Où manger echte belge à Bruxelles ?
Mots : Servane Calmant
Photo Cover : DR
Filet américain (inventé par notre compatriote Joseph Niels en 1926), crêpes flambées à la Mandarine Napoléon (une recette belge), frites (double cuisson à la graisse de bœuf), carbonnade (à la Piedboeuf brune), boulet sauce lapin (au sirop de Liège), croquettes de crevettes grises (épluchées à la main), moules frites (depuis 1875), jets de houblon (« un délice aussi rare que le caviar », précise le chef Lionel Rigolet) … Et encore : chicons au gratin, vol-au-vent, stoemp, asperges à la flamande, waterzooï, cervelas artisanal, boudin compote, gaufres de Liège et de Bruxelles, cuberdon, spéculoos … La gastronomie belge, séduisant mélange de cuisine de tradition et de spécialités régionales, a gagné ses galons. Mais au fait, où mange-t-on encore belge à Bruxelles ? Sélection, forcément subjective, de restaurants populaires ou raffinés, tous bien de chez nous.
A Bruxelles-ville
Belga Queen
Dans un bâtiment d’exception datant du début du 18e siècle (qui a notamment abrité une banque !), Antoine Pinto, architecte-décorateur-restaurateur, rend un hommage vibrant à la Belgique, ses produits du terroir, ses artisans. Le bœuf ? Du charolais belge au goût plus prononcé que le blanc bleu belge. Le beurre ? D’Ardenne belge, pour sublimer le pain, les petits et les grands plats. Le véritable coucou de Malines ? Rôti au four sur pain d’épices tartiné au sirop de Liège ! Le crémant ? Ruffus. Le caviar ? Sélectionné par la maison belge Imperial Heritage Caviar. Même les sauces maison adoptent la belgitude : sauce Brugge Tripel ou réduction d’Orval au poivre concassé. Antoine Pinto va jusqu’au bout de son invitation à célébrer notre pays en proposant un café d’un torréfacteur de chez nous et des vins qui proviennent exclusivement de producteurs belges ! Belga Queen, l’un des meilleurs ambassadeurs de la gastronomie noire, jaune, rouge.
Aux Armes de Bruxelles
L’adresse phare de l’Îlot Sacré est un véritable conservatoire de la cuisine belge de tradition. Faut-il rappeler que c’est ici que les moules furent servies pour la première fois en casserole et qu’est née la recette des incontournables crêpes flambées à la Mandarine Napoléon, un alcool belge ? Le chef Cédric Callenaere poursuit la quête gourmande des fondateurs, dans un cadre qui fait véritablement partie de l’histoire bruxelloise. On savourera deux ambiances bien distinctes : la brasserie et la célèbre Rotonde où Brel avait sa table. Deux styles, mais une même carte axée sur les spécialités belgo-belges : cervelas artisanal, salade bruxelloise, stoemp du jour, vol-au-vent de poularde, pavé de bœuf Rouge des Flandres et waterzooi. Encore une institution !
Restaurant Vincent
On reste en plein cœur du centre historique de Bruxelles, du côté de la rue des Dominicains pour (re)découvrir une adresse historique au cadre iconique : des tableaux muraux monumentaux en céramiques peintes représentent des scènes de pêche…C’était en 1900, c’était au temps où Coxyde chantait ! Depuis, les fresques ont été classées au patrimoine mondial de l’Unesco ( on s’en réjouit !) et le charme désuet qu’elles dégagent continue à envouter plus d’un gourmet attablé ici pour déguster une belle sole meunière, un coucou de Malines ou une fabuleuse entrecôte. Julien Van Beneden a repris les commandes de l’institution en 2018 et s’est associé à Dierendonck, l’artisan boucher star de la côtière Saint-Idesbald. Pour apprécier les arômes uniques d’une bonne viande que le chef découpe et flambe en salle, vous êtes à la bonne enseigne !
