La vie de château au coeur de l’Ardenne belge
Mots : Servane Calmant
Photos : Jean-Michel Byl
La restauration du Château de Mirwart, perle du patrimoine belge située dans le hameau de Mirwart à une dizaine de kilomètres de Saint-Hubert, aura pris quatre ans. Quatre ans d’efforts déployés dans le respect de l’Histoire d’un château médiéval convoité jadis par des grands seigneurs, princes-évêques, barons, ducs, puis vandalisé et finalement abandonné. Un projet fou récompensé par l’ouverture, en septembre dernier, d’un hôtel qui mise sur l’authenticité, le délassement et le luxe. Château de Mirwart abrite désormais 20 chambres dont 12 suites design ! Le public cible, on l’aura deviné …
Quand Elodie François, la Directrice générale du Château de Mirwart, nous accueille en septembre dernier, l’établissement vient tout juste d’ouvrir. « Hier, les jardiniers ont déroulé la pelouse et il faut encore déposer de beaux livres d’architecture dans chaque chambre, chaque cottage (dans les anciennes écuries du château magnifiquement restaurées également, nda) et dans nos 12 suites ! C’est que vous êtes la première journaliste à découvrir le château après quatre ans de restauration », nous glisse-t-elle à l’oreille. Qu’Elodie François et John Eyers, l’actuel propriétaire qui a acquis le château en 2015 et lui a redonné son lustre d’antan, en soient vivement remerciés !
C’est un beau roman, c’est une belle histoire…
Et elle en compte des pages, cette Histoire avec un grand H ! Un livre sur Château de Mirwart a d’ailleurs été écrit par Sara Brouckaert. On y apprend que les princes-évêques de Liège, mais aussi les comtes de Hainaut, de Flandre, de Namur, les ducs de Bouillon, et tout un arsenal d’empereurs ont bâti la grande histoire de Mirwart. Que le Château devient pour la première fois un lieu de plaisance, au 16e siècle, avec Margaret d’Arenberg. Et que Château de Mirwart a connu ensuite de nombreux propriétaires, tous plus puissants les uns que les autres : les petits-fils et arrière-petits-fils de la famille d’Arenberg, la famille de Smackers, la famille Van der Linden-d’Hooghvorst, et Hélène Von der Becke-Osterrieth, veuve de Maximilien Von der Becke, la dernière propriétaire du Château de Mirwart, avant sa vente à la province du Luxembourg en 1951 pour 90 millions de francs.
Le château sera malheureusement saccagé par des pillards, « Tout le monde voulait un morceau précieux du château et il n’y avait personne pour arrêter le pillage. Tout ce qui a de la valeur, libre ou fixe, a été pris. Même le sol, les cadres décoratifs et les lambris », raconte Sara Brouckaert. Incapable de gérer son bien, la province du Luxembourg finira par revendre le château (désormais classé) et son domaine de 9 hectares…
Un nouveau départ
Novembre 2015. L’architecte belge John Eyers est absorbé par son passe-temps favori du moment. Il écume internet, à la recherche de propriétés intéressantes. Il voit Château de Mirwart et le projet commence à voir le jour. « C’était d’abord un projet familial, j’ai acheté le château pour mes quatre fils. Puis, en me renseignant sur l’histoire du château et en commençant les fouilles qui ont permis de découvrir de nouvelles caves qui accueilleront l’espace wellness, le projet d’un hôtel haut de gamme s’est précisé… Après quatre ans de travaux et d’efforts, je peux dire que j’ai fait de Mirwart un hôtel du 21e siècle, en respectant certes les éléments historiques – les poutres sont d’époque, les fresques du salon bleu ont été restaurées -, mais en y apportant aussi et surtout du confort et du raffinement. C’est clairement un établissement haut de gamme : la superficie de nos 12 suites oscille entre 100 et 240m2 pour la suite impériale ! Chaque suite est d’ailleurs unique mais toutes offrent parquet en chêne, salle de bains en marbre et… feu ouvert. Le château donne également à voir une magnifique salle des fêtes et des salles de séminaires ultra équipées ». John Eyers est un homme heureux. Et on le comprend. Son établissement (probablement estampillé 5 étoiles, le classement était en cours à l’heure de boucler cette édition) est une véritable perle hôtelière : mobilier design, linge de maison brodé de l’initiale M, restaurant gastronomique, le Bergis, et bientôt un espace bien-être (ouverture prévue en mars prochain). « Les citernes médiévales authentiques abriteront des bains chauds et froids et un bassin d’eau salée. On aura également une piscine intérieure, qui se prolongera à l’extérieure avec vue imprenable sur la forêt », précise avec enthousiasme Elodie François.
La cuisine du chef Pajtim Bajrami
Ce Belge aux racines kosovares est une vraie star en Flandre où il s’est vu attribuer le titre de « Ontdekking van Vlaanderen » (« Découverte de Flandre »). Mais ce n’est pas là sa seule reconnaissance. Au « De Stadt van Luijck » à Saint-Trond, Pajtim Bajrami avait décroché un 16/20 au Gault&Millau. Désormais, il est aux fourneaux du Bergis à Mirwart où il excelle dans la cuisine de la mer. « Pajtim a voulu travailler avec ses fournisseurs, qui sont parmi les meilleurs, mais la carte va évidemment évoluer en fonction de la saison de la chasse », confirme Elodie François. Pour l’heure, le chef séduit avec sa langoustine à peine snackée et son thon o-toro, la partie ventrale du thon, sa plus délicate (à la criée, son prix d’achat est exorbitant), une huitre pochée au beurre blanc ou encore un crabe royal et un pigeon d’anjou. L’assiette est gourmande, créative et équilibrée à la fois, l’ambition du chef est claire : décrocher fissa une première étoile ! Prendre du plaisir aussi. Des légumes et aromates locaux sont cultivés dans le jardin qui jouxte le château, ils serviront notamment à honorer l’une ou l’autre recette manuscrite de Joséphine Tillieux, ancienne cuisinière du château ! Luxueux, Château de Mirwart défend également l’authenticité, la séduction n’en est que plus totale.
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