu’une seule volonté : parvenir à raconter une histoire et faire naître une émotion. Rencontre pour parler film et poésie. Car pour lui et son agence DoubleDouble, l’un ne va pas sans l’autre.
DoubleDouble
Après avoir étudié le journalisme à l’IHECS et travaillé en TV et radio, Laurent Stine se lance comme réalisateur indépendant afin de réunir deux domaines qui l’animent depuis toujours : l’image et le contenu. En 2009, cet originaire de la région de Saint-Hubert décide d’aller encore plus loin et crée DoubleDouble : une société de production audiovisuelle spécialisée dans les films de communication d’entreprise et publicitaires ainsi que dans le motion design. Plusieurs fois récompensée au Corporate Medias and TV Awards de Cannes et au Deauville Green Awards, l’agence DoubleDouble a produit pour de grandes entreprises (dont FedEx, John Cockerill, Beckaert, Facq ou encore SWIFT) ainsi que pour des institutions belges et internationales comme Amnesty International et MSF.
Un autre regard
Chez DoubleDouble, on ne fait pas dans la communication d’entreprise austère et ennuyeuse. Car Laurent Stine, ce qu’il aime, c’est raconter et ce qu’il veut avant tout, c’est faire de la poésie. «Pendant tout un temps, la vidéo corporate consistait à faire des interviews de gens dans des bureaux. Ça finissait sur un DVD qu’on montrait dans une salle de réunion. Mais aujourd’hui, les choses évoluent, surtout depuis l’avènement du digital. C’est une véritable porte ouverte à la diffusion plus massive de contenus qui permet à tout un chacun d’y avoir accès si l’entreprise le désire.»
Métaphore et onirisme
Ce qui fait la particularité de cette agence bruxelloise, c’est sans conteste ce que Laurent Stine nomme le storytelling. Dans ce domaine, le réalisateur se révèle être un magicien capable de transformer n’importe quelle problématique aussi complexe et peu sexy soit-elle en une histoire qui prend le spectateur par la main. Son secret ? Avoir recours à la poésie. «J’utilise un langage visuel qui fait intervenir le métaphorique et l’onirique. Je cherche à raconter quelque chose en montrant autre chose. Un bon film doit être poétique et inspirant, mais aussi donner une impression positive. Il faut qu’on ait envie de le partager et de le revoir.»
L’amour du métier
Ce qui l’anime au plus profond et le fait vibrer au quotidien, c’est sa passion de l’image. Quand il explique ce qu’il aime dans la réalisation, ses yeux s’illuminent. «Ce métier est incroyable, il me permet de passer d’un sujet à l’autre. La nuit dernière, j’étais dans un tunnel en train de filmer une jeune femme en robe de soirée et là, je prépare un film pour une fondation hospitalière. Avant cela, j’étais en Suisse et en Angleterre dans des stades de foot.» Ce métier, ce sont des découvertes et des rencontres. Celui qui se dit «curieux des gens et des choses» confie s’amuser en faisant son métier.
Ère digitale et concurrence
Laurent Stine l’affirme, sur le marché de la communica-tion d’entreprise et de marque, la concurrence est rude. «La Belgique est un pays avec plusieurs communautés, ce qui réduit la taille du marché et multiplie les coûts (il faut parfois tout décliner en deux ou trois langues)». Selon lui, la communication audiovisuelle est «à un tournant». Alors qu’auparavant, seules certaines entre-prises pouvaient se permettre de réaliser du contenu audiovisuel, désormais avec l’avènement du digital, n’importe qui peut prétendre à la réalisation d’un film.
«En plus de la diffusion, le matériel s’est démocratisé. Aujourd’hui, avec un smartphone, on peut produire des images de bonne qualité. Beaucoup d’entreprises pensent être capables de développer leur propre production visuelle et se demandent pourquoi payer alors qu’elles pourraient le faire elles-mêmes. Sauf qu’elles n’ont pas le savoir-faire. Mon rôle est d’arriver à les convaincre d’aller dans une direction plutôt qu’une autre et de les tirer vers le haut.»
Think like you are and act like you think
«Dans ce milieu, on doit constamment prouver ce qu’on sait faire. Quand on est contacté par un potentiel client, deux fois sur trois, il s’agit d’un pitch qui n’est jamais rémunéré.» Pour y répondre, le réalisateur investit énormément de temps et d’énergie. Ainsi, en plus des différents films qu’il réalise pour ses clients, Laurent Stine a récemment développé un projet personnel, un court métrage de 1 minute 30 dont l’histoire tient en une seule ligne : “Think like you are and act like you think”. «C’est un peu le slogan de l’agence “pensez comme vous êtes et agissez comme vous pensez.” Ce film est en quelque sorte une carte de visite pour DoubleDouble, mais aussi pour moi en tant que réalisateur.»
De la suite dans les idées
Quand on lui demande comment il envisage l’avenir, Laurent Stine confie qu’il souhaite continuer à montrer qu’il est possible de communiquer différemment, de manière visuelle en créant des histoires. Désireux d’aller toujours plus loin dans la réflexion, celui qui semble ne jamais être en panne d’idées le certifie : «Je continuerai à faire des images, peu importe où.»
«Le nom DoubleDouble ? Un clin d’œil cinématographique et culinaire qui fait référence au «double-double», un terme utilisé par les Canadiens pour désigner un café avec double crème et double sucre. Dans «Pulp Fiction», un des personnages du film le commande souvent.»
Abonnez-vous dès aujourd’hui pour recevoir quatre numéros par an à votre porte
Vous aimerez peut-être
Carine Doutrelepont – L’image comme écriture du monde
Carine Doutrelepont, avocate et photographe, explore la nature et la diversité humaine. Son…
Un siècle de surréalisme belge – Deux expositions majeures pour célébrer un mouvement révolutionnaire
Deux expositions célèbrent le centenaire du surréalisme : à Mons, son héritage subversif, et à…
Stéphanie Crayencour – « Perdre mon frère a marqué le point de départ de ce livre et de ma véritable histoire d’amour avec lui »
Stéphanie Crayencour, actrice entre Bruxelles et Paris, se tourne vers l’écriture avec Le Papillon…