Griet Van Malderen,
La passion du monde animal
Griet Van Malderen,
La passion du monde animalMots : Ariane Dufourny
Photos : Griet Van Malderen
Dans un domaine dominé par les hommes, rares sont les femmes photographes animalières. Mais rien n’arrête notre compatriote, Griet Van Malderen ! Ardente défenseuse de la conservation de la faune et de l’environnement, ses photographies sont riches en émotions. Et une partie des bénéfices de la vente est reversée à des associations de défense des animaux.
Rien ne vous prédestinait à la photographie animalière, quel fut l’élément déclencheur ?
En famille, j’ai eu de la chance de visiter le Parc national Kruger en Afrique du Sud. En découvrant la faune africaine, j’ai développé mon intérêt pour la photographie animalière. Ce hobby est devenu une passion en 2008 mais c’est la rencontre avec les gorilles, dans la forêt de Bwindi en Ouganda, qui m’a fait basculer dans le métier.
Quels animaux vous fascinent particulièrement ?
Il y a huit ans, je suis tombée amoureuse d’une famille de gorilles que je continue à visiter chaque printemps. L’an passé, j’ai pleuré : Rafiki, un gorille mâle à dos argenté, a été tué par un braconnier. J’ai été la dernière à l’avoir vu ! C’était la première année qu’il était aussi détendu avec moi ; j’imagine qu’il faut construire des liens avec ces animaux qui ont une réelle mémoire.
Les éléphants me fascinent également tout comme les baleines ! Quand vous vous mettez à l’eau avec un animal plus grand qu’un bus, la paix et la douceur que l’on ressent sont extraordinaires.
Quels sont les animaux les plus photogéniques ?
Le public adore spontanément les fauves, les lions notamment. Voir une maman et ses petits est toujours exceptionnel. Les mâles sont très impressionnants, il y a des icônes dans les parcs. Je ne me lasse pas du lion car il ne pose jamais. Le capter autrement que couché est un défi !
Quels sont vos pays de prédilection ?
L’Afrique du Sud, la Tanzanie, le Botswana, la Namibie. L’Éthiopie pour les loups en danger d’extinction, le Canada pour les ours polaires, les Iles Tonga et la République dominicaine pour les baleines, l’Ouganda et le Rwanda d’où je reviens pour les gorilles mais aussi le Kenya pour les derniers éléphants aux défenses géantes.
Les éléphants, les plus grands animaux terrestres, sont-ils trop menacés ?
Les braconniers les recherchent pour leur ivoire et en font leur cible privilégiée. J’ai eu la chance de photographier Tim, l’un des plus grands éléphants d’Afrique dont les défenses touchaient le sol. Il est décédé, l’an dernier, de cause naturelle, à l’âge de 50 ans. Je veux montrer la beauté extraordinaire de ces pachydermes et l’importance de les protéger. Leur patrimoine génétique se trouvant réduit, certains éléphants naissent sans défenses. Ne pas en avoir s’avère pour eux un avantage de survie face aux braconniers, un comble !
Quelles sont les qualités nécessaires pour photographier des animaux sauvages ?
La patience ! Il faut aussi avoir la chance de saisir le bon moment. La lumière est également très importante ainsi que l’environnement. Je cherche à capter un mouvement, une tendresse, des petits moments d’intimité.
Quelle est votre griffe ?
Mère de deux enfants, je cherche peut-être plus la tendresse du sujet, là où un homme capte plus la bestialité de l’animal. Je veux traduire l’émotion ressentie lors de la prise de l’image.
En quoi consiste le procédé photographique collodion qui vous singularise ?
Inventé à la fin du XIX siècle, ce procédé remplace l’albumine par le collodion pour fixer l’émulsion sur le verre. Je crois être la première et la seule à réutiliser cette technique dans l’animalier. Chaque pièce est unique et les tailles de ces clichés se jouent de votre lumière. Les formats carrés sont des 30 et 50 centimètres. Et très bientôt, ils existeront aussi en un mètre de large !
En tant que femme, comment vivre dans le monde animal, apanage de l’homme ?
L’Afrique est masculine, les femmes sortent peu de chez elles ou avec des rôles préétablis. Se faire respecter est un challenge. Mais aujourd’hui, avec mon expérience et mon écoute, les rangers me respectent. Je peux compter sur eux pour capter le meilleur du bush.
Certaines de vos photos ont pour but de nous conscientiser ? Quelles sont les associations que vous soutenez ?
J’essaie de donner un témoignage de ce qui est beau et de qu’il faut préserver. L’homme et l’animal doivent perdurer ensemble sinon, on va les perdre. Je verse personnellement des fonds à des associations, des fondations, à la condition de voir le produit de ces dons, comme pour l’Ouganda Wildlife Authority – www.ugandawildlife.org – et le Mara Elephant Project –www.maraelephantproject.org.
Un message à faire passer ?
Défendons la nature, regardons-en la beauté et préservons-la ! Chaque marque de respect, chaque petit geste est vital et efficient.
Abonnez-vous dès aujourd’hui pour recevoir quatre numéros par an à votre porte
Vous aimerez peut-être
Salomé Dewaels – « L’éclectisme, j’y tiens, il me nourrit »
Salomé Dewaels, révélée par Illusions perdues, revient dans Ça, c’est Paris !, la nouvelle série de…
Carine Doutrelepont – L’image comme écriture du monde
Carine Doutrelepont, avocate et photographe, explore la nature et la diversité humaine. Son…
Un siècle de surréalisme belge – Deux expositions majeures pour célébrer un mouvement révolutionnaire
Deux expositions célèbrent le centenaire du surréalisme : à Mons, son héritage subversif, et à…