Domaine de La Roseraie
Le savoir-faire de chez nous
Mots : Servane Calmant
Photos : DR
Passionnée de fine cuisine, d’architecture et de design, la cheffe Marie Trignon aime avant toute chose se retrouver parmi les siens pour mieux s’ouvrir aux autres. Alors, elle a concilié le tout, en reprenant La Roseraie de papa. Cette villa du 19e siècle, sise dans un magnifique domaine arboré, elle l’a rénovée en 2020 en boutique-hôtel stylé, agrémenté de shelters haut de gamme posés à l’orée d’un bois privé. Repas gastronomique, bassin de nage, vélos électriques en location, promenade balisée et royale literie comme à Buckingham Palace, on a trouvé notre petit coin de paradis !
Certaines personnes semblent avoir plusieurs vies. C’est un peu le cas de Marie Trignon. Cette Liégeoise, formée à la traduction, a vécu longtemps à Londres où elle a notamment travaillé au département événements du gouvernement Blair, avant de se former au design et d’intégrer l’entreprise Bo Concept, un fabriquant de meubles danois. Il y a 6 ans, Marie décide pourtant de retourner sur ses terres, à Modave, et de reprendre la gestion de La Roseraie que durant 40 ans, son père, le chef Vincent Trignon, et son épouse Madeleine, avaient fait rayonner dans la région et bien au-delà.
« C’est en effet un retour aux sources ! J’avais trois ans quand mes parents ont acheté La Roseraie. Et le jour où papa m’a annoncé que ses printemps s’additionnant, la retraite était dans sa ligne de mire, j’ai décidé de quitter Londres pour rentrer au pays, avec mon mari et mes deux petites filles. Un sacré tournant dans ma vie, car il me fallait encore régler un problème de taille : apprendre à devenir cheffe ! J’ai pensé que papa allait m’enseigner son savoir, mais il arrivait difficilement à déléguer, alors je suis retournée à Londres pour m’inscrire à la Tante Marie Culinary Academy. Un diplôme Cordon Bleu en poche, j’ai fait plusieurs stages auprès de chefs renommés, notamment Alain Ducasse au Dorchester à Londres et Pierre Résimont de L’Eau Vive à Profondeville, en Belgique. »
Comment concilier gastronomie, design et vie de famille ? Marie y a pensé et sa réussite fait plaisir à voir. « La Roseraie a toujours été une entreprise familiale dont je perpétue l’esprit : mon mari, Dan, gère les finances, je travaille en duo avec papa en cuisine, il a fallu un peu de temps pour que nos caractères s’accordent mais désormais c’est fait, et maman est au service en salle. » Cet esprit de famille imprègne aussi l’accueil des hôtes, que Marie Trignon souhaite prégnant, attentionné, de tous les instants. « C’est avec plaisir que je sers le petit déjeuner à table (royal ! œufs sur le plat, pain, viennoiseries, scones maison et flûte de Crémant – nda), l’idée étant d’offrir un accompagnement de séjour complet, du service hôtelier aux bons plans pour découvrir la région environnante. »
Pour l’heure, passons à table ! Marie avoue être restée fidèle à la cuisine de son père, soit une gastronomie française composée de bons produits et exécutée à la perfection, qui invite à apprécier un consommé de homard en croûte, une crème brûlée de foie gras maison, des sardines nacrées escortées de condiment de melon, des asperges mariées à un thon rouge mariné et encore, un mignon de veau rôti en croûte et une menthe poivrée associée à une mousse au chocolat araguani. Une belle partition et un service aux petits soins.
C’est du belge !
Pourquoi aller chercher ailleurs, les savoir-faire de chez nous ? Ainsi la rénovation de La Roseraie, belle bâtisse qui abrite trois suites élégantes, est le fruit d’une franche collaboration entre l’engouement de Marie Trignon pour l’art et le design, et la créativité de son petit-cousin, l’architecte Maxime Faniel du bureau hutois « Laboratoire Architecture » ; le service de table en porcelaine diaphane, il a été créé spécialement pour le Domaine de La Roseraie par la Liégeoise Valérie Ceulemans ; quant aux tableaux contemporains, ils portent la signature de l’architecte, décorateur et peintre belge, Thierry Thenaers.
Ame passionnée et réfléchie à la fois, Marie est également une visionnaire. Consciente des atouts de son domaine (un joli parc fleuri et un bois privé classé Natura 2000 qui s’étend jusqu’au « camp romain » contigu), elle a fait construire à l’orée du bois, deux « Shelters » (bientôt cinq !) conçus par le même bureau, « Laboratoire Architecture ». Ces petits nids d’amour uniques en leur genre présentent une architecture particulièrement innovante : construits sur pilotis, leur bardage n’est pas en bois mais en verre dépoli. « Il n’était pas question de bâtir des chalets rustiques qui auraient occupé trop d’espace, mais de proposer, au contraire, un shelter élégant qui offre un miroir à la nature, à la lumière, à la bâtisse principale du domaine, tout en faisant écho à la serre de 1875 qui est située en contrebas », précise la cheffe.
C’est donc dans un Shelter tout de verre vêtu et braqué sur Dame Nature, que nous avons passé une nuit de grand confort : royale literie comme à Buckingham Palace (clin d’œil aux années londoniennes de Marie et de son mari, Dan), feu ouvert, et produits de soin, « The White Company », la marque anglaise préférée de Marie, au réveil. « Les détails font la perfection, et la perfection n’est pas un détail », on emprunte la citation à Léonard de Vinci, il ne s’en choquera pas, car elle va comme un gant à Marie Trignon et sa Roseraie familiale.
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