SIGNE de notre temps
Mots : Agnès Zamboni
Photos : Signe
SIGNE, la “petite sœur” de LIGNE, est un espace imaginé par trois jeunes femmes passionnées de design et d’architecture, Oona Simon, Victoria Thiteux et Violette Jourez, qui ont fait leurs classes à La Cambre et Saint-Luc. SIGNE est une boutique bruxelloise, pas comme les autres, qui présente les pièces iconiques d’aujourd’hui et les grands classiques de demain…
Comment est né SIGNE ? Oona Simon : Avant SIGNE, il y a eu LIGNE. Cette boutique pionnière de meubles et objets contemporains, créée en 1966, au 14 Galerie de la Reine, a été repris, en 1972, par mon père Michel Simon, qui a été le premier à présenter, à Bruxelles, les créations des éditeurs Zanotta, Cassina ou Knoll. Puis, elle a déménagé au 14 Galerie du Roi. Je l’ai rejoint, il y a 11 ans. Mon compagnon Moïse Mann, fondateur de la bijouterie Manalys, avait remarqué un espace vacant rue de Namur. En décembre 2020, lorsque avons visité, tous les trois, les locaux de l’ex-maison Lescrenier, ancien show-room de meubles, nous avons eu un coup de cœur partagé pour cet endroit, ancienne Banque Générale du Congo belge, ses arcades en marbre, ses mosaïques classées, ses hauts plafonds, ses colonnes… un bâtiment construit il y a déjà un siècle… Nous étions persuadés que le mobilier moderne, présenté dans un tel lieu, allait offrir toute sa valeur esthétique. Et nous avons découvert d’autres éléments anciens en marbre, pendant les travaux, pour composer un écrin unique. Aujourd’hui, le « pilote de Ligne » (mon papa) nous a malheureusement quittés, mais la relève est plus qu’assurée.
Comment vous démarquez-vous de LIGNE ? Victoria Thiteux : Alors que LIGNE présente plus de 70 marques, avec une mise en avant des meubles qui font l’actualité, les nouveautés et les objets insolites, chez SIGNE, nous avons sélectionné seulement une vingtaine d’éditeurs. Plus particulièrement des firmes italiennes et scandinaves comme Edra, Cassina, Knoll, Carl Hansen & son, De Padova, Molteni, Woodnotes et Kasthall pour les tapis, Flos et Louis Poulsen pour les luminaires… Nous souhaitons aussi favoriser les projets d’architecture d’intérieur pour aider les clients à se composer un intérieur qui leur ressemble. Structurer un espace et choisir les bonnes pièces, ce n’est pas simple. Il faut se limiter et faire une bonne sélection sans s’éparpiller. Pour ce service, « de la brique à l’essuie-bain », on se déplace chez les clients, on demande à voir les plans, on compose des moodboards, on choisit des tissus. Nous fonctionnons au forfait et si notre mission aboutit, on déduit ce budget de la commande. Dans nos missions d’architecture intérieure, on peut bien sûr traiter les pièces techniques comme la cuisine et la salle de bain. Là, c’est plus le domaine de Violette Jourez, ingénieur de chantier et architecte. Depuis juin, nous avons déjà démarré deux projets à Bruxelles et un à Paris.
Comment vous différenciez-vous de la concurrence ? Victoria Thiteux : Nous sommes de jeunes entrepreneuses passionnées et nous proposons des créations que nous aimons. Nous ne sommes pas des « vendeuses de design ». Le design, c’est de la culture. Et nous ne vendons pas des articles de mode qui seront caducs dans quelques mois ou années.
Nous essayons d’éduquer nos clients en expliquant comment sont fabriqués les meubles. Ils sont tous réalisés en Europe, à la main, à la commande, par des artisans d’exception, avec une production durable et respectueuse de l’environnement. Dans le monde, il n’y a plus que deux artisans, capables de façonner le tressage de la chaise Wishbone CH24 édité chez Carl Hansen au Danemark. Une seule femme habilitée à réaliser le cannage de la chaise Superleggera de Gio Ponti, éditée chez Cassina. La chaise Diamant de Harry Bertoïa est toujours soudée à l’arc comme dans les années 1960. Le design, c’est aussi de l’art, une forme travaillée comme une sculpture. Sans oublier le travail d’Edra qui utilise des tissus exclusifs et des rembourrages innovants. Les meubles que nous proposons sont réparables et faits pour être transmis aux plus jeunes générations.
Oona Simon : Malgré la suppression de nombreux salons, nous restons dynamiques dans notre travail. Nous continuons à bouger pour découvrir des hôtels, visiter des ateliers. Pour bien vendre un meuble, justifier son prix, nous avons besoin de comprendre comment il est fabriqué. C’est tout cela notre métier !
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