Après mille jours de galère suite à une terrible blessure encourue à Adelboden en 2017, notre compatriote Armand Marchant, 21 ans, opère son grand retour en Coupe du monde, en se classant 28e du slalom de Levi en Finlande. Un nouvel exploit qui permet au revenant de Thimister d’empocher des points, et de revenir au plus haut niveau du ski alpin mondial. To be continued…
MOTS : SERVANE CALMANT
PHOTO : GEOFFREY MEULI
Le 24 novembre dernier, en Finlande, Arnaud Marchant a signé un nouvel exploit. Et prouvé qu’il est sorti vainqueur de toutes les épreuves, de tous les coups durs. Retour sur le parcours d’un véritable revenant.
Janvier 2017, Armand Marchant chute lors du slalom d’Adelboden et se blesse gravement : plateau tibial explosé, ligaments et ménisque touchés. Bref, la cata. Puis, la galère : sept opérations au genou. D’aucuns se seraient découragés, pas Armand Marchant. Le moral gonflé à bloc, le valeureux Thimistérien remonte la pente, reprend les entrainements, revient à la compétition en juillet dernier en Nouvelle-Zélande où il termine 19e du slalom géant de Coronet Peak. En septembre, il annonce, lors d’une rencontre avec la presse belge, qu’il participera, le 24 novembre, au slalom de Levi, une épreuve qui marque l’ouverture de la Coupe du monde de ski alpin. Là-bas, en Finlande, Armand Marchant se classe 28e et décroche trois points. Un retour en force au parfum de revanche sur la vie…
Mais quel exploit à Levi ! Félicitations ! Comment revient-on au meilleur niveau ? « J’ai bossé comme un fou, progressé, repris la compétition. J’ai fait de très bon résultat en Nouvelle-Zélande où j’ai été classé 19e du slalom géant de Coronet Peak. Une performance qui m’a permis de passer de la 174e place mondiale au Top 50. Je me sens d’attaque pour la Coupe du monde (elle se déroule du 26 octobre au 22 mars 2020, ndlr). Je compte bien y récolter un maximum de points pour améliorer mon classement mondial (c’est chose faite après sa performance à Levi ! ndlr) et atteindre le top 30 des meilleurs skieurs mondiaux. »
« A Adelboden, j’avais 18 ans. J’en ai 21 aujourd’hui, et je me sens plus fort. Mes blessures ont renforcé mon mental ! »
Revenir au-devant de la scène, c’est aussi, voire avant tout, une question de mental ? « Je n’ai jamais baissé les bras, même si, parfois, j’ai douté. Pendant ma convalescence, j’ai même pris le temps de réfléchir à une éventuelle reconversion… Mais le ski, c’est ma vie. J’ai tellement investi pendant toutes ces années. J’ai skié sans relâche de 14 à 18 ans… Je voulais me challenger : revenir sur les skis. A Adelboden, j’avais 18 ans, j’en ai 21 aujourd’hui, et je me sens plus fort. Mes blessures ont renforcé mon mental ! »
Après la chute, combien de mois sans skier ? « 950 jours, entre ma blessure et ma première compétition en Nouvelle-Zélande ! Ce fut une très longue revalidation mais le corps est bien fait ! Entouré par Raphaël Burtin, mon entraîneur, et Thibaut Schnitzler, mon kiné, j’ai peu à peu récupéré une activité de vie normale, c’est-à-dire marcher, courir, puis j’ai refait du sport, step by step. J’ai passé une bonne partie de ma revalidation à La Roche-sur-Foron, en Haute-Savoie, à rechausser les skis pour être prêt pour la saison 2019-2020… »
Ne plus avoir peur n’évite pas le danger… « Ce serait trop dangereux en effet de prétendre que je n’ai plus peur, mais je gère mieux le danger aujourd’hui qu’hier. Avant, la peur me freinait ; aujourd’hui l’appréciation et le calcul des risques me boostent… »
Ca demande beaucoup de sacrifices d’arriver tout là-haut ? « Oui ! Il m’arrive parfois de regretter de passer trop peu de temps avec mes amis. Mais, c’est un tel plaisir de skier. Et de voyager : je viens d’enchaîner la Nouvelle-Zélande, le Chili, la Finlande… Et demain les autres épreuves de la Coupe du monde. A 21 ans, j’ai déjà une vie bien remplie. Skier, c’est mon objectif de vie ! »
Un Belge classé 28e à une épreuve de Coupe du monde 2019-2020, 18e même lors du slalom de Val d’Isère en 2017, ça frôle le surréalisme ! « Rire. Je suis en effet le premier Belge, à avoir marqué des points en Coupe du monde de ski alpin, dans un pays qui n’est pas réputé pour le sport de glisse (il avait alors 18 ans, ndlr). Mais le ski m’apporte tellement ! Je suis épris de sensations fortes, c’est vertigineux. J’aime tailler des courbes à vive allure. Mais, de manière plus générale, j’aime l’esprit de la montagne : les gens y sont simples, terre-à-terre, connectés à la nature. Il y a un cap entre la vie là-haut et la vie de citadin… »
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