https://restaurantvincent.be/fr
Au Vieux Saint Martin
Au Vieux Saint Martin se mérite ! Pour s’y attabler un jour de drache nationale, il faut être patient ! Avant Covid-19, au VSM n’acceptait en effet aucune réservation. Y trouver une place en terrasse (son inconditionnel atout), un dimanche midi, pour croquer le toast cannibale à l’américain, relevait également du coup de bol ! En revanche, depuis le déconfinement, la terrasse du VSM s’est fortement agrandie et l’on peut profiter pleinement de l’agitation du Grand Sablon ! Car, à l’instar du Savoy (géré également par Albert-Jean et Frédéric Niels), on vient ici pour voir et être vu du beau monde. Et pour savourer, depuis 1968, les produits bien de chez nous. La gueuze des carbonnades flamandes provient de la Brasserie Boon (à Lembeek), les crevettes d’Ostende, les œufs de poules belges, les crottins de biquette de Durbuy. Frites, croquettes, sauces, pâtisseries, tout est fait maison et le fameux américain est toujours préparé selon la recette inventée par Joseph Niels en 1924. Au VSM s’avère immuable, c’est pour ça qu’on l’aime, dis !
Le Rendez-vous des Artistes
Les frères Vassili et Costa Karagianis, bien connus des gourmands pour leur adresse grecque uccloise Les Enfants du Pirée, ont imaginé un cadre rappelant les bonnes vieilles fritures de notre jeunesse, nappes en vichy comprises. Pour pousser le concept de bar à frites jusqu’au bout, ils ont même fait installer, en cuisine, une authentique friterie traditionnelle, permettant la double cuisson de frites fraîches à la graisse de bœuf. Une carte généreuse invite à découvrir d’autres préparations 100% maison : croquettes aux crevettes, toast aux champignons, carbonnades à la bière Piedbœuf brune, boulettes à la liégeoise, chicons gratinés, stoemp-lard saucisse. L’offre de bières n’étant pas en reste, on a épinglé les petites pépites proposées par la micro-brasserie bruxelloise En Stoemelings – c’est tof !
Brasserie de la patinoire
A l’orée du bois de la Cambre, juste devant le Théâtre de poche, une belle façade anglo-normande met en avant ses nombreux atouts : vaste parking (à Bruxelles, c’est une aubaine !), tea-room, terrasse de 300 couverts, brasserie, écailler, avec vue imprenable sur le bois ! Le chef Adrien Schurgers fait la part belle au répertoire de brasserie, tout en proposant des suggestions affriolantes à travers lesquelles on retrouve son parcours chez Bruneau. Croquettes aux crevettes maison, sole meunière sauvage, vol-au-vent de poularde, moules « patinoire » aux lardons fumés et à la bière (on vous les recommande chaudement !), fromages du maître affineur Julien Hazard, gaufres de Bruxelles … le terroir à toutes les sauces, on adore ! D’autant que le plaisir se poursuit à la lecture de la carte des vins et ses 140 références, pas uniquement belges, ne poussons pas le bouchon trop loin !
A Etterbeek
The 1040
C’est le chef montois ‘JeanPhi’ Watteyne qui a signé la carte du 1040, la brasserie du Sofitel Brussels Europe, et c’est Mattéo Vannini (ex-Da Mimmo, l’étoilé) qui envoie la musique. Crevettes grises de chez nous décortiquées à la main, mayo maison, tomate en gelée. Oiseau sans tête au veau coupé au couteau et cuit à basse température … L’assiette est esthétique ; le dressage, calibré. Au 1040, on mange du belge, du fait maison et du circuit court (très court même, puisque Mattéo cultive des plantes aromatiques sur le toit du Sofitel). Une cuisine sans camouflage alimentaire et délibérément gourmande. Ne faites surtout pas l’impasse sur les frites cuites au blanc de boeuf ni sur les desserts, la gaufre de Bruxelles et le crumble au spéculoos sont carrément addictifs.
