Matthias Schoenaerts est de ces acteurs qui dès leur apparition sur l’écran marquent les esprits et alimentent les fantasmes. Be Perfect l’a rencontré lors de la présentation des Frères Ennemis réalisé par David Oelhoffen. Un polar à ne pas manquer, en salle dès ce 3 octobre.
Mots : Frédérique Morin
© Asac
© O’Brother Distribution
Corps à cœur
Tout a commencé avec Bullhead (Rundskop pour le titre original), un film du réalisateur belge Michael R. Roskam qui se fait remarquer bien au-delà de la Belgique, jusqu’à concourir pour le meilleur film étranger aux Oscars. Un film qui révèle l’acteur autant que le réalisateur.
Depuis pas un réalisateur, de Jacques Audiard à Terrence Malick, en passant par Guillaume Canet ou encore Paul Verhoeven qui n’ait pas cette « tête de bœuf » en mémoire quand ils pensent à Matthias Schoenaerts pour leur film.
Le dernier en date c’est David Oelhoffen qui, dans son dernier film, Frères ennemis, nous offre une confrontation entre Matthias Schoenaerts et Reda Kateb. Les deux acteurs y interprètent deux amis d’enfance que la vie a séparés quand l’un est devenu un flic et que l’autre a choisi cette délinquance qui faisait leur quotidien dans le quartier qui les a vu grandir.
Leurs retrouvailles sur fond de trafic de drogue vireront à la tragédie familiale…
Est-ce que vous avez besoin d’aimer votre personnage pour l’interpréter ?
Je ne sais pas si aimer est le bon mot, mais je dois quand même avoir envie de le défendre. Et si j’ai envie de défendre quelqu’un, c’est que probablement je l’aime !
Humaniser mon personnage me semble essentiel, quand bien même il s’agit d’un criminel… montrer que chaque individu est unique.
Le criminel, l’homosexuel, le journaliste… c’est quoi ? Il convient à chaque fois d’aller au-delà de cette simple étiquette, et de rendre singulier le personnage que l’on incarne.
Pour le personnage que vous avez incarné dans Frères ennemis que lui avez-vous apporté que l’on n’avait encore jamais vu ?
Plus que quelque chose que l’on n’aurait jamais vu, c’est plutôt la justesse que j’ai recherchée pour ce personnage de Manuel. Être juste, être délicat, être fin, c’est le plus grand travail du comédien. Ne pas être dans le sur jeu, la sur proposition… alors bien sûr ça n’aboutit pas forcément à du spectaculaire, à du jamais vu, mais quand vous combinez cela avec toutes les autres composantes du film, on aboutit à quelque chose d’unique.
Il était important pour moi de ramener la fragilité humaine de quelqu’un qui a peur ; remplir ce personnage de l’émotion de quelqu’un qui vient de perdre son ami de façon très violente, de quelqu’un qui s’inquiète pour sa famille…
Sans cela, c’est un univers d’alpha machisme avec revanche, banlieue, drogue… et je ne crois pas en ce propos, c’est de la connerie !
Ce que David OELHOFFEN dit de Matthias SCHOENAERTS
La matière réelle du film était la quête identitaire d’un personnage, puis de deux personnages : Driss et Manuel. Quand j’ai écrit celui de Manuel, sans doute quelqu’un de plus adapté que Driss à la vie criminelle, quelqu’un qui est fort physiquement et qui s’est lui aussi construit sur une faille terrible, à savoir le besoin d’une famille, j’ai pensé à Matthias Schoenaerts.
Comme beaucoup, je l’avais vu dans Bullhead. Il m’avait hyper impressionné et je m’étais dit que j’aurais hyper envie de travailler avec lui !
J’ai par la suite vu d’autres films qu’il a faits.
Quand je me suis mis à écrire le personnage de Manuel, qu’il s’est orienté vers ce mélange de force, de fragilité, il me fallait le proposer à Matthias Schoenaerts !
Il a été pour ce rôle le premier acteur à qui je l’ai proposé. Il a dit oui… pour moi j’avais le casting idéal !
Matthias est quelqu’un d’extrêmement charismatique, fort physiquement et suffisamment solide pour ne pas avoir peur de jouer la fragilité, la sensibilité, la féminité, là où peut-être d’autres comédiens auraient été méfiants, auraient craint d’abîmer leur image.
Cet alliage de force physique et d’ultra sensibilité le rend bouleversant !
Abonnez-vous dès aujourd’hui pour recevoir quatre numéros par an à votre porte
Vous aimerez peut-être
Salomé Dewaels – « L’éclectisme, j’y tiens, il me nourrit »
Salomé Dewaels, révélée par Illusions perdues, revient dans Ça, c’est Paris !, la nouvelle série de…
Carine Doutrelepont – L’image comme écriture du monde
Carine Doutrelepont, avocate et photographe, explore la nature et la diversité humaine. Son…
Un siècle de surréalisme belge – Deux expositions majeures pour célébrer un mouvement révolutionnaire
Deux expositions célèbrent le centenaire du surréalisme : à Mons, son héritage subversif, et à…