A Manigod, au cœur des Aravis, en Haute-Savoie, tout le monde connaissait MarieAnge, la sœur de Marc Veyrat, illustre chef de la Savoie gourmande. Marie-Ange, la femme qui a créé la première tartiflette et qui savait recevoir ! A sa mort, Isabelle et Eric, ses enfants, ont repris le flambeau. Désormais, c’est Eric qui officie aux fourneaux de La Table de Marie-Ange, pendant qu’Isabelle gère les Chalets-hôtel de la Croix-Fry. Ensemble, ils travaillent à préserver l’âme accueillant d’un authentique chalet en bois patiné par le temps, d’un salon à paresse et de suites ultra douillettes où l’on peinerait à sortir de la couette joufflue, si la table d’Eric, typique du terroir savoyard, n’était aussi raffinée …

MOTS : SERVANE CALMANT
PHOTOS : SOPHIE MOLESTI DAVID ANDRE

Des moyennes montagnes boisées où l’on skie entre les résineux, de vastes forêts havres de paix, des villages désarmants d’authenticité qui attirent une clientèle raffinée, des chalets bicentenaires joliment valorisés, une ambiance pastorale : le Massif des Aravis en Haute-Savoie a la cote, à juste titre ! Nous posons bagages à moins de 1500m d’altitude, aux Chalets-hôtel de la Croix Fry, du nom du col de montagne routier qui relie Manigod à La Clusaz. Sur la terrasse providentielle des Chalets-hôtel avec vue panoramique sur le massif des Aravis maquillé de neige, le soleil darde ses rayons à travers les branches des mélèzes. Isabelle Loubet-Guelpa et son frère Eric Guelpa partagent le verre de l’amitié, la mondeuse évoque la violette, la tarte aux myrtilles d’Eric nous fait de l’œil – on ne pourra leur résister longtemps! Intarissable sur sa région et les siens, Isabelle nous raconte sa saga familiale : « La première génération, c’est mémé Karavi, une pionnière du tourisme. On est en ‘39, le gîte de la famille Veyrat se résume alors à une petite auberge de montagne et deux chambres aménagées dans la grange. La deuxième génération, c’est Lina, la fille de mémé, et Pierre, son mari, à qui l’on doit le premier téléski dans la vallée. La troisième, c’est Marie-Ange, ma mère (la sœur de Marc Veyrat, le chef au large chapeau noir – NDA). Ma mère va transformer la petite auberge en un chalet-hôtels 4 étoiles, l’accueil y est décontracté, le restaurant gourmand – c’est ma mère qui a inventé la tartiflette le 14 juillet 1996 ! A sa mort, mon frère et moi avons décidé de continuer à accueillir nos hôtes dans notre chalet de famille… ».

Croix-fry

Une lignée de femmes Isabelle, quatrième génération d’une lignée de femmes qui, chacune à sa manière, a réussi à apprivoiser la montagne. Isabelle qui s’est formée à l’herboristerie et nous explique notamment comment fabriquer de l’Arnica montana maison, avec la plante miraculeuse cueillie cet été sur le plateau de Beauregard. Isabelle qui nous raconte encore comment sa mère MarieAnge, propriétaire-décoratrice, aimait chiner à gauche et à droite du mobilier savoyard. Un style de jolie carte postale qui l’a vue grandir et qu’elle a fait sien en y apportant des touches chaleureuses à souhait : canapés réchauffés de peaux de mouton et de coussins écossais, corbeilles de coloquintes colorées, édredons ventrus, joufflus … Isabelle, secondée par Eric. Car la cuisine, c’est bien l’affaire du frère aîné. Eric a du caractère et sa cuisine, récompensée de 2 toques au Gault & Millau, lui ressemble, franche et généreuse : rissoles aux cèpes, féra du lac d’Annecy, girolles, pormonier (saucisse verte aux herbes), tarte aux noix, fabuleux cake aux myrtilles fraiches, original dessert en forme de cèpe au chocolat, ronde de fromages (tomme, reblochon fermier…), c’est toute la Savoie pleine de vie qui s’invite à notre table. Avec un petit plus : les fleurs des alpages, la gentiane, le soufflé oui mais au génépi qui nous rappellent que le vrai bonheur, c’est là-haut, dans la montagne. Demain, c’est promis, on quitte la salle à manger et le salon à paresse pour dévaler les pistes de la Clusaz…

Croix-fry

Hiver comme été

Les chalets-hôtel de la Croix-Fry : un hôtel (9 chambres, 4 suites) ouvert de juillet à mi- septembre et de décembre à début avril, plus une douzaine de chalets satellites en bois (de 2 à 10 personnes) en location toute l’année. Le tout forme un hameau montagnard à 2 km des pistes (navettes privées gratuites).

On fait quoi à La Croix-Fry ou dans le coin ?

On réserve 1h de massage à l’espace bien-être de l’hôtel de la Croix-Fry. Annick, naturopathe, agit sur tous les fronts.

On suit un atelier « herbes des alpages en cuisine » Isabelle est formée à l’herboristerie (c’est avec elle qu’on a appris à faire de l’Arnica montana maison) et Eric ajoute volontiers des herbes et plantes des alpages dans ses recettes…

On se pose au Lo Garâjo, le nouveau café-concept d’altitude de Manigod, qui réunit salon de thé, cave à vins, bar à jus, boutique d’objets insolites, coin céramique. Avec, en prime, une vue imprenable sur la vallée de Manigod et la chaine des Aravis.

On glisse. Ski évidemment (au domaine La Clusaz Manigod) et véloski au Grand Bornand (à 17 km de Manigod), créé par un artisan savoyard qui a ajouté au vélo un frein … en forme de griffes. Sympa en diable.

On visite une distillerie. À l’ombre du clocher de La Clusaz (à 7km de la Croix-Fry), se dresse la Distillerie des Aravis fondée en 1954. Petite mais vaillante entreprise, elle est gérée par Mathieu qui n’est autre que le petit-fils de… Mathieu Castellano dont le plus connu des génépis porte son nom, le fameux génépi du Père Mathieu ! Dégustation de génépi, et d’autres produits-phares, dont un limoncello artisanal.

Croix-fry

Incontournable ?

Le Reblochon fermier est né au Grand Bornand. Re-blochon, quel drôle de nom ! C’est que « blocher » signifie traire la vache en vieux français, « reblocher » c’est traire une deuxième fois un lait qui servira à faire le Reblochon fermier. CQFD.

Y aller ?

Bruxelles – Manigod : 8h par la route ou 1h d’avion via Genève puis 58 km (direction Annecy) pour rejoindre Manigod.

Croix-fry

CHALETS-HÔTEL DE LA CROIX-FRY

Pré Jean -Route du Col – 74230 Manigod – France
T : 00 33 4 50 44 90 16
contact@hotelcroixfry.com
www.hotelchaletcroixfry.com