Joost Vandendries
Le skieur éternel
Mots : Yves Merens
Photos : DR
Il y a entre 600 et 800 000 skieurs en Belgique. Le plus rapide d’entre eux a été flashé à 218,865 km/h sur ses skis, à Vars. Rencontre avec un accroc de la vitesse, forcément.
Joost, quelle mouche vous a piqué pour vous lancer dans cette discipline, le ski de vitesse ?
« Je suis comme beaucoup de monde, j’aime la vitesse. Tout le monde fait un jour la course pour aller plus vite que les autres. C’est humain. Moi, j’ai voulu aller toujours plus vite sur des skis. Mais à un moment donné, la vitesse sur pistes ouvertes est trop dangereuse. Donc, à 40 ans, j’ai commencé le ski de vitesse. »
Cela se passe sur une piste de kilomètre lancé, avec des combinaisons spéciales, etc. ?
« Je suis un homme qui aime le latex », dit-il avec un sourire en coin, « le latex est la matière qui retient le moins l’air. Mais c’est une fameuse contrainte, il faut entre une et deux heures pour l’enfiler, mettre les ailerons derrière les mollets et être prêt. »
Et puis ?
« Ensuite, c’est le mental qui joue beaucoup. On se prépare pendant des semaines pour dévaler en ligne droite une piste de 900 mètres. Le cerveau doit pouvoir switcher, se brancher sur autre chose parce que nous accélérons de 0 à 200 km/h en 6 secondes, plus vite que n’importe quelle voiture. »
Combien êtes-vous à faire cela ?
« On dit qu’il y a eu plus d’humains qui ont été dans l’espace que d’hommes qui ont skié à plus de 200 km/h. Nous sommes 520 inscrits sur ce qu’on appelle la « Liste Eternelle des plus de 200 km/h.»
Vous avez 50 ans, est-ce bien raisonnable de pratiquer ce sport ?
« Il faut une grande expérience pour aller très vite. Les jeunes skieurs n’y arrivent pas bien. La charge mentale est très importante. Il faut gérer la notion du risque. La force physique ne suffit pas. C’est comme à moto, il y a deux sortes de skieurs de vitesse, ceux qui sont tombés et ceux qui vont tomber. Et ça, c’est aussi mental. »
On imagine qu’en plus, l’aérodynamisme est crucial ?
« C’est un sport avec beaucoup de technologie, du travail d’ingénieur pour dessiner le casque, les bâtons… Moi, je vais dans une soufflerie de 46 mètres de long, comme pour les « Formule 1 », pour que tous les détails soient parfaits. J’ai la chance d’être aidé par un professeur connu dans le monde entier en matière d’aérodynamisme, Bert Blocken, belge aussi d’ailleurs.»
Il y a un championnat du monde et une coupe du monde, comment cela se passe-t-il lors des compétitions ?
« Il y a plusieurs descentes. A chaque tour, on s’élance d’un peu plus haut. C’est un bon principe, ceux qui sont les plus en forme montent plus haut, donc descendent plus vite. Les plus faibles sont éliminés plus bas. A partir d’une certaine vitesse, vers 185-190, pour gagner quelques km/h, tout doit vraiment être parfait. »
Vous avez battu le record de Belgique qui tenait depuis 22 ans, avez-vous encore des projets ?
« J’aimerais bien faire une belle saison, avoir de bonnes sensations sur les skis et battre mon record, peut-être en mars. J’aimerais viser 230 km/h. (NDLR : record du monde à 254,958 km/h). »
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