Les Brigittines – Aux Marches de la Chapelle
Cette toute belle maison Art déco du quartier du Sablon a reçu le trophée Brasserie de l’Année 2020, décerné par le Gault&Millau. Une récompense enviée qui salue la cuisine généreuse de Dirk Myny, echte Brusseleir aux fourneaux ici depuis 25 ans, et la qualité de ses produits. Chez Dirk, le poulet vient de Lustin, les crevettes grises et le cabillaud de la Mer du Nord et les bières, les gueuzes, lambics, krieks et autres bières artisanales proviennent des brasseries Cantillon, de la Senne, et autres micro-brasseries, et s’accordent avec bonheur à sa cuisine. La joue de veau braisée dans la kriek Cantillon est fameuse ! Chef généreux et créatif, Dirk a inventé
le Zenne Pot : du chou cuit à la gueuze Cantillon, du boudin noir, de la saucisse sèche, des bulots. La magie opère et des saveurs irrésistibles s’en dégagent. Une bonne Gueuze Cantillon pour rafraîchir le palais. C’est bonheur.
https://www.lesbrigittines.com
A Ixelles
Au Savoy
On ne change pas une recette qui plaît ! Albert-Jean Niels et son fils, Frédéric, respectivement 3e et 4e générations héritières de Joseph Niels, restent fidèles au fameux filet américain-frites inventé en 1924 par leur ancêtre. Eh oui, l’américain n’est pas américain (nos amis étasuniens mangent d’ailleurs rarement de la viande crue) mais bien 100% belge voire 100% bruxellois. Ouvert en 2018, le Savoy ne se résume pas à son plat fétiche, loin s’en faut ! Une carte fixe propose un maximum d’aliments de producteurs locaux, en circuit court donc, et pas mal de suggestions mensuelles. Oostendse grijze garnaalkroketten (en VO sur la carte), frites, sauces, glaces, tout est fait maison ! », souligne le maître des lieux visiblement heureux de nous apprendre que sa terrasse, une des plus agréables de Bruxelles et la plus indiquée « pour voir et être vu », vient d’être agrandie !
A Watermael-Boitsfort
Au Grand Forestier
Albert-Jean Niels et son fils Frédéric ont la brasserie dans le sang, et un sacré flair pour dénicher des emplacements qui font courir le tout Bruxelles ! Après le Vieux Saint Martin (au Sablon) et Au Savoy (Place Brugmann à Ixelles), ils ont ouvert en 2015 Au Grand Forestier, à Watermael-Boitsfort, face au parc Ten Reuken et son étang. On y prend un bon bol de verdure, en commandant des produits de saison, du fait maison (les frites, les sauces, les pâtisseries) et des plats de bonne compagnie, sincères et bien exécutés, qui ont assis la réputation des brasseries Niels : le toast cannibale à l’américain, les solettes, la béarnaise maison, et l’incontournable et immuable américain inventé par Joseph Niels en 1924. Véritable gaufre de Bruxelles et mousse au chocolat belge pour les grands gourmands.
A Woluwe-Saint-lambert
Bistro de la Woluwe
Rénovée depuis peu, la place Saint-Lambert attendait avec beaucoup d’espoir l’ouverture d’une belle adresse gourmande. C’est chose faite avec le Bistro de la Woluwe, aux commandes duquel on retrouve deux pros de la restauration, Jean-Luc Colin (Villance, Tissens, Le Petit Pont) et Philippe Wilbers (Tables d’Upignac, Autoworld Brasserie). Le lieu, volontiers novateur, est à la fois une brasserie, un pub, une salle d’événement. La brasserie lookée par l’architecte Jean-Michel de Haan (l’archi e.a. du Notos et de Old boy) s’est adjointe une véranda avec vue sur terrasse. On y savoure une cuisine de brasserie haut de gamme qui privilégie les produits de saison et en circuit court. Goûtez au pigeonneau royal rôti au naturel, fameux ! Jean-Luc Colin, caviste chez Godaert & Vanbeneden, ne rate pas une occasion de faire bonne impression, sa cave à vins affiche une centaine de références, plus d’un flacon pouvant s’accorder avec ce succulent vol-au-vent de poule fermière et riz de veau …
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